Poésie
Texte : Bernard Pokojski

Mohammed Dib, le passe-frontières

« On se trouve face à un problème momentanément insoluble : l’exercice de la poésie mène vers un tel affinement, à une recherche tellement poussée dans l’expression, à une telle concentration dans l’image ou le mot, qu’on aboutit à une impasse (...) Il faut briser le mur d’une façon ou d’une autre. Et voilà pourquoi je fais les deux choses à la fois. Le roman n’est-il pas, d’ailleurs, une sorte de poème inexprimé ? La poésie n’est-elle pas le noyau central du roman ? Et les Anciens n’avaient-ils pas raison de baptiser leur œuvre en prose mon poème ? » — Mohammed Dib (tiré d’un entretien donné aux Lettres françaises, 21 mars 1961.)

« Je ne suis mort ni vif, ailleurs est mon domaine. »
Mohammed Dib, Ombre gardienne, « Étranger » p48)

Disons donc qu’ailleurs est Mohammed Dib, depuis le vendredi 2 mai de cette année, ayant vu le jour dans son Algérie en 1920, mais qui s’ingénia tant à passer les frontières et à traverser les genres. Dans ce qui est sans doute un dernier entretien, accordé à Hugo Marsan du Monde, on peut lire ces quelques mots : « Le regard bleu de Mohammed Dib s’ombre de gris. Sa femme sert, non le thé à la menthe, mais un alcool rude, fabriqué avec les fruits de leur jardin des Ardennes. »

En 1952, Mohammed Dib publiera son premier roman La grande maison dont il aimait souvent rappeler la scène où l’on voit le personnage principal courir un morceau de pain à la main, et le laisser tomber devant un enfant encore plus misérable que lui, préférant que celui-ci le découvre lui-même comme une manne tombée du ciel, un trésor. Il disait que cette maison était liée à son enfance et que la plupart des Algériens s’y sont reconnus. Mais c’est dans cette enfance que Dib était venu à la langue française, grâce à un instituteur français, militant communiste qui l’a en quelque sorte initié : « Mes images mentales se sont élaborées à travers l’arabe parlé, qui est ma langue maternelle. Mais cet héritage appartient à un fonds mythique commun. Le français peut être considéré comme une langue extérieure — bien que c’est en français que j’ai appris à lire, mais j’ai créé ma langue d’écrivain à l’intérieur de la langue apprise. » Il disait encore qu’« à utiliser le français, votre esprit s’affine, s’effile, s’affûte, se fait source de rayons laser (...) La langue française parle des affaires du cœur avec les instruments du cerveau ; cela touche plus loin. Le cerveau, ce volcan qui dort d’un œil et qui, réveillé, crache feux et flammes d’enfer. »

Dib, à 19 ans, sera lui aussi instituteur, aux limites du désert, avec des enfants dépenaillés pour lesquels il installera, avec l’aide de quelques-uns, une cantine de fortune. En 1940, il reprendra cependant des études de Lettres à l’Université d’Alger, lors de sa mobilisation et déclarera que « quand on entre dans une autre langue, les pesanteurs, les habitudes de pensées qu’elle véhicule vous semblent totalement neuves. Ce que les autres entendent comme des lieux communs sont pour vous des paroles de vérité, qui vous révèlent à vous-même (...) La traversée d’une langue est une recherche de soi. Je suis toujours en marche vers cet horizon. Chaque livre est un pas de plus. » Il avait déjà découvert, vers 14-15 ans, des écrivains français et d’autres étrangers mais il avouera avoir été envoûté par Virginia Woolf et qu’il eut du mal à se libérer de cette influence « à la fois douce, insinuante et presque tyrannique ». C’est entre 20 et 25 ans qu’il brisera le charme, en écrivant des poèmes et de petits drames miniatures en phrases nettes et brèves qui, mis côte à côte, donneront naissance à la Grande maison. Cette première œuvre décrira l’atmosphère de l’Algérie rurale des années 30, avec ses espoirs et ses révoltes, Dib s’y montrera plein de compassion. Il obtiendra même pour ce coup d’essai le prix Fénéon. Suivront en 1954 l’Incendie et en 1957 Le métier à tisser qui compléteront cette trilogie.

En 1959, Mohammed Dib sera expulsé d’Algérie par la police coloniale et il faudra l’intervention d’écrivains tels que Malraux, Camus, Cayrol et Guilloux pour qu’il puisse venir s’installer en France, d’abord dans sa belle-famille, dans les Alpes (en 1951, il s’était marié à une Française) puis dans la région parisienne à La Celle-Saint-Cloud où il s’est éteint.

En 1961, il publiera son recueil L’ombre gardienne pour lequel Aragon écrira que « cet homme d’un pays qui n’a rien à voir avec les arbres de ma fenêtre, les fleuves de mes quais, les pierres de nos cathédrales, parle avec les mots de Villon et de Péguy ». Cette même année Aragon soutiendra Dib contre le parti communiste algérien qui lui reprochait de ne pas mettre en valeur des héros positifs. Mohammed Dib écrivait « des poèmes brefs, des vers ciselés dans ces silences qu’il portait en lui » pour reprendre Tahar Ben Jelloun. Il faisait « une poésie légère de mots » dans le mystère des illuminations qu’il entrevoyait loin de sa terre natale. « Il était abordable, mais on n’osait pas le déranger » (Tahar Ben Jelloun). Mohammed Dib était aussi étonnement et effarement face à l’indéchiffrable : « La chose dont il faut se méfier le plus, c’est d’aller fabuler, inventer des explications à des phénomènes qu’on ne comprend pas. La présence de l’invisible se faisant visible, plaise alors à la poésie d’advenir. »

Mohammed Dib ne souffrira jamais semble-t-il de l’exil qu’il décrira plutôt comme « une rupture avec un paysage ». « Je me sens mieux ici, sous un ciel changeant, animé. Vraiment, je ne souhaite pas à mon pire ennemi de vivre sous un ciel toujours pur, toujours sûr, toujours dur. » Il verra même un avantage dans la traversée des cultures qui aiguise les sens et oblige l’écrivain à regarder plus au fond l’enfer caché en l’homme.
Mohammed Dib aura donc beaucoup voyagé, en 1976, il enseignera à Los Angeles, d’où il nous rapportera son « roman » L.A.Trip et fera plusieurs séjours en Finlande qui donneront naissance à sa trilogie (Les terrasses d’Orsol Le sommeil d’EveLes neiges de marbre). Sa voix traversera les frontières, les modes et les événements de l’Histoire allant des mythes grecs aux souffrances de la Russie soviétique (« où libre, j’ai fait plusieurs séjours... sans être invité »). La tragédie algérienne, quant à elle, sera évoquée par Bab’Ammar, le vieux sage du Ciel sur la tête, nouvelle de Comme un bruit d’abeilles, ce recueil assez désespéré où les dialogues vont et viennent entre les préoccupations banales et les vertiges d’une méditation infinie, dans un monde au bord de l’apocalypse...

Face à la nouvelle tragédie de son peuple, il était encore d’une très grande discrétion. « Il se tenait à l’écart, dans une distance vigilante. Par pudeur, par impuissance des mots » pour reprendre Tahar Ben Jelloun. « Quand on se voyait (...) On se regardait et on savait. »
« (...) un grand poète, un homme ancré dans l’humilité (qui) n’a cessé durant toute sa vie de faire l’inventaire du vent, celui qui blessait son pays, celui qui menait vers d’autres contrées... »

En 1994, Dib recevra le grand Prix de la Francophonie attribué par l’Académie française qui distinguait pour la première fois un écrivain maghrébin. En 1998, ce sera le Prix Mallarmé pour L’enfant-jazz qui étonne par sa musique étrange : « l’enfance aux mauvaises fées y chante comme on égrène des sorts » pour citer Claude Michel Cluny
« Il ouvrit la bouche
un cri lui troua la tête. »

Recueil fait de psalmodies et de comptines qui murmurent les fables du monde et ses peurs : la nuit, le miroir, les roses, la mère, syncopés par l’éclat du jour qui nous force à fermer les yeux et à quêter l’obscurité... Mots ressassés qui soulèvent des questions sans réponses... Merveilles, menaces, vie et mots qui s’arrêtent soudain au bord du vertige et du silence... mots peut-être des ancêtres...
Non qu’a-t-il ? dit l’enfant.
Ne voit-il pas : je suis ici.
Et le dieu cherchait.
Comme s’il ne le voyait pas.
Comme s’il ne savait pas.

Cette année, Mohammed Dib publiera son dernier livre Le simorgh, mot persan pour désigner le mythique phénix. Dans Le langage des oiseaux, Attar le grand maître soufi, nous parle de la légende persane du simorgh où il est question d’un périlleux voyage entrepris par des oiseaux à la recherche du fabuleux phénix qu’ils veulent prendre comme roi. Bon nombre meurent, seuls trente oiseaux arrivent au bout de leur aventure et lorsqu’ils se présentent devant le simorgh, ils se voient en lui et le fabuleux phénix est ces trente oiseaux...

Mohammed Dib nous offre lui un puzzle littéraire évoquant ses souvenirs d’enfance, un peu comme s’il avait senti sa fin prochaine et que phénix lui-même il allait renaître.
« (...) vous ignoriez être, à Tlemcen, un habitant d’un département français, d’une sous-préfecture pour plus de précision mais, ayant eu le loisir de l’apprendre entre-temps, cela ne vous a fait ni chaud ni froid... » (Simorgh p.140)

Mohammed Dib deviendra alors l’un des plus grands écrivains algériens de langue française avec le fulgurant Kateb Yacine, ainsi que Mouloud Mammeri, Mouloud Feraoun, Jean Sénac et Malek Haddad.

Étranger
Si ce n'est pas ce froid, qu'est-ce qui me signale ?
Le rêve mal dissous, l'ombre noire et la voix
Qui font pleurer l'enfant, ou la brume hivernale ?
C'est moi... moi, l'importun qui vous barre la voie.
Je ne suis mort ni vif, ailleurs est mon domaine.
L'enfer du ferrailleur est moins que moi rongé,
Moins diffus le retour inquiet d'une âme en peine ;
Le regard qu'on lui jette éloigne l'étranger.
Il est une pâleur, il est une couleur
Et sombre et claire, un jour vague entre chien et loup :
Le croisez-vous, je suis fait de cette douleur.
Je viens d'ailleurs, que vaut l'objet qu'on porte au clou ?
Et voici que grandit en moi l'incertitude,
Que s'approfondit plus encor ma solitude.
   (poème tiré d'Ombre gardienne)

詩詞

穆罕默德.迪布—— 越過國界

〝我們面臨一個暫時難於解決的問題:寫詩竟變成一個需精雕細鏤的營生,需殫精竭慮,尋覓表達方式,需專心致志,探索詩境或詞語,以致走進死胡同…… 不管用甚麼方法,必須打破這堵牆。因此我一心兩用,同時做著兩件事。小說豈不是未表達的詩?而詩又何嘗不是小說的靈魂?當古人說我的詩即是他們的散文作品時,不也很在理嗎?〞 — 《穆罕默德.迪布(引自1961年3月21日與《法蘭西文學》的一次談話)》

〝我非生非死,我的世界在他方。〞 — 《穆罕默德.迪布:摘自《異鄉人》之《守護影子》, 48頁》

今年五月二日星期五起,穆罕默德.迪布的確已身在他方。他於一九二零年誕生於阿爾及利亞,但他不遺餘力、試圖超越國界,並嘗試各種文學體裁。《世界報》記者雨果.馬爾桑(Hugo Marsan)對他作的也許是最後一次訪談中這麼寫道:〝穆罕默德.迪布藍色的眼睛蒙上了一層灰色。他妻子沒有給他沏上薄荷茶,而是為他端上一杯阿登省自家花園果子釀製的舊醅。〞

一九五二年,穆罕默德發表了他的第一部小說《大宅院》(La grande maison)。他喜歡回憶當年的情景。主人公手擎一塊麵包飛跑著,在一個比他還可憐的孩子面前有意將麵包掉下,好使對方以為這是天降的恩物。他說這大宅院與他的童年有千絲萬縷的關係,大多數的阿爾及利亞人在這裡也可找到自己的影子。迪布從孩提時代起便學習法文,一位法國小學教師,一名共產主義鬥士為他啟蒙。〝阿拉伯語是我的母語,我用它進行思考,在內心創造形象。我只是繼承了大家共有的神奇財富。法語可被視為外來語言,我雖然用它來學習閱讀,但我卻在這語言裡創造了我身為作家的語言。〞他還說道:〝運用法語,令人思維變得精細、敏銳、犀利,變成激光之源…… 法語是用大腦的功力來傾訴衷情。不止於此。大腦,這座半睡半醒的火山,噴出地獄的熔岩和火燄。〞

十九歲那年,在貧窮的荒漠裡,迪布也成了小學教師,教導一些衣衫襤褸的窮小孩。在一些人的幫助下,他為他們建立了一個臨時食堂。一九四零年,他一邊服兵役,一邊在阿爾及爾大學攻讀文學,並宣稱:〝當你進入另一種語言世界時,這媒體所載的深沉思想與其思維方式令你耳目一新。別人聽來耳熟能詳的老生常談,對你卻是真知灼見,開啟你的心智…… 學習一種語言的過程即是尋找自我的過程。我自始至終朝著這個方向邁進。每讀一本書便是向前邁出一步。〞還在他十四、五歲的少年時代,他便已發現了一些法國作家和其他外國作家。但他承認曾一度深受弗吉尼亞.伍爾夫的迷惑,並說很難擺脫這〝既溫柔、又討好、幾乎難於抵擋〞的影響。直等到他二十至二十五歲期間,才從這魔法中掙脫出來,這期間他寫了詩歌、語言簡潔明快的袖珍短劇,並由這風格催生了他的第一部小說《大宅院》。這部小說描寫了上世紀三十年代阿爾及利亞的農村風貌,人民的希望和反抗。迪布在小說裡表現了極大的同情。他初試啼聲便一舉成名,榮膺〝費奈翁〞獎(Prix Fénéon)。 接著於一九五四年發表了《火災》(L’incendie),一九五七年《織布機》(Le métier à tisser)出版問世,與《大宅院》一起構成三部曲。

一九五九年,穆罕默德.迪布被阿爾及利亞殖民政府驅逐出境。在作家馬爾羅、卡繆、凱羅爾(Cayrol)及吉尤(Guilloux)的干預下,才得以定居法國。起初,他住在阿爾卑斯山岳父母家裡(他於一九五一年與一個法國女人結婚)後移居巴黎地區的La Celle-Saint-Cloud 直至去世。

一九六一年,他發表了詩集《守護影子》(L’ombre gardienne)。對此,阿拉貢寫道:〝這個來自異國的人,他的國度與我窗外望出的樹林、從堤岸間流逝的河流、我們教堂的牆垣石壁毫無瓜葛,而這個人卻用維庸和佩吉的語言和你交談。〞同年,阿拉貢支持迪布反對阿爾及利阿共產黨指責他沒有在作品中突出英雄的正面形象。穆罕默德.迪布〝在緘默中寫下了簡短、明晰如鏤的詩歌〞,塔哈爾.本.杰倫(Tahar Ben Jelloun)這樣寫道。在遠離故鄉隱約窺見的神秘感召中,他寫下了〝簡潔明快的詩句〞,〝他平易近人,但大家卻怕打擾他。〞(塔哈爾.本.杰倫語)。面對難解的事物,迪布一樣驚恐、惶悚。他說〝最應避忌的是虛構故事,對不明白的事物胡亂解釋。從不可見變成可見,但願詩歌油然而生。〞
穆罕默德.迪布彷彿不以流亡生活為苦,他甚至將之比作〝只是離開一個風景。〞〝在這裡,在變化不定、生氣勃勃的天空下生活,我感覺良好。說真的,我不希望我的敵人生活在永遠清明、靜謐、湛藍的天空下。〞在研究不同文化的過程中,他看到了一個好處,即感覺變得更加敏銳,並迫使作家洞察人心的深處。

穆罕默德.迪布常外出旅行。一九七六年執教於洛杉磯,從那裡,他給我們帶回來一本名叫《洛杉磯之旅》(L. A. Trip)的小說。他數度遨遊芬蘭,並寫下了三部曲:《奧斯陸的露台》、《夏娃之眠》及《大理石的雪花》。他的聲音穿山越嶺,越過國界,越過歷史,從希臘神話到蘇維埃俄國的痛苦。而阿爾及利亞的悲劇,則透過他《如蜂之嗡鳴》(Comme un bruit dabeilles)一書裡的一則故事《頭頂藍天》(Ciel sur la tête)裡的智叟巴巴馬爾(Bab’Ammar)的口中述出。這部相當絕望的書裡,人物對話在瀕臨末日的世界裡,由日常瑣事到深邃的沉思無所不及。

面對民族遭遇的新苦難,他總是非常謹慎。〝他不參與,警惕地保持一段距離。這由於自重,也由於言語的無力。〞塔哈爾.本.杰倫這樣說道。〝當我們相會…… 我們互相注視,我們心領神會。〞〝一個偉大的詩人,一個一向謙卑的人,終其一生都沒有停止過辨別風向,認出哪些是傷害祖國的風,而哪些風則吹向別處……〞

一九九四年,迪布榮膺法蘭西學院頒發的法語國家文學大獎,這是該學院第一次表彰馬格里布作家。一九九八年,他憑《爵士樂孩子》(Lenfant-jazz) 再次榮獲〝馬拉美〞獎。這本詩集奇妙的樂韻令人拍案叫絕。克洛德.米歇爾.克呂尼(Claude Michel Cluny)這樣評說道:〝詩集吟唱不幸的童年,彷彿一串串喋喋不休的咒語。〞
〝他張開口
一聲尖叫洞穿他的頭。〞

聖詩的調子和兒歌瀰漫全書,低訴著這世間的神奇故事和恐懼:夜、鏡子、玫瑰、母親,白晝的光芒令我們驚愕,逼我們閉上眼睛,尋找黑暗…… 反覆的話語提出無以解答的問題…… 神奇、威脅、生命,在眩暈與沉默邊緣陡然停下來的話語…… 也許是祖先們在說話……
〝不,他怎麼啦?孩子說道。
他沒見到:我就在這兒。
於是神繼續在尋找。
好像他沒有見到孩子。
好像他並不知道。〞

今年,穆罕默德.迪布發表了他的最後一部作品《Le Simorgh》,這是波斯文,義為傳說中的鳳凰。在《鳥語》(Le langage des oiseaux) 這篇故事裡,阿塔爾(Attar)這個蘇菲教派的阿訇講述一則古波斯有關鳳凰的故事。話說一群飛鳥長途跋涉、歷盡艱險,尋覓一隻它們欲擁戴為王的鳳凰。在旅途的盡頭,鳥兒大半死去,只剩下三十隻。當它們在鳳凰面前自我介紹時,卻在鳳凰身上看到了自己,原來鳳凰就是牠們自己……
穆罕默德.迪布饗我們以五彩繽紛的童年回憶,他彷彿預感到自己時日無多,而他就是將從烈火中重生的鳳凰。
〝……在特萊姆森(Tlemcen),你不知道自己是法國一個海外省、
更確切地說一個專區的公民。在此期間你有幸知道了,但你卻對
此無所謂……〞 (Simorgh, 140頁)

與光芒四射的卡特布.雅辛(Kateb Yacine)以及姆魯.馬默利(Mouloud Mammeri)、姆魯.菲拉翁(Mouloud Feraoun)、尚.塞納克(Jean Sénac)及馬萊克.哈達德(Melek Haddad)一起,穆罕默德.迪布已躋身阿爾及利亞偉大法語作家的行列。