Portrait

Par Gérard Henry

Derrière la caméra : Mary Stephen

Hongkongaise d’origine, française d’adoption, réalisatrice de films documentaires et de fictions, Mary Stephen est aussi depuis de nombreuses années la monteuse des films d’Eric Rohmer. Invitée à Hong Kong lors du Festival international du Film, elle donnera une conférence-discussion avec le réalisateur et critique de cinéma Hubert Niogret à la Médiathèque de l’Alliance Française à Jordan le jeudi 4 avril à 18h30.

Le destin prend parfois de curieux chemins, celui de Mary Stephen a pour parrains le voyage et le cinéma. Le graine cinéma a germé à Hong Kong où Mary Stephen a grandi dans les années 60, la période intellectuelle la plus fertile de l’histoire hongkongaise. C’est en traînant autour du Cineclub maintenant mythique du City Hall et en lisant les articles dans le Chinese Student Weekly des deux pionniers de la critique cinématographique de Hong Kong, Lo Kar et Lok Lei, qu’elle a mordu à l’hameçon. Elle y découvrit notamment la Nouvelle Vague française, avant son départ pour le Canada et Montréal, où son amour du cinéma grandit, lorsqu’elle alla l’étudier à l’Université, découvrant tout un nouveau cinéma « expérimental » et passant nombre de ses nuits dans les rétrospectives des films de Truffaut.

Vint le jour du départ pour la France au sein d’un programme universitaire à Paris. Quelque mois d’abord de confrontation avec la grammaire française, et pour s’initier au français de la rue, A bout de souffle de Jean-Luc Godart vu et revu. Elle découvre alors que l’un des compères de la Nouvelle Vague, Eric Rohmer, donne un cours à l’université près du Jardin du Luxembourg ; « Assis au fond de la salle, nous écoutions, avec notre français lacunaire, l’homme aux cheveux gris, grand et mince, parler en l’air de Perceval, du tournage en studio, de la musique médiévale et ... du budget. »

Mary qui réalisait alors un film inspiré d’India Song de Marguerite Duras, avait justement besoin d’établir un budget. Elle passa donc au bureau des Films du Losange, pour demander copie de ce fameux budget, disant qu’elle était étudiante de Rohmer. On lui dit que l’on transmettrait le message. Elle rentra désenchantée à la cité universitaire.

Mais à son arrivée, surprise, on l’appela au téléphone communautaire: « Bonjour, ici Eric Rohmer » dit une voix légèrement rauque.

Quelques heures après, elle était assise, muette et très intimidée sur une chaise face à Eric Rohmer. Il proposa de lui préparer du thé.

« Après, raconte-t-elle, je devins une experte en thé, ayant bu du thé dans son bureau chaque après-midi, durant les mois suivants ».

C’était l’époque où Rohmer était en train de réaliser Perceval avec Fabrice Luchini. Elle raconte comment son français de la rue venu d’A bout du souffle ne lui servit guère, quand elle vit surgir Luchini, encore tout imprégné de Perceval et parlant en français médiéval.

Mary Stephen réalisera ensuite son deuxième film indépendant, Justocœur, avec Mathieu Carrière, avant de travailler comme assistante monteuse sur la Femme de l’aviateur de Rohmer.

Elle quitta alors Paris pour le Sud de la France où elle resta huit ans. A son retour, la « famille Rohmer » lui ouvrit à nouveau les bras, et le réalisateur l’engagea pour monter Conte d’automne, pour lequel, elle composa (ce que beaucoup ignorent), la musique, car elle est aussi musicienne. Désormais partie intégrale de l’équipe de Rohmer, elle a monté tous ses films jusqu’au plus récent L’Anglaise et le duc.

Aujourd’hui, elle est à Hong Kong, pour présenter son propre film : Une vision au bord de la faille, Breytenbach peint ses vers, un documentaire sur le poète et peintre sud-africain, à qui la lutte contre l’apartheid valut la prison, l’isolement et l’exil en France. Elle en trace un portrait « du dedans » dit-elle. Loin du documentaire historique et social, elle cherche à saisir au plus près de l’être le processus de la création. Echafaudage subtil et léger de mots, d’images, de langue et de musique, son film aux couleurs profondes est un vrai poème visuel. Breytenbach y apparaît simple et très vrai. Si Mary Stephen qui, on le sent dans le film, est celle à qui il s’adresse, on ne la voit jamais, mais on devine sa présence très forte, derrière les mots du peintre, derrière les images du film. Breytenbach nous parle de peinture et de poésie, de ses souvenirs d’enfance, de l’enfermement et de l’absence. Le moment est très touchant lorsqu’il évoque la mort et son désir d’être enseveli sous un arbre, afin, dit-il, d’entendre le vent, citant aussi ce grand réalisateur un peu fou qu’était Joris Evens, parti dans le désert chinois pour tenter de saisir le vent. Ce fut son dernier film (Une histoire de vent, 1988).


L’AGE DES INDEPENDANTS

Nouveaux films et vidéos d’Asie

L’un des programmes les plus excitants du Festival International du Film est l’Age des Indépendants, présenté conjointement par le Festival et le Hong Kong Arts centre qui organise à l’occasion de la venue de tous ces jeunes réalisateurs de nombreuses rencontres et forums de discussion.

Au total 25 programmes de films ou de vidéos. Les jeunes réalisateurs chinois sont en force (8 films) dont trois déjà primés: Conjugation (Locarno 2001), Seafood (Venise 2001), Chen Mo and Meiting (Berlin 2002). C’est une nouvelle génération émergeante.

Planet Osaka, programme spécial sur le Japon, est le dernier phénomène du cinéma indépendant japonais. C’est le nom d’un petit cinéma de Osaka, lieu de rendez-vous de tous les étudiants en cinéma de la ville et où vient de naître un nouveau cinéma.

Les autres films sont de Corée du Sud, de Taiwan et de Hong Kong. N’attendez pas trop pour acheter vos places, l’année dernière l’Age des Indépendants a atteint un taux record de remplissage de 90%.

人物介紹

 

攝影機背後的雪美蓮

紀錄片及故事片導演雪美蓮在香港出生,後來成為法國公民,她多年來為伊力.盧馬的電影擔任電影剪接。香港國際電影節期間,她應邀來港出席四月一日在香港法國文化協會——當代法國信息資料中心內舉辦的一個討論會,屆時,她將與導演兼電影評論家Hubert Niogret討論有關繪畫與電影。

命運往往是出人意表的,而雪美蓮在旅遊和電影方面卻是特別受命運之神的眷顧。電影的種子早就在香港的時候已埋藏在雪美蓮的心內,她成長於六十年代的香港,那時是香港史上知識份子最輝煌活躍的年代。由於她經常流連於大會堂看火鳥電影會(現在已不復存在)放映的影片,以及閱讀兩位影評界先驅者羅卡和陸離在《中國學生周報》中刊登的文章,因而在不知不覺間迷上了電影,而從中她認識了法國新浪潮電影。離開香港移民往加拿大魁北克省後她對電影的興趣愈來愈濃厚,當她進入大學攻讀電影系課程時更發現新的一種〝實驗〞電影,之後花了無數個晚上重看杜魯福(Truffaut)的影片。

終於有日,她前往法國到巴黎一所大學修讀課程。最初的幾個月先要應付好法文的文法,她還藉著尚盧.高達(Jean-Luc Godart)的《斷了氣》(A bout de souffle)來學習法國的街頭俚語。這時候她認識了另一位新浪潮的盟友:伊力.盧馬(Eric Rohmer),他在盧森堡公園附近的校園內講課:〝我們坐在室內最後排的位置,用半聽得懂的法文來聽這名頭髮灰白,高瘦的男子以柏士浮的態度講解有關在片場內拍片、中世紀音樂和…‥經費預算等問題。〞

當時,雪美蓮正要拍一部靈感來自瑪格麗特.杜夏(Marguerite Duras)的《印度之歌》(India Song)的電影,正好需要籌備經費。因此,她前往洛桑電影製作公司(Films du Losange)的寫字樓,說自己是盧馬的學生,希望索取那了不起的預算計劃的副本。所得到的回覆是會將她的話轉達。她惟有失望地返回大學宿舍。

但剛返抵宿舍,卻意外地被召喚往接聽電話:〝你好,這是伊力.盧馬〞一把輕微沙啞的聲音這樣說道。

幾小時後,她沉默害羞地坐在一張椅子上面對著伊力.盧馬。他問她要不要喝茶。她說道:〝之後,連續幾個月每日下午都在他的寫字樓喝茶,我已成為了茶的專家〞。

那時,盧馬正在製作由法布里斯.盧治尼(Fabrice Luchini)主演的《柏士浮》 (Perceval)。她還憶述說,面對一個仍然浸淫在柏士浮這角色中,講的是中古時代的法語之盧治尼,她在《斷了氣》中所學的街頭法語完全派不上用場。

跟著,雪美蓮拍了她的第二部獨立電影,馬素.加希耶(Mathieu Carriere)主演的《Justocœur》,之後她在盧馬的《飛行員的妻子》一片中擔任副剪接師。

後來她離開巴黎到法國南部逗留了八年之久。回到巴黎後再度重投 〝盧馬大家庭〞的懷抱,導演讓她當《秋天的故事》的剪接,她還為該片的音樂作曲(鮮為人知的事),因為她亦有玩音樂。從此之後,她成為了整個盧馬隊伍中的一部份,她為他的所有電影,直至最近的《女貴族與公爵》擔任剪接。

現時,她在香港介紹她自己的新片:《邊瞳》(Une vision au bord de la faille, Breytenbach peint ses vers),一部有關南非裔詩人兼畫家布雷坦 (Breytenbach)的紀錄片。他因為對抗南非的種族隔離政策而被監禁、隔離到最後流亡到法國。她說是為這位畫家繪畫一幅〝內在〞的肖像。與一般歷史性或社會性的紀錄片不同,她嘗試近距離捕捉這個人物在創作時的過程。那是一部色彩強烈深沉,由文字、影像、語言及音樂輕巧堆切而成,像詩一般優美的電影。片中的布雷坦純樸真誠。雖然,我們感到在片中布雷坦是對著雪美蓮講話,她從未在片中出現,但透過畫家的話,影片的影像背後我們卻強烈感覺到她的存在。布雷坦與我們細說他的畫和詩,他的童年往事、被監禁和失蹤的日子。最令人感動的一幕是當他談及死亡和說希望死後被埋葬在樹下,好讓他能聽到風聲,他還引述了行為有點兒瘋癲的名導演Joris Evens的話。後者曾跑到中國的沙漠中企圖捕捉風的感覺。還由此出現了他最後的一部電影《風的故事》(Une histoire de vent)(1988)。


獨立時代

亞洲新電影與錄像

香港國際電影節其中一個最值得興奮的節目是與香港藝術中心合辦的獨立時代。藉電影節期間有不少青年導演來港之便,香港藝術中心特別舉辦多個公開論壇及研討會。

整個環節共放映二十五部影片或錄象。今年華裔導演可說盡領風騷,共八部影片,而其中三部更曾經獲獎:《動詞變位》(2001年羅迦諾電影節)、《海鮮》(2001年威尼斯影展)、《陳默和美婷》(2002年柏林影展)。他們都是正在冒起的新一代電影人 。

大阪仝人誌,這個有關日本的特備節目是反映日本獨立電影最近出現的一個現象。〝大阪仝人誌〞是大阪一家小型影院的名稱,亦是市內大學電影系的學生們愛聚集的地方,而一種電影新浪潮亦在那兒誕生了。

其餘的電影是來自南韓、台灣及香港。影迷千萬不要太遲購票,去年獨立時代的各場電影之滿座率平均高達百份之九十。