Photographie

Text : Ann Mak

Leong Ka Tai, photographe

La plupart des photographes n’ont pas la parole facile et Leong Ka Tai ne fait point exception. Ses mots s’écoulent doucement, comme de l’eau courante, s’évanouissant avant même qu’on ne les ait remarqués, sans apparemment laisser de traces.

Si je n’ai souvenir de discours marquant de sa part, les légendes qui circulent sur son compte sont par contre légion et riches en aventures. Elevé à Hong Kong, il fait des études d’ingénieur aux États-Unis, et pratique ensuite cette profession en Angleterre. Un parcours jusque-là plutôt sage et raisonnable. Mais Leong disparaît soudain de la scène britannique, pour réapparaître à Paris, sous une autre identité : celle d’un assistant dans un laboratoire photo, et ceci bien qu’il n’ait aucune formation en la matière, aucune relation dans cette ville, et qu’il ne parle pas un traître mot de français.

La vie fait quelquefois des miracles ! Revenu à Hong Kong, Leong devient célèbre en peu de temps dans la machine à rêves qu’est la photo publicitaire et commerciale. Et tout aussi soudainement, il abandonne ce monde de paillettes pour se consacrer à la photo documentaire, et mener pendant 20 ans une vie retirée et apparemment tranquille.

Car Leong Ka Tai est un homme d’une grande simplicité. Si l’un de ses meilleurs amis, le sculpteur Tong King Sum, le taquinait un jour, disant qu’autrefois il portait une queue de cheval et tenait à marquer sa singularité, aujourd’hui, il porte depuis des années le cheveu ras, un simple T-shirt et pantalon de toile et déteste toutes mondanités. Je me souviens en 1991 alors que je ne le connaissais pas encore, de l’avoir vu dans un magnifique show télévisé fait en son honneur, et d’avoir demandé à ma colocataire quel était cet homme de si simple apparence. Il venait en fait d’être élu artiste de l’année en photographie.
Je l’ai vu présenter ensuite son reportage sur le pèlerinage à la Déesse Matsu à Taiwan. Et si Leong, dans toute discussion où les propos s’échauffent reste toujours muet et d’un calme imperturbable, sans que personne ne puisse deviner ce qu’il a en tête, il est par contre excellent conférencier, parlant calmement mais d’une façon très vivante, mêlant à ses commentaires de photographe d’infimes détails de la vie quotidienne.

Il est parmi les premiers photographes à être allés en Chine au début de la politique d’ouverture. Ses photos lui ont rapporté de nombreux prix dans les concours internationaux et de nombreuses expositions en Chine et en Asie. Il a publié plus de 10 albums de photo dans différents pays, Singapour, Japon, France…
Leong dit qu’il a fait deux choix justes dans la vie : le premier est d’être photographe, le deuxième d’avoir choisi la photo documentaire. Il fut nommé photographe pour les Nations unies et entretint une longue relation de travail avec des magazines internationaux tels que Géo, Newsweek, Life, National Geographic, Times, Stern, Paris Match, etc. Il a ainsi passé la plupart de son temps dans des régions qui lui étaient étrangères, le plus souvent dans des endroits déserts ou des villages à demi dévastés. Des voyages solitaires et durs avec, au mieux, un chauffeur et un interprète. Et ceci pendant 20 ans. En dépit de la fatigue physique et de l’isolement spirituel, il ne nie pas ses transports de plaisir lorsqu’il réussit une photo fascinante au-delà de toute attente. A la question de savoir s’il aimerait faire autre chose que de la photo, il hésite longtemps et répond par la négative.

Deux choix justes dans une vie en font un homme chanceux. Il le sait et fait en sorte de garder cette sobriété de vie. Il a comme habitude de nager chaque matin, de ne point demander trop matériellement, mais d’être exigant sur la qualité de certains détails. Ces modèles sont toujours des gens modestes, mais il sait révéler les aspects cachés de leur personnalité, un talent qui se nourrit sans doute de sa riche expérience. Il a, dans le passé, beaucoup photographié la Chine et l’Asie du Sud-Est, mais depuis 97, se penche plus sur Hong Kong. Récemment, après son traditionnel bain matinal, l’idée d’un album de portraits sur Les « Héros de la Cité » lui est venue. Après avoir trouvé un mécène, il a aussitôt arrêté tout autre travail pour s’y consacrer. Quarante portraits de citoyens modestes. L’exposition ouvrira le premier avril. A vous d’en juger.

攝影

 

梁家泰

我認識中的香港攝影師多數不擅辭令,梁家泰亦不是例外的一個,他的說話如絲絲流水,悠悠的,不知不覺間已經流走,留下的只是隱隱若若的記憶,卻沒有痕跡。

記憶中的梁家泰沒有什麼驚人語句,但傳奇式的傳聞倒不算少,香港成長的他,在美國取得工程碩士學位,繼而在英國當上工程師,似乎仍有蹟可尋,但毅然跑到法國,只說著一點兒半鹹不淡的法文,沒有正式的攝影訓練,沒有特殊的友好關係,居然找上攝影助手的工作,是的確有點離奇。回到香江,廣告攝影的世界充溢著繁華璀璨,他旋即成為當時炙手可熱的攝影師,卻又突然從花花世界逃走出來,寧願選擇紀實攝影,平靜地渡過了二十年的攝影生涯。

他的好友唐景森曾佻皮地告訴我們:〝他年輕時是束著辮子的,像很有性格的樣子。〞現在的他削個平頭裝,無論在街上遇見或出席任何場合,都是T恤配卡其褲,平實得接近不顯眼,記得九一年他獲藝術家年獎,那時候仍未跟他認識,在電視上看到上台領獎的他,是一身這樣的裝束,便問旁邊的室友:〝這位街坊是誰?〞原來這位街坊是中國開放政來初期,已深入國內進行拍攝工作的國際級攝影師,作品曾在多項國際攝影比賽奪得重要獎項,亦在歐美及亞洲多個城市展出過。而個人攝影集《北京》、《中國之味》或《澳門街頭》等超過十冊,在不同國家及地區出版。

跟梁家泰的談話一般不會太精彩,當大家談到激動處時,他便開始靜謐下來,一貫謙謙君子的態度無法讓人觸到深處。但他的述說功夫卻是了得,平平的靜靜的描述中充滿著趣味。某年他剛完成了「媽祖廟祭」系列作品,在藝術中心的研討會上發表,他一面播著幻燈片,一面娓娓述說拍攝過程,不慍不燥。〝口渴了,不知怎的便傳來了一片西瓜〞;〝燈壞了,啊,前面的照明大燈夠亮了,可以不用燈〞;〝活動總共是進行了八日七夜的,真虧他們的虔誠〞,默默的,他一直陪行至活動終結。

他的自述中,他曾說過一生中做對了兩次選擇,第一是攝影,第二是捨棄廣告攝影而取紀實攝影。在紀實攝影的日子裡,曾擔任聯合國特派攝影師,並為不同時事雜誌執行攝影工作,當中包括《GEO》, 《Newsweek》,《Life》, 《National Geographic》, 《Times》, 《Stern》, 《Paris Match》 等等,行蹤遍及中國各省及東南亞多個國家,曾經一年內有半年的時間是往外跑,到的地方都是遙遠的村落或落後的地區,一般同行的只有一個翻譯及一個司機,二十多年來這樣的旅行進行過無數次了,身體上的辛勞及精神上的納悶總是有的,但從作品中得到的喜悅,已經算是一份回報了。曾問他攝影以外還有什麼想幹?他想了半天的答案仍是〝沒有〞。

生命中能有兩次對的選擇也算得上是幸福的人罷。而他倒也懂得養著這一份福氣,認識他的人都知道他每天都去游早泳,春夏秋冬亦無損這個好習慣。印象中他對生活的態度是物質的不需要多亦不需要高,但平實簡樸中要有它的細緻,一如他攝影作品,素材都是尋常百姓家,能抓著那一筆點睛處,無疑的,這是他的強項,也許亦是他從生活修鍊出來的正果。過去他發表了不少有關中國及亞洲的作品叫人難忘,回歸以後,他倒想回頭拍攝香港,千頭萬緒中有點茫然。

後來他說在一次的早泳時,惱筋忽然一動,便想出這個跟香港有關的題目來旄〝都市精神〞。籌得資金後,便立刻停止所有的工作達三個月,電光火石間完成了四十張黑白作品,可觀否?這感覺留給大家細味罷。