Cinéma
Texte : Gérard Henry

Conte d'une amitié amoureuse : Ada Loke, l'Alliance Française et François Truffaut

Il y a 20 ans, le dimanche 21 octobre 1984 à 14h30, François Truffaut quittait ce monde. Le 24 octobre, ses cendres étaient enterrées au Cimetière Montmartre à Paris. C'était une belle journée d'automne ensoleillée, une foule de milliers de personnes, familles, amis, admirateurs, venait dire adieu à celui qui fut l'un des réalisateurs les plus marquants et les plus farouchement indépendants de l'histoire du cinéma. Un homme que l'on disait courtois et timide en société, révolté dans l'âme, extrêmement vif d'esprit, et qui par l'universalité de son œuvre séduisit les spectateurs du monde entier.
« La sensibilité, l'intuition, le bon goût et l'intelligence... Une seule de ces qualités ne servira pas à grande chose, et beaucoup donneront un chef-d'œuvre » François Truffaut

François Truffaut laisse derrière lui une œuvre dense et riche : 4 courts métrages et 21 longs métrages qui s'étendent sur une période de 29 ans, de 1954 à 1983.
Ce fut tout d'abord un critique virulent des Cahiers du cinéma et l'un des porte-parole de la Nouvelle vague, pourfendant l'académisme du cinéma des années cinquante avant de devenir lui-même maître reconnu et admiré. Mais il sut aussi reconnaître le génie chez ses contemporains, admirateurs entre autres d'écrivains comme Bazin, Genet, Cocteau, Roché ou Sartre et de cinéastes comme Ophuls ou Rossellini, ce fut lui qui prit conscience de l'immense génie d'Alfred Hitchcock et à partir des entretiens qu'il eut avec lui publia aux Etats Unis en novembre 67 le Hitchcock by Truffaut qui fera reconnaître ce dernier comme un grand maître aux Etats Unis, sa patrie.
Truffaut fut un auteur au plein sens du terme. Il développa au travers de ses films une œuvre à la fois très personnelle, puisqu'elle puise en partie dans sa propre biographie, dans son enfance et dans les expériences qu'il a vécues (cycle Antoine Doinel) et universelle car elle touche avec la même intensité un public aussi différent que l'américain ou le japonais. Une œuvre à la fois classique et très moderne dans son langage visuel et dans la vivacité de ses scénarios. Qu'il crée de toutes pièces une histoire ou qu'il adapte une œuvre littéraire, il va tout de suite à l'essentiel avec audace, bousculant sans hésiter tous les principes moraux de l'époque, révélant avec tendresse mais sans pitié l'ambiguïté des relations humaines, particulièrement de la « comédie amoureuse humaine ». A ce sujet, le témoignage du japonais Kiyoshi Kurosawa est éloquent : « Pour nous Japonais, la cruauté de l'amour telle que la montre Truffaut est parfois insupportable. Si une histoire d'amour se termine en tragédie, nous aimons penser que c'est dû à la pauvreté ou aux problèmes qui assaillent le couple, plutôt qu'à la nature même de l'amour. Truffaut, lui, ne laisse pas de place à tant de mièvrerie. Une histoire d'amour est une tragédie dès lors qu'elle commence » Truffaut était un grand lecteur : la Comédie humaine de Honoré de Balzac était un de ses livres de chevet... C'est en cela que l'on peut dire que Truffaut est également classique, qu'il crée ses personnages tels que le ferait un romancier, qu'il les suit comme Antoine Doinel dans plusieurs épisodes de leur vie, qu'il dévoile à travers eux les questions qui l'obsèdent : la peur, le mensonge, l'apprentissage amoureux, la fragilité des relations et leur rapide décomposition, la douleur et le caractère éphémère de la joie, le gouffre noir qui menace constamment l'homme, la proximité et le culte des morts... Tout son art tient à ne jamais philosopher ou donner de leçons mais par la rapidité des scènes et la vivacité des dialogues à faire rentrer le spectateur directement dans la vie de ses personnages.

Hong Kong Connexion
Une amitié fidèle et émerveillée : Ada Loke et François Truffaut

François Truffaut, homme passionné, a suscité pareillement parmi ses proches et ses admirateurs de nombreuses passions, aussi bien en France que dans le monde entier, de l'Asie aux Amériques. Il eut dans beaucoup de pays un public de fidèles et d'inconditionnels de son œuvre. Aux Etats-Unis, il est le premier cinéaste non américain à avoir un tel succès, le deuxième est Ingmar Bergman. Il en est de même en Asie, à Hong Kong, et particulièrement au Japon où il deviendra familier aux spectateurs japonais qui se plongeront dans le « monde Truffaut ». En Corée où ses œuvres seront montrées longtemps après leur parution, il influencera la nouvelle vague coréenne.

A Hong Kong, François Truffaut jouit d'une place très spéciale dans le cœur des cinéphiles depuis longtemps. Et cette place, il la doit en grande partie à une femme extraordinaire, Ada Loke, une critique de cinéma hongkongaise qui, dès les premiers films de Truffaut s'est éprise de son œuvre et a œuvré inlassablement pour la faire connaître aux Hongkongais.
Ada Loke (de son nom de plume Luk Lei) découvrit le cinéma français à Hong Kong dans les années 50 avant de s'enthousiasmer pour la Nouvelle Vague. A cette époque, il n'y avait guère d'occasions de voir un cinéma occidental « classique, artistique ou expérimental ». L'Alliance Française était l'une des rares associations qui montrait de tels films mais de façon très irrégulière. Elle organisa par exemple son premier festival de cinéma au Queen's Theatre en 1953 avec notamment Les vacances de M. Hulot de Jacques Tati sorti la même année et Nous sommes tous des assassins d'André Cayatte sorti en 1951. Mais c'est surtout la création de Studio One, le ciné-club le plus actif de l'époque qui dès 1962 au City Hall montre de tels films. A ses débuts, l'Alliance française collaborera souvent avec ce ciné-club devenu légendaire à Hong Kong. Il rassemblait tout un groupe de jeunes cinéphiles enthousiastes et nourrira toute une génération de futurs cinéastes hongkongais qui formeront le corps de ce qu'on appellera la « Nouvelle Vague hongkongaise » au début des années 80. Il se créera par la suite de nombreux ciné-clubs dans les écoles et les universités ainsi qu'une pléthore de magazines étudiants dont l'un, Chinese Student Weekly, lancé en 1952, allait exercer une grande influence à partir de 1962 quand les deux véritables pionniers de la propagation de la Nouvelle vague française à Hong Kong allaient devenir rédacteurs en chef de ses pages sur le cinéma, Law Kar de 1962 à 1969 puis Ada Loke de 1969 à 1972.

Ada Loke qui devint rédactrice au magazine en tant qu'étudiante dès 1958 avant d'être en charge des pages cinéma, est alors une jeune femme passionnée, vive et débordante d'énergie. Sa vie tourne autour du cinéma autant au travail qu'à la maison puisqu'elle est l'épouse de Sek Kei, critique de cinéma bien connu du quotidien Ming Pao. De tous les réalisateurs de la Nouvelle Vague française, Truffaut est son préféré, elle n'a qu'un désir, voir tous ces films et les comprendre. Et pour cela, une seule solution, apprendre le français. Elle avait suivi quelques cours de français au New Asia College à la fin des années 50, mais en 1968, elle s'inscrit à L'Alliance Française pour l'étudier sérieusement et publie dans le bulletin de L'Alliance Française, Le Journal de Hong Kong du 1e mars 1971, un article remarqué, Pourquoi j'apprends le Français (Voire ci-après) qui est une véritable déclaration d'amour pour François Truffaut et son œuvre : « Il y a seulement une raison et une raison seulement : François Truffaut. (...) Pour moi-même le son du mot “Truffaut” est comme magique... »

Magique en effet car par quelque hasard, Le Journal de Hong Kong tomba entre les mains de François Truffaut ! Celui-ci, touché par ses mots, lui envoya en retour à l'adresse de l'Alliance Française un colis de cinq livres qui sera suivi d'autres plus tard, notamment Jules et Jim en juin 1971 alors qu'il tournait Les deux Anglaises et le continent...

A ce moment Ada Loke fulminait contre les distributeurs de films, et tous les professionnels de la culture qui refusaient de faire venir les derniers films de Truffaut à Hong Kong sous prétexte que le public ne suivrait pas. Déçue de leur manque d'action, elle décida de leur donner une leçon, de réunir ses économies et celles de quelques amis et de faire venir les films elle-même. Elle réussit alors à ses frais à se faire envoyer Baisers volés et à le projeter à Hong Kong dans une salle qu'un distributeur n'accepta de ne lui prêter qu'à 11h00 du matin et à midi et demi. Et ce fut un grand succès au grand dam de tous les professionnels ! 400 personnes durent êtres refusées à l'entrée faute de places (voir article de la Far Eastern Economic Review).

François Truffaut, mis au courant et sensible à tant d'amitié et d'admiration lui répondit le 26 mars 1972 par une lettre très tendre (voir ci-après) et lui envoya Domicile conjugal pour la Semaine du Cinéma français organisée par l'Alliance Française en juin 1972 à City Hall en précisant « A Paris, on m'a demandé : “Voulez-vous envoyer un de vos films à Hong Kong pour la semaine du cinéma français” ? J'ai dit oui : Domicile conjugal, à cause de vous, pour vous. »

Ce fut le commencement d'une correspondance et d'une longue et profonde amitié entre François Truffaut et Ada Loke qui dura 14 ans jusqu'à l'année de sa disparition en 1984. Pendant tout ce temps, Truffaut ne manqua pas de lui envoyer des lettres et les livres qu'il lisait en préparation de ces films. Le dernier envoi fut en février 1984 un colis de trois livres, dont l'un écrit sur lui-même, François Truffaut par Annette Insdorf. Ils ne se rencontrèrent jamais, mais Truffaut demanda à deux de ses amies, Arlette Gordon, collaboratrice de Claude Lelouch, et l'actrice Arielle Dombasle, de lui rendre visite lors d'un passage séparé à Hong Kong.

Ada Loke durant ces années continua à promouvoir les films de Truffaut, elle en traduisit en chinois presque tous les scripts et les livres originaux qui parurent dans Hong Kong Time jusqu'en 1982. Elle anima également dans les années 70, à la demande du directeur de l'Alliance M. Mantica, les discussions après les séances du cinéma de l'Alliance Française. En 1973 elle fut la principale artisane avec Ng Ping et Leung Pin Kwan d'un dossier de 38 pages sur Truffaut qui parut dans le magazine Grove fondé par Yee-liang Lin, et à l'envoi duquel Truffaut répondit : « Gentille petite Ada, Merci pour la petite lettre et le n° de Groves reçus ce matin. Merci pour tout, merci pour toi, merci d'exister à Hong Kong, poétique et passionnée. Tendrement yours, françois » En 1977, elle aida même au lancement du premier Festival international du Film de Hong Kong, en tant que membre du comité d'organisation et présenta deux films de Truffaut, L'enfant sauvage et Les deux Anglaises et le Continent. Aujourd'hui, 20 ans après la disparition de Truffaut, Ada Loke n'a cessé de faire connaître son œuvre. Sa passion et son sentiment restent toujours aussi forts et elle est une des forces spirituelles derrière la rétrospective complète des œuvres de Truffaut organisée par la Société du Festival international du Film de Hong Kong en septembre 2004, Festival du film dont elle aida d'ailleurs à la création en 1976. Une rétrospective unique puisqu'on y voit toute l'œuvre de Truffaut, même ses premiers courts métrages à l'exception de l'un, introuvable, Une visite.



電影

陸離、法國文化協會和法蘭索瓦.杜魯福:一段友愛的故事

二十年前,即一九八四年十月二十一日星期日下午二時三十分,杜魯福離開了這個世界。十月二十四日,他的骨灰在巴黎蒙馬特墓園內下葬。那天是陽光普照的一個秋日,成千上萬的親友、愛慕他的影迷到來向這位電影史上其中一位最傑出和最不受約束的導演道別。這位聽說對人謙虛有禮又內向的男子其實擁有一顆叛逆的心,頭腦極之靈活,因為其作品之普及性吸引了世界各地的觀眾。

〝感性、直覺、品味和智慧……只有這些優點中的一點也用處不大,很多便能成就一部驚世傑作〞— 法蘭索瓦杜魯福

法蘭索瓦.杜魯福留下來的是一批精彩豐富的作品:由一九五四年至一九八三年的二十九年間共完成了四部短片和二十一部長片。起初,他是《電影筆記》中一位筆風凌厲辛辣的影評人,並以〝新浪潮〞代言人的身份大肆評擊五十年代學院派的電影,後來他自己也成為了知名和受人敬仰的電影大師。雖是如此,他也會欣賞其他同輩的才華,如作家巴辛、熱內、克多、羅索或沙特,以及電影導演奧福斯與羅索里尼,而亦是他首先發現希治閣的驚世才華,更因為一九六七年十一月,在美國出版了一本根據他訪問希治閣後而撰寫的著作《杜魯福訪問希治閣》,希治閣才在自己的祖國 —— 美國被視為電影大師。

杜魯福是名副其實的一位原創導演。他透過其影片發展出一套甚具個人風格( 因為他的靈感有部份是源於他的個人傳記,是從他的童年和親身經歷(《安坦但奴行紀》)中提取出來)同時又普及化的電影。普及化是因為它的影響力對文化背景有著天淵之別的美國觀眾或日本觀眾均同樣深刻。他的作品無論在視覺語言的表達抑或是劇本辛辣的處理手法均可說是既傳統又十分摩登。他不管是自己創作故事或是改編文學作品也會大膽地直接切入要點,毫不猶豫地推翻一切當時固守的道德禮教,並以細膩但絕不留情的手法揭露人類關係的隱晦,尤其是有關〝人世間的愛情把戲〞。而有關這題目,日本導演黑?清的見解表達得很清楚:〝杜魯福讓我們看到的那種殘酷的愛情對我們日本人來說有時是很難接受的。若一段愛情是悲劇收場,我們希望是因為貧窮或者是二人之間出現了問題所引起 ,而不是因為愛情的本質出現問題。杜魯福卻沒有虛情假意地給我們留有幻想。愛情故事由一開始便已經是悲劇。〞杜魯福很喜歡閱讀:巴爾扎克的《人間喜劇》是其中一本他愛讀的書……而就是因為這方面我們也可以說杜魯福是傳統的,他像小說作家一般去創造他的人物角色,正如他處理安坦但奴這角色一樣緊隨著他們生命中每個不同階段的發展,他還透過這些人物來揭示一些縈繞他心內已久的問題:恐懼、謊言、愛情的磨煉、人類關係的脆弱和變質的速度、痛苦和有?短暫的特殊性質之喜樂、不停地威脅著人類的無盡黑暗、死亡的臨近和對死亡的崇拜……他的所有作品從來不在於對哲理的反思或說教,但他透過鋒迴路轉的劇情和辛辣的對白讓觀眾直接進入劇中人物的生活中。

香港的聯繫: 一段始終不渝和令人讚嘆的友誼:陸離與杜魯福

法蘭索瓦杜魯福,他豐富的感情同時挑起了圍繞他身邊的人,法國或甚至世界各地,由亞洲至美洲所有擁戴他的人的許多熱情。很多國家都有一批忠實和無條件地擁護其作品的觀眾。在美國,他是第一位得到這樣成就的非美籍導演,第二位是英瑪褒曼。在亞洲,在香港他同樣受歡迎,特別是在日本,他的名字人所共知,日本觀眾紛紛墮進〝杜魯福的世界〞裡。在韓國,他的作品在推出之後久久仍不落畫,他對韓國新浪潮電影影響至深。

在香港,杜魯福早就在影迷的心中佔有非常特別的位置。而他之所以擁有這位置全賴一位特別的女性:陸阿達。她是一位影評人,由杜魯福的第一部影片便開始愛上了他的作品,而且還為了讓香港人認識他的電影而努力不懈。

陸阿達(她的筆名陸離)於五十年代在香港首次接觸法國電影,之後更熱衷於新浪潮電影。在那個年代,能看到西片(經典影片、藝術影片或實驗影片)的機會可說是絕無僅有。法國文化協會在當時是其中一家會放映這類電影的機構,但亦只不過是偶爾為之。舉例說,它一九五三年在皇后戲院舉辦了第一屆電影節,放映了賈克.大地導演,同年在法國推出的《于先生渡假記》和 一九五一年推出,安德烈.卡逸德導演的《我們全是殺人犯》。但主要還是當〝第一影室〞成立之後,他們由一九六二年開始經常在大會堂放映這類電影。人所共知,法國文化協會自一開始便經常與這在當時最活躍的電影會合作。它召集了一眾影迷影癡,更哺育了香港新一代的電影人,這批年輕人後來更成為了八十年代初興起之〝香港新浪潮〞電影的骨幹。繼第一影室之後,一些由大學或院校學生組成的電影會相繼出現,同時亦誕生了多份學生的報刊雜誌,一九五二年創刊的《中國學生周報》就是其中之一。而自一九六二年起,當兩位熱心在香港推廣法國新浪潮電影的先驅羅卡和陸離先後成為了該報的電影版編輯後(羅卡:1962-1969年,陸離:1969-1972年) ,《中國學生周報》對香港的電影便產生了重大的影響力。


在擔任電影版編輯之前,陸離自一九五八年起便以學生身份在該報投稿,當年的她充滿熱誠幹勁、敏銳及生命力充沛。在她的生命中,最重要的除了電影和工作外還有家庭,她是《明報》著名影評人石琪的妻子。在所有法國新浪潮的導演當中,杜魯福是她最喜歡的,她唯一的願望就是能欣賞他的所有影片並明白它們。而為了達成願望,解決辦法只得一個,就是學法文。在五十年代末期,她曾在新亞學院上過幾堂法文課,為了認真地學法文,她報讀了法國文化協會的課程,並於一九七一年三月一日在《法國文化協會月刊》中刊登了一篇題為《我為何學法文》的文章,這文章絕對是一篇向杜魯福以及其作品所發表的愛的告白:〝理由只得一個,亦是唯一的理由:法蘭索瓦杜魯福(⋯⋯)對我來說,甚至〝杜魯福〞這三個字的聲音也是神奇的⋯⋯〞

實在是神奇,因為這份《法國文化協會月刊》偶然落入了杜魯福的手中!後者閱後深受感動,並寄來第一個包裹到香港法國文化協會代轉交給她,包裹內是五本他的著作,之後他陸續寄來其他的書籍,如一九七一年六月寄來了《祖如占》,那時他正在拍攝《兩個英國女孩與歐陸》。
正好就在那時,陸離因為電影發行機構以及所有文化界的專業人士拒絕輸入杜魯福的新作而大發雷霆,他們的理由是香港人不會接受。她對他們的放手不理感到失望,於是決定給他們一個教訓。她決定利用自己的所有積蓄再加上從朋友中籌集得來的資金自己輸入影片。她成功自費將《偷吻》寄來香港並在一間戲院中放映,只不過院商只答應讓她在十一點早場和中午十二時半的時段放映。而這是一次非常成功的創舉,但對那些專業人士來說卻是一次其恥大辱!四百名在戲院門外輪候的觀眾因為座位有限而不得其門而入(請參閱《遠東經濟評論》的文章)。



杜魯福獲悉此事後,並有感於她對自己的友愛與擁戴,於一九七二年三月二十六日回覆她一封溫馨感人的信,特別並為她寄來《婚姻生活》給香港法國文化協會在一九七二年六月在大會堂舉辦的法國電影週中放映,他指明〝在巴黎,有人問我:‵你願意送一部你的影片去香港參加法國電影週嗎?′我說好:《婚姻生活》,因為你,送給你。〞