Photographie
Texte : Pierre Fournié, Commissaire d’exposition

Regards sur le Monde

Un typhon frappant Hong Kong en 1906, le Dalaï Lama en exil en 1910, les pyramides en 1860, la rue de la Mission de Shanghai en 1914, autant de clichés originaux qui font l’originalité et l’intérêt de cette exposition organisée par le Musée de Macao, le Consulat général de France de Hong Kong et l’Alliance Française de Macao.

La tradition d’illustrer les dépêches diplomatiques précède l’existence de la photo-graphie elle-même : dès le 18ème siècle, dessins et gravures sont venus accom-pagner les courriers des ambassades mais son invention et la diffusion de son usage ont permis la réalisation de véritables albums décrivant la situation politique des diverses régions du monde où la France était présente, comme l’avancement des grands travaux menés dans ses colonies ou ses protectorats.
Les commandes étaient alors passées directement par les diplomates à des photographes professionnels ou à leurs ateliers, dont certains célèbres comme Bisson ou Disderi Frères à Paris, Altobelli à Rome ou Marc Ferrez au Brésil. Elles privilégiaient plus volontiers les photographies de famille ou les portraits de fonction, l’illustration des dépêches s’accentuant à partir de 1860, lorsque l’on aborde le négatif au collodion.
Les documents iconographiques vont se multiplier en se diversifiant, aidés par l’engouement pour la photographie d’amateur et les albums réalisés par de jeunes diplomates passionnés par cet art. L’on privilégie cependant les sujets « exotiques », les zones où le développement économique est plus tardif, car l’on s’attache naturellement moins à photographier les régions déjà développées, comme les villes ou les comptoirs commerciaux par exemple. L’intérêt pour l’archéologie et les fouilles, souvent prétextes à l’espionnage, ajoute à cet engouement.

A la fin du 19ème siècle, l’on crée le ministère des Colonies et la documentation du Quai d’Orsay se fera plus rare, ses compétences étant de fait limitées, sauf pour les protectorats qui continueront de relever des Affaires étrangères. Des inventaires iconographiques seront dès lors planifiés, comme pour le Maroc, par exemple, protectorat depuis 1912, le Maréchal Lyautey tentant par la documentation iconographique, comme par les expositions coloniales et internationales, d’exhorter les milieux d’affaires à y investir.
Les photographies de l’exposition « Regards sur le Monde » proviennent toutes des archives du Quai d’Orsay et illustrent l’expansion coloniale de la France entre 1860 et 1914, en Asie, au Moyen-Orient, en Afrique et en Amérique Latine, regards occidentaux portés sur un ailleurs bientôt mythique aux noms évocateurs ; la Cochinchine, la Mandchourie, le Tonkin, Constantinople, les pays du Levant, la Sublime Porte, l’Annam ou le Dahomey.

Rassemblées dès 1906 dans un musée à la bibliothèque du ministère des Affaires étrangères puis organisées après la Seconde Guerre mondiale dans un « fonds iconographique », ces collections se sont enrichies de dons ou de dépôts venant de diplomates ou de leurs familles comme, par exemple, les archives du Général Gouraud, l’un de ces « bâtisseurs d’empire » qui fut, du Soudan à la Côte d’Ivoire, l’un des coloniaux les plus célèbres : ses archives recelaient plus de 20 000 photographies parfaitement légendées montrant sa passion pour l’histoire et la géographie.

L’exposition Regards sur le Monde est divisée en 5 sections, l’Asie, le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord, l’Afrique subsaharienne et l’Amérique latine, composant un ensemble de 140 photographies, autochromes ou vues stéréoscopiques. Entre l’exposition et l’ethnographie, entre la pédagogie et l’idéologie d’une « œuvre colonisatrice », le regard de ces photographes ou de ces diplomates a contribué à initier le genre du photo reportage, certaines de ces photographies s’attachant à témoigner des exécutions au sabre à Canton ou à décrire la violence d’une tempête dans le port de Valparaiso. Echappant au pittoresque pour rapporter le lointain au monde occidental, ces « passerelles pour l’ailleurs » qu’évoque Laurent Gervereau dans l’ouvrage Regards sur le Monde nous permettent aujourd’hui, en homme du 21ème siècle, d’en aborder la relecture.


攝影 

 

瀛海傳真

一九零六年颱風吹襲香港、一九一零年達賴喇嘛被放逐、一八六零年的金字塔、一九一四年的上海街景,這麼多的原版照片讓這展覽更為特別和更精彩。這名為〝瀛海傳真〞的攝影展覽由澳門博物館、法國駐港總領事館暨澳門法國文化協會聯合主辦。

在攝影術發明之前,外交公文已經大量採用插圖進行說明。早在十八世紀,法國駐各地大使館之間的公文往來就包括繪畫的形式。但是,攝影術的發明和廣泛推廣更真實地記錄了法國人眼中的世界。
當時的法國外交官通常會指定固定的攝影師或他們的工作室進行照片拍攝。其中比較出名的攝影師有巴黎的比尚或迪斯德里.法雷、羅馬的阿爾托貝里和巴西的馬克.費雷茲等。他們主要從事家庭攝影和官員的人像攝影。從一八六零年開始,隨著負片沖印技術的發明,外交公文中開始大量採用相片。
公文相片大量增加,內容也越來越廣泛,這在某種程度上歸功於當時業餘攝影的流行,特別是那些年輕的法國外交官也熱衷於這種新的藝術形式,從而留下大量的作品。當時攝影師最感興趣的題材莫過於異國風情,也就是拍攝那些尚未開發的地區,而不是那些大城市和貿易港口等。另外,他們通常也會拍攝考古和文物發掘。到十九世紀晚期,法國外交公文中傳遞的相片相應減少,相片收集從那時起成為一項計劃工作。

〝瀛海傳真〞展覽所展出的相片全部為法國外交部檔案館所收藏,它們是法國在一八六零年至一九一四年間於亞洲、中東、非洲和拉丁美洲等地區拍攝的。這些相片一定程度上代表了當時西方國家對未知世界的神秘看法。

在一九零六年,這些圖片被當時的法國外交部圖書館整理及收藏,並在第二次世界大戰後重新整理為〝影像收藏品〞。這些收藏因為得到當時的外交官及其後代的捐贈而越來越豐富。來自格朗德將軍的收藏便是一個例子。他收藏了逾兩萬幅精心拍攝的相片,表現出他在歷史和地理研究方面的極大興趣。

〝瀛海傳真——法國相片中的昔日世界〞攝影展共分為五個專題:亞洲、中東、北部非洲、撒哈拉沙漠以南的非洲、拉丁美洲。這些相片顯示了外交官、攝影師將攝影技術運用到外交公文匯報中的全新形式。相片題材廣泛,特別吸引觀眾的是異國風土人情,除了向當時的西方世界傳遞那些遙遠國度的景象之外,正如勞倫特.哥維樂在其著作《透過鏡頭看世界》中所述,這些相片是〝通往世界各地的大門〞,為我們這些二十一世紀的人類帶來除閱讀文字以外的全新感受。