Photographie
Texte : Gérard Henry
« Guangzhou photo Biennal 2005 » Nouveaux regards sur la cité
La première biennale internationale de photographie de Canton a ouvert ses portes le 18 janvier dernier au Guangdong Museum of Art, le musée d'art contemporain dirigé par Wang Huangsheng qui organisa avec grand succès la Triennale d'art contemporain en 2002. Elle présente sur un thème intitulé « nouveaux regards sur la cité » les œuvres de plus de 50 photographes chinois et étrangers auxquelles s'ajoutent cinq expositions de groupe spécialement invitées : « Paris des photographes » du centre Pompidou, « Western Time Eastern Time » d'Israél, « Lights of France », « Architecture on the Move » et « Tangophoto ».
Cette première biennale photo de Canton sous le patronage du musée rentre également dans le cadre de l'Année de la France en Chine. Elle est l'œuvre pour l'expo principale de deux commissaires chinois et d'un commissaire français qui ont travaillé de concert. Le Français, Alain Jullien, photographe mais aussi connaisseur de la photographie chinoise, a fondé en 2001 le Festival International de la photo de Pingyao dans la province du Shanxi et a organisé de nombreux échanges avec la Chine. Le commissaire principal pour la photographie chinoise, le professeur et critique d'art Gu Zheng enseigne l'histoire de la photographie à l'Université Fudan de Shanghai et est l'un des auteurs les plus reconnus sur la photo en Chine. Son commissaire associé est un photographe de Canton, An Ge, un homme de terrain dénommé affectueusement le « Père » de ce qu'on appelle « l'école de Canton ». An Ge est de cette génération issue de la Révolution culturelle envoyée dans les campagnes chinoises, C'est un homme d'une chaleur et d'un enthousiasme débordant qui a aidé la jeune génération des photographes cantonais et qui a d'ailleurs travaillé quelques années à Hong Kong en tant que photographe au début des années 90. Sa dernière exposition à l'automne 2004 à Shanghai Vivre les années Deng Xiao Ping relatait avec un œil sensible le quotidien chinois de cette époque.
Canton, vieille ville révolutionnaire chinoise, est peut-être le meilleur endroit pour cette biennale. Moins à la mode dans le domaine culturel que Shanghai et Pékin et souvent délaissée par les « amateurs d'art chinois », elle est par tradition plus ouverte sur l'étranger et, loin du pouvoir centralisateur de Pékin, elle jouit d'une presse plus audacieuse et plus libre également que les autres villes chinoises. C'est aussi une ville méridionale de culture cantonaise chinoise fort éloignée de la mentalité nordique. Son musée d'art contemporain est l'un des meilleurs de Chine. Il est d'ailleurs en train de constituer une collection importante de photographie chinoise.
Le thème choisi « Re(-)viewing the City » laissait libre champ aux commissaires pour leur choix. Dans la Chine en plein développement, la campagne est oubliée, on ne voit que terre éventrée, qu'horizons hérissés de grues, qu'immenses développements de verre et de béton. Cet horizon devenu international et banal crée de nouveaux modes de vie totalement urbanisés qui se reflètent autant dans les comportements que dans les rêveries des habitants et bien sûr dans les œuvres photographiques.
Gu Zheng voit la métropole moderne à la fois comme une expérimentation sociale massive et un stimulant pour tous les sens humains qui a dans le même temps enrichi la créativité culturelle humaine et engendré un état de solitude et d'aliénation illimité : « Cela pose le problème de la représentation visuelle du social, du politique, de l'économique et du culturel, tout en créant un espace de dialogue entre le passé et le présent, entre une cité particulière et toutes les cités du monde. » La biennale tente donc de montrer dans ses quatre sections ces nouvelles représentations de la cité, exposant côte à côte photographes chinois et étrangers.
Cités de rêve et de mémoire urbaine
C'est sous l'égide du rêve qu'ouvre la première section de la biennale. La ville grandiose, lointaine, imaginée entièrement, comme Brasilia, la cité de Le Corbusier, ou la ville vidée, fenêtres béantes, silencieuse comme Beyrouth, ce sont les histoires de cités de René Burri (1933, Suisse). Shao Yinong (1961, Qinghai) et Muchen (1970, Liaoning) racontent l'Histoire de la Chine par les façades muettes de larges édifices solennels aujourd'hui désaffectés ou oubliés. Les jeunes filles de Weng Fen (1961 Hainan), jambes tendues derrière un mur, contemplent la cité de loin comme un ailleurs inaccessible. D'autres photographes s'intéressent plus à ses habitants. Lisette Model (1901-1983 Autriche / France / Usa) saisit la misère, le rejet de l'homme dans la rue, alors que Hai Bo (1962, Jilin) dans une longue série de petites photos offre un condensé des manifestations amoureuses dans la cité. Hong Hao (1965, Pékin) met en scène le portrait-robot de l'homme à succès prôné par les médias dans l'environnement d'une société ou règne le consumérisme. Wang Gingsong recrée des mises en scène photographiées pour montrer l'envers de la ville, la classe miséreuse qui la construit. Xing Dawen (1967 Xi'an), plus poète, photographie des maquettes de ville, et elle s'y projette dans une vie de citadine imaginaire.
La signifiance de scènes mises en perspectives
La cité vit, se développe et évolue dans des directions parfois opposées à celles imaginées, créant des espaces qui n'existeront qu'à un temps donné et que le photographe met dans une perspective unique. Zhu Hao, souligne des petits espaces urbains saturés de couleurs (espaces publicitaires, graffitis, objets abandonnés) que nous côtoyons chaque jour. Hong Lei (1960, Jiangsu) ressuscite, comme de lointains souvenirs d'une culture lettrée ancienne, les jardins traditionnels chinois, qui apparaissent dans ses photos comme des lieux déserts ou hantés, où n'apparaît plus aucun signe de vie. On trouve dans cette section de grands photographes tels que le Japonais Daido Moriyama (1938, Osaka), le Polonais Konopka (1953), l'Américain Edwart West (1949, New York) dont le magnifique travail sur les ombres est un des plus beaux de cette biennale. Autre particularité de cette section, les séries documentaires : Luo Yongjin (1960, Pékin) photographie les résidences des nouveaux riches de Hangzhou, tandis que Hu Yang (1959, Shanghai) nous donne un tableau complet des familles shanghaiennes dans leur intérieur.
Marginalité et dissimulation : la cité en tant que réalité
Les commissaires dans cette partie ont mis l'accent sur la photographie documentaire, souvent oubliée des expositions de photographie contemporaine et chassée des magazines qui préfèrent la mode et le design, mais qui n'en reste pas moins très vivante aujourd'hui. On y rencontre plusieurs français : Marc Ribout (1923, Lyon) avec deux séries sur la ville de Leeds à 50 ans d'intervalle, Christian Poveda ( 1955, Paris) un travail sur un gang de jeunes tatoués de l'Amérique centrale, François Fontaine (1968, Paris) sur les Sans Terre, les Fleurs de la Nuit à Madrid, et de nombreux Chinois intéressants comme le travail de Zhang Xinmin (1952, Sichuan) sur les paysans immigrés dans les villes et de Zeng Yicheng (Guangdong 1975) sur les délaissés de la société.
La vue des flâneurs
Le dernier volet de la Biennale est consacré selon les mots des organisateurs à ces photographes flâneurs dont l'inspiration vient au gré des pas et des rencontres dues au hasard. La réalité de l'exposition est autre car il s'agit pour beaucoup de travaux pensés et non dus au hasard. Mo Yi (1958, Tibet) adopte le point de vue supposé du chien dont la vue s'arrête au niveau du mollet ou de la roue de bicyclette. Han lei (1967, Henan) montre notre décor banal et quotidien avec une telle indifférence qu'il nous paraît soudain mystérieux et étranger. Il y a dans cette section également de très bons photographes français ou vivant en France dont les travaux ont rarement été montrés en Asie : les photos de Caracas de David Damoiseau (1963, Malakoff), Claude Dityvon (1937, La Rochelle) qui arpente les rues avec un air de jazz dans l'objectif, Elliott Erwitt (1928) et sa série des Mains magiques, et Jean Pierre Favreau (1940, La Rochelle), le photographe des villes du monde avec qui, dit Alain Jullien, « nous sommes voyageurs des bordures, des franges, aux frontières du clair et de l'obscur. »
Il y a donc dans cette biennale beaucoup de choses intéressantes. On remarque évidemment un certain déséquilibre entre les travaux des photographes étrangers et ceux des Chinois, pour la raison que les premiers de très haute qualité photographique sont pour beaucoup des artistes plus âgés, confirmés et connus internationalement et que les seconds sont pour la plupart très jeunes et que s'ils fourmillent d'idées, ils n'ont point toujours la maturité ou la profondeur pour aller au-delà. Mais la biennale qui a lieu en trois endroits vaut une visite et l'on attend le catalogue non encore achevé. A noter que l'exposition invitée « Paris des Photographes » de la collection du Centre Pompidou sera en mai au Musée d'Histoire de Hong Kong.
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攝影
廣州國際攝影雙年展:城市‧重視
第一屆廣州國際攝影雙年展剛於一月十八日在廣東美術館開幕,而美術館的館長王璜生正是二零零二年取得極大成功的當代藝術三年展之籌組人。這攝影雙年展的主題名為〝城市.重視〞,介紹了五十多位中、外攝影家的作品,此外,更為一些特別邀請參展的團隊加插五個不同主題的特別展:〝攝影師眼中的巴黎〞- 龐比度中心攝影藏品展、〝西方時間.東方時間〞-以色列攝影作品展、〝法國之光〞、〝運動中的城〞及〝Tangophoto〞等。
這第一屆廣州攝影雙年展得到廣東美術館的贊助,同時亦是中國的法國文化年之其中一項活動。這雙年展的主要展覽是由三位策展人:顧錚、安哥(中國)及阿蘭.朱利安(法國)共同策劃。本身是攝影家的阿蘭.朱利安同時對中國攝影也很有研究,曾於二零零一年在山西省的平遙縣成立了國際攝影節和舉辦多次中法交流會。負責中國攝影部份的主策展人顧錚是教授兼藝術評論家,在上海復旦大學教授攝影歷史,他同時亦是中國其中一位最著名的攝影評論作家。另一位策展人是廣東攝影家安哥,他事事身體力行,朋友都喜歡親切地稱他為〝廣東派〞攝影的〝大哥大〞。安哥在文革期間曾被下放到鄉間勞改,他為人熱情豁達,在廣東曾經培育了不少年輕的攝影工作者,他在九十年代初以攝影家的身份曾來港工作數年。二零零四年的秋季,他在上海舉辦的最新展覽〝生活在鄧小平時代〞以細膩感人的角度表達了那個年代的中國人的日常生活。
在廣東這革新的古老城市舉辦這雙年展可能是最理想的地方。在文化方面,它沒有上海或北京那麼聞名,所以很多時被〝中國藝術愛好者〞所忽略,傳統上它對外較為開放,且遠離北京中央政府,傳媒的言論比較其他中國城市大膽和自由。而且這南方城市的廣東文化與北方人的文化也有很大的距離。它的當代藝術館是中國最優秀的藝術館之一。這藝術館還正在大量採集中國攝影作品的收藏。
雙年展的主題〝城市.重視〞讓策展人有廣闊自由的選擇空間。中國正在蓬勃發展,農村已被遺忘,到處可見的都是挖掘土地,起重機林立,建造中的石屎和玻璃摩天大樓。這些變得國際化和平庸的城市景觀衍生出一些完全都市化、全新的生活模式,而這些模式可從居民的行為和思想中得到反映,當然,也從攝影家的作品中表現了出來。顧錚認為〝都市既涉及巨大的社會實驗,有刺激各種人類感性;它既豐富人類的精神文化創造,又陷人於無窮的孤獨與昇化;它既事關當代社會的社會、政治、經濟與文化的視覺再現問題,也同時創造出一種從當下與人類的過去和未來、從各自所在的城市村落與地球上不同的城市村落展開對話的可能性。〞因此,是次雙年展嘗試透過四個不同部份,將中、外攝影家的作品並排展出來揭示這些城市的新面貌。
夢想城市與城市記憶
雙年展就在夢想下展開第一部份的序幕。如建築師Corbusier設計的巴西利亞,一座遙遠、壯麗、完全虛構的城市,又或者如勒內.布里(1933,瑞士)的照片中描述的城市故事:空無一人、窗戶大開、死寂的貝魯特。邵逸農(1961,青海)與慕辰(1970,遼寧)的《防震裝置》,貼在玻璃窗上的〝米〞字型條子是用來保護人們免受玻璃因爆炸等引起的震動而崩裂所造成的傷害。翁奮(1961,海南)的女孩子站在一矮牆背後遙望著遠方的城市,似乎那兒是一處遙不可及的地方。其他的攝影家對城市的居民較有興趣。莉賽特.莫德爾(1901-1983,奧地利/法國/美國)捕捉了被遺棄的街頭流浪漢的悲苦,而海波(1962,吉林)在一系列小型照片中描寫都市中的一雙雙情侶。洪浩(1965,北京)塑造了消費主義浪潮下的成功人士之標準像。王慶松(1966,湖北)用照片重現都市背後貧窮的一面。邢丹文(1967,西安)的作品較有詩意,她拍攝城市的模型,並把它們投映在想象中的市民之上。
景觀的意義
城市的成長和發展方向有時會與人們的想象背道而馳,因而造成一些空間的出現,而這些空間只會在特定時間,在攝影師所特定的角度中出現。朱浩將都市中一些人們每日接觸到的、充滿色彩的小小空間(廣告空間、壁畫、被遺忘的物件)突顯出來。洪磊(1960,江蘇)透過照片中那些了無人煙、幽閉的傳統中國園林景色來喚起古代的士大夫文化。在這部份的展覽中我們可以看到一些偉大攝影家的作品,如日籍攝影家森山大道(1938,大版)、波蘭攝影家波格坦.克諾普卡(1953)、美國攝影家愛德華.韋斯特(1949,紐約),他的《陰影中》系列作品可說是雙年展中最精采的了。這部份的另一個特點就是紀錄攝影系列:羅永進(1960,北京)拍攝了杭州富裕居民的住宅,而胡楊(1959,上海)介紹了上海人的家居生活。
邊緣與昇化:城市作為現實
在這部份,策展人將重點放在紀錄攝影上。在當代攝影展覽中,紀錄攝影經常被人遺忘,而報刊雜誌也為了刊登時裝或設計的照片而捨棄紀錄攝影,雖然如此,但紀錄攝影在今天仍十分受歡迎。這部份可以看到幾位法國攝影家的作品:馬克.呂布(1923,里昂)展出兩組利茲市由五十年代到二零零年代的照片;克里斯蒂昂.普韋達(1955,巴黎)以中美洲一群身上刺滿紋身的年青人為主題;弗朗索瓦.方丹(1968,巴黎)以馬德里的夜之花為拍攝對像,此外,有不少中國攝影家的作品也很有趣味,如張新民(1952,四川)描寫農民向城市的遠征,還有曾憶城(1975,廣東)捕捉了被社會遺棄的一群。
遊走者的視線
根據雙年展主辦者的話,這最後的一部份是特別獻給四處遊蕩的攝影家,他們的靈感隨著腳步的帶領及偶然的相遇而引發。一般來說,展覽會的實際情況是不同的,因為很多作品都是經過深思熟慮,並非偶然出現。莫毅(1958,西藏)以狗隻看事物的角度來取景,因而景物都不會超過腳踏車車輪的高度。韓磊(1967,河南)以莫不關心的手法將我們日常所見,平平無奇的景象顯示出來,這一來,這些景象突然變得神秘和古怪。這部份也展出了一些在法國居住,很出色的法國攝影家的作品,而他們的作品很少有機會在亞洲看到:大偉.戴莫森(1963,馬拉科夫)拍攝加拉加斯的照片;克羅德.蒂提翁(1937)腦子一邊響著爵士樂的旋律,一邊在街上拍照;艾略特.厄危特(1928,巴黎)以一系列魔手作主題,而讓.皮埃爾.法羅夫(1940) 是一位遊走於世界各大城市的攝影家。
這次雙年展實在有很多值得欣賞的東西。我們明顯地發現在中、外攝影家之間的水準出現不平均的現象,理由是因為前者當中有大部份仍十分年輕,滿腦子都是概念,但很多時沒有足夠的經驗或深度來賦諸行動,而後者大部份是年紀較長,已聞名國際的資深攝影家,他們的作品質素有很高的水準。但無論如何,這次雙年展分別在三個地方進行,實在很值得到場參觀。此外也必須一提,特別展〝攝影師眼中的巴黎-龐比度中心攝影藏品展〞將於五月移師香港歷史博物館中展出。
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