|
Livres
Texte : Gérard Henry
City
Voice / Hong Kong writing in English / 1945 to the Present
En
langue anglaise. Compilation de Xu Xi et Mike Ingham avec une préface de Louis Ho. Hong Kong University Press, 402 pages.
La romancière Xu Xi et Mike Ingham, professeur au département
d’Anglais de l’Université de Lingnan ont fait un remarquable travail : une anthologie de la littérature hongkongaise en langue anglaise. Pour beaucoup, ce livre est la découverte d’une création littéraire qu’ils croyaient inexistante. Elle est cependant riche et cet ouvrage en
donne un avant-goût.
Cette anthologie est un peu comme l’île
de Hong Kong, elle brille de loin avec sa façade illuminée de gratte-ciel, ici avec les noms qui l’ouvrent, Multiple Splendeur de Han
Suyin et Le Monde de Suzie Wong de Richard Mason. Mais une fois ces célébrités enjambées, on rentre dans le cœur de la cité, et de ruelle en ruelle, c’est une véritable exploration au travers des époques, des genres, des nationalités.
Il ne s’agit point d’une littérature
exotique, ni non plus d’une littérature « occidentale » sur Hong Kong, mais d’une littérature émanant d’écrivains d’origine diverse (Hongkongais, Chinois du Continent, Chinois d’Outre
mer, Britanniques, Australiens, Américains, Européens, Indiens…) qui ont comme seul point commun d’avoir vécu, écrit à Hong Kong ou sur Hong Kong en langue anglaise. Ce qui procure un large éventail de vues sur la cité. Le choix de l’anglais est pour certains de ces auteurs dicté – ils ne connaissent point d’autres langues, ou pour d’autres qui s’expriment
aussi en chinois une décision consciente. L’anthologie est organisée par genre littéraire, prose (romans, nouvelles, essais, mémoires) et poésie, et chronologiquement par décade, des années 50 (1945 pour être exact, c’est-à-dire l’après-guerre) à aujourd’hui.
On retrouve donc dans le roman d’ailleurs en nombre réduit
des noms connus comme Lin Tai-yi (Kampoon Street, 1964) Timothy Mo (The Monkey King, 1978), Lee Ding Fai (Running Dog, 1980), Christopher New (A change of flag, 1993), Xu Xi (Hong Kong Rose, 1997). Des extraits de mémoires, celles de Elsie Elliot (Crusade for Justice, 1981) ou de Jackie Chan (I am Jackie Chan, 1998) : des essais de Nury Wittachi (North Wind, 2001) ou de C.P. Martin (Colonial life and Times, 1997).
Une grande partie est consacrée à la
poésie, domaine prolifique où l’on retrouve les poètes, entre autres, qui animent chaque mois les soirées poésies d’Outloud au Fringe Club. A lire donc Edmund Blunden, Alex Kuo, Liam Fitzpatrick,
Leung Ping Kwan, Louise Ho, Agnes Lam, Jan Ismael, Mani Rao, Madeleine Slavick
et beaucoup d’autres. 在領南大學英語系任教的Mike
Ingham 與小說作家Xu Xi合作完成了一件傑出的工作:編輯了一本英文版的香港文學散文選集。對很多人來說,這本書讓他們發現一種他們以為並不存在的文學創作。其實這類別的作品可卻是非常豐富的呢,這文集為我們提供了這方面的一覽。
這作品有點兒像香港島,遠看,燈火通明的高樓大廈讓整座島嶼像發光一樣,而這裡則是打開便看到一些頂頂有名的名字,有Han
Suying的作品《A Many Spendored Thing》 及 Richard Mason的《蘇絲黃的世界》。但當大步跨過這些知名人士之後,便進入了這城市的心臟地帶,由大街到小巷,藉不同年代、不同種族和不同階層的人帶大家深入探索這座城市。
這著作並不是一本異國情調的文學作品,亦不是有關香港的〝西洋〞文學作品,而是一些來自不同國籍或籍貫(香港、中國大陸、海外華僑、英國、澳洲、美國、歐洲、印度......)的作家所作的文學作品,這些作家的唯一共通點是曾在香港居住,在香港寫作或曾以英語寫有關香港的文章。這些作品以不同角度展現了香港的多種面貌。選擇以英語創作對某些作家來說是無可選擇的,原因是他們並不懂得其他的語言, 而其餘一些同時能以中文表達的作家則是自覺性的選擇。這本散選文集是以文學類別來作分類,散文(小說、短篇小說、隨筆、回憶錄)及詩作,並按年代順序編排,由五十年代(準確的說是一九四五年,換言之是世界大戰後)到今日。
在小說的類別中我們可以看到少數有名的名字,如Lin
Tai-yi (Kampoon Street, 1964)、Timothy Mo (The Monkey King, 1978)、Lee Ding Fai (Running Dog, 1980)、Christopher New (A change of flag, 1993)、Xu Xi (Hong Kong Rose, 1997);一些回憶錄的摘要,如Elsie Elliot (Crusade for Justice, 1981)或是成龍的(《我是成龍》,1998);還有一些隨筆,如Nury Wittachi 的(North Wind, 2001) 或C. P. Martin (Colonial life and Times, 1997)。
詩作在書中佔大部份位置,這是一個多產的領域,詩人和其他藝術工作者每個月均在藝穗會有定期的聚會。在書中可以有機會閱讀到Admund
Blunden、Alex Kuo、Liam Fitzpatrick、梁秉鈞 、Louise Ho、Agnes Lam、Jan Ismael、Mani Rao,以及其他很多詩人的作品。 |
Cleaning
House de Barry Kalb
En
langue anglaise. Orchid Pavillon Book, Asia 2000 Ltd, Hong Kong
Barry Kalb, journaliste au Times Magazine,
installé à Hong Kong depuis 1985, a du flair. Son roman, Cleaning House, sorte de vision humoristique et apocalyptique sur notre monde, imagine une
terrible épidémie qui apparaît au plus profond de la Chine rurale et menace le monde. Un monde en ce début de siècle dévasté par les guerres, par le totalitarisme, le Sida et le terrorisme et dans lequel
l’humanité doit faire face à la surpopulation, aux ressources limitées et à l’apparition de nouvelles maladies. Le nouveau pape, Georges Ringo I, voudrait
instaurer au sein de l’Église catholique le contrôle des naissances mais il est menacé par un groupe extrémiste de lesbiennes qui veulent restructurer la population mondiale. Le héros Noah Archer, un analyste financier à qui Dieu parle, comme à Jeanne d’Arc, est chargé avec l’archange Wong de faire en sorte que la population diminue. Un roman non
dénué d’humour (Dieu pour persuader Archer qu’il n’est pas l’objet d’une hallucination,
lui fait dans sa piscine, le coup de la Mer Rouge, la séparation des eaux) qui se déroule à l’échelle planétaire avec quelques épisodes à Hong Kong et qui tombe avec l’épidémie de SARS en pleine actualité.
自一九八五年起定居香港的《時代雜誌》記者Barry
Kalb很有遠見,他的小說《Cleaning House》是一本以幽默角度及啟示錄般的手法描寫我們的世界。書中他幻想在中國偏遠的農村地方爆發一場瘟疫,續漸蔓延全世界。世界正處於世紀之初,飽受戰火、極權政府、愛滋病及恐怖主義的蹂躪,加上,人類正面對人口爆炸,資源缺乏及受到不知名的新疾病的困擾。而新任教宗Georges Ringo 一世想在天主教會之中制定一套生育管制的方案,但受到一群女同性戀極端主義者的恐嚇。這班女同性戀者有意把全世界的人口重新調整。故事的主角Noah Archer是一名經濟分析員,天主跟他說話,就像聖女貞一樣,要他與天使長亞黃合作,務必要令到人口減少。這本小說並不缺乏笑料(天主為了要向Archer證明祂並不是後者幻覺所產生的幻象,在Archer的泳池內行了在紅海出現過的神跡,把水向兩面分開),故事發生的地點是全球性的,只有幾節是在香港發生,而剛好又真正遇上了非典型肺炎的事件。 |
Tête
bêche de Yichang Liu
劉以鬯的《對倒》
Le
terme français 17 « tête bêche », également utilisé en philatélie et qui désigne de rares timbres imprimés par deux en miroir, a inspiré au romancier le portrait de deux êtres vivant dans une ville. Les deux personnages évoluent dans un même espace, Hongkong. Ils ne prennent part à aucune intrigue et nous sont révélés par une alternance de séquences minimalistes écrites sur un rythme de composition musicale contemporaine. Elle est jeune, aux
prises avec l’avenir. Lui, d’un âge plus avancé, est habité par le passé. Ils ne se connaissent pas. Ils se frôleront sans jamais se rencontrer. Récit éclaté, sans trame linéaire, on comprend pourquoi le rythme du roman, ses « arrêts sur image », ses « plans séquences » et l’espace de liberté laissé au lecteur ont mis le cinéaste Wang Kar Wei sur le chemin de In the mood for love. Le cinéaste a d’ailleurs souvent précisé que « le personnage interprété par Tony Leung n’était pas complètement inventé et qu’il s’inspirait de la vie du romancier lui-même ». Wang Kar Wei s’est nourri de l’âme du roman, s’est inspiré de sa structure sans en faire pour autant une adaptation cinématographique.
Originaire de la région de Shanghai, Liu Yichang
est installé à Hongkong où il a été rédacteur en chef de la revue Littérature de Hongkong (Xiangang Wenxue), de 1985 à 2000. Également président de l’Association des écrivains de Hongkong, il écrit depuis 1936 des nouvelles et des romans. Tête bêche est un roman chinois écrit à Hongkong dans les années soixante-dix.
在法文,〝tête
bêche〞這一詞也可用於集郵方面,它是用來形容那些互相面對面印刷的稀有郵票。這本書的作者就是從這一詞中獲得創作靈感,描寫兩個活在同一城市中的人。這兩個人物在同一地方:香港中長大。她,年青,不斷為前途苦惱,他,年紀較長,擺脫不了過往的陰影。這兩人互不認識,多次擦身相遇但從未碰面。故事的敘事手法斷斷續續,沒有直線的結構,小說的節奏、那些〝定格般的影像〞、〝一組組的情節〞都讓我們明白到為何導演王家衛會從這著作中獲得靈感拍攝了《花樣年華》這部電影。此外,這位導演經常強調〝由梁朝偉演繹的那個角色並非是完全虛構的,他多少是源於作家本人的生活體驗。〞王家衛掏取小說的靈魂,從它的結構中獲得創作靈感,但卻沒有把小說改編成電影。
劉以鬯原籍上海,移居香港後,由一九八五年至二○○○年曾任《香港文學》雜誌的總編輯。他更是香港作家協會的主席,自一九三六年開始創作短篇及長篇小說。《對倒》是他於六十年代在香港創作的小說。
Echolocation
de Mani Rao
Recueil
de Poésie. En langue anglaise. A sortir prochainement chez Chameleon Press, Hong Kong.
Mani Rao, poète, est un être
de la nuit, un être à la chair déchirée, à la bouche assoiffée. Son monde est celui des lisières, lisières entre la nuit et l’aube, lorsque le corps se rétracte à la peur du jour, lisières entre la vie et la mort, là ou se déploient tout un monde de fantômes et d’âmes en peine. Mani Rao a publié précédemment à Hong Kong trois recueils de poésie Living Shadows, The Last Beach et Salt. Dans cette œuvre qui apparaît comme une quête assoiffée de la vie, on retrouve des thèmes récurrents comme celui du dédoublement, de l’identité multiple, « Je me rassemble quelquefois, un hall de miroirs, jurant différentes histoires, jouant au tu-sais-que-je-sais-que-tu-sais-que-je-sais. »
Ses phrases sont courtes, ses mots percutants s’entrechoquent entre eux, créant
des étincelles « Le démon et le chien tournoient dans l’espace, les couteaux sont tirés, étincelants, et la honte ». Dans un monde où la mort, la vieillesse et la décomposition des corps menacent sans cesse, l’esprit et le corps sont dans son œuvre toujours rivés l’un à l’autre. « De nouveau rangés en lignes parallèles, mes pieds nus sont face à la porte, accueillant les chemins de fer du temps et de l’espace./ Mais la mort
n’est pas intéressée quand je le suis./ Je m’éveille comme un danseur en position répétée, familière. Le batelier s’est évanoui laissant les avirons et je me dilate incontrôlablement dans mes vides — chaussures, vêtements, stylo. ».
Le temps, ennemi mortel de l’espèce
humaine est embusqué, toujours présent dans nos mémoires : « Les jours éclosent tout autour tu nourris leurs bouches pressées. Les années s’ouvrent comme des portes, une par une, elles se ferment derrière toi ; certaines doucement, certaines avec fracas./ Le glacier du menton fond sur
la pente de la mâchoire. Longs seins poches vides. La peau sous l’eau./Non amarrée, tu te jettes en deux directions opposées. Ton esprit s’accélère, un sifflet, tu ne prêtes attention à rien ; le meilleur crash de ton corps, je le vois venir. »
Note :
Pour les lecteurs intéressés, l’Alliance Française de Hong Kong a publié en 2001 City Poetry, une petite anthologie dans laquelle figure une traduction
en français d’un recueil de Mani Rao, Living Shadows (Ombres vivantes). Exemplaire gratuit sur demande envoyée à paroles@alliancefrançaise.com.hk
女詩人Mani
Rao,一個只在晚上活動的人,她的世界是一個邊緣世界,是介乎晚上與黎明之間,那時,軀體從白天的恐懼中抽離;是介乎生命與死亡之間,那兒滿佈幽靈和哀傷的靈魂。Mani Rao 最近在香港出版了三本詩集:《Living Shadows》、《The Last Beach》及《Salt》 。這本詩集的出現就像對生命的渴求,在當中找到一些重複出現的主題,如分裂、多重的身份,〝有時我聚在一起/一室的鏡子 /吹噓著不同的故事/玩你知我知你知我知的遊戲〞。她的詩句很短,卻字字鏗鏘有力,互相衝擊,互相擦出火花〝魔鬼和狗在空中盤旋/刀已出鞘/閃閃生輝/還有羞恥〞。在一個不時被死亡、衰老和腐敗的陰影籠罩下的世界中,精神與軀體經常都在她的作品中互相緊扣一起。〝再一次并排而置/我赤裸的腳對著大門/迎接著時間與空間的鐵路/既然我已死死亡再沒趣味/我醒來像正在採排的舞蹈員,熟識的姿勢/船夫失蹤留下了船漿,而我正不受控制地向我的空心內膨脹——鞋子、衣服、鋼筆〞。
時間,人類的死敵正潛伏著,長存於我們的記憶中:〝日子在你身邊孵化餵養它們忙碌的嘴/歲月像大門般打開,一扇接一扇的在你身後關上;有輕輕的,有砰然巨響的/冰冷的下巴在下顎邊緣溶化/長乳房空袋子/皮膚在水底下/釋放了你撲向相反方向/你的思想急速轉動,一聲口哨,不理會甚麼/你身體最優美的墜落,我看到它要發生〞。
註: 香港法國文法協會曾於二零零一年出版了一本《詩城市集》,當中包括了Mani
Rao的作品《Living Shadows》之法文翻譯,有興趣的人士可電郵至paroles@alliancefrancaise.com.hk免費索取。 |
|
|
|