La biennale de Hong Kong
Texte : John Batten

La biennale de Hong Kong 2003

Tous les deux ans, le musée d'art de Hong Kong accueille des artistes contemporains hongkongais. La biennale de Hong Kong est un concours d'art contemporain ouvert à tous. Primés par un jury composé de personnalités locales et internationales, les dix gagnants voient leurs œuvres exposées à côté des autres artistes en compétition dans trois grandes salles réservées pour l'occasion au sein du Musée.

On pourrait dire que la biennale de Hong Kong permet un aperçu de l'art contemporain hongkongais. Néanmoins, pour constituer un véritable aperçu, les conservateurs doivent normalement encourager et inviter les artistes à exposer la majeure partie de leurs œuvres récentes. Je pense que la Biennale devrait évoluer et abandonner sa formule actuelle fondée sur la base d'un concours. Comme l'un des juges, Siu King-chung, dit avec raison :

«… malgré le bel emballage et les règles bien formulées du concours, il s'agit plus d'un moyen pour calculer avec précision le nombre d'œuvres exposées afin de le rendre compatible avec l'espace réservé à l'exposition et les ressources disponibles, que de véritablement juger des œuvres d'art. »


En montant l'escalier roulant du musée, la plupart des visiteurs entreront directement dans la grande galerie qui se situera en face d'eux. Cependant, j'ai été plus impressionné par la présentation particulièrement convaincante dans la petite galerie du même étage où l'on pouvait voir rassemblés quelques exemples d'art abstrait et d'art traditionnel à l'encre de chine sur papier.

Wilson Shieh présente un nouveau thème dans ses magnifiques peintures au pinceau sur carton doré. Il explique qu'il a été inspiré par ces duos de boy-bands à la mode dans les années 1980 qui chantaient ensemble et s'accompagnaient à l'aide de synthétiseurs. Il présente une série de travaux de « club » avec deux personnes (l'une habillée, l'autre nue) entremêlées dans des positions représentant différentes activités, ainsi le Club karaoké montre un couple bizarrement en équilibre alors que le chanteur chante dans son microphone ; le Jockey club représente une personne nue d'un sexe indéfini en train de chevaucher les jambes d'une fille à l'envers habillée en cow-boy. Le travail de Shieh rappelle le sentiment de décadence qui a pu être associé au Berlin des années 1920 ; une combinaison d'étrange et fantaisiste sexualité de type hermaphrodite. Ces dernières années, il a su maîtriser non seulement sa technique mais également l'étendue de son sujet. Sa création d'un Autre monde visuel est rare pour un artiste de Hong Kong et me rappelle le travail de Luis Chan. C'est un gagnant qui mérite son titre.

En face de Shieh se trouve une peinture abstraite et discrète de Cheng Oi-kuan – d'une belle finition, faite de lignes au crayon tracées sur une toile pour créer un plan horizontal et, cousus à même la toile, des petits fils de nylon roses se maintiennent délicatement selon un angle de 90° par rapport à la toile – donnant à l'œuvre une autre dimension : un plan vertical. De plusieurs angles, l'œuvre apparaît comme une œuvre en trois dimensions. Une peinture tout simplement magnifiquement composée.

Ceux qui connaissent bien le travail de Kwok Ying savent qu'elle aime utiliser le ciment et le graphite. Son travail présenté à la Biennale est excellent en tout point. Deux séries de son travail récent sont présentées : quatre œuvres à la composition multiple recréent ces serviettes bon marché que la plupart des foyers de Hong Kong et de Chine possèdent : ces simples « produits pratiques » utilitaires – comme Kwok Ying les décrit avec raison- ont une beauté populaire. Les traits de crayon couleur sur le canvas de ciment représentant des fils de coton tissés sont pleins de subtilité et d'efficacité – oui, les serviettes « Good Morning » ont de fait une simple beauté vernaculaire que Kwok Ying identifie et restitue avec intelligence. J'ai aussi aimé son Deux Biscuits - deux simples constructions utilisant des tableaux de bois et des toiles tendues pour recréer deux vulgaires biscuits – ils vous font sourire. Kwok Ying est un artiste solide qui étudie en ce moment en Grande Bretagne – Je suis sûr qu'il en sortira du beau travail.

Dans la même galerie située au milieu d'une série de belles calligraphies chinoises se trouve le Mahjong de Chow Chun-fai. Mais d'abord regardez la calligraphie qui vous entoure – très bien située et en harmonie avec l'art contemporain environnant. C'est une excellente présentation et les Lyrics of Song by Roman Law sont très bien écrits sous une forme circulaire – un exemple de la beauté frappante de la calligraphie. Les sceaux sculptés d'Eileen Lam (Seal Carvings) consistent en une véritable série de sceaux et un exemple pour chacun d'entre eux de leur impression sur papier. C'est magnifiquement exécuté et présenté.

Le Mahjong de Chow Chun-fai est une des sculptures et des pièces de construction à partir de matériaux divers les plus réussies de la Biennale. Une table ronde de mahjong avec des sièges ronds et des dominos ronds (inusables !) d'un jeu de mahjong est une des œuvres les plus absurdes de l'exposition – ce travail, bien que simple, est doté d'un esprit anarchisant qui manque dans la plupart des compositions des performances vidéo et vidéo-visionnées que l'on peut voir dans la galerie supérieure. Pourquoi cette pièce – parce que le sujet central en est le mahjong ?- a été placée à côté de la calligraphie traditionnelle ? C'est un mystère. L'œuvre aurait dû figurer au centre même de la galerie principale de la Biennale.

Une série réussie de vidéos, effectuée avec la même tradition de l'absurde, est celle constituée par Ching Chin-wai : Easy to Learn Cantonese, série qu'il a développée alors qu'il était en résidence d'artiste au sein du PS1 de New York. Ching demande au hasard à des personnes sélectionnées de s'asseoir et de dire devant la vidéo qui enregistre ‘Je t'aime' ; dans une autre vidéo, les personnes disent ‘désolé'. Ching commente l'habitude des Hongkongais qui ont tendance à utiliser l'anglais au milieu de leur cantonais maternel pour des phrases qui sont considérées comme potentiellement embarrassantes. L'absurdité de cette vidéo est la suivante : ici, ce sont des étrangers qui apprennent et qui répètent devant la vidéo les phrases cantonaises que les hongkongais évitent systématiquement ! Le travail de Ching est un clin d'œil subtil en direction de la psychologie de Hong Kong, mais, hélas, il ne sera pas compris de la plupart des spectateurs, puisqu'aucune explication n'accompagne l'œuvre. Afin de prouver qu'il est un artiste capable de travailler avec toutes les formes d'art et de matériaux, Ching a également présenté une grande photographie noir et blanc faite de plusieurs panneaux sortie d'une chambre oire bien particulière : Ching a entièrement fermé une petite chambre d'un appartement de To Kwa Wan et l'a utilisé comme appareil photo ! Un petit trou à la fenêtre laisse la seule lumière capable d'entrer se projeter sur le papier photographique épinglé sur le mur opposé de la chambre – la photographie à l'envers et inversée qui en résulte (et l'image reproduite dans le catalogue est fausse) est une image du bâtiment de l'autre côté de la chambre. Les anarchiques panneaux signalétiques des magasins, les fenêtres sales, les déchets jetés hors des fenêtres et le linge suspendu sanctionnent de façon claire et argumentée la ville dans laquelle nous vivons.

Si vous êtes un habitué des expositions, plusieurs des œuvres exposées à la Biennale vous seront familières – plusieurs d'entre elles ont été déjà vues à d'autres endroits ou à d'autres expositions cette année. Home-moving furniture de Wong Wai-yin a été exposée cette année dans le cadre de l'exposition des nouveaux diplômés de la faculté des arts de Chinese University, tout comme les travaux de Lam Tin-wai et de Lee Kwok-Chuen. Annie Wan a bénéficié d'une exposition en solo de ses céramiques au Visual art Centre et les insectes de Joyce Hsu ont été aperçus dans pratiquement toutes les manifestations à Hong Kong au cours de l'année passée (à Para/Site Art Space elle a été décrite comme un artiste de Hong Kong née canadienne et vivant à San Francisco !).

Deux de nos meilleurs peintres sont Tsang Tsui-Mei et Yeung Tong-lung, qui ont partagé 1aspace à To Kwa Wan en début d'année pour présenter leurs peintures récentes – et ce fut une excellente exposition. Peut être vue à la Biennale une petite partie de leur œuvre, dont le nombre est mal choisi, décrivant chacun des espaces déserts plein de similitudes mais différents. Les paysages de Tsang sont vastes – presque traditionnels mais arrangés de telle façon qu'ils comprennent quelques éléments de modernité et un brin de tension psychologique. Ceux de Yeung présentent des intérieurs pleins de solitude – des hongkongais en milieu de vie ou d'un certain âge qui attendent que quelque chose se passe, assis, parlant ou regardant la télévision avec résignation. Les deux artistes sont merveilleusement mélancoliques, et dans cette ville il est certain que l'introspection est publiquement découragée. Tous les deux, qui sont reconnus et loués généreusement par leurs pairs, ne recevront sans doute jamais l'enthousiasme du public qu'ils méritent.

La lente vidéo qui endort intentionnellement l'esprit, Fountain, par Wong Lai-kuen est une œuvre simple et efficace d'un jeune étudiant en art du Hong Kong Art Centre. Et un peu plus loin figure une des œuvres gagnantes : une série de photographies appelées This is an Orange – désolé, celle-ci a plus sa place comme premier prix d'un concours de design publicitaire que d'un concours d'art contemporain ! Seeman Ho a un petit coin qui lui est alloué pour son installation A Tree to be Found. A l'origine installé à Para/Site Art Space, le pathétique et ridicule espace qu'on lui donne à la Biennale ne traduit pas la force et le côté amusant de l'original.

香港藝術雙年展

香港藝術雙年展2003


香港藝術館每兩年都會變為當代香港藝術家的展覽場地。香港藝術館替康樂文化事務署舉辦的香港藝術雙年展是一個公開的藝術比賽,由本地和海外的評判組成評審委員會,共選出十位得獎者,得獎作品連同其他入圍作品於館內三個展覽場地展出。

有人或會爭論香港藝術雙年展其實像一個香港當代藝術的調查報告,但是真正的報告展覽應鼓勵並邀請藝術家擺放更多他們的新作品。因為有很多作品都已展出過,這個雙年展並不十分切題。我相信雙年展一定要改變現在比賽為基的方式,正如蕭競聰說:〝儘管評選的宗旨說得漂亮,評選的作用別無其他:就是把‘可展出'作品的數目來個控制,靠著頗精密的計算和評選程序,共同衡量(相對於有限展示空間)入選作品和獎項的合理數量。〞

到了藝術館便是一大個展覽場地,但在同一層的另外一個較細展館內的展品更能吸引我,因為內裡有抽象藝術以及傳統的水墨畫等。

石家豪在金紙板上繪畫,他的靈感來自八十年代風行一時的二人男組合,以琴鍵伴以歌聲。他的一系列作品以`《俱樂部》為題,畫內二人其中一人赤裸另一人穿衣,以奇怪的姿勢互相糾纏一起,描述不同的活動。《卡拉OK俱樂部》二人奇怪的互相平衡著,其中一人拿著咪高風唱歌。《騎士俱樂部》描繪一個不知性別赤裸的人騎在倒立的女牛仔的腿上。他的作品散發著二十年代柏林頹廢墮落的感覺,包含了怪異的雌雄同體的虛幻感覺。在過去的數年間他已駕馭了技巧而內容更加充實。在香港,他創作的《另類世界》十分罕見,不禁令人想起Luis Chan的作品。他得獎是實致名歸的。
鄭愛軍的展品就在石家豪對面,他的抽象畫畫得十分謹慎,由木顏色在畫布上塑造水平平面,然�在畫布上縫上短小的粉紅綿線,與畫布成九十度角,塑造了垂直面,是三次元的立體作品。

熟悉郭瑛的或許會留意到她用瓷磚泥和石墨創作。她的雙年展作品十分出色:利用混合素材再造中港兩地每家必備的面巾,滲出平凡的美。郭英用木顏色在沾了水泥的畫布上繪畫微細的綿線紋理,對了,〝早安巾〞的確有地道的美。《兩件餅》也十分出色,令人發出會心微笑:簡單的構造利用木本和畫布複制兩種十分普通的餅。郭瑛現在英國留學,相信精彩的作品陸續有來。

在同一場館內展出傳統的書法,鄭富寧的《羅文歌詞選》是一個圓形的構圖,林巧羚的《篆刻》由真實的印章和各印章印在紙上的模樣組成。被四週書法作品包圍著的有當代藝術家周俊輝的《麻將》。《麻將》是雙年展最成功的混合素材作品。圓形麻將檯側擺放著有圓凳,再加上圓型的麻將,一個荒誕的組合,簡單中滲出無秩序的精神。為甚麼這個作品會擺放在傳統書法當中?這似乎是一個迷。

程展緯的《易學廣東話》是一套十分成功的錄影帶,同樣保當他荒誕的傳統。他早在紐約PS1駐館時隨意地挑選一些人坐在錄影機前用廣東話說〝我愛你〞、〝對不起〞這香港人因尷尬避開而傾向用英語說出的字句。他赤裸裸升說出了香港人的心智,但因為沒有註釋而位很多人都不懂欣賞。為了顯示他也會用其他媒體創作,他還呈交了另一組作品:一幅由很多細小黑白相組成的影像。他將土瓜灣一間小睡房密封起來,只剩窗戶的一個小孔透光,小房子就是一部相機,窗外對面樓房的影像便投射在背面的牆上:商戶的招牌、骯髒的窗戶、雜亂的廢物和曬晾在窗戶外的衣物等,這便是我們這個城市的寫照。

如果你經常參觀藝術展覽,你一定覺得這個雙年展十分面熱,因為有很多展品已在其他地方展出過。黃慧妍的《移家傢俬》便是中文大學純美術科的畢業展的展品,也有林天惠和李國泉的作品;尹麗娟有視覺藝術中心的大型陶瓷個人展;徐松薇的《螢火蟲》在過往的一年內會在名個地方展出:在藝術空間的展覽,她更被介紹為在香港出生、旅居於三藩市的加拿大人。

曾翠微和楊東龍是二位比較出色的畫家,他們早前在土瓜灣合租了1aspace作為他們展覽新作品的場地。他們自家的展覽十分成功;反觀雙年展給他們的空間小、可擺放作品的數量相對也少。他們的作品風格不同,但有一個共通點:表現陰鬱弧清的空間。曾翠微的是廣闊的地貌,傳統之中又帶有現代的元素和心理上的焦慮。楊東龍的作品是室內的景像:中老年人在香港無聊沒事可做,坐著聊聊或看電視,像在等一些事情發生。他們倆都給同輩認同,但他們似乎沒有機會得到公眾的讚美了。

黃麗娟是香港藝術中心的年輕學生,她的作品《噴泉》是錄像和混合素材的作品。在就近的是得獎作品《這是橙》:我認為這個像是廣告比賽得獎作品多於藝術比賽得獎作品。二犬十一米(何詩敏)的《有棵沒人種的樹》只佔場館的極小空間,完全不像原本在藝術空間展出時那樣有趣。