Poésie
Texte : Bernard Pokojski

Rimbaud par Georges Izambard

« Tout ce qui peut être écrit du destin de Rimbaud l'a été par lui dans son œuvre, surtout dans la Saison, comme une crête d'où son regard en quelques éclairs accomplit une synthèse orageuse et pénètre hardiment l'avenir. » Jacques Réda

Rimbaud naquit le 20 octobre 1854 mais ce centenaire et demi ne semble pas trop agiter le monde littéraire français puisqu'à l'heure où j'écris ces lignes, début mai, seul le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles lui consacre une exposition.

Plus modestement de mon côté, je voudrais juste faire revivre les quelques mois durant lesquels Georges Izambard aura connu Rimbaud et pour de plus amples détails, vous conseiller de lire le gros ouvrage qu'a publié en 2001, chez Fayard, Jean-Jacques Lefrère (intitulé tout simplement Arthur Rimbaud).
Les informations que j'ai utilisées ici proviennent de l'Echo de Paris, 26 décembre 1891 ; La liberté, 9 et 16 juillet 1898 « Chroniques humoristiques » ; le Mercure de France, 16 décembre 1910, 16 juillet 1911 et 1912 ; Vers et Prose, 1er trimestre 1911. Il m'était trop difficile d'ajouter quoi que ce soit à ce mythique Rimbaud et à son étrange poésie...

Georges Izambard
Je fus en effet professeur de rhétorique à Charleville, exactement de janvier à août 1870. Je succédais à un professeur nommé Feuillâtre que je n'ai pas connu. J'eus Rimbaud comme élève : il avait quinze ans et quelques mois ; j'avais cinq ans de plus que lui et j'allais tirer au sort cette année-là. (J'étais) tout flambant de foi enseignante mais un peu inquiet tout de même devant mes vingt-cinq à trente premiers grands diables, dont quinze ou dix-huit en soutane et quelques-uns plus âgés que moi (...) Le collège de Charleville sous l'Empire était soumis à un régime hybride et bizarre : le séminaire voisin daignait y envoyer ses élèves à titre d'externes (et) c'est devant cet auditoire que je faisais cours. Entre eux existaient d'intimes divisions ; moi naturellement je restais neutre.

Arthur Rimbaud
Bien vu de ses camarades du collège qu'il obligeait volontiers de ses lumières et considéré par ceux-ci comme leur porte-drapeau dans les compositions, était cordialement détesté par les champions du camp adverse... Un jour, dans la classe aux gradins étagés, pendant le calme plat d'une composition en vers latins, une voix aigre s'élève d'un des bancs supérieurs « M'sieur ! Rimbaud triche... Il a passé un papier à son voisin. » Je me précipite, saisis le corps du délit et le leur tend pour prouver qu'il n'a rien de suspect... Mais déjà Rimbaud s'est levé à demi : avec le geste du semeur, il envoie son Thesaurus à la tête de l'énergumène (...) Mon Rimbaud s'est rassis, stoïque et dédaigneux, comme un qui chante dans les supplices...

Ce Rimbaud-ci, c'est le Rimbaud première manière (1870-1871), le poète de A la musique, le Forgeron, Soleil et chair, Ma Bohême, le Cœur supplicié, en un mot tout ce qui précéda Le Bateau ivre. C'est le « Petit Poucet rêveur », menu et timide, l'élève de rhétorique un peu guindé, sage et douceâtre, aux ongles propres, aux cahiers sans taches, aux devoirs étonnamment corrects, aux notes de classe idéalement scolaires, bref un de ces petits monstres exemplaires et impeccables, incarnant au superlatif le type de la bête à concours, de « l'assis » de collège... Masque d'habitude et non d'hypocrisie, non voulu sans doute, mais que je vis toujours sur son banc de classe.

Le Rimbaud intime que j'ai connu parallèlement, que j'ai appris à connaître quand il m'attendait à la sortie pour m'accompagner jusqu'à ma porte, c'est l'intellectuel vrai, tout vibrant de passion lyrique et si ingénument fier de se révéler tel, si heureux de trouver enfin à qui parler de vers et de poètes !... C'est l'enfant traité d'abord en camarade plus jeune et peu à peu en ami cher, dont j'ai reçu les premières confidences, exacerbées par l'oppression familiale, les premiers aveux d'ambition littéraire impatiente et enfin ces chaudes effusions de cœur que révèlent ses lettres et dont il s'est montré, comme on l'a remarqué, fort peu prodigue en d'autres temps.

Izambard-Rimbaud — La Mère Rimb'
Aussi le traitais-je en homme. Et comme, visiblement, il n'y était pas habitué, cela lui allait au cœur. Il me disait ses lectures, déjà abondantes, variées, sans pruderie, mais sans recherche aucune de salacités équivoques... Ce qu'il ne me disait pas encore, c'est à quelles ruses il était forcé de recourir, chez lui, pour y déguster en catimini les romans les plus anodins, les plus manifestement littéraires. (« Mais il est une chose que je ne saurais approuver, par exemple la lecture du livre comme celui que vous lui avez donné il y a quelques jours (les misérables. Vhugot-sic). Vous devez savoir mieux que moi, monsieur le professeur, qu'il faut beaucoup de soin dans le choix des livres qu'on veut mettre sous les yeux des enfants (...) il serait certainement dangereux de lui permettre de pareilles lectures (...) » V. Rimbaud, 4 mai 1870)

J'y allai de ce pas (chez la mère Rimbaud). J'eus à subir comme entrée de jeu tout un cours de politique au poivre : Victor Hugo, c'était l'ennemi du trône et de l'autel, justement banni pour ses productions dépravées... Les Misérables surtout, cette œuvre qui... que... Je compris qu'elle avait sur le cœur le mot de Cambronne, imprimé en effet en toutes lettres dans le chapitre sur Waterloo... « Trouvez-vous bien d'enseigner ces choses-là à vos élèves, monsieur le professeur ? » (...) ce n'était pas les Misérables, c'était bel et bien Notre Dame de Paris ; et j'avais prêté cela à son fils pour qu'il fît provision de couleur locale en vue d'un discours français donné en classe...

L'orageuse entrevue que j'ai dite avait eu lieu moins d'un mois avant le grand coup de feu des concours académiques. Rimbaud s'y préparait par un redoublement des devoirs supplémentaires qu'il déposait sur le coin de ma chaire (...) Quand vinrent les concours, Rimbaud était prêt. Le sujet de discours latin, je ne me rappelle pas ; en vers latins, on donna comme matière : Allocution de Sancho Pança à son âne (Grandeur de notre éducation humaniste passée ! Si vous me le permettez.) Rimbaud obtint les deux prix : un premier en vers, un second en discours (...)

Départ d'Izambard
La distribution des prix était fixée au 6 août, mais rien ne m'obligeait à y assister, et je comptais, aussitôt ma dernière classe faite, partir à Douai où je passerais mes vacances. Je gardais mon petit appartement à Charleville, J'en laissai la clef à mes propriétaires en les priant de la remettre à Rimbaud quand il viendrait la demander (...) pour lui permettre de s'enfermer avec mes livres — lesquels étaient d'honnêtes livres... « M. Izambard, que vais-je devenir ? C'est sûr, je me sauverai un de ces jours. Je ne supporterai pas cette existence une année de plus !...)
Dans les lettres qu'il m'écrivit ensuite à Douai, notamment à la date du 25 août, aucune allusion nouvelle à ses projets d'escampette. Or, quatre jours après, il était en fuite.

Première fugue
« Ce que vous me conseilliez de ne pas faire, je l'ai fait : je suis allé à Paris, quittant la maison maternelle ! J'ai fait ce tour le 29 août. » Paris l'hypnotisait ; un train était en gare, il prit le train, délibérément. Le 4, il était à Paris, à l'heure même où commençait le chambardement de l'empire ; il allait voir une révolution ! Il ne la vit pas, faute d'un ticket à montrer. Cueilli par deux agents, il fut conduit au poste, fouillé à fond, délesté de ses papiers, pris pour un voleur, pour un espion (son accent ardennais) (...) finalement enfermé dans un panier à salade et, fouette cocher ! en route pour Mazas (maison d'arrêt cellulaire, Bd Mazas, aujourd'hui Bd Diderot). Là, il veut s'expliquer, n'est pas compris ou pas écouté, l'heure n'était pas aux joueurs de flûte ou de mandore ; les jours se passent, il se cherche des références, cite mon nom. Le directeur de Mazas m'écrit à Douai... Quelques jours après, il nous arrivait, penaud, défait, heureux tout de même d'en être quitte... comme l'enfant prodigue, parfaitement !... et n'eut le sermon qu'après. Puis on causa : il dit son arrivée, l'interrogatoire pas commode, ses effarements de bête traquée, le petit passage à tabac réglementaire, la vermine et le reste...

Mais le plus urgent — et le plus difficile à tous points de vue — était d'écrire à sa mère. Les lettres entre le Nord et les Ardennes passaient par la Belgique, retardées dans les deux sens par la désorganisation postale (...)

Une réponse arriva seulement le 21 septembre... elle était si violente, si comminatoire, si brutale pour lui, pour moi, pour les miens pour quiconque se permettait de le recueillir au lieu de le chasser, que Rimbaud, perdant son calme de commande, fait les grands bras, sacre, jure, proteste qu'il ne retournera là-bas à aucun prix. Je me fâche, nous nous fâchons tous, lui signifiant notre volonté. Calmé, il a fini par souscrire à tout ce qu'on veut, mais j'ai de la méfiance (...) je ne puis de Douai lui prendre un billet direct (car) il bifurquera au premier arrêt dans l'état d'esprit où il est... je décide d'accompagner Deverrière et Rimbaud... et le 26 ou 27 septembre, nous partons tous les trois par la Belgique... Rimbaud s'est isolé dans un coin du wagon, ne desserre pas les dents, l'esprit ailleurs. Fait-il encore des vers ou songe-t-il à l'accueil qui l'attend ?

Très au vinaigre, à son habitude, la maman Rimbaud flanqua comme de juste une pile monstre à son petit prodige de fils et m'admonesta pour mon compte en termes si âpres que j'en restais d'abord tout ébervigé et bientôt m'enfuis sous l'averse.

Deuxième fugue
Huit jours après, comme je revenais d'une douloureuse excursion au champ de bataille de Sedan, (le 8 octobre) on me remet un mot apporté par Mme Rimbaud... Elle m'annonce que son fils est encore par voies et par chemins ; elle voudrait me demander conseil... Ah ! non !... J'en ai assez ! et je crois que tout le monde dans mon cas aurait la même exclamation... mais... si... pourtant je puis quelque chose... Allons ! je retarde l'heure de mon départ, j'attends la dame, je l'écoute : Arthur est reparti la veille... il aurait pris à pied la direction de Fumay. Me voici à Fumay... Oui, L-B l'a hébergé en effet mais il est reparti à Vireux... « Rimbaud ? parfaitement. Il est reparti pour Charleroi, où il espérait se faire embaucher comme rédacteur... » En route pour Charleroi... « j'ai décliné ses offres de collaboration, et il s'en est allé »...

(Izambard perd sa piste et se rend à Bruxelles chez son ami Paul Durand)... votre élève « le petit Rimbaud » est venu nous donner avis de votre prochaine visite... Il est très doux, très gentil... le pauvre enfant avait beaucoup marché... Il était poudreux, boueux, faux col sale, cravate en tordions... je l'ai requinqué de mon mieux... puis il a déclaré qu'il avait à faire son tour de Belgique pour son instruction...

Cinq ou six jours plus tard, je réintégrais Douai. Je trouve les tantes en grand émoi parce que Rimbaud est là... en faux col à la mode à coins cassés, plastronné d'une cravate en soie mordorée, d'un effet aveuglant ; un vrai dandy... Nous n'avons pas le droit de vous garder et nous ne voulons pas vous chasser. Alors, il n'y a que le commissaire — je comprends très bien. Je le savais. Faites, je vous obéirai...

Je rentre. Rimbaud est prêt et m'attend, son petit baluchon sous le bras. Il a dit gentiment adieu aux tantes qui lui ont fait promettre d'être « sage »... Il a promis. En route, je lui parle avec mon cœur, mon souci de son avenir, de sa gloire, de sa dignité aussi... J'ai l'impression qu'il me comprend, qu'il est ému en dedans, qu'il a le cœur serré... Je me trompe peut-être !... Il est si impénétrable... Nous sommes arrivés : présentation au commissaire, celui-ci m'a promis qu'il ne serait pas rudoyé. On se serre le mains avec force, et... vat !... C'est la dernière fois que je l'ai vu.


詩詞

喬治.伊桑巴筆下的蘭波

〝關於蘭波的生平,在他的書中已被道盡,尤其是《季節》 (La Saison) 一書。他彷彿站在高山之巔,向下只投了急促的幾瞥,便對詩人的一生作了驚心動魄的總結,大膽地揭示了未來。〞 雅克.勒達

蘭波誕生於一八五四年十月二十日,今年是他一百五十週年誕辰紀念。然而直到我提筆寫這篇短文即五月初,在法國文學界似乎沒有引起返響。只有布魯塞爾的美術博物館為他舉辦了一個展覽。

至於我,只想簡單地將喬治.伊桑巴認識蘭波的那幾個月呈現給讀者。如果你想知道得更多些,那便請讀一讀二零零一年由Fayard,Jean-Jacques Lefrère出版的《阿蒂爾.蘭波》一書。

本文的資料取自一八九一年十二月二十六日的《巴黎回聲》(L'Echo de Paris);一八九八年七月九日及十六日《自由報》(La Liberté)的《幽默故事》(Chroniques humoristiques);一九一零年十二月十六日,一九一一年七月十六日及一九一二年的《法蘭西信使》(Mercure de France);一九一一年第一季度的《詩與散文》(Vers et Prose)。對於神奇的蘭波及其奇特的詩,我實在很難再說些甚麼。

喬治.伊桑巴
一八七零年一月八日,我是沙勒維爾的一名修辭學教師,接替一個名叫弗亞特爾(Feuillre)的老師,我之前並不認識他。我的學生中有蘭波,他當時是十五歲又幾個月,我比他年長五歲。這年,我正準備通過抽簽決定是否服兵役。我對教學充滿信心,但在二十五到三十名真正的淘氣鬼面前我卻有點不安。他們當中有十五或十八個穿教士袍的,更有幾個比我年紀還大…… 第二帝國時期沙勒維爾的中學生成份品流複雜,鄰近的神學院竟送學生來走讀。我就是在這樣一群學生面前授課。他們之間派系分明,我當然嚴守中立。

阿蒂爾.蘭波
由於他平素樂意以自己的學識幫助別人,因此頗受同學們歡迎,並被視為作文高手,當然也遭敵對派的仇視…… 一天,在梯型課室裡,當大家全神貫注,埋首寫作拉丁詩,一片寧靜中,突然一個尖銳的聲音由上層一個座位發出:〝老師!蘭波作弊…… 他將紙條傳給鄰座。〞我迅速趕過去,奪過紙條,並展示給大家看並沒有這回事…… 但這時蘭波已經站了起來,像播種者一樣手一揮,把詞典扔向那搗蛋鬼。接著他坐了下來,流露出堅忍、傲慢的神情,彷彿一個正在受難的人……

這個蘭波,便是剛嶄露頭角的蘭波(1870-1871)。這一時期,他寫了《獻給音樂》、《鐵匠》、《太陽與肉》、《我的放蕩不羈的女人》、《被折磨的心》等詩篇,總之,這是寫《醉船》子前的蘭波。這是一個〝愛幻想的小姆指〞,孱弱、羞怯;動作有點笨拙的修辭學學生,安份守己,和藹可親。指甲修整得乾乾淨淨,練習本整整潔潔,功課驚人的正確,課堂筆記堪稱楷模。總之,是一個出類拔萃、無懈可擊、精於考試技巧的神童、學校的〝好好學生〞…… 也許這是一種習慣,可能他並不喜歡,但絕非虛偽。我總是看到他坐在課桌旁。

在認識一個可親的蘭波同事,我也試圖認識另一個蘭波。他在出口處等我,一直陪我走到家門口。 這是一個真正的知識份子,激情洋溢,坦率地為自己顯露的才華感到驕傲,慶幸自己最終找到了一個可與之談論詩歌的人! ……這是一個孩子,開始我把他當作比我年輕的朋友對待,漸漸地便成了密友,並聽到了他最初的心曲 ,由於家庭的壓力而顯得激昂,還有那對文學的雄心壯志,最後是從他那些書信湧溢出來的熱情。大家都知道,在其他時候,他是甚少向人表露心跡的。

伊桑巴 — 蘭波 — 蘭波的母親
因此,我像對待成年人一樣對待他。顯然,他感到不習慣,並為此深受感動。他對我談了他的閱讀,內容豐富多彩,包羅萬有,但絕不涉及淫穢。他沒有對我說的一點,是他究竟以怎樣的狡黠手法,可在家中偷偷地閱讀欣賞這些有益無害的文學作品的。蘭波的母親這樣對我說:〝有一件事我絕難苟同,比如說幾天前您給他讀的一本書(指雨果的《悲慘世界》,她將雨果說成胡果)。您該比我更清楚,教師先生,在指導孩子閱讀時,應如何加倍小心選擇讀物。讓他們讀這類書顯然是危險的。〞

我即刻就到蘭波母親家裡去。甫一見面,她當頭就給我上了一堂辛辣的政治課:維克多.雨果是皇權和宗教的敵人。由於他作品的道德敗壞而被驅逐出境…… 尤其是《悲慘世界》這本書。我明白她對描寫滑鐵盧戰役一章裡康布羅納的粗言穢語一字不漏地印了出來耿耿於懷…… 〝您認為把這些教給孩子們妥當嗎,教師先生?〞 ……其實這不是《悲慘世界》,而是《巴黎聖母院》。我將此書借給她兒子,無非想他借鑑書中地方色彩的描寫,對他即將在堂上作的法文演說有所助益。

上述這場充滿火藥味的見面是在學校舉行一場重大比賽前不到一個月的時間裡。為應付這場比賽,蘭波做了許多額外功課,並把它放在我的講台上。當比賽來臨之際,他已經準備就緒。拉丁文演說的題目我已經記不起來了;至於拉丁詩的題目則是:桑丘.潘沙對驢子的演說。蘭波在兩項比賽中都名列前茅。拉丁詩得了第一,拉丁文演說則得了第二名。

伊桑巴的離去
頒獎典禮定於八月六日舉行,但我完全沒有必要參加。於是我打算在上完最後一堂課便出發到杜埃(Douai)渡假。我把我在沙勒維爾寓所的鎖匙交給房東,請他轉交蘭波,以便他可以一個人關在房裡閱讀我的藏書,這都是一些好書…… 〝伊桑巴先生,我該怎麼辦?毫無疑問,就在最近的某一天,我將離家出走。我實在忍受不了再過一年這樣的生活!……〞
在他接著往杜埃給我寫的幾封信裡,尤其是八月二十五日那封,絲毫未透露出走的消息。四天之後,他果真逃之夭夭。

第一次出走
〝您勸我不要做的事情,我做了。我離開了家,去了巴黎。這是八月二十九日的事情。〞巴黎令他神往。一列火車停在車站上,他毫不猶豫地登了上去 。四日他來到了巴黎,正好遇上第二帝國的一場動亂。他本可目睹這場革命,就因為一張火車票,失掉了機會。兩個警察逮住了他,把他帶到警察局,被徹底搜身。因證件被人偷去,他被當作小偷、間諜(大概還由於他阿登省的口音) ……最後他被推上囚車,直送馬扎斯(Mazas)拘留所(位於馬扎斯大道,現為狄德羅大道)。在拘留所裡他極力為自己辯解,但沒人願意聽他的解釋。這不是鬧著玩的時候。日子一天天過去,他努力向警察當局提供擔保人,他提到我的名字。馬扎斯拘留所長往杜埃給我寫了一封信。幾天之後,他回來了。羞慚、頹喪,慶幸自己重獲自由…… 完全是個浪子! ……但教訓在後頭等著他呢。他向我們講了如何到達巴黎,又怎樣被粗暴的盤問, 像一頭被追捕的野獸那樣驚慌失措,還有那些流氓惡棍等等。

但最緊迫,從各方面看也是最艱巨的一件事是寫信通知他母親。北部地區和阿登省之間 的書信往來需經過比利時,由於郵政局運作無章,致使郵件在兩處都有所耽擱。

九月二十一日終於等來了他母親的信,信中對蘭波、對我,對我家人以及對所有收留他兒子的人都嚴加斥責,措辭激烈、語帶威脅,以致蘭波怒火中燒、跺腳揮拳、破口大罵,發誓決不回去。我生氣了,大家都生氣了,我們表示堅決不同意他這樣做。冷靜下來後,他終於順從了大家。但我不相信他,我不能在杜埃給他買一張直通車票。因為我知道他在這種精神狀態下,火車一到下站,他便會逃之夭夭。於是我決定陪德韋里埃(Deverrière)和蘭波…… 九月二十六日或二十七日,我們三人便取道比利時出發……蘭波獨自一人瑟縮在車廂一個角落,咬緊牙關,一聲不吭,心不在焉。他是在推敲詩句抑或在算計著母親將如何收拾他?
平素脾氣暴躁的蘭波母親,不由分說,朝自己的神童兒子就是一陣痛打,對我則是百般責難,言辭尖刻,我不知所措,在一陣謾罵聲中狼狽逃去。

第二次出走
一星期後,即十月八日,我正從色當戰場一次令人痛心的郊遊歸來,有人交給我蘭波母親的一封信…… 她說自己的兒子又離家出走了。她想我給她出主意 ……啊,不!我已經受夠了!我想任何人處在我的地位都會這樣想…… 然而我還是能做點甚麼的…… 好吧!我延遲動身時間,等她來,聽她訴說。她說阿蒂爾是昨晚出走的…… 他朝菲邁(Fumay)方向走去。於是我也跟著來到菲邁 ……果然L-B接待了他,但他繼續往維勒(Vireux)走去…… 〝蘭波,是來過。但他到沙勒魯瓦(Charleroi)去了。他希望在那裡受聘當一名編輯……〞於是我又奔向沙勒魯瓦…… 〝我謝絕了他的請求,他便離開了〞……

伊桑巴失掉了他的蹤跡,只好啟程往布魯塞爾他朋友家去。〝您的學生‘小蘭波'給我們捎來您即將來訪的消息 ……他和藹可親,可憐的孩子跑了很多路 …… 他風塵僕僕,滿身污泥,假領齷齪不堪,領帶皺巴巴的……我竭力讓他振作起來……接著他聲稱要到比利時求學……〞。

五六天後,我回到了杜埃。但見姑姑嬸嬸們惴惴不安,原來蘭波已在那兒。時髦的假領,耀眼刺目的金褐色領帶,一個真正的花花公子。我們無權留住你們,也不想趕走你們。那麼只有警察局這條路了。我很明白她們,也知道該怎麼做。得,就照你們的意思做吧。

我回來的時候,蘭波已準備停當,臂下夾著小包袱在等著我。他和諸位嬸嬸禮貌地說聲再見。她們要他保證〝聽話〞……他答應了。在路上,我誠心地、對他的前途不無擔心地談及他的榮譽、自尊…… 我感到他很明白事理,深有感觸,並感到悲傷…… 也許我會錯意了!…… 他是如此深不可測…… 我們來到警察局,我把他交給警長,他答應蘭波不會受到粗暴對待。我們用力地握了握手, 再見!這是我最後一次見到他。