Poésie

Texte : Bernard Pokojski

Boris Vian, tout chat tout

« J’aimerais vous psychanalyser/— D’accord, dit la nurse avec un clin d’œil et un rire ; la bagatelle, je ne dis pas non. Maintenant, faut que j’aille à mes légumes. »

A trente-cinq ans, Boris Vian terminait ses cinq romans et un recueil de nouvelles qui allaient asseoir sa gloire posthume, à en rendre jaloux tous les professionnels de l’écriture... Et ce phénomène étrange perdure d’autant plus que ce sont des lecteurs de quinze à dix huit ans qui au tournant des années 60, forcèrent en quelque sorte les enseignants d’alors puis la critique, à lire et à étudier un auteur ravalé au rang d’amuseur. Boris Vian quant à lui, était mort prématurément en 1959, à l’âge de 39 ans et n’allait connaître aucun purgatoire... la chose l’a-t-elle consolé... ?
Regards donc sur son œuvre et sa personne.

André Breton disait que Swift était surréaliste dans la méchanceté comme Sade dans le sadisme et commençait sa lente énumération des auteurs chez qui on pouvait déjà déceler des signes de surréalisme, et Boris Vian serait alors surréaliste dans son anticléricalisme virulent. Dans sa pièce, Le dernier des métiers, apparaît un prêtre acteur, espèce désormais répandue aux USA, et le scénario de son film, Les œufs de curé (1947) traite du difficile problème de la reproduction chez les ecclésiastiques. Un de ses collages représente une bonne sœur, les jupes relevées, poussant du pied sans aménité une tête d’enfant, comme un vulgaire ballon de football. Les objets sacrés eux non plus ne sont pas épargnés : « Le Religieux devant eux, compulsait rapidement un gros livre, car il ne se rappelait plus les formules » (L’Ecume des jours) et ailleurs des terrassiers jouent à la marelle avec un crucifix. Et pour finir une messe qui se termine en fête folklorique, servant le goût indéniable de Boris Vian pour la zizique.
« Le Religieux tenait la grosse caisse, le Bedon jouait du fifre et le Chuiche scandait le rythme avec des maracas. Ils chantaient tous trois le refrain en chœur, après quoi leChuiche esquissa un pas de claquettes, saisit une basse et exécuta un chorus sensationnel à l’archet et une musique de circonstance. Les septante-trois musiciens jouaient déjà sur leur balcon et les cloches sonnaient à toute volée. »

Boris Vian était né au moment de la formation du groupe surréaliste et c’est la génération surréaliste d’après-guerre qui, s’intéressant au jazz, découvrira ses critiques et surtout son roman l’Ecume des jours, dix ans avant tout le monde. Ils salueront d’emblée ce livre comme un ouvrage admirable. Boris Vian étant aussi l’un des fondateurs de la revue St. Cinéma des Prés, rencontrera Robert Benayoun, le surréaliste amateur de cinéma dès 1949. Boris Vian ne pourra avoir comme intimes que les anciens surréalistes tels que Queneau, Prévert ou le peintre Félix Labisse. Il appréciait aussi beaucoup les toiles de Max Ernst, Dali ou celles de Joan Miro. Cette complicité avec le surréalisme allait, dirions-nous, pratiquement de soi tant les stratégies de provocation et la dérision recherchée étaient semblables, mais Boris Vian s’était trouvé un ennemi durable dans la psychanalyse qu’il pourfendra dans ses deux derniers romans : L’herbe rouge et L’arrache cœur. Le premier roman apparaît immédiatement comme une tentative par Wolf d’oublier ses souvenirs à l’aide d’une « Machine » qui, après les avoir fait ressurgir, s’emploie à les anéantir tout aussi vite. Wolf, arrivé à prendre pied « de l’autre côté » sera confronté à Monsieur Léon-Abel Perle, vieillard à barbe blanche et grand psychiatre qui le mettra en contact lui-même avec Aglaé et Héloise, deux vieilles filles... l’analyse se terminera non sans une certaine lubricité sous les coups de questions d’ordre sexuel... Chez Wolf, ce désir de nettoyer sa mémoire éclaire une volonté d’effectuer un nouveau départ même si cela le conduira jusqu’à la mort... La critique s’accorde à penser désormais que ce roman serait une sorte d’autobiographie : Boris Vian l’ingénieur était arrivé à un moment de sa vie où il désirait « faire le point ».

Dans l’Arrache-cœur, les personnages n’ont pas de passé et Jacquemort avoue à Angel être « né l’année dernière ». Ils auront alors des vies à remplir comme dans L’herbe rouge, Wolf avait lui un trop plein à évacuer. A leur manière ces deux romans raillent la psychanalyse, la mettant non seulement en constat d’échec, mais montrent aussi par leur dérision qu’elle mène à des résultats tragiques (Wolf en mourra et Jacquemort sera voué à la réclusion à perpétuité)...
Boris Vian a aussi écrit la très importante pièce Les Bâtisseurs d’empire qui, accueillie par des insultes et des lazzis, allait, selon Jacques Bens, assurer à celui-ci une gloire durable.

Jacques Bens affirme d’autre part que nous sommes en présence ici d’une sorte de « pièce algébrique » où « l’on raisonne sur des valeurs anonymes, sur des masques et dont les solutions sont toujours vraies, quel que soit le visage qui se dissimule sous le masque ou que l’on découvre à la fin. » Les Bâtisseurs est une pièce sur la peur : un bruit terrifie une famille, mais presque d’entrée de jeu, un personnage nous avertit : « C’est une image. Un symbole. Un repère. Un avertissement. Mais il ne faut pas confondre l’image, le signal, le symbole, le repère et l’avertissement avec la chose elle-même. Ce serait une grave erreur. » Et qu’importe alors de connaître la véritable nature du danger que courront nos antihéros puisqu’il suffit d’ouvrir son journal et de voir toutes ces tyrannies plus que florissantes... Mais personne n’aime à se faire traiter de lâche, les peuples pas plus que les individus, et les Bâtisseurs d’Empire reste une pièce d’actualité brûlante.

Cette pièce offre aussi un autre aspect très intéressant quant à la connaissance de Boris Vian et mérite ici d’être soulevé. Il y a en effet, dans les Bâtisseurs d’empire un personnage entièrement couvert de bandages qui se traîne sur scène pendant toute la durée de la pièce et que les autres s’ingénient à ne pas voir, tout en prenant de temps en temps plaisir à le battre ou à enfoncer des ciseaux dans son corps : le Schmürz. La critique s’est évidemment penchée sur ce mot et nous a rapporté ces traductions : « Schmürz » viendrait de l’allemand « Schmerz », douleur, souffrance ou « Schmütz », la saleté, l’ordure ou encore « Schmus » caresses, « Schütz » protection et pour finir « Schmuck », parure, décoration... Franchissons un pas et disons que Boris Vian est ce Schmürz, personnage qui apparaît dans toute son œuvre, en effet voilà Wolf qui se raconte : «... il suffisait qu’il y ait un peu de vent pour qu’on me mette ma peau de bique et, hiver comme été, je ne quittais pas mon gilet en laine ; c’étaient des tricots jaunâtres et distendus (...) A force, je finissais par avoir peur moi-même, par me dire que j’étais très fragile, (En 1932, Boris Vian contracta une angine infectieuse qui allait lui causer une faiblesse cardiaque — son cœur l’emporta...) (...) Un jour que j’avais rencontré des jeunes gens qui, dans la rue, se promenaient, leur imperméable sur le bras tandis que je suais dans un gros paletot d’hiver, j’ai eu honte. En me regardant dans la glace, j’ai vu un balourd engoncé, ficelé et chapeauté comme une larve de hanneton ».
Nous voici au voisinage de la vermine kafkaïenne. Boris Vian se sentira toujours mal dans son corps et attribuera ce malaise à ses parents. « On ne peut passer sa vie avec une mère trop affectueuse sans être comme du flan au lait, mou et blanc (...) Il fallait sortir de ça, il fallait filer de la couveuse (...) Je me sentais comme un rat dans un piège. »

Et pour sortir de ça, de ces bandelettes, de son gilet en peau de bique et de ce corps de cafard, Boris Vian s’inventera toutes ces vies comme pour battre de vitesse son cœur. Il sera ingénieur, trompinettiste, amateur de jazz et de caves enfumées, auteur de romans, de chansons et changera même d’identité : sous le nom de Vernon Sullivan il écrira quatre romans noirs, d’inégale valeur cependant (J’irai cracher sur vos tombes, 1946 ; Les morts ont tous la même peau, 1947 ; Et on tuera tous les affreux, 1948 ; Elles se rendent pas compte, 1950) Ils furent tous les quatre taxés de pornographie. Boris Vian quant à lui s’inspirait des romans noirs américains, et J’irai cracher sur vos tombes connut un succès phénoménal puisque de novembre 1946 à décembre 1947, s’en vendirent cinq cent mille exemplaires ! Il poussa la mystification jusqu’à écrire lui-même une préface : «... Sullivan songe plus à suggérer par des tournures et des constructions que par l’emploi du terme cru ; à cet égard, il se rapprocherait d’une tradition érotique plus latine... »
Cet érotisme lui valut d’être poursuivi en justice pour atteinte aux bonnes mœurs par une ligue de vertu de l’époque et le scandale fut à son comble quand un assassin laissa au chevet de sa victime, un exemplaire ouvert à la page décrivant exactement le meurtre qu’il venait de commettre...

J’irai cracher sur vos tombes est en fait le premier roman noir français et peut-être même de la littérature mondiale à côté des Pas d’orchidées pour Miss Blandish de Chase, Le facteur sonne toujours deux fois de Cain, et Sanctuaire de Faulkner. Il demeure encore d’un très grand intérêt par son point de vue singulier sur l’existence qu’il voit comme une déroute. Boris Vian pourrait ici faire songer à Camus ou Sartre mais il n’y a pas chez lui d’éthique et l’on reste fermement au sein des ténèbres qui n’offrent que cette alternative : y plonger corps et âme ou en rire... Et ce n’est pas surprenant que dans une vie où tout toujours se tient que Boris Vian mourra le 23 juin 1959 au cinéma Marbœuf où il assistait à la projection du film J’irai cracher sur vos tombes.

Voilà donc les habits que j’ai taillés pour ce Boris Vian qui reste malgré tout un grand pataphysicien amateur de dérision et de cocasserie... Maintenant, faut que j’aille à mes légumes, au bas de mon 10e...

L’œuvre de Boris Vian est énorme et multiforme, je vous laisse le soin de découvrir les ouvrages vous-mêmes ou de la relire.

 

詩詞

 

鮑里斯.維昂—無所不及

〝我想跟你做精神分析療法。——行,女護士看了他一眼笑著答道。小事一樁,沒問題。只是我現在要去打理我的蔬菜。〞

鮑里斯三十五歲,便完成了五部小說及一部中篇小說集,在他身後奠定了其文學地位,令寫作同行無不為之嫉羨……這奇特現象一直持續下去,尤其在上世紀六十年代轉折時期,十五至十八歲的年輕讀者更多少迫使當時的教師及批評界不得不研讀這位被貶為玩世不恭的作家的作品。鮑里斯.維昂於一九五九年,以三十九歲英年過早撒手塵寰。他沒受過甚麼痛苦煎熬……福耶?禍耶?……
還是讓我們探視一下他的生平及其著作吧。

安德烈.布勒東說斯威夫特以其惡毒,薩德侯爵以其性虐待,均顯露出超現實主義的特色。接著,便開列了帶有超現實主義特點的作家的長長名單。而鮑里斯.維昂大概是由於其辛辣的反教權主義而被視為超現實主義者。在他的劇作《賤業》(Le dernier des métiers)裡,出現一個演戲的神甫,這個人物從此在美國廣為流傳。他的電影劇本《本堂神甫的卵》(Les œufs de curé,1947) ,論述教士傳宗接代的難題。他的一幅黏貼畫則表現一個修女短裙撩起,毫不客氣地伸出腳像踢一只皮球似的踢一個孩子的頭。聖物在他筆下亦難倖免:〝修道士在他們面前,在一本厚厚的書裡快速查閱,因為他竟把祈禱經文給忘了。〞(《歲月的泡沫》)。而在另一處,則描寫挖土工人們竟將一個耶穌十字架當石塊踢,玩起跳房子遊戲。最後,一場彌撒則以民間狂歡告終,這正暗合鮑里斯.維昂對音樂始終不渝的愛好。
〝修士擂著一面大鼓,大胖子伯東吹短笛,教堂侍衛瑞斯則用沙球打著拍子。他們三個一起唱著合唱的疊句。接著瑞斯按著響板跳一下踢躂舞步,抓起一把低音提琴拉起一曲感人的合唱曲和應景音樂。七十三位樂師已在陽台奏起樂來,響起一陣喧鬧激越的鐘聲。〞

鮑里斯.維昂誕生於超現實主義形成時期。戰後新一代的超現實主義者由於喜愛爵士音樂,發現了鮑里斯.維昂的文學評論及小說《歲月的泡沫》(L’Ecume des jours),比其他人早十年。他們隨即齊聲讚揚這部傑作。鮑里斯.維昂亦是《聖代普雷影院》雜誌(St. Cinéma des Prés)的創辦人之,並結識了自一九四九年就愛上了電影的超現實主義者羅貝爾.貝納榮(Robert Benayoun)。鮑里斯.維昂有許多老一輩超現實主義者朋友,諸如格諾 (Queneau)、普雷維爾(Prévert)或畫家費利克斯.拉比斯(Félix Labisse)。他十分欣賞馬克斯.恩斯特、達利或若昂.米羅的畫。他和超現實主義者這種意氣相投可謂十分自然。原因是兩者間的挑釁伎倆和精緻嘲諷極其相像。但鮑里斯.維昂卻視精神分析法為宿敵,並在他最後兩部小說《紅草》(L’herbe rouge)和《痛心》(L’Arrache cœur)裡予以鞭撻。《紅草》一開始便出現了沃爾夫(Wolf)這個人物。他試圖用一種〝機器〞把記憶抹掉。這部〝機器〞先是把前塵影事呼喚出來,然後很快把它們消滅掉。沃爾夫一旦身處〝另一端〞,站住了腳跟,便面對一個鬚髮斑白的精神科醫生列翁-阿貝爾.佩爾勒(Léon-Abel Perle)。他讓沃爾夫與兩名老處女阿格萊(Aglaé)和埃洛伊茲(Héloïse)接觸…… 圍繞著眾多的性問題,分析結果顯得相當淫蕩……沃爾夫渴盼洗盡記憶的願望,表明他欲重新開始生活的決心,即使最終將他引向死亡……批評家一致認為這部小說多少帶點自傳性。認為身為工程師的鮑里斯.維昂到了欲對自己的人生〝作個總結〞的階段。

而在《痛心》這部小說裡,人物卻沒有過去。雅克摩爾 (Jacquemort)向安熱爾(Angel)說他是〝去年出生的〞。正如《紅草》裡,沃爾夫有太多的記憶要清除一樣,相反,在《痛心》裡,人物卻要大力充實自己的生命。兩部小說各以自己的方式揶揄精神分析法。不僅証明它的失敗,並以辛辣諷刺說明它導致的悲劇下場:沃爾夫因此而喪命,而雅克摩爾最終亦被判終身監禁。
鮑里斯.維昂亦寫了一個非常重要的劇作《帝國的締造者》(Les Bâtisseurs démpire)。雖然劇本遭百般羞辱和嘲笑,但據雅克.邦斯(Jacques Bens)所言,卻為他確立了聲譽。

此外,雅克.邦斯還聲稱我們面對的是一種〝代數式的劇作〞。劇中〝對不知名的價值、面具進行推理辯解,不管人物的面容被面具隱蔽或者最終被揭示出來,問題的解決始終是真切的。〞《帝國的締造者》是一部有關恐懼的戲:一個聲音令一個家庭感到驚慌。但即刻有個人物提醒我們:〝這是一個形象、一個象徵、一個標記、一個警告。但千萬別把這個形象、這個信號、這個象徵、這個標記、這個警告和它的真正含義混為一談。這將是一個莫大的錯誤。〞對小說中非傳統式人物所遭遇的危險的真正性質瞭解與否,均無關宏旨。因為只要你打開報紙,各種專橫暴戾的情景便紛紛映入眼簾……然而無論是整個民族抑或每個個體,沒有誰願意被人當作膽小鬼對待。《帝國的締造者》不啻是一部強烈地反映現實的劇作。
這齣戲對於認識鮑里斯.維昂本人也提供了有趣的線索,這裡值得一提。劇中有一位完全被繃帶裹住的人物,他一步一瘸地出現在整齣戲中,而大家都竭力裝著看不見他,卻又時不時拿他來取樂。或飽以老拳,或用剪刀刺到他身上。他就是Schmürz。批評家們顯然對這名字頗感興趣,並做了以下解釋:〝Schmürz〞一字來自德文〝Schmerz〞,意為痛苦,受難;或來自〝Schmütz〞,骯髒,垃圾之義;又或者來自〝Schmus〞,愛撫之義,〝Schütz〞,保護之義,最後是〝Schmuck〞,首飾、裝飾之義……我們且略過這些繁瑣的考証。鮑里斯.維昂其實就是這個Schmürz。這個人物在他所有作品中都出現過。請聽沃爾夫是怎樣夫子自道的:〝……只要有一點風,他們就給我穿上羊皮大衣。不分冬夏,我總是穿著一件羊毛背心,都是些發黃和鬆弛了的羊毛織物……這樣一來,結局是我感到害怕,對自己說身體太虛弱了(一九三二年,鮑里斯.維昂患上傳染性咽峽炎而導致心臟衰弱——最終心臟病奪走了他的生命……) ……一天,我遇上一群年輕人,雨衣搭在手臂上,在大街上散步。而我卻裹在冬天的大衣裡冒汗,我感到無地自容。我照一照鏡子,看到一個臃腫笨拙的人,聳肩縮頭,從頭到腳包裹得如同一條金龜子的幼蟲。〞
這裡,我們看到了跡近卡夫卡筆下的蟲豸。鮑里斯.維昂對自己的身體總感到不自在,他把這種不適感歸咎於父母。他說:〝和一位過份慈愛的母親一起生活,難免變成一塊蛋奶凍,既蒼白又軟弱…… 應該擺脫這個處境,逃出這個嬌慣孩子的母親的懷抱。我感到自己像一隻跌入陷阱的老鼠。〞

為了擺脫這個處境,從繃帶,從山羊皮背心,從蟑螂軀殼裡逃出,鮑里斯.維昂彷彿加速自己心臟的搏動。他嘗試各種職業。他是工程師、小號手、爵士樂及地窖酒吧的愛好者、小說家、作曲家並常改變自己的身份。他以維儂.蘇里旺(Vernon Sullivan)的筆名寫了價值不等的四部黑色小說:《我要在你們的墳上啐唾沫》(J’irai cracher sur vos tombes, 1946) ;《死人都有一樣的生命》(Les morts ont tous la même peau, 1947);《殺死一切壞傢伙》(Et on tuera tous les affreux, 1948)及《她們不明白》(Elles se rendent pas compte, 1950) 。四本書都被指責為色情淫猥小說。鮑里斯.維昂效法美國黑色小說。《我要在你們的墳上啐唾沫》成績非凡,由一九四六年十一月到一九四七年十二月短短一年間,就銷售了五十萬冊!他故弄玄虛,甚至為書寫序:〝……蘇里旺不屑以委婉含蓄的語句來暗示,他更樂於用赤裸裸的文體直接道來,為此,他的風格便接近傳統的拉丁色情文學了……〞
這幾部色情小說令他蒙受官非。當時一個道德團體控告他有傷風化。當一名謀殺犯在其受害人枕邊留下了一本鮑里斯.維昂的小說,而書正打開在描寫謀殺的那一頁,書中情節和他剛犯上的罪行如出一轍。這樣,鮑里斯.維昂更是聲名狼藉了。

《我要在你們的墳上啐唾沫》是法國第一部黑色小說,大概還可和世上同類小說一比高低。如蔡斯(Chase)的《蘭花勿獻布蘭蒂斯小姐》(Pas d’orchidées pour Miss Blandish),凱恩(Cain)的《郵差總是敲兩下門》(Le facteur sonne toujours deux fois)及福克納(Faulkner)的《聖殿》(Sanctuaire)。他對被他視為潰敗的生存有自己的特殊的觀點,這令他的作品依然饒有興味。鮑里斯.維昂令人想起卡繆與沙特,但在他的作品裡沒有倫理,讀者身處無邊的黑暗之中,面臨兩個選擇:靈與肉深深陷入或報以一笑…… 他的一生事事前呼後應,互為因果。因此,一九五九年六月廿三日,他在馬爾伯夫影院(Cinéma Marbœuf)觀看由自己的同名小說《我要在你們的墳上啐唾沫》改編的影片時溘然與世長辭,也就不足為怪了。

以上便是我勾勒出的鮑里斯.維昂的簡單畫像。無論如何,他是一個喜歡嘲諷、滑稽詼諧的虛構解法作家……現在,我也該由十樓走下,去打理我的蔬菜去了。
鮑里斯.維昂著述頗豐且多姿多彩,去閱讀或者重溫他的作品吧。