Bibliophilie 珍本收藏

Texte : Gérard Henry

Dans la caverne du « roi de Siam »
〝暹羅王〞的藏寶洞


Il y a mille façons d’explorer une ville, l’une de mes préférées est d’en parcourir les librairies. A Hong Kong c’est un véritable jeu de piste qui vous mène d’un bout à l’autre de la ville, de North Point aux rues les plus obscures de Mongkok. Je ne parle pas de ces grandes chaînes que l’on trouve facilement dans les centres commerciaux, mais de ces dizaines de petites librairies, nichées la plupart du temps dans les premiers étages de vieux immeubles décrépits, en haut d’escaliers exigus, sombres et crasseux. L’une des dernières en date à ouvrir est par contre coquette, et française pour la plus grande partie de ses ouvrages. Elle s’appelle Indosiam et c’est la première librairie consacrée entièrement aux livres anciens à Hong Kong.

Les bouquinistes parisiens qui tiennent leur kiosque sur les bords de la Seine l’appellent le « roi de Siam ». Depuis des années ils le voient revenir fouiner dans leurs caisses. S’il n’est pas sur les quais, il est à la foire aux livres du parc Brassens dans le quinzième arrondissement, perdu dans quelque lointaine librairie de province ou alors à Bangkok, chez un relieur-doreur qui lui restaure ses précieux ouvrages. Mais c’est à Hong Kong qu’on a le plus de chance de le rencontrer, dans sa toute nouvelle librairie qui montre une partie de sa collection : de 4 000 à 5 000 ouvrages anciens principalement en langue française, sur le Siam, l’Indochine et la Chine. Ce « roi de Siam » alias Yves Azemar est en fait un homme très discret, professeur de littérature française, qui cache derrière un sourire timide mais accueillant une passion dévorante pour les livres anciens. Résidant depuis plus de 10 ans à Hong Kong, il a décidé de faire partager sa passion et sa collection en ouvrant cette petite librairie qui est en fait un espace, dit-il, avant tout de rencontres, de lectures et de recherches. Une collection née à l’origine de sa passion pour l’histoire ancienne de la Thaïlande, le Royaume de Siam et le roi Narai dans ses premières relations avec la France de Louis XIV. Le noyau de départ a donc été les relations de voyage des membres des ambassades, du clergé, des ingénieurs qui ont fleuri entre 1685-1688, jusqu’à la fermeture du Siam en 1689. Relations qui ont repris ensuite au milieu du XIXe siècle.

Le champ des livres sur le Siam étant restreint, Azemar s’est intéressé à l’Indochine et à la colonisation française de 1860 à 1930 et a rassemblé de nombreux ouvrages : récits d’exploration des sites archéologiques, exploration hydro-graphique du Mékong et de ses affluents, récits ethnographiques sur les peuples des montagnes, et aussi des mémoires de guerre et des récits sur la vie coloniale de l’époque. Il a de splendides ouvrages illustrés sur la faune et la flore de ces pays.
Il constitue même une collection d’une littérature coloniale publiée en Indochine et en France, une écriture romanesque signée Henry Daguerches, Jérôme et Jean Tharaud, des récits d’impressions de Claude Farrère, un disciple de Pierre Loti, des romans de mœurs indochinoises comme Le jaune et le blanc, de Henri Marquet, l’un des auteurs les plus connus de l’époque, et plus tard vers les années 1930-50, une littérature plus engagée, sociologiquement et politiquement (Naissance d’une nation de Yvonne Pagniez). Beaucoup de ces romans ne sont autres que des célébrations du mythe de la belle Tonkinoise, dont tombaient amoureux administrateurs, navigateurs ou autres aventuriers.

De l’Indochine, Yves Azemar est passé tout naturellement à la Chine, secteur qui fait l’objet de ses recherches actuelles, avec des ouvrages à partir du milieu du XIX`ème, sur le sac du Palais d’été, la guerre des Boxers, des ouvrages militaires mais aussi des récits (Les derniers jours de Pékin de Pierre Loti), et des ouvrages historiques et archéologiques, comme les planches photographiques et les textes sur les monuments funéraires de la mission Victor Segalen en Chine publiée en 1923 ou, en anglais, Runes of Cathay de Laurele Stein. Il possède également de nombreux ouvrages de végétaux, minéraux, travaux minutieux de Jésuites et de collectionneurs d’insectes ou de petites bêtes de toutes sortes. Sa collection inclut aussi des ouvrages linguistiques et littéraires très savants comme ceux du père Couvreur qui traduisit les classiques chinois dans une édition trilingue, chinois, français et latin. D’autres ouvrages sont riches en illustrations colorées, parfois naïves comme les Recherches sur les superstitions en Chine d’un Jésuite, le père Doré. « Les récits de voyage oscillent toujours entre deux pôles dit Azémar, attraction et répulsion pour la Chine. Mais certains ouvrages sont uniques en leur genre comme cette œuvre du Commandant Harfeld, un ingénieur français qui travaillait sur le chemin de fer et qui publia en 1909 Opinions chinoises sur les barbares d’Occident, dans lequel il donnait la parole aux grands mandarins lettrés et aux chefs des Boxers, exposant les griefs chinois contre les Occidentaux avec beaucoup d’humour et tentant, disait-il, de comprendre l’âme chinoise. »

Yves Azemar s’oriente maintenant sur les maisons d’éditions françaises installées à l’époque en Chine telles que Vetche et Nachbaur à Pékin qui publiaient des ouvrages littéraires. Il est impossible de faire le tour de ses richesses en quelques lignes, mais n’oublions pas qu’il y a le contenu et contenant, c’est-à-dire de splendides ouvrages reliés, illustrés, dorés, des parfums de papier et de cuirs, de peaux et d’ors, un plaisir des sens qui séduira tous ceux qui ont une âme de bibliophile. La librairie est très facile d’accès située à Lyndhurst Terrace à Central juste au-dessus d’un célèbre pâtissier chinois spécialiste en tartes aux œufs. Sonnez à l’entrée.

要探索一座城市可以有千百種的方法,而我本人最喜歡的是逛書店。在香港,這真是名副其實的尋寶或追蹤遊戲,而且還有可能帶你由城市的一角走到另一角,由北角逛到旺角區最昏暗的街道。我所指的並不是那些在商場中找到的大型連鎖書店,而是數十間小型書室,他們多位於一些沒有電梯,梯級幽暗狹窄又骯髒的破舊樓宇的一樓中。然而,近期新開業的其中一間小型書店卻剛好相反,十分雅緻,而且大部份都是法文書。這書店名為Indosiam,是香港第一間專賣珍本古籍的書店。

在巴黎塞納河畔開書檔的老板們稱他〝暹羅王〞。多年來,他們看著他一次又一次的到書檔前翻他們的箱子。就算他不在塞納河畔也會在位於十五區的布拉桑公園內的書市場中,或是迷失在偏遠鄉間的書店內或是到曼谷找訂裝/燙金工匠為他修復珍貴書籍。但更大機會見到他本人的地方還是香港。在他新開的書店中他公開展示了部份收藏:約四千至五千本有關暹羅、印支半島及中國的古籍,它們大多數是法文書。這位〝暹羅王〞又名Yves Azemar,教授法國文學,他的性格其實非常內向,但在他羞怯的笑容背後卻隱藏著一顆熱愛古老書籍的心。他在香港居住已有十年,當決定與人分享他的熱愛和收藏之後開了這家小型書店,他說書店最主要的作用還是一處供人相聚,閱讀和翻查資料的地方。這些珍藏其實是源於他對泰國古老歷史,即暹羅王朝以及國王 Narai與法國路易十四王朝時期所建立的早期關係的熱愛。開始時,兩國的核心關係主要是建立於一六八五年至一六八八年間外交史節、神職人員及工程師們的頻密往來,這情況一直維持到一六八九年暹羅封鎖對外開放為止。之後到十九世紀兩國才再次建立邦交。因為有關暹羅的書籍範圍很局限,Azemar開始對印支半島及一八六零年至一九三零年間的法國殖民地產生興趣,並搜集了不少有關方面的著作:探索考古遺址的記載、湄公河及其支流的水道測量報告、山區民族的故事、還有戰爭回憶錄以及當時殖民地的生活記敘等。他還收藏了一些有關這些國家的動植物之精美書畫冊。

他的藏書中還包括了在印支半島及法國出版的一些富殖民色彩的文學作品,如法國作家Henry Daguerches、Jérôme 與 Jean Tharaud 的小說:洛蒂(Pierre Loti)的門生法萊爾(Claude Farrère)的旅遊感想;還有馬格(Henri Marquet)——當年其中一位最著名的作家——所描寫有關印支半島風土人情的小說《黃種人與白種人》(Le jaune et le blanc);較後期的是三十至五十年代一些社會和政治意識較濃的文學作品(《一個民族的誕生》(Naissance d'une nation),作者Yvonne Pagniez)。這些小說中有不少是歌頌美麗的越南東京灣少女與公務員、航海家的愛情故事或奇遇。

Azemar很自然的由印支半島轉往中國,目前,這地區正是他探索的目標,搜集到的作品由十九世紀中葉起,如有關洗劫圓明園,義和團之戰,軍事著作等古籍,同時也有小說(洛蒂的《在帝都》 Les derniers jours de Pékin),以及歷史學和考古學的著作:如一九二三年出版的兩本有關謝閣蘭(Victor Segalen)出任中國時發現漢代古墓後所拍攝到的照片和記敘文章。英文著作有Laurel Stein的《中國的咒語》(Runes of Cathay)。Azemar同時也擁有一些由耶穌會修士精心繪畫有關植物和礦物,或昆蟲學家繪畫各種不同類別的小昆蟲的精美畫冊。他的珍藏中也包括一些極具學術性的語言學和文學著作,如法國宣教士 Père Couvreur翻譯的《四書》,並以中、法及拉丁語三語出版。此外也有一些充滿彩色插圖的著作,如一名耶穌會修士Père Doré所撰寫的《研究有關中國的迷信》(Recherches sur les superstitions en Chine)。Azemar表示,遊記之類的記敘通常都處於兩個極端,或被中國吸引或是感到反感。但也有某些著作的類別是與別不同的,例如在鐵路局工作的法籍工程師兼指揮官Harfeld於一九零九年出版的《中國人對西方蠻夷的的看法》,在書中他讓一些博學多才的文官以及義和團的首領親自講述中國人對西方人的不滿,內容風趣幽默並嘗試了解中國人的精神。

Azemar現時的搜尋目標是當年在中國開業的一些法國出版社,譬如北京的Vetche和Nachbaur這些專門出版文學作品的出版社。想以寥寥的幾行字來說盡這些珍藏根本是不可能的事,但不要忘記還有內容和容器,換句話說,那些訂裝精美、加上插圖和燙金的精裝書,紙張和皮革所散發出特有的香氣和觸感都能深深吸引珍本收藏家的心。這家書店位於中環擺花街,樓下剛好就是一家以蛋撻馳名的中式餅店。門鈴就在門口。