Journée de la francophonie
Texte : Eric Sacher

Henri Michaux : La plume du peintre

Notre première rencontre date de là. Je ne parle pas un mot de français. Michaux pas un mot de chinois. On se comprend très bien. Notre langage commun, c'était la peinture. » Zao Wou-Ki

Henri Michaux a toujours été intéressé par la peinture qu'il ne pouvait pas réellement dissocier de l'écriture. L'un allait avec l'autre. L'un éclairait l'autre. Dès 1939, il publie un recueil de ses poèmes accompagnés de ses dessins.

Sa rencontre avec la peinture fut pour lui un choc créateur « Quand je vis la première exposition de tableaux de Paul Klee, j'en revins, je me souviens, voûté d'un grand silence ». Paul Klee, Max Ernst, Giorgio Chirico et Salvador Dali lui ont ouvert un monde qu'il ne connaissait encore pas. Il s'y engouffra. A corps perdu. Pour rapprocher son art du plus profond de son être, il essaya même les drogues, dont la mescaline. On en a retiré les mescaliniens, sortes de rêves pleins ou de songes creux, où les lignes et les traits se mélangent ou se côtoient avec une poésie toute naturelle.

Dès son enfance, il a été fasciné par l'écriture et la calligraphie chinoise. Cette empreinte est restée dans toutes ses œuvres. Comment ne pas penser à cette influence quand on voit ses encres, ses mouvements ou ses estampes ? Les mouvements semblent précisément des caractères chinois que l'on aurait libérés de leur carcan. Libres, ils nous parlent directement, ils dansent pour nous les signes de l'écriture.

« Signes
non de toit, de tunique ou de palais
non d'archives et de dictionnaire du savoir
mais de torsion, de violence, de bouscule-ment
mais d'envie cinétique »
(Mouvements)

Cette fascination pour l'art chinois lui a permis de rencontrer des artistes comme Zao Wou-Ki qu'il a tenu à faire connaître en France. De là naquit leur profonde amitié qui a donné naissance à plusieurs rencontres et échanges. Comment ne pas voir dans une oeuvre de Zao Wou-Ki une touche de Michaux et dans une encre de Michaux l'empreinte de Zao Wou-Ki ?

Henri Michaux, de l'aveu même de Zao Wou-Ki, a beaucoup contribué à le réconcilier avec ses origines chinoises, sa culture et ses techniques artistiques. Fuyant l'Europe pour l'Asie, Henri Michaux rencontre celui qui fuit l'Asie pour l'Europe.

« Poète, peintre, artiste passionné par l'Asie, Michaux me pousse à travailler l'encre de Chine. J'avais moi au contraire, un préjugé défavorable pour un médium associé à la virtuosité et aux « chinoiseries de la calligraphie orientale. Michaux m'a donc réconcilié avec l'encre de Chine, une activité « bénéfique », disait-il, bénéfique pour ma peinture »

L'auteur de Plume ne peut qu'apprécier ces retrouvailles entre Zao Wou-Ki et l'encre de Chine : « Zao Wou-Ki a repris les jeux d'encre, à sa manière. Plus libéré du concret que ses prédécesseurs en Chine, et plus que ses propres peintures, sur des surfaces plus nues, plus intactes. » (Jeux d'encre).

Zao Wou-Ki de son côté ne s'y trompe pas : l'art de Michaux, même quand il est peint, est un art de l'Ecrit. D'où cette fascination pour l'encre qui symbolise à elle seule le point de rencontre entre écriture et peinture. D'où cet intérêt constant pour la calligraphie chinoise où un caractère est à lui seul poème et dessin.

« J'admirais beaucoup, de mon côté, le graphisme de Michaux, la liberté de son trait, l'originalité de ses idéogrammes occidentaux, coupés de toute signification sémantique. Son art est lié à une certaine façon d'écrire, à l'invention d'un vocabulaire de signes qui n'appartiennent qu'à lui ». (Zao Wou-Ki)

N.B. : Nous remercions ici Micheline Phankim qui, par sa gentillesse et sa générosité, a pu aider l'Alliance Française à monter cette exposition consacrée à Henri Michaux, un artiste hors du commun, touche-à-tout, grand voyageur et amoureux de l'Asie.

Ces signes que Michaux créa, le public de Hong Kong pourra les admirer à l'Université de Hong Kong (University Museum and Art Gallery) lors d'une exposition qui se tiendra du 18 mars au 20 avril 2004. A l'occasion de la journée de la francophonie, le Fringe Club accueillera également les œuvres en son sein le 20 mars 2004.


國際法語區同樂日

亨利.米修:畫家的筆


 

 

 

 

 

〝我們第一次見面時,我一個法文字都不會說,而米修則一個中文字都不會講。 但我們心靈相通。我們的共同語言是繪畫。〞—趙無極

亨利.米修對繪畫的興趣始終不渝,並無法將繪畫與寫作分開。兩者相輔相成,相得益彰。一九三九年,他發表了一部詩集,裡面便有他的插畫。

他和繪畫的接觸對他的創造理念是一場衝擊。他說:〝當我參觀了保羅.克里的第一次畫展,由展覽廳出來,我不住地回味,陷入默默無聲的沉思中。〞保羅.克里、馬克斯.恩斯特、喬治.契里柯和薩爾瓦多.達里為他打開了一個他從未認識的世界。他奮不顧身,全情投入。為使其藝術更接近他生命的深處,他甚至借助毒品麥司開林,從毒品中孕育出一種藝術境界,內容豐盈的夢或空洞無物的幻想,線條與筆劃以極自然的詩意相融相觸。

自童年時代起,他便迷戀於寫作和中國書法。在他所有的作品裡,都可以發現這個印記。事實上,當我們見到他的墨跡、〝運動〞系列畫和版畫時,怎能不想到這個影響呢?〝運動〞這個系列畫簡直就是從桎梏中解放出來的漢字。這些漢字,一經回復自由身,敞開胸懷向我們滔滔訴說,在我們面前手舞足蹈。

對中國藝術的著迷使他得以認識一些中國畫家,如趙無極。他竭力將他介紹給法國,並因此建立了他們之間深厚的友誼。他們數度相見傾談,交換切磋。因此,在趙無極的畫裡,怎能不見米修的風格,而在米修的墨跡裡,又怎能沒有趙無極的印記呢?

趙無極坦言,他和自己的文化根源、傳統繪畫技巧最終取得和解,得力於亨利.米修不小。亨利.米修,一個逃離歐陸遠赴亞洲的人,卻遇上了一個背道而來的人。
〝米修是一位深愛亞洲的詩人、畫家、藝術家,他促使我以墨創作,而我對東方傳統書畫的過份注重技巧、繁瑣雕琢卻存有偏見。是米修使我和墨和解。他說這是一個‘有益'的實踐,對我的繪畫有裨益。〞

《普雷姆》一書的作者對趙無極以墨創作的畫欣賞備至,他說:〝趙無極以其獨特的方式用墨作畫,比其前人的畫更超然物外,比他自己過去的畫畫面更加純潔明淨。〞(《墨戲》)
趙無極沒有說錯:米修的畫雖是畫出來的,卻不啻是一種書法藝術。這說明他為甚麼對墨如此著迷,墨可說是書法與繪畫的交匯點。也因此他對中國書法始終如此神往,樂此不疲。中國書法擁有詩和畫的特點。

〝我個人非常欣賞米修的筆法,自由奔放的筆劃,西方表意文字的獨特風格,脫離任何語義。他的藝術是一種獨特的書寫方式,是一種他獨創的完全屬於他個人的符號詞彙。〞(趙無極)
註: 在此謹向米舍利娜.方金(Micheline Phankim)致以誠摯的謝意。是她熱情慷慨,鼎力協助法國文化協會舉辦是次亨利.米修展覽。亨利.米修是一位卓越的法國藝術家,他多才多藝,無所不能,他是一個偉大的旅行家,對亞洲情有獨鍾。
註:在此謹向米舍利娜‧方金致以誠摯的謝意。是她熱情慷慨,鼎力協助法國文化協會舉辦是次亨利‧米修展覽。亨利‧米  修是一位卓越的法國藝術家,他多才多藝,無所不能,他是一個偉大的旅行家,對亞洲情有獨鍾。
米修創造的這些符號,香港觀眾可前往香港大學參觀欣賞。米修藝術展覽將於二零零四年三月十八日至四月二十日假香港大學美術博物館舉行。在國際法語區同樂日舉行之際,藝穗會亦將於二零零四年三月二十日 展出其作品。