Peinture

Texte : Gérard Henry

Chu Hing Hua : l’homme dans sa solitude

Il y a des artistes dont l’œuvre est marquée essentiellement par une recherche d’un matériau nouveau, d’une forme inédite, cherchant par ce biais à se tenir à la pointe d’une avant-garde souvent très éphémère mais qui leur vaut un moment de célébrité. D’autres par contraste restent comme figés dans une forme marquée par une époque évanouie qui donne de leur œuvre l’impression d’une coquille vidée. Cela est souvent dû à un défaut de contenu et de profondeur. La forme fait illusion, le temps révèle une absence de réelle œuvre. Et puis il y a ces œuvres dont la forme n’est que secondaire, un prétexte à faire voir l’œuvre qui prend toute la place.

Chu Hing Hua est de ces peintres dont l’œuvre parle instantanément à tous les sens, emplit tout l’espace. La forme existe, elle est « naïve » si l’on se réfère aux classifications de la peinture, mais elle s’oublie.
La première chose qui frappe les sens dans ses paysages, ses portraits de gens et de ville est une sorte de sombre luminosité qui accentue les contrastes, et découpe sur fond de nuit un monde dont la réalité est essentiellement intérieure. Il utilise des encres mates aux tons sombres et profonds qui en pénétrant le papier s’obscurcissent, nous donnant cette impression que le monde est baigné d’une ombre perpétuelle. Que ce soit dans ses premières œuvres inspirées par l’univers psychiatrique où il a longtemps travaillé, ou dans les plus récentes, peut-être moins oppressantes et pour certaines mêmes bucoliques, l’un des thèmes qui ressort toujours de l’œuvre de Chu est celui d’une extrême solitude. Dans la campagne ou contre un univers de gratte-ciel jetés sur un ciel noir, l’homme y est seul. Et s’il était dans ses premières peintures presque invisible, à demi évanoui sur un fond de parc ou de mur comme un bas-relief liquéfié, donnant cette impression qu’il avait perdu tout sens d’identité propre, dans les dernières toiles il est toujours présent, mais seulement comme une ombre noire, comme une silhouette à peine esquissée.

Dans ses portraits de groupe, les individus eux-mêmes sont rarement en conversation, chacun restant isolé dans un mutisme total. L’humanité de Chu est une humanité errante, perdue dans la cité, même quand elle semble s’occuper à des activités ordinaires telles qu’ arranger des fleurs. Il semble que le monde est trop grand pour l’homme, que toute activité est un simple prétexte pour garder une attitude face à un sentiment d’absurdité profond, un peu comme s’il avait été déposé dans le paysage pour faire simple effet de décoration.
Cette impression se confirme dans ses grands portraits en pied, où le personnage se tient debout, de face, exposé dans une lumière crue où il apparaît dans une violente nudité intérieure. Il ne montre aucune prétention à paraître, bien au contraire, les bras lui pendent le long du corps comme inutiles, sans occupation possible. Même dans ses dernières peintures où Chu fait une incursion dans un univers plus abstrait, cette impression demeure.

Ce monde que l’on pourrait considérer comme désespéré est cependant tout illuminé. Ses couleurs sont d’une grande beauté : des bruns, des verts, des bleus sombres presque noirs qui semblent appartenir à la nuit, dont il possède une palette infinie et sur lesquels croissent des arbres aux rameaux terminés par de grosses fleurs d’un blanc pur, avec devant, l’ombre noire d’un homme comme figée par tant de beauté.
Il est facile de répertorier les éléments des peintures de Chu : l’homme, le ciel, la terre, le gratle-ciel, l’arbre et la fleur. Ils suffisent à faire un monde. Et Chu Hing Hua n’a pas d’âge.

繪畫

 

朱興華

有一些藝術作品,主要標記新素材、未發表過形式的探索痕跡,藝術家憑這種手段力求站在前衛尖端的現象,往往曇花一現,可是,這卻讓他們一夜成名。其他藝術家,相對上好像凝固在一個標記已消逝時代的形式,他們的作品猶如空貝殼。這些作品,總是欠缺內容和深度:形式做成幻象;時間則揭露作品的空虛。然而,有些作品的形式只不過是次要的元素,它是一個讓作品完全佔據空間的藉口。朱興華就是這類讓作品瞬間地訴說所有感覺、填滿整個空間的畫家。他作品的形式是存在的。如過我們參考繪畫分類,它屬於〝樸素單純〞一類,可是卻被模糊、被忘卻。

在朱興華的風景、人物和城市的畫像中,首樣震憾感官的東西,是一種昏暗的內在光;它強調色澤的對比,勾劃夜深處一個本質內在的真實世界的輪廓。畫家利用調子深沉的灰暗墨色滲透畫紙,模糊色調,令我們感覺這世界沉浸在永恆的暗淡色彩裡。
無論是他最早期受工作已久的精神病世界所影響的創作,還是最近期的那些或許比較不沉重,甚至有些顯得愉快的作品當中,深深的寂寞,是朱畫作常突出的一個主題。在郊野,或是面對高樓大廈投向憂鬱窮蒼的世界,人是孤單的。在畫家早期的作品裡,人物幾近透明,猶如半隱沒在公園或牆壁深處的淺浮雕殘跡,給人已失去所有自我身份的感覺;在他近期的畫布上,人物也常呈現眼前,可是,只好像是一個黑影、一個未完成的輪廓。

在他的人物群像中,個體與個體之間甚少交談,他們各自離群獨處在一個完全緘默的宇宙裡。朱所創造的人物是一種漂泊的存在狀態。縱使只是為日常活動如插花而忙碌,他也似是迷失在城市裡。對於人來說,世界彷彿太大,所有活動是一個保存面對深刻荒謬感覺的態度的單純借口,人有點像被擺放在風景裡,做一個簡單的裝飾效果而已。
這種以人裝飾風景、憑創作面對荒謬人生的感覺,在朱的大型全身人像畫中得以證實:正面站立、展現強烈光線下的人物,狂暴地顯露他赤裸的內在世界。他沒有半點露面的意圖,正相反地,懸掛在他長長身體上的雙臂,如同無用的東西,不用承擔任何事情。同樣,在朱闖入更抽象領域的近期作品中,這種感覺,在他的畫?停留。

這個我們或許可以視為絕望的世界,被朱極美麗的色彩照亮:好像屬於沈夜的褐色、綠、幽暗接近黑的藍調子......他的色調變化無窮。在這些色彩裡,樹椏蔓生、結上一朵朵豐碩潔白的花兒;一個人形黑影站立樹前,彷彿被如此美態楞住了。
不難編算朱畫作的元素:人、天空、大地、高樓大廈、樹木和花朵。它們建造一個世界卓卓有餘。而朱興華,他青春常駐。