French Cinepanorama
Texte : Eric Sacher

Documentaires : « Justice »

De la France aux Etats Unis en passant par l'Afrique du sud, l'Inde et Madagascar, ces dix films documentaires mettent en évidence différentes approches du système judiciaire, tout en s'interrogeant sur les limites des procédures et sur les possibilités de rendre une justice plus humaine et plus équitable.

« Ils avaient tous, et moi aussi, des gueules d'assassins. »
C'est en ces termes simples mais crus que Robert Badinter commente cette froide matinée où il a assisté avec les différentes autorités judiciaires et policières à l'exécution d'un condamné qu'il avait défendu. En une phrase, R. Badinter résume son malaise et son combat : quelle est cette justice qui, pour punir le meurtre, prend le visage d'un meurtrier ? Quels sont ces hommes qui se donnent le droit de juger et de condamner un autre homme ?
Au travers de dix documentaires, plusieurs cinéastes se sont proposés d'offrir quelques éléments de réponses. En plongeant au fond des différents systèmes judiciaires, ces films nous montrent le double visage de la justice des hommes ; L'horreur insoutenable des crimes et des injustices côtoie le pardon et l'espoir d'un autre avenir.
L'horreur et l'injustice, ce sont ces charniers d'Afrique La Justice des Hommes, c'est cette justice expéditive Un coupable idéal, inadaptée (Justice) ou inexistante La loi des plus faibles. Le pardon et l'espoir, ce sont ces avocats qui défendent l'indéfendable au Rwanda, justement au nom du droit à l'équité, c'est cette Commission de la vérité en Afrique du sud pour panser les plaies du passé et construire l'avenir, c'est ce Combat des juges pour créer et faire fonctionner un Tribunal Pénal International, c'est La rage et le rêve des condamnés qui tentent de s'en sortir.

On ne demande pas au spectateur de juger mais de comprendre. Les personnages bien réels de Délits Flagrants dans leur face à face avec le substitut deviennent vite des personnalités attachantes qui ne sont que le reflet de notre propre monde. Dans ce huis clos où seul le téléphone semble raccrocher à l'extérieur prévenu et substitut, c'est toute la société française qui défile avec ses légèretés, ses incompréhensions, ses forces et ses faiblesses.
Comprendre la Justice des hommes, c'est également amener à comprendre pourquoi une jeune avocate accepte de défendre des auteurs de génocide au Rwanda, pourquoi l'indéfendable doit pouvoir être défendu, au nom justement de cette même justice. Les silences étouffants des charniers filmés, les pleurs étouffés ne réclament pas une vengeance aveugle mais une justice et un espoir de réconciliation. Cette réconciliation existe même en Afrique du Sud malgré les années d'Apartheid. Créée par N. Mandela, la commission de la vérité et de la réconciliation panse les plaies du passé. Loin d'être un appel à la vengeance, elle est une main tendue entre les deux communautés désormais liées par un drapeau et un Etat dans lesquels tous peuvent se reconnaître pour construire un avenir multiracial commun en paix La commission de la vérité.

Au travers de ces documentaires, la difficulté de juger devient pesante par son évidence, la responsabilité du juge est effrayante et l'erreur judiciaire si facile. Cette peur de l'erreur judiciaire se lit sur les visages attentifs du jury de ce procès de Floride où une enquête policière mal menée peut entraîner la mort d'un jeune noir de quinze ans qui a juste eu le malheur d'être noir au mauvais endroit et au mauvais moment Un coupable idéal. Dans le huis clos, où le jury populaire rend son verdict, les pleurs d'une mère et les larmes d'un fils sont suspendus à une décision qui finalement sera prise en quarante-cinq minutes. « Le meilleur système judiciaire du monde » selon le Président de la Cour repose finalement, comme dans tous les pays, seulement sur des hommes. Dans La fabrique des juges, c'est la prise de conscience de cette responsabilité qui se lit peu à peu dans les yeux de ces jeunes stagiaires de l'Ecole nationale de la Magistrature qui se croient encore étudiantes alors qu'elles sont déjà magistrates.

La justice, bien sûr, n'est pas simplement punition, mais aussi réinsertion. Ce double visage est constamment présent dans La rage et le rêve des condamnés où malgré le système carcéral et l'enfermement qui tiennent lieu de règle de vie, l'espoir surgit. L'espoir c'est la création, c'est cette vie extraordinaire de ce détenu écossais qui transforme son enfermement en libération intérieure. Au-delà de la rage et de ces mains blessées qui travaillent le bois ou l'argile, le rêve d'une vraie réinsertion persiste et libère les esprits. L'Art devient délivrance.
Au fil des pays, des systèmes judiciaires et des traditions nationales, ces documentaires retracent finalement des destins particuliers comme celui de R. Badinter, auteur en France de la loi abolissant en 1981 la peine de mort. Il commente son histoire, sa famille, son combat. Dans Un abolitionniste : Robert Badinter, c'est toute l'Histoire du XXème siècle qui se déroule devant nous, toute une vie, toute une énergie consacrée à l'abolition d'une simple structure de bois, la guillotine, qui avait confondu la justice avec ce que R. Badinter qualifie de « sacrifice humain ».
Peut-être un jour, grâce à ce travail collectif de réflexion sur notre justice, les hommes n'auront plus des gueules d'assassins.

法國電影節 

紀錄片專輯:《正義》


由法國至美國,再加上南美、印度、馬達加斯加,這十部紀錄片展示從不同角度對司法制度所作的探討,並對訴訟程序的限度及如何令法律變得更加人道、公正提出質疑。

〝他們,還有我,都有一副殺人犯的嘴臉。〞
羅拔.巴丹堤就是用這句既簡單又直截了當的話來評說一個寒冷的早晨,他和司法、警察界的同僚目睹他為之辯護的一個犯人的行刑的。羅拔.巴丹堤這樣概括他的不安和爭鬥,一言以蔽之:這個以謀殺犯面目來懲罰謀殺犯的正義究竟是甚麼?這些自以為有權審判他人並予定罪的人究竟是誰?

透過這十部影片,製片人試圖作出一些解答。電影對不同司法制度的深入探討,向我們揭示了人類正義的兩個側面:對罪惡及不公正的深惡痛絕,伴隨著諒解及對未來的希望。
恐怖、不公正,請看《人間正義》裡的非洲堆堆屍骨。《理想罪犯》裡是草率的正義。《正義》一片裡,則可見不適合的正義。而《弱勢社群的法律》一片則傳達了不存在的正義。在《真相調查委員會》一片裡,我們可以看到律師們是怎樣以公正權利之名,在盧旺達為一些無法辯護的罪犯進行辯護,讓人窺見諒解與希望的一面。這個南非的委員會其宗旨在於撫平昔日的創傷並創建未來。《法官之戰》一片,敘述如何創立並運作國際刑事法庭。而《服刑罪犯的憤怒與夢想》則描寫了這群罪犯如何擺脫困境。

我們不要求觀眾作出審判,只要求理解。在《公然犯罪》一片裡,人物極其真實,他們和代理檢察長面對面坐著,迅疾變成一些討人喜歡的人,這完全是我們現實世界的反映。在禁止旁聽的審訊室裡,只有一架電話機和外界聯繫,犯人和檢察長,這便是整個法國社會,帶著它的輕率、不理解、力量和軟弱在你面前列隊而過。

理解人類的正義,便應試著理解為何一個年輕的女律師竟甘心為盧旺達種族屠殺的劊子手們進行辯護。為甚麼以正義之名,可以為無法辯護的個案進行辯護。影片裡靜靜地展示的令人窒息的屍骨堆、那強忍的眼淚,不是號召盲目的復仇,而是呼喚正義及和解的希望。這個和解,在種族隔離年代的南非業已存在。 真相調查與和解委員會為曼德拉親手所創,目的旨在醫治昔日的創傷,他不鼓吹復仇,而是向黑白兩個社會族群伸出和解之手,令他們從此在一個國家、一面旗幟下攜起手來,互相尊重,建立一個多種族的和平共處的未來(《真相調查委員會》)。

透過這些紀錄片,我們看到審判顯然變得困難重重,法官的責任沉重得可怕,司法錯誤隨時都可發生。這種對審判錯誤的恐懼,在佛羅里達州一案 陪審團成員緊張的臉上流露了出來。警方的調查若有差池,即可能導致一個十五歲黑人少年被判處死刑。這個少年只是不幸地在一個可詛咒的地方、一個可詛咒的時間裡以黑人的身份出現(影片《理想罪犯》)。在禁止旁聽的審訊上,陪審團宣佈其裁決。母子倆屏息等待那經過四十五分鐘商議終於作出的裁決,或喜極而泣,或悲極而號啕大哭。據法院院長所言,〝世界上最好的司法制度 〞,誠如在世界各地所見,是建立在人道的基礎上的。在《法官製造場》一片裡,對責任感的覺悟在一群國立法官學校實習女生的眼神裡漸漸顯露出來,她們自以為還是學生,其實這一刻,她們已然成為合格的法官。
正義當然不僅是懲罰,還意味著罪犯的重返社會。在影片《服刑罪犯的憤怒與夢想》裡,這一個主題貫穿始終。雖然監獄的制度和牢獄生活代替了日常生活,但出現了希望。希望即是創造,是一個蘇格蘭囚犯的奇特鐵窗生涯,他將囚禁變成內心的解放。超越憤怒及用一雙受傷的手做木工,捏陶土,那重返社會的夢始終堅持著,並解放了自己的精神。藝術帶來了解脫。

展示了各個國家、各種司法制度、各種民族傳統之後,影片最終敘述了一些奇特的命運,如羅拔.巴丹堤,他是法國一九八一年廢除死刑法的倡議者。影片敘述其生平、家庭和鬥爭。在《倡議廢除死刑的鬥士:羅拔.巴丹堤》一片裡,整個二十世紀的歷史展現在我們眼前。羅拔.巴丹堤終其一生,不遺餘力,為廢除那簡單的木架子——斷頭台而奮鬥。這斷頭台一直以來,混淆了正義和他稱之為〝人類犧牲〞的一些東西。
也許有朝一日,經過人類對正義的集體思考之後,我們再也見不到那些殺人犯的嘴臉。