French Cinepanorama
Texte : Hugo Catherine

Cinéma, cinéma…

Le 26e French Cinepanorama, festival annuel du film français présenté par l'Alliance Française s'organise autour de deux axes : les dernières productions du cinéma français, et un ensemble de documentaires de très haute qualité sur la justice et la façon dont elle est pratiquée dans le monde, de la France à l'Afrique du sud, des Etats Unis à l'Inde. Si l'esprit des documentaires retenus impulse une certaine ouverture sur le monde, les films, quant à eux, qu'ils soient drames, comédies ou policiers, explorent un terrain d'expression plus proche de l'introspection.

S'il la sélection en présence réserve une place privilégiée à l'intimité des êtres, à l'introspection, le film d'ouverture, Les triplettes de Belleville est une véritable saga historique qui nous fait suivre l'histoire quelque peu burlesque de Champion, ce garçon passionné de cyclisme, qui, au cours de l'épreuve du Tour de France, est enlevé par deux membres de la mafia française à la poursuite desquels vont se lancer les triplettes, deux stars excentriques du music-hall des années 1930. L'innovation stylistique de ce film d'animation de Sylvain Chomet sert une histoire pleine de rebondissements. Le réalisateur parvient à superposer les effets en 3D et son animation à deux dimensions qui n'est pas sans rappeler l'univers de la bande dessinée. Son œuvre a fait sensation dans les festivals internationaux et dans les salles françaises. Au festival du film d'animation à Annecy, le réalisateur a reçu une véritable ovation ; le film faisait également partie de la sélection officielle du festival de Cannes en 2003.

La majorité des films présentés ont un caractère plus intimiste. Les scénarios se concentrent en général sur quelques personnages qui, de surcroît, dépensent souvent beaucoup de leur énergie à s'observer les uns les autres. Ainsi Lucas Belvaux signe-t-il une intéressante trilogie - Un couple épatant, Cavale, Après la vie – dans laquelle les personnages consacrent le plus précieux de leur temps à se fuir et à se retrouver, plus précisément à s'épier. Ces chassés-croisés ne sont pas sans rappeler Reines d'un jour où la réalisatrice Marion Vernoux, use de tout un art de la dérision pour mener une comédie déjantée, dépeignant au moyen d'un scénario éclaté les petits tracas de ses personnages, dévoilant son jeu de cavales sentimentales.

L'objectif de Lucas Belvaux n'est pas de nous livrer un seul film réussi, logique, maîtrisé ; il nous en présente trois, non pas trois épisodes ou trois chronologies successives, mais trois points de vue d'un même laps de temps, de la même histoire vue par différents personnages. D'abord, il choisit le ton de la comédie, puis celui du film policier, et finalement de la comédie dramatique. Lucas Belvaux rend ses personnages attachants ; en nous les faisant aimer puis redouter pour à la fin les détester, nous avons l'impression de les connaître, de les cerner. A chaque nouveau film, le spectateur, piégé, pense saisir les personnages qui pourtant lui échapperont encore. La sensation est tellement surprenante que le spectateur ne peut qu'être pris au jeu du réalisateur. Il s'agit là d'un travail phénoménal d'écriture, de réalisation et de montage.

De même Dans ma peau et Novo mettent en scène des personnages qui, chacun à leur façon, cherchent à s'évader du monde qui les entoure. Ainsi Marina de Van signe assurément avec son premier long-métrage Dans ma peau le film choc de la sélection. Son personnage est confronté à un désir obsessionnel d'automutilation, nonobstant les contraintes professionnelles ou l'inquiétude attentionnée de son ami interprété par Laurent Lucas. Face aux regards des autres, sa personne devient étrange, dérangée, malgré sa lutte entre contrôle de soi et mensonges pour garder une normalité de façade. Dans Novo, film très enlevé de Jean-Pierre Limosin, Eduardo Noriega, qui a perdu toute mémoire, même celle de ses actes récents, est manipulé, mis constamment en danger ; il se retrouve ballotté, souvent victime jouisseuse de son charme, entre les personnages de son passé, ceux du présent et l'amour frais d'Irène, sous les traits d'Anna Mougladis, jeune talent du cinéma français.

Le retour sur soi intimiste est souvent synonyme d'enfermement : les personnages deviennent rapidement prisonniers, voire victimes de leur propre introspection. Cette série de portraits de personnages prisonniers de leur monde intérieur, est assez caractéristique des thématiques fréquemment exploitées par le cinéma d'auteurs. Ainsi dans Clément, Emmanuelle Bercot raconte un impossible rapport humain, social, sexuel qui renvoie les parties à leur identité propre. Les récits d'amour sont sensés se modeler selon les âges de nos existences balisées. Pourtant Marion (interprétée par la réalisatrice elle-même) est trentenaire et tombe amoureuse de Clément (Olivier Guéritée), jeune garçon âgé de 13 ans. Jusqu'où peut aller le regard de la caméra ?

De même dans Tiresia, Bertrand Bonello dans une réinterprétation moderne du mythe grec de Tiresias, poursuit son exploration de l'enfermement des êtres dans leur corps. En effet, Tirésia, transsexuel brésilien vivant à Paris dans la clandestinité, transgresse nos repères corporels habituels.

Cette intimité reflète sans doute l'allure très féminine de la sélection ; les femmes apparaissent souvent à la lumière de leur identité pleine, extravagante telle Jane Birkin dans Mariées mais pas trop et engagée émotionnellement comme Anne Parillaud dans Sex is comedy, deux films réalisés par des réalisatrices reconnues, Catherine Corsini et Catherine Breillat. L'une livre une comédie grinçante pleine d'allant pour mieux redéfinir les préceptes de la femme fatale. L'autre réalise un film profond sous forme de making-of fictionnel de son précédent film A ma Sœur dont elle reprend le tournage d'une des scènes-clef pour mettre au jour l'intensité émotionnelle de la relation entre la réalisatrice et ses acteurs.

Les hommes, quant à eux, se définissent en second, en réaction face à l'impulsion, à l'énergie ou bien même aux troubles féminins ; ils perdent pied face aux créatures féminines qui n'ont de cesse de laisser libre cours à leur expression radicale d'identité : Laurent Lucas se retrouve perdu (Dans ma peau), Eduardo Noriega ballotté (Novo), Pierre Richard et Clovis Cornillac écartés, Jérémie Elkaim blessé (Mariées mais pas trop), Grégoire Colin écorché (Sex is comedy). Et lorsque, exceptionnellement, les hommes prennent le dessus pour jouer les fortes têtes, libérant une certaine volonté de puissance, cela se fait au prix d'une folie, soit révolutionnaire (Lucas Belvaux dans Cavale), soit hospitalière (Laurent Lucas dans Qui a tué Bambi ?), mais pour ainsi dire toujours meurtrière ; il est alors grand temps de protéger leurs cibles féminines. Ainsi dans Qui a tué Bambi ?, Gilles Marchand crée un design onirique, un esthétisme épuré où la folie dérangeante du Dr Philipp (Laurent Lucas) trouve un terrain d'expression favorable. L'environnement est glacial, il brille d'un macabre clinquant ; dans un chuchotement feutré on se demande qui sera là pour protéger Bambi (Sophie Quinton) ?

Cependant cette forme de repli sur soi sur fond d'intimité féminine, qui pourrait bien facilement sonner comme un pied-de-nez aux humeurs du temps, ne vient pas seulement nous rappeler que la beauté d'une œuvre cinématographique peut fonctionner en vase clos. Le huis-clos rampant des films sélectionnés ne doit pas être considéré comme une fermeture au monde ou aux autres ; en s'évertuant à régler nos propres rapports d'emprisonnement intérieur, à la quête d'une harmonie interne, l'introspection des personnages fascine le spectateur. Certains crieront au cinéma sans spectacle, mieux vaut souligner que le meilleur moyen d'approcher une forme universelle d'humanité et de création est peut-être paradoxalement d'appréhender les degrés les plus extrêmes de l'intimité.


法國電影節 

電影,電影……


香港法國文化協會舉辦的第二十六屆法國電影節的節目今年分別有兩個不同主題的環節:一是介紹法國近期電影製作的趨勢,另外是一系列以司法為主題的優質紀錄片。這些紀錄片描寫多個不同地方,由法國到南非,美國到印度等地之不同司法制度和訴訟程序。若說今年選映的紀錄片有著世界性的精神,那電影方面,無論是劇情片、笑片或偵探片,卻多數是探討有關內在情感的表達。

雖然,今年電影節選映的影片主要是探討人與人的親密關係,探討有關內心的世界,但開幕電影Les triplettes de Belleville (未有中文譯名)卻名副其實是一部歷史傳奇,導演以滑稽惹笑的手法講述小童冠軍仔的故事,這名熱愛騎腳踏車的小男孩參加法國單車大賽, 誰料在比賽途中被兩名法國黑幫份子虜走。三位性格古怪,在三十年代曾經譽滿音樂廳的過氣歌星貝維爾三胞胎立刻趕往營救。導演蕭凡.蘇美透過一個高潮迭起的故事製作了這風格創新的動畫,他成功將立體效果加插在二維空間的動畫之上,這令人聯想起連環圖中的世界。蕭凡.蘇美的作品在多個國際電影節及法國電影院中極受歡迎。在法國安西動畫節中,他甚至受到觀眾站立的喝采;而本片更獲正式入選本年度的康城電影節。

今年選映的影片大部份是表達內心的感情。劇情通常都是圍繞著幾個人物,而這些人物很多時也會花很多精神去觀察其他的人。盧卡士.貝爾和導演的三部曲——《妙夫妙妻》、《逃亡》、《重生》就是這樣 ,這三部片中的人物花大量時間去互相逃避或互相尋覓,或更準確的說,互相監視。這種尋尋覓覓又失之交臂的情節使人不期然地聯想到另一部片《要命的一天》,當中,導演瑪希容.韋爾諾巧妙地利用嘲諷手法來製作這部怪異的喜劇,她透過斷斷續續片段式的劇本來描繪片中人物終日為微細的事煩擾,揭露他們藉此逃避感情的問題。

盧卡士.貝爾和的目標並非只為交給我們一部受歡迎、合邏輯和嚴謹的電影;他是要獻給我們三部影片,但卻並不是三段插曲或三個連續的故事,而是不同的人物對同一段時間內發生的同一件事的三種不同看法。他最先是採用喜劇手法,繼而是警匪片,最後是劇情片。盧卡士.貝爾和先將人物塑造成討人喜歡的形像,讓我們生出好感,之後又令我們對他們產生懷疑到最後更是討厭他們,直到我們自覺認識和了解這些人物。每看一部片,我們這些中了計的觀眾以為掌握了人物的性格,誰知又是一次落空。不知所措的觀眾唯有任憑導演的帶領。這三部曲同時顯示出寫作、導演和剪接三方面的驚人成就。


同樣,《切膚不痛》和《沒有昨天的人》這兩部片各自以不同手法描寫片中人物千方百計想逃避身邊的人。瑪蓮娜.德雲就是以 這部嚇人的電影《切膚不痛》作為她導演長片的處女作。她片中的主角艾絲蒂自殘軀體的慾望愈來愈強烈,已到了不能自拔的境界,再不理會前途和男朋友的關心與關懷。雖然她努力控制自己,說盡謊話來保持一個正常的外表,但在他人眼中她已變成一個古怪和使人不安的人。

《沒有昨天的人》這部出色的影片由尚彼耶.李慕山導演,片中男主角完全失去記憶,甚至連剛剛做完的事情也忘記得一乾二淨,因此容易受人操控,更因為相貌俊美,那些在他失憶前和失憶後所認識的人,甚至他的新戀人愛蓮都視他為禁臠,要據為己有。

反回自我的內心表達通常都是自閉的象徵:這些人物很快會鑽進自我反思的牛角尖中,有時甚至成為自我反思的犧牲者。這一系列作品都是描寫一些被困在自己的內心世界的人物,而這類內在的探索在作者原創電影中是熱門的主題。女導演伊曼妞.白歌在《我的小情人克萊蒙》中就是描寫一種不被接受的關係——人與人、社會、性愛——這關係最終令有關人士質疑自己的身份。愛情故事理應按照我們社會中的年齡指標作模範,不能跨越雷池半步。然而三十多歲的瑪希容(導演親自演繹)卻愛上了年僅十三歲的少年克萊蒙。敢問攝影機的鏡頭究竟有沒有不能跨越的界線?同樣,《泰希斯亞的命運》是一部將希臘神話中的人物泰希斯亞改編成一個現代的人,片中,導演貝特朗.保尼路探討那些被困在自己的軀體內的人所面對的問題。老實說,從巴西偷渡到巴黎當黑市居民的變性人泰希斯亞把我們對人體的基本概念搞亂了。

今年電影節選影的影片,女性佔較重要的地位,如珍寶金在《風流黑寡婦》中演活了那充滿自信和揮霍無度的俏寡婦,還有安.巴希露在《性戲情色》中被情緒所困擾,這兩部電影分別由兩位知名的女導演嘉芙蓮.歌仙妮及嘉芙蓮.貝爾雅執導。前者是一部充滿活力,辛辣的諷刺喜劇,它令人重新釐定顛倒男性的女人之定義。後者是一部講述電影幕後製作過程的電影,是導演透過一個虛構故事來描寫她之前一部電影的其中一幕性愛鏡頭之拍攝過程,並藉此來表達導演與演員們之間的緊張關係。


而男性方面,面對今年有多部電影是探討有關女性的問題,他們唯有被放在配角的位置:如羅朗.盧卡士在《切膚不痛》中的不知所措;《沒有昨天的人》中的艾華度.諾希耶加如扯線公仔般被人擺佈;《風流黑寡婦》中的三位男角:皮亞.李察與克洛維斯.哥尼勒被解決掉,而謝洛美.艾爾金則中了愛情之箭;《性戲情色》中的格哥亞.哥蘭被弄得神經過敏。而當偶然出現由男性獨挑大樑,卻總是充滿暴力的,如盧卡士.貝爾和在《逃亡》一片中是被革命的慾望沖昏了頭;或羅朗.盧卡士在《誰是殺斑比的兇手?》中飾演瘋狂的醫生。導演吉爾.馬爾尚在《誰是殺斑比的兇手?》一片中創造了一種夢幻般的氣氛,正好讓菲臘醫生在這淨化的唯美主義環境中盡情發洩他的瘋癲行為。