Cinéma
Texte : Gérard Henry

Le Festival international du Film de Hong Kongdéploie ses ailes

Pour sa 29ème édition, le Hong Kong International Film Festival (HKIFF) qui vole maintenant de ses propres ailes après avoir longtemps été sous la coupe du gouvernement, tente de conquérir un nouveau public, plus populaire, et d’inviter les stars du cinéma local à ses manifestations. Car qui dit stars, dit média, qui dit média dit sponsors, et de ceux-ci, le festival a grand besoin, précise Li Cheuk To, le directeur artistique du Festival, qui avec son équipe a créé une série de nouveaux événements susceptibles d’attirer vers le Festival de nouveaux spectateurs, sans oublier pour autant les habitués et les cinéphiles. La sélection internationale est de grande qualité et contient cette année une forte participation française (30 productions et co-productions dont 16 de réalisateurs français). Le programme a également changé de format et porte en couverture une photo du tapis rouge de Cannes prise par Chris Doyle, le cinématographe fétiche de Wang Kar Wei, dont le festival présente par ailleurs une installation vidéo et photo intitulée Christopher Doyle – in and out of cinema.

Le festival ouvrira avec Peacock de Gu Changwei (Chine) et The Hidden Blade de Yamada Yoji (Japon), présentera en soirées de gala House of Fury de Stephen Fong (Hong Kong), Café Lumière de Hou Hsiao-Hsien, Un long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet, Monster de Putty Jenkins, et fermera ses portes avec The World de Jia Zhangke, et Les Mots bleus d’Alain Corneau.

Une plus grande participation des vedettes du cinéma asiatique, une rétrospective de Sun Yu, le « poète du cinéma », et un hommage au maître japonais Kinoshita Keisuke.
Un des événements qui marquera le festival est la projection en première mondiale de la version digitale rénovée de Centre Stage le célèbre film que Stanley Kwan tourna en 1992. Il s’agit du « director’s cut » du film qui passe ainsi à 151 minutes. Ce film qui rassemble une brochette de stars (Maggie Cheung, Carina Lau, Tony Leung Kar Fai) est un récit de la vie tragique de Ruan Ling-Yu, actrice légendaire chinoise (1910-1935), qui se suicida dans des circonstances mystérieuses. La projection donnera lieu à une réception en présence de Stanley Kwan et de Maggie Cheung.

L’équipe de Peacock, le premier film de Gu Changwei (ancien directeur de la photo de Adieu ma concubine et de Judou) sera également présente à Hong Kong après avoir été auréolée du Grand Prix et d’un Ours d’Argent au Festival de Berlin 2005.

Comme chaque année le festival présente la récente production locale dans un « Hong Kong Panorama 2004-2005 », et l’acteur « in focus » du festival sera le Hongkongais Andy Lau à travers onze de ses films dont la trilogie Internal Affairs. Vedette en Asie du Sud-Est, Andy Lau a gagné un public occidental en jouant dans The house of flying Daggers de Zhang Yimou.

Pour les jeunes cinéphiles, amateurs de cinéma chinois, la découverte à ne pas manquer est la rétrospective de Sun Yu (1900-1990), réalisateur chinois né en 1900 à Chongqing au Sichuan. Grand amoureux de littérature et souvent dénommé le « poète du cinéma », actif de 1932 à 1960, influencé par l’esprit moderniste et démocratique du mouvement du 4 mai 1919, Sun étudia aux Etats Unis et revint à Shanghai en 1926. Ses films passionnés, parfois lyriques (Daybreak, Wild Rose, Big Road) marquent cette époque dorée du cinéma chinois.

L’autre hommage à un réalisateur disparu est la rétrospective dédiée à Kinoshita Keisuke (1912-1998), le cinéaste le plus adulé au Japon dont l’œuvre porte autant de rires que de larmes et qui fut au Japon, un pionnier de formes et de techniques cinématographiques nouvelles (Carmen comes home, The ballad of Narayama…).

Kung Fu, film d’animation et hommage à Leslie Cheng et Anita Mui sur écran géant en plein air
Le côté populaire du Festival, ce sera le cinéma en plein air sur le site du Tamar au bord de l’eau dans le quartier d’Admiralty. Le festival apporte pour la première fois en Asie un écran gonflable géant de 24 mètres sur 12 qui ne demande aucun échafaudage, mais seulement une bonne bouffée d’air. Le site pourra accueillir environ 2000 spectateurs.

Le programme de 4 jours (27-30mars) débutera avec ce qui a fait la réputation du cinéma hongkongais, le Kung Fu. D’abord la dernière superproduction de Stephen Chow, Kung Fu Hustle, puis un grand classique, Fist of Fury de Bruce Lee.

Les deux jours suivants sont en partie dédiés au réalisateur de films d’Animation, Tezuka Osamu (1928-1989), le « Walt Disney japonais », le père de Astro Boy, ainsi qu’au Danois Anders Ronow-Klarlund dont la véritable épopée royale String met en scène des marionnettes dans des décors magnifiques et a demandé 4 ans de tournage.

Ce cinéma en plein air prendra fin avec, le 30 mars à 21h45, un hommage à deux grandes vedettes de la chanson et du cinéma récemment disparues, Anita Mui et Leslie Cheung. L’année dernière, l’anniversaire, le 1er avril, de la mort tragique de Leslie Cheung avait attiré ses fans du monde entier à Hong Kong; cette année, ils pourront le revoir avec Anita Mui dans la version restaurée de Rouge, le film de Stanley Kwan de 1987.

Sarabande, le dernier Bergman en version digitale haute définition
Autre révolution, celle du cinéma digital qui se généralise autant dans les productions nouvelles que dans la restauration d’anciens films. Le Festival sponsorisé par Barco qui fournit un projecteur haute définition ( 2048 x 1080) présente Sarabande, le dernier film d’Ingmar Bergman avec Liv Ulmann annoncé aussi comme le point final de sa carrière : Un vieux couple séparé qui se retrouve, une relation tendue, à la fois tendre et épouvantable entre grand-père, père, et petite fille. On retrouve l’intensité bergmanienne et sa façon abrupte et sauvage de dénuder sans sentimentalité les relations humaines. La grande force de Bergman est d’être toujours dans l’essentiel. Le film est donc présenté selon le souhait de Bergman dans sa version digitale.

Toujours dans cette section, Peter Greenaway avec, après Moab, Utah in part I, la suite des on ne peut plus étranges aventures de The Tulse Lupper suit cases part II and III. et deux films restaurés Centre Stage de Stanley Kwan et une rareté pour le plaisir des vrais cinéphiles, la version alternative en noir et blanc du premier film en couleur japonais, Carmen Comes Home (1951) de Kinoshita Keisuke.

« Renaissance chinoise » et Cultures du Delta de la Rivière des Perles
L’un des intérêts de ce festival est de découvrir les dernières productions chinoises que l’on n’a guère la chance de voir ici à Hong Kong dans les circuits commerciaux durant l’année. La sélection propose dix films récents dont Passages (2004), un très beau film de Yang Chao qui obtint une mention spéciale à Cannes. C’est la ballade de deux jeunes citadins traversant voies ferrées et petites bourgades à bicyclette pour une cueillette de champignons rares. Promenade romantique ? Non ! Les promeneurs désillusionnés rencontrent une autre réalité marquée par l’avidité et la corruption et se perdent eux-mêmes privés d’espoir et de but. Cette renaissance chinoise recouvre des thèmes très variés tels qu’histoire d’amour à la Roméo et Juliette (A Time to Love), adultères, (Day and Night, Green Hat), ou histoires enracinées dans les splendides paysages des provinces chinoises ou du Tibet (Delamu, Kekexili : Mountain Patrol, Two Great Sheep…)

Pour célébrer cette année du centenaire du cinéma chinois, les Archives du Film de Hong Kong ont aussi mis en place un ambitieux programme intitulé « Delta de la Rivière des Perles, Film Culture, Vie » qui tente par le cinéma de dessiner un tableau de cette culture chinoise méridionale qui a pour centre Canton et Hong Kong et qui prend une ampleur nouvelle en raison du rattachement de Hong Kong à la Chine et de l’essor économique gigantesque de cette région. Le programme qui comprend 46 volets s’étend jusqu’en mai, 15 sont présentés dans le festival. Il couvre les premières images des voyageurs venus à Hong Kong, Macao et Canton en 1898 (Edison) et 1915 (Benjamin Brodsky), des films uniques sur les us et coutumes de la région, les grands classiques du Kung Fu comme la série des Wong Fei Hung, les filmsd’opéra cantonais, les co-productions entre Hong Kong et Canton, les productions des années 80 et 90 des studios « Pearl River » de Canton, des films montrant l’invasion japonaise et des vidéos de cinéastes indépendants de Canton et de Shenzhen tournés après 2002. C‘est un vrai travail de sauvetage du patrimoine de cette culture méridionale qui se différencie de celle de la Chine centrale et du nord.

Il reste bien-sûr à découvrir toute la sélection internationale, unique occasion de découvrir ces films car la majorité ne seront jamais distribués à Hong Kong, et les autres programmes de films documentaires ou de cinéma expérimental et d’avant garde.

電影

香港國際電影節展翅高飛



長久以來一直受政府支配和控制的香港國際電影節在今年的第二十九屆終於可以自由翱翔,獨立自主了,他們希望電影節能吸引更多新的觀眾和更普及化,更希望邀請一些本地的明星出席電影節的活動。電影節的藝術總監李焯桃指出,因為有明星代表有傳媒,有傳媒則代表有贊助商,而後者是電影節極之需要的。為了讓電影節能吸引新一批的觀眾,他與一班同事構思了一系列全新的活動,但同時也沒有忽略電影節的擁躉們和電影發燒友的口味。〝世界視野〞這環節的水準很高,而今年有很多法國片參與(三十部法國製作或與其他國家合作的影片,其中十六部由法國導演執導)。電影節的節目表也改變了格式,封面是資深電影工作者杜可風攝於康城的照片。這次電影節還與其它機構合辦一個《杜可風有戲》多媒體作品展覽。

電影節的開幕電影是中國導演顧長衛的《孔雀》和日本導演山田洋次的《隱劍鬼爪》;開幕禮之夜放映馮德倫的《精武家庭》(香港),頒獎禮之夜是侯孝賢的《珈琲時光》(日本);首映禮之夜包括兩部影片:尚皮亞.桑里的《美麗緣未了》(法國)和比蒂.珍姬絲的《美麗女狼》(美國);而閉幕電影則有賈樟柯的《世界》(中國)及阿倫.歌爾勞的《無語慰情天》(法國)。

更多亞洲影星的參與,電影詩人孫瑜及日本電影大師木下惠介的電影回顧
電影節的其中一個重點節目是關錦鵬於一九九二年拍攝的名作《阮玲玉》,本片經數碼修復後首度在大銀幕上以高解像度放映,而且還是足本導演版,因此片長 151 分鐘。本片有多位著名影星參與演出(張曼玉、劉嘉玲、梁家輝),內容講述中國著名女演員阮玲玉 (1910-1935) 的平生,她在離奇的情況下自殺身亡。關錦鵬與張曼玉將出席本片的一個特備酒會。

顧長衛(前擔任《霸王別姬》和《菊豆》的攝影導演)首次執導演筒的《孔雀》在二零零五年柏林影展中奪得大獎及銀熊獎,該片的工作人員將來港出席電影節的活動。

如往年一樣,電影節在〝香港電影面面觀〞這環節中介紹本地的最新電影製作,而今年的〝焦點演員〞是香港影星劉德華,一共展映他的十一部影片,其中包括《無間道 III 終極無間》。在東南亞紅透半邊天的劉德華憑著在張藝謀的

《十面埋伏》中的演出贏得西方觀眾的賞識。

年輕一輩的影癡和熱愛中國電影的人千萬不要錯過孫瑜 (1900-1990) 的電影回顧展。這位華人導演一九零零年在中國四川省的重慶市出生。他熱愛文學,有〝電影詩人〞的美譽,一九三二年至一九六○年間活躍於影壇,他深受現代思想和五四運動的影響。孫氏曾留學美國,一九二六年回到上海。他那些熱情澎湃、詩意浪漫的影片(《天明》、《野玫瑰》、

《大路》)標誌著中國電影的黃金年代。

電影節的另一個回顧展是獻給已故日本導演木下惠介 (1912-1998) ,這位電影人在日本極受推崇,是日本新派電影技術的先軀,他的電影有笑有淚(《卡門還鄉》、《楢山節考》 …… )

戶外大型銀幕看功夫片、動畫以及懷念張國榮與梅艷芳
本屆影節其中一個大眾化的節目是在添馬艦舉辦的〝光影星辰〞露天影院。全亞洲最大吹氣銀幕( 24 米闊 x12 米高)首現香江,場地約可容納二千名觀眾。

節目共分四晚放映( 3 月 27 至 30 日),由周星馳的最新超級大製作《功夫》及李小龍的經典作品《精武門》開始。之後兩晚特別介紹日本動畫大師手塚治蟲的兩部實驗動畫,以及電影史上首部提線木偶長片《扯線王子復仇記》,本片由丹麥導演盧魯卡龍花了四年時間攝製。

露天影院在三月三十日晚上九時四十五分以懷念兩位近期殞落的巨星張國榮與梅艷芳作閉幕。去年四月一日,張國榮逝世一週年紀念曾吸引了他的影迷自世界各地來港,今年他們可以透過關錦鵬一九八七年拍攝的《胭脂扣》(修復版)來重溫這兩位巨星的風采。

英瑪褒曼的壓卷作《夕陽舞曲》— 高解像數碼版本
電影的另一項革新就是數碼電影,它已普及地在新製作和修復舊片中使用。香港國際電影節獲 Barco 公司的贊助,提供 DP100 數碼放映機(解像度達 2048 x 1080 )放映英馬褒曼的最新作品《夕陽舞曲》,褒曼宣稱這部影片為他的電影事業畫上休止符,本片由莉芙.烏曼主演:故事講述一對離婚已久的年老夫妻久別重逢;是寫有關祖父,孫女及父親三人之間既溫馨但又惡劣的緊張關係。本片保持強烈的褒曼風格,他以艱澀不留情的手法將人性關係赤裸裸的暴露人前。本片這次在香港是以高解像數碼放映才有幸獲得導演本人的首肯。

在同一個環節內也放映格連納格的《流亡三部曲 2 浪蕩法蘭西》和《流亡三部曲 3 二十世紀終結篇》,兩部怪異絕倫的影片,此外也有兩部數碼修復電影:關錦鵬的《阮玲玉》和影癡們難得一見,木下惠介導演,日本首部彩色電影《卡門還鄉》之黑白版。

中國電影新天地及珠三角:電影、文化、生活
本屆香港國際電影節其中一處吸引人的地方是有機會看到平時少有機會在本地商業院線看到的中國電影。今年電影節選映了十部近期的製作,如楊超的《旅程》 (2004) ,本片在康城電影節中獲得特別表揚。內容寫一對小情人為了賺快錢,三度偷偷離家,找尋稀有的野菌,一次坐火車再乘船,一次騎單車,一次走路。若以為那是浪漫的旅程便大錯特錯了。他們發現愛情與理想的考驗是一次比一次艱險,到了最後關頭,還可能走上了不歸路。〝中國電影新地〞的選片還包括了多方面的題材,有羅密歐與茱麗葉式的愛情故事《情人結》,有關紅杏出牆的《日日夜夜》、《綠帽子》,或是有著濃厚農村和藏族色彩的《德拉姆》、《可可西里》、《好大一對羊》 …… 。

今年,為了慶祝中國電影一百週年紀年,香港電影資料館精心策劃了一個名為〝珠三角:電影、文化、生活〞的大型節目,並希望透過電影來描畫一幅富珠三角地區文化色彩的圖畫。

這環節共有四十六個放映節目,十五個在電影節期間上映,其餘的節目由四月至五月底上映。由最早期有關香港的風光紀錄片:《愛迪生短片》 (1898) 、《香港風景》 (1915) ,到經典的功夫電影《黃飛鴻》系列及粵劇片,還有一些香港和廣州合作的電影製作和廣州珠影廠於八、九十年代拍製的影片,此外,也有日軍佔領時期的紀錄片,以及一些由廣東及深圳的獨立電影人於二○○二年後製作的錄像作品。

最後當然不能忘記〝世界視野〞這環節,當中有大部份影片都不會在香港發行,所以只能在電影節期間有機會欣賞。此外,也有其他的節目如紀錄片、實驗電影和前衛電影的專輯。節目由三月二十二日至四月六日分別在十個不同場地放映,票價由$30至$55。