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Editorial
Claire Berger-Vachon
Claude Simon, figure centrale du Nouveau Roman et prix Nobel de littérature en 1985, vient de faire paraître son dernier livre : Tramway. Dernier livre au sens de dernière parution, dernier livre peut-être au sens d’ultime. L’auteur a 88 ans et dans ce trajet que fait le « tramway » entre Perpignan, sa ville natale, et la plage, se condense toute une vie d’homme.
Tramway est peut-être de la production simonienne son livre le plus policé ; la phrase, distendue, longue, à la ponctuation rare concentre son propos plus qu’à l’accoutumée. Les points de vue sont également plus focaux : petit garçon de la bonne bourgeoisie provinciale, Claude Simon se nourrit des vendanges à la violente sensualité, du souvenir de son père disparu au champ d’honneur, souvenir distordu par la psyché maternelle définitivement blessée, de ses ancêtres au passé glorieux et désuet.
Le petit garçon se nourrit aussi de ce microcosme provincial, oncles, tantes et cousins, bourgeois nouveaux riches ou ruinés, de sa ville, Perpignan, que l’on détruit sous prétexte de modernité, de ce XXe siècle qui prend son envol entre les deux guerres.
Mais plus peut-être que dans tout autre de ses romans, surgit l’émotion. Car c’est Claude Simon lui-même qui parle de lui, de la manière dont il s’est construit, dans ce terreau mi-urbain, mi-campagnard, somme toute assez banal, et c’est aussi Claude Simon lui-même qui nous raconte, finalement si proche, ce qu’il est. |