Photographie

Par Tsang Kakit, Claude
Traduction en français: Gérard Henry

Les « Chroniques en noir et blanc » de Claude Tsang Kakit


Table ronde entre réalisateurs, acteurs et critiques (French Cinepanorama 1999)

« Chroniques en noir et blanc », prochaine exposition du photographe Tsang Kakit Claude, sera montrée à l’Ecole supérieure d’art de l’Institut polytechnique de Macao à l’automne. Claude Tsang, dont le travail s’étend sur 30 ans, fait partie de l’élite de la photographie hongkongaise. Animateur de nombreuses sociétés photographiques, il a exposé à Hong Kong, en Chine et à l’étranger. Il présente dans cette exposition et dans l’article ci-dessous ses vues sur la photo documentaire en noir et blanc qu’il promeut, à l’encontre de la mode plus favorable à la couleur. Les photos choisies proviennent de plusieurs séries : « Cinquième colloque national de la théorie photographique » (Chine 1994), « Recherche culturelle sur la préfecture de Qing Ai, province du Guizhou » (1994-1995), « Shanghai vu par les photographes du Monde » ( Scènes de rues et La bibliothèque municipale, 1999), « French cinepanorama » (1999), « Macao » (décembre 1999), « Festival de musique international de Hong Kong » (2000).

L’appareil-photo est réceptif aux ordres de son utilisateur, fixant en un clin d’œil l’image devant l’objectif, attribuant ainsi à la photographie une fonction documentaire. J’attache de l’importance à ce côté documentaire de la photographie, me concentrant particulièrement sur la chronique photographique, utilisant l’appareil-photo pour enregistrer quelques petits et grands événements de la vie en société, des expériences ou des vétilles personnelles.

La vie de la société, en perpétuel changement, est foisonnante et fascinante, beaucoup de ses images sont précieuses et fugaces. L’évolution possible de certains événements est de plus, souvent contre toute attente. Si l’on peut observer les phénomènes naturels, appréhender l’essence de la vie, saisir en temps opportun et avec précision les instants synthétiques et symboliques, toutes les photos seront alors chargées de signifiant ; reflet d’une réalité objective, témoignage ou preuve, elles sont aussi observation, connaissance intime, impression, compréhension, analyse, jugement et appréciation du photographe envers les événements et la vie. La vie y réapparaît ainsi que l’expression de la technique et du style, une convergence de l’objectif et du subjectif qui, au milieu des caractéristiques générales de la photographie documentaire et de presse, révèle une personnalité.

Aujourd’hui où le monde est, objectivement, éclatant de couleurs, où les images en couleur sont très à la mode, se pourrait-il que la photographie documentaire en noir et blanc soit démodée ? Y aurait-il antinomie ? La photographie noir et blanc, avec sa forte capacité à élaborer des formes, répond poutant à l’esthétique contemporaine, donnant, dans cette époque explosant de couleurs, plus de fraîcheur au plaisir de l’œil.

Malgré l’automatisation grandissante du fonctionnement des appareils-photo et des méthodes de développement, l’on doit se garder de saisir la réalité objective purement mécaniquement. La photographie noir et blanc, en éliminant la couleur qui pertube notre attention, étend le champ de l’art et de la pensée au profit de la communication et des échanges intellectuels. Une image pure et profonde, les nuances du noir et blanc, riches et abstraites, renferment un charme, un pouvoir d’expression et un pouvoir de contagion uniques. Mais on ne peut éviter la contradiction. Pour certains thèmes, le noir est plus parlant, pour d’autres, c’est la couleur qui se montre la mieux adaptée, car dans certaines situations, la couleur n’est autre que le contenu. Mais la plus grande contradiction se trouve dans l’éloignement extrême entre la photographie noir et blanc et le goût du grand public. Pour satisfaire ce dernier, de plus en plus de supports de média mettent la photographie noir et blanc au pilori. Alors quelquefois, on ne peut éviter le compromis, se fendre en deux, pour brandir à la fois le noir et blanc et la couleur, et veiller à leur fréquence d’exposition dans les média.

S’obstiner à faire de la photo documentaire en noir et blanc ne veut pas dire ignorer les nouvelles hautes technologies. Les photos exposées dans ces « Chroniques en noir et blanc » de 12 x 16 ou 16 x 19 pouces, sont toutes des images digitales. Pour ce faire j’utilise un scanner pour les films et une imprimante de bureau pour l’impression. Quelques photos de Macao sont à l’origine des diapositives couleur, on peut grâce à la technologie digitale changer les codes couleur en codes noir et blanc, et à un certain niveau, résoudre la contradiction entre noir et blanc et couleur. Evidemment lors de l’utilisation sur l’ordinateur des logiciels de traitement des images, il faut respecter les principes de réalité et de vérité de la photographie documentaire, être fidèle à son propre principe de photographie de « non intervention sur le sujet traité », n’effectuer aucune altération fausse ou fictive.

Les imprimantes à jet d’encre ayant encore un espace d’amélioration, la différence entre la qualité actuelle des photos imprimées à l’ordinateur comparée à celle des photos développées en chambre noire est évidente.

Mais pour cette première exposition qui pose le pied dans le nouveau siècle et s’adresse aux jeunes des instituts et écoles d’art, utiliser des photographies faites à l’aide des dernières technologies revêt sans doute pour moi-même et pour les étudiants un sens d’encouragement mutuel à avancer avec son époque.

 

 

 

曾家傑:《黑白紀事》

 

《黑白紀事》是攝影家曾家傑應澳門理工學院高等藝術學校邀請,準備在秋季舉辦的展覽。從事攝影藝術三十多年的曾家傑先生是香港攝影界精英之一,亦是多個攝影組織的策劃人,曾多次在香港,中國及海外展出作品。他藉這次展覽以及下開文章表達他對黑白紀事攝影的看法,他不因為時下流行彩色而放棄黑白攝影,仍致力於推廣黑白攝影藝術。這次展出的作品來自七個主題:《全國第五屆攝影理論年會手記》(1994)、《貴州省青岩鎮文化考察之旅》(1994-1995)、《世界攝影家看上海》(1999)之《街頭見聞》及《上海市圖書館》、《香港法國電影節》(1999)、《澳門,1999年12月》(1999)、《香港國際音樂節》(2000)。

照相機能接受使用者的指令,凝固鏡頭前的瞬間景象,這就賦予攝影以紀實功能。我重視攝影的紀實性,特別專注攝影紀事,用照相機記下社會生活中某些大事、小事,自己個人的經歷或社會生活多姿多彩,變化萬千,很多鏡頭彌足珍貴,稍縱即逝。而某些事態的發展,往往更是出人意表。如果能夠審視現象、掌握生活本質,比較及時準確地抓住概括力強或有象徵意義的瞬間,所得的照片,會有一定的思想容量,既是客觀事實的反映、見證或例證,也是拍攝者對事件、對生活的觀察、感知、感受、理解、分析、判斷和評價。這裡面,既有生活的再現,也有技巧技法的表現,是主客觀的統一,在紀實攝影和新聞攝影的共性中見個性。


Macao (décembre 1999)

 

當今,客觀世界色彩繽紛,彩色圖像大行其道,以黑白紀事,會不會過時,有沒有矛盾?黑白攝影,以強大的造型能力回應審美的時代性,在彩色爆炸的年代,更是給眼睛享受的一服清涼劑。儘管照相機操作和照片製作越來越趨自動化,我們要做的,不是純機械性的客觀紀錄。黑白攝影,排除色彩對注意力的干擾,擴展藝術思維空間,有利於言傳意會,交流思想。淨化而渾厚的畫面,豐富而抽象的黑白色階,深藏獨特魅力、表現力和感染力。但是,矛盾是不可避免的。有些題材,黑白更見傳神;有些題材,卻以彩色表現更為恰當,因為在某些情況下,色彩就是內容。而最大的矛盾,存在於黑白照片與大眾口味之間的南轅北轍,為了滿足後者,越來越多的發表渠道給黑白亮起紅燈。因而,有時候不能不妥協,一心二用,黑白彩色並舉,兼顧照片在媒體的曝光率。

對黑白紀實攝影的執著,並不意味著對高新科技的無知。《黑白紀事》展出的照片,由16吋至19吋,全屬數碼化製作。我用掃描儀把底片數碼化,再用桌面噴墨列印機印製照片。有幾幅澳門照片,本來是用彩色幻燈片拍攝的,拜數碼科技所賜,輕而易舉地把彩色信號轉化為黑白信號,在某種程度上紓解了黑白彩色兩種膠卷、兩部照相機顧此失彼的矛盾。當然,在電腦上使用軟件處理圖像信息的全過程,恪守紀實攝影的真實性、可信性原則,忠於自己〝不干涉拍攝對象〞的攝影理念,不做任何作虛弄假的竄改。由於噴墨列印技術還有很大的改進空間,目前電腦列印照片的素質,與在傳統暗房中沖放出來的照片相比,差距還比較明顯。但作為踏入新世紀的第一個個展,主要面對的是藝術院校裡的年輕人,用高新科技製作照片,對自己,對同學,也許都會有與時代同步的互勉意義。