Installation

Par Nathalie Junod Ponsard

« Chantiers/Publics »
Un musée en mutation investi par des artistes contemporains

Un grand chantier muséal s’annonce à Montpellier avec la prise de possession des anciens locaux de la bibliothèque du musée Fabre, en passe de restructuration.

Le musée prépare sa transformation, absorbe ses espaces dans l’attente de devenir un centre d’art contemporain. C’est dans cet instant de réflexion que deux artistes viennent interroger l’avenir de ce musée en utilisant l’espace et l’architecture, pour délivrer, avec une grande force plastique un commentaire sur la vanité du savoir et la force du verbe.

La grande salle de lecture de la bibliothèque a vidé ses nombreuses étagères de ses milliers de livres. Mais l’œil du visiteur est instantanément happé par la force des lignes sinueuses peintes directement sur toutes les surfaces : sols, murs, mezzanines et plafond qui forment une œuvre saisissante. L’artiste, Georges Rousse, après avoir repeint en blanc la moitié de l’espace de la salle, a projeté l’image d’une carte géographique du Népal dont il a repeint le réseau complexe de courbes de niveaux et de reliefs géographiques. La salle de lecture est devenue trompe-l’œil, l’œil devient prisonnier d’une perspective et anamorphose à partir d’un point fixe dans l’espace.

« La carte est toute entière tournée vers une expérimentation en prise sur le réel » Gilles Deleuze. Ce chemin qui mène à l’Everest, utilisé par l’artiste, renvoie à l’élévation spirituelle.

S’il y a transgression, elle est dans cette volonté de confronter ces deux espaces, celui de la carte, espace représenté qui renvoie à un espace réel et travail de l’artiste, et celui de l’espace même, la bibliothèque désaffectée offerte au regard du visiteur dans sa réalité ignorée.

Dans la salle voisine nommée « Petit magasin » un espace lumineux et vert attire le visiteur. Georges Rousse a, cette fois-ci, projeté le plan de la ville d’Hiroshima daté de 1940. L’espace plus étriqué, serré, renferme le visiteur dans la trame des réseaux de cette carte. Le visiteur est amené à chercher la place idéale à partir de laquelle l’anamorphose se lit. Parallèlement cette sensation du désastre absolu qu’engendre cette bibliothèque vide évoque cet autre désastre, Hiroshima, perçue dans la lueur verte.

Entre ces deux salles, l’on entre dans une autre plongée dans l’obscurité, dans une atmosphère crépusculaire, où l’on devine que les étagères vides se sont effondrées. Le spectateur se place au cœur d’un univers en plein chaos créé par l’artiste Hugues Reip. Une lumière blanche, aveugle, surgit de dessous les étagères entassées. Des images numériques projetées ne cessent de se déformer et reformer : de comètes en systèmes planétaires, particules en suspension, en état de transformation. Des images vidéo montrent dans un effet stroboscopique les variétés infinies de formes et couleurs des papillons. Dans la mythologie scientifique contemporaine, le battement des ailes du papillon est associé à la théorie du chaos, qui montre combien une très faible variation des conditions climatiques peut se traduire par de vrais cataclysmes à une distance très éloignée de l’origine.

Des échos, des sons d’extinction syncopés résonnent comme à l’infini. « The power of Word » est une installation d’Hugues Reip qui s’est appuyé sur un extrait des Nouvelles extraordinaires d’Edgar Allan Poe « Puissance de la Parole ». L’auteur fait l’éloge de l’étude, lieu où se gagne la véritable sagesse. Dans le système philosophico physique de Poe, les mots prononcés ont le pouvoir de créer des mondes nouveaux. C’est dans cette idée que Reip tente une transcription plastique reliant l’infiniment petit à l’infiniment grand.

L’évocation de ces états de transformation évoque la mutation en cours d’un musée historique en un centre d’art, carrefour d’information et d’expérimentation sur la culture contemporaine.

裝置藝術

 

公共建設
當代藝術家佔領轉變中的博物館

蒙彼利埃市的法布爾(Fabre)藝術館圖書館之舊館址現變成一大型建築工地,似乎預告著即將出現重大的改革。

法布爾藝術館為未來的轉變作好準備,先把所有空間合併起來以便配合將來改變成一所現代藝術中心。而兩位藝術工作者就在這關鍵性的時刻,透過空間和建築學來探討藝術館的前途問題,他們借助造型藝術的強大表現力來評論〝知識的虛空〞和〝語言的力量〞這兩個主題。

圖書館中原來闊敞的閱覽廳已變得空空如也,再也看不見無數的書架及成千上萬的書籍。但進來參觀的人,他們的目光卻即時被室內那些彎彎曲曲的線條逮住,那些直接塗在室內所有平面上:地板、牆身、閣樓及天花板的線條組成一幅極具震撼力的作品。藝術家Georges Rousse先將室內的一半空間塗上白油,然後將一幅尼泊爾的地圖投射其上,再沿著投影,將尼泊爾複雜的地理環境之線條繪畫出來。整間閱覽廳變成了一個逼真的假像,由一個定位點投射出來的投影和變形的影像將人們的目光完全鎖著。

〝地圖的作用完全是一種與真實有關的試驗〞Gilles Deleuze這樣表示。這藝術家利用那通往珠穆朗瑪峰的通道來反映心靈的昇華。

若說這作品有互相抵觸的地方,那就是在於意欲將兩個空間作對照。這兩個空間,一方是由地圖表現出來並反射到另一個真實的空間,另一方是場地本身——棄置了的圖書館讓參觀的人看到一個從未見過的真實景象。

跟著,參觀者被隔壁那名為〝小商店〞的房間吸引,它以綠色為主調,光線明亮。這一次,Georges Rousse將一九四零年日本廣島的市區地圖投射出來。狹窄、密集的空間將參觀的人困在地圖的網絡結構中,這促使他們尋找欣賞這變形影像最理想的地方。由這空置的圖書館所引起之災難感覺同時亦喚起另一次的災難——綠色光芒下的廣島。

閱覽廳與小商店之間是一處黑暗的地方,在昏暗的氣氛中人們隱約可以見到那些倒塌了空無一物的書架。參觀者正置身於藝術家Hugues Reip所創造的一個混亂世界當中。耀目刺眼的白色光線自書架堆的底部透出。投射出來的數碼影像不停地在變形和回復原樣:太陽系的慧星、懸浮或正再轉變中的微粒子等。錄像機以急速閃動的效果放映出種類多不勝數及色彩繽紛的蝴蝶。據現代科學的傳說,蝴蝶雙翼的震動與混亂原理有關,這原理顯示在一處地方出現極微細的氣候轉變也可能會引至相距很遠的地方發生極嚴重的天災。

《語言的威力》是Hugues Reip以美國作家愛倫.坡(Edgar Allan Poe)的同名短篇故事的一篇摘要作基礎而創作的裝置作品。這位作家對學習極表讚揚,認為只有從學習中才能獲得真正的智慧。在愛倫.坡的物理哲學體系中認為說出來的文字有創造新世界的力量。而Reip就是從這意念出發,嘗試利用造型藝術來把無限小的與無限大的連接起來。