Danse
Texte : Gérard Henry
Josef Nadj : Il n'y a plus de firmament
En janvier 1999 le Hong Kong Art Festival présentait le Woyzek de Josef Nadj, directeur du Centre chorégraphique d'Orléans. Cette année le New Vision Festival invite Il n'y a plus de firmament, un spectacle en compagnie
du danseur mythique Jean Babilée, à la frontière du théâtre et de danse, inspiré par deux grands disparus : le peintre Balthus et le poète et grand homme de théâtre Antonin Artaud.
« A l'automne 2000, j'ai eu l'occasion, avec mon ami poète Otto Tolnaï, de rendre visite à Balthus dans son chalet, en Suisse. Nous avons passé un bon moment dans son atelier où j'ai pu réaliser quelques photos de lui. Otto Tolnaï posait des questions sur Rilke et René Char, moi je voulais le questionner sur Artaud. Mais, comme s'il avait pressenti ma question, en levant les yeux vers le haut, et en souriant, il a commencé à évoquer son plus cher ami : “Très peu de gens savent qu'il a fait une terrible chute dans un escalier, où il s'est cogné la tête, et que tout son manifeste sur le Théâtre de la cruauté a été écrit après sa chute” . Quelques mois plus tard, peu de temps avant sa mort, je lui ai rendu visite de nouveau avec Michel Archimbaud (…) en nous quittant, il s'est tourné ver moi et m'a dit : “Josef Nadj, n'oublie pas mon ami Artaud, très important...”
« En sortant de chez lui, j'ai commencé à potographier la façade de la maison, lorsque j'ai aperçu, sur le paillasson devant la porte, la tête d'un cheval. J'ai l'ai prise en photo. De retour en France, j'ai acheté l'œuvre complète d'Artaud et j'ai commencé à la lire par le 26ème et le dernier tome. A la page 23, je suis tombé sur cette phrase : “Or moi, Artaud, je me sens cheval et non homme”. Depuis ce moment, comme un fil tendu entre le tableau de Balthus et la poésie d'Artaud, je revisite Rilke, Zhuang Zi, le Japon, l'Italie, l'Irlande… Je relie ces espaces comme une araignée, je tisse un labyrinthe dans lequel naît le spectacle… » Josef Nadj
Créée en 2003 au théâtre Vidy-Lausanne en Suisse, Il n'y a plus de firmament, nous plonge à nouveau dans le monde étrange et mystérieux de Josef Nadj. Cette fois ce ne sont plus Beckett, Büchner ou Kafka qui l'inspirent, mais Artaud et Balthus. Il déroule sous l'œil de deux énormes têtes en fond de scène, un ballet d'acrobaties, de cirque, de théâtre muet : livre d'images qui se déroulent dans ce qui semble être le cadre d'un tableau géant, tableau à la façon de Nadj, peuplé de trappes, de portes qui s'ouvrent et se ferment, engloutissant les danseurs. Sur scène un tableau représentant un cheval incarne un mauvais esprit, est-ce le cheval-Artaud ? On retrouve ces hommes noirs à chapeau qui hantent son œuvre et cette imagination prodigieuse qui puise dans une culture et littérature est-européenne.
Mais l'extraordinaire est la rencontre avec une « légende vivante », un « trésor national » comme diraient les Japonais, le danseur Jean Babilée qui, à plus de 80 ans, remonte sur scène pour Josef Nadj. Jean Babilée, fameux pour son interprétation du Jeune homme et la mort de Jean Cocteau mis en scène par Roland Petit en 1949 ne danse plus que par plaisir. Babilée sera à Hong Kong mais malheureusement pas son partenaire à la première de la pièce, l'acteur et metteur en scène japonais Yoshi Oida, vieux partenaire de Peter Brook, qui sera remplacé par Mariko Aoyama. La danseuse chinoise Jing Li, sera quant à elle, présente.
Josef Nadj est un homme à la curiosité toujours en éveil. Lorsqu'il était à Hong Kong en 1999, il était venu un dimanche après-midi à l'Alliance Française chercher tous les anciens numéros de Paroles dont il avait découvert un exemplaire dans sa chambre d'hôtel. Il voulait savoir ce que les artistes hongkongais peignaient, sculptaient, rêvaient… Il avait particulièrement aimé l'œuvre du peintre Wong Yan Kwai. Chorégraphe, écrivain, peintre, Nadj a un parcours peu ordinaire. Né à Kanjiza en Voïvodine serbe dans le nord de l'ancienne Yougoslavie dans une famille d'origine hongroise et paysanne, il veut devenir peintre et étudie aux Beaux-Arts de Novi Sad puis à l'université d'Histoire de l'art de Budapest. Mais il y découvre le théâtre : « J'ai senti que s'exprimer avec le corps était une chance unique. J'aimais la mémoire qu'on développe sur scène, le rapport à l'œuvre qu'on crée dans le temps, qui est l'inverse d'une œuvre figée, comme la peinture, l'écriture. J'avais la possibilité de vivre autrement tout en rassemblant mes centres d'intérêts : le visuel, les images, mais aussi la musique. Car créer une séquence de danse, c'est créer de la poésie ». Nadj commence à fréquenter les cours d'un théâtre amateur puis sur les conseils d'un de ses professeurs va tenter sa chance à Paris où il arrive en 1980 à l'âge de 23 ans. C'est là qu'il découvre le monde de la danse contemporaine. Sa première création, Canard pékinois, va enthousiasmer les foules. En 1996, ses deux spectacles Le cri du caméléon et Les commentaires d'Hababuc, allaient le sacrer au festival de théâtre, « Prince d'Avignon ». En 1997 Woyzek est un succès mondial. Josef Nadj crée son propre chemin entre le théâtre, la danse, le mime, la poésie, les arts visuels et les arts martiaux. Il soulève à chacun de ses spectacles des questions existentielles qui touchent le spectateur de toutes cultures. Le spectacle présenté dans le New Vision Festival avec le soutien de Pro Helvetia Suisse est inclus dans le programme « Switzerland greets Hong Kong » organisé par le Consulat suisse de Hong Kong.
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舞蹈
約瑟夫.納殊:蒼穹的終端
一九九九年一月,香港藝術節向香港觀眾介紹了約瑟夫.納殊的《J錫傳》。約瑟夫.納殊現任奧里昂舞蹈中心的總監。今年,新視野藝術節請來的表演節目是《蒼穹的終端》,一起來港演出的還有戲劇界與舞蹈界的傳奇人物尚.巴比萊,這表演的創作靈感來自兩位已不在人世的偉大藝N家:詩人兼劇場始創人亞圖及e家巴爾圖斯。
二零零零年的秋天,我有機會與友人Otto Tolnaï一起往瑞士,到巴爾圖斯的別墅中探望他。我們在他的工作室渡過了愉快的時光,我還為他拍攝了一些照片。Otto問了一些有關里爾克和雷里.夏爾的問題,而我卻想問他有關亞圖的事情。但他似乎預感到我要問些甚麼,他抬高眼睛,微笑著開始談及他最親愛的這位朋友:‘很少人知到他曾經從樓梯上掉下來,還撞傷了頭部,而他在《殘酷的戲劇》中所作的宣言全是在這次跌傷之後寫的'。幾個月後,在巴爾圖斯死前不久,我再次與Michel Archimbaud一起去探望他(……),在我們離開前,他轉身向著我並對我說:‘約瑟夫.納殊,不要忘記我的朋友亞圖,很重要的……'
〝在離開前,當我開始拍攝屋的外貌,我發現門前的擦鞋墊上有一個馬頭的圖案。我拍了一張照片。回到法國後,我買了亞圖的作品全集,並由第二十六集,即最後一集開始閱讀。讀到二十三頁的時候,我看到了這樣的一句句子:‘而我,亞圖,我感覺自己是馬不是人'。由那時起,在巴爾圖斯的畫作與亞圖的詩句之間就像拉著了一條線,我再次神遊於里爾克、莊子、日本、意大利、愛爾蘭……之間,像一隻蜘蛛般用網把這些人或地連接起來,而這作品就是在我編織出來的迷宮中誕生的……〞──約瑟夫.納殊
二零零三年在瑞士洛桑劇場創作的《蒼穹的終端》再次把我們帶進約瑟夫.納殊那奇異古怪的世界。這次為他提供創作靈感的不再是貝克特、布克納或卡夫卡,而是亞圖和巴爾圖斯。他在觀眾眼前展開兩顆巨型的頭顱作為舞台背景,演出混合了雜耍舞蹈、馬戲、默劇的元素:如畫冊般,一幅幅畫像在一個看來像巨型的畫框內展現,這畫隨納殊的心意創作,開開合合的活門或大門把舞者們吞噬。舞台上有一幅馬的畫像,那是邪靈的象徵,莫非它就是馬兒-亞圖?我們再次看到那些經常在納殊的作品中出現的帶帽黑衣人,還有他自東歐文學中汲取靈感的超凡想象力。
但最妙的還是有機會一睹被日本人譽為〝國寶〞,有〝活生生的傳奇〞之稱的舞蹈家尚.巴比萊的迷人風彩,已超過八十歲高齡的尚.巴比萊為約瑟夫.納殊再次踏上舞台,一九四六年,他憑藉在洛朗.佩蒂改編尚.克多的作品《少年與死神》中的精彩演出而一舉成名,現時他只會為興趣而舞蹈。巴比萊將會來港參與演出,只可惜他的日籍老拍擋,演員兼導演Yoshi Oida卻未能參與這節目的首晚演出,她的角色將由青山真理子代替。華裔舞者李菁也有份參與演出。
約瑟夫.納殊有著濃厚的好奇心。當他一九九九年來港時,曾在某個星期天的下午來到法國文化協會,因為他在酒店房間發現一本《東西譚》,所以前來搜集之前出版的所有期數。他想知道香港的藝術家是畫些甚麼,雕刻些甚麼,夢想的又是甚麼…… 他尤其喜歡黃仁逵的畫作。既是編舞家、作家兼畫家的納殊有著不尋常的人生歷程。他在前南斯拉夫北部卡尼扎的一個原籍匈牙利的農民家庭中出生,他原本希望成為畫家,先在諾維薩德美術學院攻讀,之後轉往布達佩斯大學修讀藝術史。但在那裡他發現了戲劇:〝我發覺到能用身體表達是很難得的機會。我喜歡在舞台上培養出來的記憶,還有那一刻與作品所產生的關係,這一點與靜止不動的作品,如畫作或文字剛好相反。我有機會過另一種形式的生活,同時又可以將我所有興趣結合起來:視覺、圖像、還有音樂。因為創作一組組的舞步,即是創作詩歌〞。
納殊開始到一家業餘戲劇社上課,後來聽從了其中一位教授的建議到巴黎碰碰運氣,並於一九八零年他二十三歲那年抵達巴黎。在那兒他發現了現代舞蹈的世界。他的第一個舞蹈作品《北京填鴨》風靡了巴黎的觀眾。一九九六年,他的兩齣作品《Le cri du caméléon》和《Les commentaires d'Hababuc》讓他在阿維尼翁戲劇節中當上〝阿維尼翁王子〞的殊榮。一九九七年的《胡錫傳》取得了世界性的成功。約瑟夫.納殊在戲劇、舞蹈、默劇、詩歌、視覺藝術及武術之間開創了一條屬於他個人的道路。他每次的演出都會帶出一些有關生命的問題,而這些問題對任何文化的觀眾都有影響。
是次在新視野藝術節中的演出是由瑞士文化基金會Pro Helvetia贊助,屬於瑞士駐港總領事館舉辦的〝瑞士向香港致意〞的其中一個節目。
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