Poésie
Texte
: Bernard Pokojski
Claude
Pélieu, et la formule
« Le hasard est le plus grand artiste, il me livre les images du domaine public expulsées des poubelles historiques. » (Claude Pélieu)
«La vraie vie est une boîte aux lettres pleine à craquer, pas ce putain de courrier électronique qui pue jusqu’au ciel aussi ; entre deux rôts d’entre-deux-ou-trois-guerres, nous entendons les soupirs de la pédale absolue expulsée des chiottes d’un uniprix — la “vraie vie”, ils s’en gargarisent dans leurs deux-pièces-cuisines et à la cantoche du campus — sans parler du FLASH-ORGASME-COMPLOT, et on mélange tout, de la resucée piquée ici et là, on raconte ce qu’on a entendu, anecdotes, bribes de conversations, ragots, fables pitoyables, et on prétend avoir côtoyé WSB, avoir fait Zazendanslemétro avec Ginsberg, tapé sur le bide de Mick Jagger, et puis d’autres parlent de l’idéologie des beatniks, d’une génération qui n’a jamais existé, on réduit cette époque à quelques noms, papes, chefs de file, leaders, on s’aveugle délibérément et pour toujours. Moi, personnellement, j’m’en branle.
(Je n’ai même pas eu la patience de lire ces articles. Pour Allen, Anatole Bosquet du Figaro s’est distingué. Cette vieille greluche-indic doit avoir un fion de neuf centimètres de diamètre. Ici, George WillSuperNerd, de Newsweek, fit de même.) »
Violence verbale de Pélieu contre ceux qui pissèrent de la copie après les morts d’Allen Ginsberg et de Burroughs et qui crurent tout savoir. Pélieu, lui, s’est éteint le 24 décembre 2002 et cette disparition ne semble pas avoir agité le monde littéraire, reclus qu’il était à Norwich, quelque part dans l’Etat de New York et déjà oublié.
Il naîtra en 1934, à Beauchamp et ne perdra pas de temps à se faire publier puisque 1952 verra la sortie de son premier recueil, Rendez-vous avec le sol, inspiré par le surréalisme. Une rencontre décisive encore, celle avec Jacques Prévert en 1950-1951 à Saint-Paul-de-Vence, est à mettre à son compte. Après sa démobilisation de la guerre d’Algérie, Pélieu s’embarquera pour les Etats-Unis en 1963, accompagné par sa femme Mary Beach. Il y deviendra l’ami de tous ceux qui firent la Beat Generation et sera ce poète inspiré « J’ai entendu Burroughs et les lèvres de l’horizon se sont refermées sur mon cœur de sorcier — J’ai tiré le vin de la solitude parce que les lettres volantes voyageaient assises contre les morts. J’ai vu au plus profond de mes yeux les bruits fascistes me blesser — J’ai composé des poèmes pour diluer les sueurs des Spectres (je sais que les téléphones mous me le reprocheront).
J’ai vu les âmes-serrures baiser avec les machines à calculer et je cogne des textes de sang sur le clavier de neige. »
(du recueil Jukeboxes)
De l’Amérique, il retiendra sa brutalité qui désormais fera partie de son paysage mental / la radio annonce qu’encore une fois Ankor Vat / a été bombardé par les robots / aux yeux bleus / les fruits boivent au goulot d’une branche / les glaces anciennes brisent le vermillon / les fleurs sauvages déracinent le rire / le vent ramasse les échos / toutes les consciences-Hendrix se réveillent / les iris dilatés préparent une autre / cérémonie / noyau-odeur flottant au-dessus de Sloane Sqe. / massé par le sommeil j’écarte une foule de questions / le désir louvoie avec les rêves / forêt enneigée caresse l’arbalète sexuelle / gestes simples comptant les coups / hier soir / à l’intérieur du feu de cheminée / J’ai vu Frisco caramélisé par une radio aveugle (Tatouage Mentholés et Cartouches d’aube)
A partir de 1967, Pélieu et sa femme traduiront pour Christian Bourgois les œuvres essentielles de Burroughs en à peine deux ans (Les garçons sauvages, Nova Express, la Machine molle, le Ticket qui explosa, et les Derniers mots de Dutch Schulz). « Il fallait qu’on traduise très vite, il y avait urgence, ceux qui n’ont pas vécu ces années ne peuvent pas comprendre, » et Christian Bourgois publiera leurs traductions jusqu’en 1974. 1967 est aussi une date importante car cette année-là, le Cahier de l’Herne n° 9 fait découvrir aux Français la prose cut-up de Burroughs, la poésie de Bob Kaufman ainsi que les poèmes et les collages de Claude Pélieu. Ce dernier et sa femme étaient installés durant ces années au Chelsea Hotel de New York et il n’était pas rare de les apercevoir à la Factory d’Andy Warhol « J’y ai rencontré tous les gros calibres du pop-art avec qui j’ai vachement bossé. Je me rappelle les soirées avec Tennessee Williams, John Cage, Truman Capote. Et je me souviens d’un jour où j’étais vraiment bourré et où j’ai pissé dans la poche de Norman Mailer ». L’alcool avait à cette époque-là succédé à la drogue.
En mai 68, Pélieu fera un séjour éclair à Paris puis ira habiter à Londres « Chez lui à Londres, nous nous mettions aux fenêtres, fumant en silence, regardant les pigeons, les piafs, les nuages. Parfois nous allions prendre quelques verres au Club, the Old Gentlemen, près d’une galerie spécialisée dans la vente de gravures anciennes, et souvent nous nous enivrâmes dans la lumière du crépuscule nacré.
« 8 Duke Street, St. James... le minuscule appartement était peint en bleu, un bleudéprime, hypercool, afin de mettre mal à l’aise les visiteurs... un assistant au regard sournois passait l’aspirateur ou allait chercher des plats cuisinés. Mary préparait les cocktails, corrigeait des jeux d’épreuves. Miles prenait des photos ou travaillait sur les Archives.
« Les Archives furent vendues. William, malgré tout, demeurait dans le besoin... (...) Je me souviens d’un soir où nous dînâmes chez un avocat marron qui vivait dans les appartements de sa Grâcieuse Majesté. Nous nous ramassâmes une pétée à la Smirnoff 100° après avoir fumé le hash que Brion nous avait offert la veille. WSB piqua une tête dans la soupe aux lentilles et essuya ses lunettes avec une tranche de mie de pain. »
A la fin des années 70, Pélieu reviendra aux Etats-Unis, dans le nord de l’Etat de New York, ayant derrière lui une bonne vingtaine de recueils aux titres évocateurs : Infranoir, Kali Yug Express, Pommes bleues électriques, Tatouages mentholés et cartouches d’aube toujours chez Christian Bourgois et aussi aux Editions du Soleil noir.
L’œuvre poétique de Pélieu à vrai dire est très influencée par le surréalisme, mais l’apport de Burroughs y est primordial ce qui lui avait permis de développer les types d’écriture que sont le « Script vite », entre Journal de bord, essai et poésie pure à la limite de la lucidité et le « Cut up » qui intégrait dans le texte les techniques du collage et du montage. Etaient apparues aussi chez lui des formes plus courtes inspirées des haïkus de la poésie japonaise.
Durant les années 80, la poésie de Pélieu se fera plus rare et il se consacrera presque exclusivement au collage, découpant et collant avec la même jeunesse que dans les années 50 pour produire des œuvres à l’humour corrosif dans la lignée des Merz de Schwitters. Son inventivité sera là des plus redoutables et on le verra se tourner aussi vers le Mail Art, et ses collages « xerox » dénonçant le monde et ses dérives.
Pélieu excédera toute limite, en quelque sorte artiste total par la multiplicité de ses talents mais surtout pour moi poète visionnaire J’ai vu quelqu’un mourir à Las Vegas / à cheval sur une machine à sous / les anges descendaient des hélicoptères / poignardaient les clartés / Je me suis envolé à bord d’un nuage / en polyester
Et à l’heure où j’écris ces lignes et qu’un déluge de feu et de fer s’abat « Ne pleurez pas, les ordinateurs vous reniflent le cul. (Climat d’écume empoisonnée.) Et des nouvelles de plus en plus brèves, de plus en plus absurdes — un morceau de viande sur l’écran — Biafra, Song My, Tel Aviv, Le Caire, carnaval de jeunesse et de Mort. Les hommes de l’ONU bafouillent et les caméras amassent les preuves, nos nerfs trébuchent sur la pellicule.
Un air lointain sort des entrailles de la ville.
L’histoire est là. Sous vos yeux. Sous vos râles affreux. (...) Qui a perdu pied sur la route ? Fuyant le Chant de Sureau de Brocéliande — nous nous sommes retrouvés ailleurs en rupture. Nous savions que cette seconde naissance était imminente et TOUT DEVENAIT TELLEMENT REEL. »
Il suffit de remplacer quelques noms pour que ce texte des Tatouages mentholés et cartouches d’aube écrit il y a exactement trente ans nous parle à nouveau et soit le combat du poète Pélieu qui s’est tu pour toujours à présent mais qui va grandir et trouver sa vraie place parmi notre poésie
« le soleil descend
sur l’autoroute des milliers de somnambules
font crier leurs nerfs
images-âmes explosant dans le bleu incandescent
nuages-sabots et ruines-sanctuaires. »
L’œuvre de Claude Pélieu est extrêment dispersée (qui saura la rassembler un jour ?) mais voici quelques titres, entre autres...
Jubeboxes ; Tatouages mentholés et cartouches d’Aube en 10/18 (épuisés)
Légendes noires (Ed. du Rocher)
La rue est un rêve ; Studio Réalité (Le Castor Astral)
Cahier de l’Herne n°9, encore disponible
Poussières d’années lumière.
Poussières de l’oubli.
Poussières de vie et de mort
Poussières de silence.
Tout se transforme en poussière, même
l’eau de toilette de Marcel Duchamp, les
chorus de Parker & de Kerouac, les syncopes de Monk, les mantras d’Allen.
Poussières d’écriture blanche & invisible.
Poussières de la rue du Silence & de la rue d’Amour
Poussières dans le bleunoir piqueté d’étoiles.
Poussières d’aéroports et d’hôpitaux.
ce jour-là, après le coup de téléphone de Pam
& les flashes télévisés, ce fut un jour sans
bruit, sans silence. |
詩詞
克洛德.佩利厄及表達法
〝偶然是最偉大的藝術家,它將從歷史的沉渣中游離出來的屬於大眾的事物形象交給了我。〞—— 克洛德.佩利厄
〝真正的生命是郵件塞滿得即將爆裂開來的信箱,而不是那婊娘養的電子郵件,雖然它也臭氣熏天。在兩三次爭執的兩道烤肉之間,我們聽到了從超市被逐出的同性戀者的嘆息,這便是真正的生命。他們躲在一間二居室帶廚房的套房裡,在大學校園的食堂中對此沾沾自喜。還有那吸毒後的瞬間快感、性高潮及詭計。人們將一切攪成一團,這兒那兒捕捉來的老生常談,津津樂道耳聞的一切:趣聞軼事、談話的片言隻語、街談巷議、淺薄無聊的故事。人們聲稱自己與威廉.巴勒斯(William Burroughs)過從甚密,和金斯堡(Allen Ginsberg)在地鐵裡共享龍陽之樂,又或者拍打著歌手米克.賈格爾(Mick Jagger)的肚皮。另一些人則誇誇其談垮掉了的一代的思想體系,其實這一代人並不存在。人們將這個時代壓縮成幾個名字,幾個教皇,幾個頭頭,幾個領袖,總是佯裝不明真假是非。而我個人對此則嗤之以鼻。(我甚至沒耐心讀這些文章。對艾倫.金斯堡而言,《費加羅報》的阿納托爾.博斯凱 (Anatole Bosquet) 可謂非常傑出。這個老混蛋該有一個直徑為九厘米大的屁眼。這兒,《新聞周刊》(Newsweek)的喬治.威爾薩普納爾(George WillSuperNerd)和他可謂沆瀣一氣。)〞
佩利厄就用這樣劇烈的言辭抨擊在艾倫.金斯堡及巴勒斯逝世後胡寫一通、不知所云的作者。佩利厄本人是於二零零二年十二月廿四日辭世的。由於他隱居紐約市的諾威治 (Norwich) 及早已被人淡忘,因此他的死在文學界似乎沒有引起甚麼反響。
他於一九三四年誕生於博桑(Beauchamp)。他勤於筆耕,於一九五二年便發表了第一本詩集:《與土地的約會》(Rendez-vous avec le sol)。該書深受超現實主義影響。一九五零年至一九五一年間,他與雅克.普雷維爾(Jacques Prévert)在聖-保羅-德-旺斯(Saint-Paul-de-Vence)的相識具決定性,值得一提。一九六三年,從阿爾及利亞戰爭復員歸來後,佩利厄在妻子瑪麗.比奇(Mary Beach)的陪同下,乘船遠赴美國。在那兒,他成了垮掉的一代的朋友及一個富有靈感的詩人。
〝我聽見巴勒斯的呼喚,地平線的嘴唇對著我巫師的心閉上了。我品嚐了孤獨的醇酒,因為坐著遨遊的文字在攻擊死去的人。我在眼睛深處看見了法西斯的喧叫對我的傷害。我寫詩意在稀釋幽靈的汗水(我知道無精打采的電話在責備著我。)
我看到上鎖的靈魂和計算機在造愛,而我則在打字機雪白的鍵盤上打下我熱血沸騰、真摯的文章。〞
(摘自文集《自動唱機》(Jukeboxes))
他從美國學習了粗野,從此,成了他精神面貌的一部份。自一九六七年起,佩利厄與其妻在不到兩年的時間裡即為克里斯蒂安.布爾古瓦(Christian Bourgois)翻譯了巴勒斯的主要作品。如《野男孩》(Les garçons sauvages)《諾雅快車》(Nova Express)、《軟弱無力的機器》(La Machine molle)、《爆炸的車票》(Le Ticket qui explosa)及《達徹.舒爾茨的最後話語》(Les derniers mots de Dutch Schulz)等。〝時間緊迫,必須急速翻譯,未曾生活在那年代的人絕難體會。〞他這樣說道。而克里斯蒂安.布爾古瓦遲則至一九七四年才將這些譯作印行出版。一九六七年也是一個重要的時期,這一年,《黑爾尼手冊》(Le cahier de l’Herne)第九期令法國人發現了巴勒斯插科打諢的散文,鮑勃.考夫曼(Bob Kaufman)的詩歌及克洛德.佩利厄的詩作和粘貼畫。那幾年,佩利厄及其妻住在紐約切爾西酒店(Chelsea Hotel),他們常出沒於安迪.沃霍爾(Andy Warhol)的藝術工場。〝我在這裡遇見了波普藝術的大師們,並同他們一起發奮工作。我記得和田納西.威廉斯(Tennessee Williams)、約翰.凱奇(John Cage)、杜魯門.卡波特(Truman Capote)一起渡過的那些夜晚。記得有一次我喝得酩酊大醉,竟在諾曼.梅勒(Norman Mailer)的口袋裡便溺。〞在那個年代,酒精代替了毒品。
一九六八年五月,佩利厄回到巴黎作短暫居留,接著便移居倫敦。
〝在倫敦他的寓所裡,我們倚在窗口,靜靜地吸煙,眺望著遠處的鴿子、麻雀、雲彩。有時候,我們會到離專賣古老版畫的畫廊不遠的一家名叫‵老紳士′的會所去喝酒。我們常常陶醉在泛著珠光的蒼茫暮色中。
〝聖.詹姆斯,公爵街八號...... 小小的寓所漆上藍色,一種憂鬱的藍色,極其冷峻,令來訪者感到不安...... 一個眼神鬼祟的家務助理在用吸塵器吸塵,又或者到廚房端煮好的菜。瑪麗調理著雞尾酒,修改著校樣。邁爾斯(Miles)拍照或整理文件資料。
〝檔案都已賣出去了,而威廉卻仍然手頭拮據,一籌莫展......(......)記得有一晚我們在一個非法營業的律師家裡吃晚飯,他住在高雅的陛下的大宅裡。在吸過布里翁(Brion)昨天給我們的大麻之後 ,我們便喝了一百度的Smirnoff伏特加,喝得醉醺醺的。威廉.巴勒斯竟一頭栽到了扁豆湯裡,接著用一片麵包擦拭他的眼鏡。〞
七十年代末,佩利厄重返美國,住在紐約北部。此時,他已發表了整整二十幾部詩集,書名極富聯想。如《黑外線》(Infranoir)、《卡里.尤格快車》(Kali Yug Express)、《藍色電蘋果》(Pommes bleues électriques)、《薄荷紋身與黎明子彈》(Tatouages mentholés et cartouches d’aube),出版者非克里斯蒂安.布爾古瓦莫屬,尚有黑太陽(Soleil noir)出版社的版本。
佩利厄的詩作受超現實主義影響至深,而巴勒斯對他的啟迪則至關重要,這令他得以發揮兩種寫作方式,即〝快速寫作〞(Script vite)及〝插科打諢〞(Cut up)。前者介乎航海日誌、散文及極盡清晰的純詩歌;後者則在文字裡融粘貼技巧與蒙太奇於一爐。在他的作品裡,還可看到靈感來自日本俳句的短小詩句。
八十年代以來,佩利厄甚少詩作問世,他幾乎專心致志從事粘貼畫創作。帶著五十年代年輕時的蓬勃朝氣,他剪剪貼貼,創作出尖刻幽默的作品,與施威特斯(Schwitters)的《梅茨》(Merz)粘貼畫一脈相承。他的創造才能令人驚訝。稍後,他又轉向〝郵件藝術〞(Mail Art)。他的題為《靜電複印機》(Xerox)的粘貼畫揭示了這個世界及它的源頭。
佩利厄超越一切界限,他多才多藝,可謂全能藝術家。但對我而言,則尤其是一個充滿幻想的詩人 。
〝我看到一個人跨坐在吃角子老虎機上,
在拉斯維加斯死去。
天使穿破雲層,
從直升飛機走下。
我乘著人造纖維的雲,
騰空飛去。〞
在我寫這篇文章當兒,在炮聲隆隆、戰火紛飛之際,〝請別哭泣,電腦在聞你的屁股。消息愈來愈簡短,也愈來愈荒謬。一塊肉出現在銀幕上。比夫拉、特拉維夫、開羅,青春與死神的嘉年華。聯合國的人員在嘲笑,攝影機在收集証據,我們的神經隨著影片,跌跌撞撞。從城市的深處,傳出一曲朦朧悠遠的哀歌。
歷史就在這兒,在你的眼皮下,在你可怕嘶啞的喘息聲下...... 是誰在大道上迷失方向,不知所措?我們決裂在他鄉別處。我們知道第二次分娩迫在眉睫,一切都變得如此真切。〞
在這段摘自整整三十年前寫成的《薄荷紋身與黎明子彈》的文字裡,只需換上幾個地名,便變得現實而有意義。這是詩人佩利厄的戰鬥寫照。雖然今天他永遠沉默了,但他的形象將愈來愈高大,並在我們詩歌的殿堂裡獲得他應有的地位。 |