Musique

L’Orchestre des contrebasses : La mise en scène des « Grand-mères » !

Texte : Véronique Lanes

 

Qui aurait pensé que l’on pouvait offrir un tel rôle à un instrument généralement relégué entre les vents et les violoncelles dans les orchestres symphoniques? C’est d’ailleurs un peu ce qui a piqué Christian Gentet et ses 5 compères de conservatoire, fatigués de jouer les « utilités » dans les orchestres symphoniques. Wagner avait déjà offert un rôle plus soutenu à ce noble monstre en multipliant les pupitres, mais ces musiciens-là souhaitaient faire éclater à la face du public les infinies possibilités, variations et la virtuosité de l’instrument.

« L’orchestre des contrebasses démontre simplement que n’importe quelle combinaison instrumentale est justifiée, et peut-être nécessaire, quand elle est portée par un véritable projet musical » disait d’eux Bernard Aimé, programmateur français de Jazz.

En effet, c’est une véritable révélation de découvrir la richesse de cet instrument, sa sensualité et sa vigueur rythmique. En Pizz ou à l’archet, la contrebasse sonne sur un ton qui nous est proche et avec un son qui pénétre et résonne en nous. Mais cet instrument peut tout aussi bien imiter, pour nous faire sourire, les sons d’objets de la vie quotidienne ou d’animaux. N’est il pas surprenant d’entendre la contrebasse dérober au violon le privilège du cri strident de la mouette?

Ces petits clins d’œils révèlent que ces six virtuoses, tous premiers prix de conservatoire, tendent à tirer toute la musique possible de leur instrument qu’ils mettent à mal régulièrement, qu’ils transfigurent, qu’ils transgressent dans un show à la fois musical et visuel.

Le talent de l’orchestre des contrebasses vient de cette idée remarquable de présenter la contrebasse pour qu’elle se fasse entendre, certes, mais aussi pour qu’elle se voie. Mettre en scène la contrebasse aura permis aux musiciens de faire passer un message qui va au delà de la musique : la contrebasse est littéralement expliquée au public dans sa relation au musicien, dans son volume, dans ses possibilités sonores. La démarche de l’Orchestre a quelque chose de quasi didactique, à moins que ce soit la passion qui leur donne ce langage si facile à partager.