Art contemporain chinois
Texte : Gérard Henry

Quand Moganshan Lu ouvre ses portes…

De même que Pékin a Dashanzi et 798, un village d'artistes installé sur un ancien site industriel, Shanghai a son Moganshan Lu, numéro 50, un ensemble de vieux entrepôts bordant la rivière Suzhou, reconvertis en ateliers d'artistes et en galeries d'art. Un endroit vibrant d'activité qui, profitant des nombreux visiteurs étrangers venus pour l'ouverture de la Biennale, avait grand ouvert ses portes.

Si le village d'artistes de Dashanzi à Pékin installé dans un ancien complexe industriel construit par les Allemands de l'Est le long d'allées arborées a du style et une véritable élégance architecturale (voir Paroles Sept/Oct 2004), Moganshan Lu est au contraire un ensemble d'entrepôts industriels entassés les uns contre les autres sans aucune vision architecturale. C'est en quelque sorte au bord de la rivière Suzhou, la dernière ancienne rue existante. Au-delà se dresse une jungle de tours en construction. On découvre d'ailleurs à Moganshan Lu, alternant avec les ateliers et les galeries, des dortoirs aux conditions sanitaires minimales surpeuplés d'ouvriers migrants, part de cette énorme population flottante chinoise originaire des campagnes qui construit la Chine de demain. La coexistence de cette population déshéritée et de cette communauté artistique marginale est d'ailleurs frappante.

Moganshan Lu semble d'ailleurs plus dominé par les grandes galeries d'art contemporain chinois de Shanghai que par les ateliers d'artistes eux-mêmes. Des gens comme le peintre Ding Yi y ont cependant installé leur atelier. Ils côtoient photographes et studios de design qui ont aussi leurs espaces d'expositions.
On retrouve ici la galerie phare de Shanghai, ShanghART, fondée par la Suisse Lorenz Helbling à Fuxing Park qui dispose là d'un petit café et de deux très grands espaces, l'un un entrepôt où avait lieu un soir de la biennale un grand dîner, l'autre un immense hangar où il exposait des installations monumentales de Shi Yong (The Heaven - The World). C'est dans les années 96-97 à Shanghai, la galerie pionnière de l'art contemporain chinois. On y voit d'ailleurs beaucoup des artistes chinois connus internationalement et montrés également à Hong Kong à Hanart TZ gallery. Suivront ensuite d'autres galeries installées aussi sur de grands espaces, Art Scene China, autrefois à Hong Kong dans le quartier de Lan Kwai Fung, et Eastlink, la galerie de Li Liang qui présentait une exposition internationale « Matchmaking at Suzhou Creek ».

L'un des piliers de Moganshan Lu est le BizArt Art Centre, un espace artistique très actif animé par l'Italien Davide Quadrio depuis fin 1999 qui, d'une structure « underground », est devenue une institution culturelle essentielle à la scène artistique de Shanghai. Installé à la fin de 2002 à Moganshan Lu, BizArt fait partie du réseau international des espaces artistiques indépendants, organise des résidences d'artistes et offre une plate-forme de services aux artistes ou organisations désireuses de créer un événement culturel. Durant la biennale BizArt a ainsi été l'opérateur à la biennale de l'installation vidéo en plein air des Français N+N Corsino et dans l'Année de la France en Chine, de l'exposition de vidéos d'artistes français montée par Michel Nuridsany, Fraîcheur de vivre, dans le quartier de Xin Tian Di.
Moganshan Lu abrite aussi de petites galeries assez dynamiques, comme Vangard Gallery qui donne sur la rivière Suzhou et présentait les installations du Coréen Cha Joo Man, ou ARTSEA Studio and Gallery qui célèbre en ce moment par une exposition d'œuvres contemporaines un objet ancien et très populaire indispensable de la vie quotidienne chinoise, le tabouret (xiao dengzi) !

Le lieu attire également des artistes d'autres régions de Chine loin des circuits de l'art contemporain, par exemple du Yunnan, qui veulent profiter de l'afflux de visiteurs pour faire connaître leurs œuvres. Ils louent collectivement un espace où ils exposent leurs œuvres, se ménageant dans un coin une sorte de cabane équipée d'un lit et d'un réchaud où, à tour de rôle, pour une période de quelques mois, l'un d'eux s'installe pour tenir la galerie.

Il est évident que le lieu attire les touristes les plus curieux qui dans ce labyrinthe d'ateliers, de galeries, d'entrepôts et de dortoirs vivent de petites aventures et quelques sensations fortes.

中國當代藝術

莫干山路

如北京的大山子和798工廠,一個舊工業區被改建成一座藝術村,而上海則有莫干山路五十號,一批位於蘇州河畔的舊貨倉改建成藝術工作室及畫廊。這生氣勃勃的地方藉著無數外國人前來出席上海藝術雙年展的開幕這大好良機,也在同一時間舉辦開放日。

北京大山子藝術村的建築物原本是一些由東德的建築師建造的廠房,四週環境優美綠樹林蔭,建築風格優雅獨特(請參閱上一期《東西譚》),然而,上海的莫干山路卻完全相反,是一堆堆完全沒有任何建築美感可言的工業倉庫。莫干山路也可以說是位於蘇州河畔,是該區剩下來最後的一條老街。較遠處是無數正在興建中的摩天大樓。此外,我們在莫干山路的工作坊和藝廊之間還發現一些外勞宿舍,這些宿舍只有最基本的衛生設施,而且十分擠逼。外勞是中國一批為數眾多的流動人口,最初是為了建造明日的中國這運動而衍生的。這批貧窮的人與邊緣藝術社群一同在這裡並存實在使人感到意外。

還有,莫干山路似乎是由上海的大型當代藝術畫廊主導多於藝術家他們自己。然而,也有人如畫家丁乙般在那兒開設工作室。與這些工作室為鄰的是一些附設展覽空間的攝影室或設計廊。上海藝術畫廊中的表表者香格納畫廊在這裡也有開辦,這畫廊由瑞士人 Lorenz Helbling 在復興園創辦。莫干山路的這一間還設有咖啡座和兩座大型倉庫用作展覽空間,雙年展期間曾在其中一座倉庫內舉辦晚宴,另一座則展出了施勇的巨型裝置作品 (The Heaven - The World) 系列。九六至九七年代的上海,這畫廊是介紹中國當代藝術的先驅。畫廊內也同時看到不少國際知名的中國藝術家的作品,其中有很多曾在香港漢雅軒展出。繼而有其他的畫廊,如之前曾出現在香港蘭桂坊的藝術景畫廊,東廊藝術和李樑的畫廊(當時正展出一個名為〝Matchmaking at Suzhou Creek〞的國際展覽)。

上海比翼是莫干山路的中流砥柱之一,這藝術空間由意大利人 Davide Quadrio(中文名樂大豆)主持,自一九九九年底創辦以來一直非常活躍,這原本是〝地下〞的組織現已成為了上海藝壇中一個重要的文化機構。上海比翼於二零零二年底遷往莫干山路,它是一個國際性獨立藝術空間的網絡之其中一份子,專門策劃藝術家外駐計劃,並為一些想舉辦文化活動的藝術家或機構提供服務的平台。在藝術雙年展期間,上海比翼為法籍藝術家 N+N Corsino 負責露天錄像裝置的操控,此外,法籍藝術家Michel Nuridsany在新天地舉辦,屬法國文化年的其中一項活動之錄像展覽〝鮮‧活〞是由他們負責。

莫干山路也有一些規模較小但頗具活力的畫廊,如對正蘇州河的 Vangard Gallery,它展出了韓國藝術家Cha Joo Man的裝置作品,又或者藝思工作坊及畫廊,現時,這畫廊正舉辦一個當代作品展,而主題卻是一種既古老但又非常普遍,而且中國人日常生活中不可缺少的用品:小櫈子。

莫干山路同時也吸引了其他遠離當代藝術圈子的地區的藝術家到來,例如雲南省的藝術家,他們希望借助大量參觀者前來的機會讓自己的作品得以為世人所認識。他們共同租用一個展覽場地集體展出作品,而展場的一角則間隔成一小房間,設有一床和煮食爐,在幾個月的租用期內,他們輪流派一個人住在場內看管。

這地方明顯吸引了一些好奇心重的旅客,他們在這些如迷宮般的工作室、畫廊、貨倉和宿舍之間穿梭時或會碰到小小的奇遇。