Photographie
Texte : Gérard Henry

Michelle Maurin : « Fenêtre sur Hong Kong »

Si j'avais une matière, un métal pour décrire ce qui m'entoure ce serait le mercure, car il ne se mélange à aucun corps étranger. Image d'une architecture nouvelle, symbole de la complexité du monde et de son organisation structurelle, Hong Kong, vue d'extérieur ne laisse pas supposer la complexité du système qui y règne et son agitation interne ». Anouk

Cette phrase prononcée par Anouk, qui accompagna sa mère, la photographe Michelle Maurin, lors d'un passage à Hong Kong, résume leurs premières impressions de la cité. Michelle Maurin n'était pas venue pour faire un reportage sur Hong Kong, mais la ville l'emprisonna tant de ses images fortes et parfois violentes qu'elle ne put s'empêcher de sortir son appareil. Le résultat en est 30 photographies argentiques exposées de janvier à mi-mars à la galerie photo Dupif à Paris Montparnasse.Le premier regard sur une cité est toujours intrigant car il souligne l'inconnu, l'anormalité, l'étrangeté et révèle parfois la peur ou le mystère qui enveloppe les choses. Qui vit à Hong Kong sait que c'est une ville dure, qui fascine et broie en même temps, une ville où l'homme doit apprendre à survivre par lui-même, une ville d'affaires ou l'homme n'est que la cinquième roue du carrosse, une ville qui chaque mois voit disparaître sans grande émotion son lot de suicidés. Mais c'est aussi une ville au bord de l'eau, au bord d'un continent, une ville de la vitesse et du futur qui la nuit fascine le voyageur de toutes ses lumières et l'attire comme la lampe attire inexorablement les phalènes perdues dans la nuit.Michelle Maurin était désemparée quand elle a été plongée pour la première fois dans cette ville, et les images qu'elle en offre aujourd'hui sont très troublantes : Un Hong Kong entrevu au travers d'une fenêtre ou d'un rideau de chambre à peine tiré, comme si le regard même n'osait s'aventurer dans la cité presque menaçante sur l'horizon, avec ses arêtes de verre et d'acier lancées vers le ciel. Mais devant, sur le rebord de la fenêtre, il y a cet abandon d'un corps féminin, sa nudité, sa douceur et sa tendresse qui le rendent vulnérable et fragile. Et curieusement dans ce contraste extrême, tout est dit sur cette ville. Car c'est le physique, le corps lui-même seul qui en appréhendera la véritable mesure.Michelle Maurin parle de « l'isolement et la fragilité de l'individu face à cette cité futuriste. Et c'est ce corps, ajoute-t-elle, qu'on a envie de toucher et de protéger car la vie est là. » De cette cité, c'est la solitude qu'elle retient avant tout :
« On ne peut être que fasciné par cette jungle de buildings, j'ai momentanément délaissé mes sujets d'ethnobotanique pour m'offrir cette parenthèse. Incarnation de l'audace technologique humaine face aux échafaudages en bambou, Hong Kong ne fait qu'un, tellement tout est lié ensemble, et curieusement l'individu lui est seul, il est dans l'obligation de suivre les chemins qu'on lui impose pour en assurer le bon fonctionnement et le droit de s'écrouler sans produire le moindre remous. »

Michelle Maurin, née en Côte d'Ivoire en Afrique de l'Ouest, biologiste de formation, passionnée à la fois par le monde végétal et la photographie, a publié depuis 1992 sept ouvrages de textes et photos dont l'un magnifique, Fleur de henné, un voyage dans un Maroc intimiste autour des champs de henné, et elle fut invitée à Arles en 2004 au 4e Festival de la photo de nu : « Pour moi, écrit-elle, la photographie est une aventure émotionnelle doublée d'un tête-à-tête dans l'intimité de mon laboratoire. »

Chacune des photographies est une interprétation unique. C'est un tirage argentique noir et blanc mis en couleur par des procédés de virage (or, sélénium, urane... produits sans lesquels on ne saurait rien de l'âme des virages). Ils pénètrent l'émulsion argentique, l'apprivoisent pour en sortir de subtiles nuances et une lumière étonnante. Il faut saisir l'instant où l'image s'amuse d'une sensualité secrète à exalter nos sens.

攝影

米雪.慕嫻:窗外的香港

〝若我有一種材料,一種足以用來形容圍繞我四週的事物之金屬,那它將會是水銀,因為它不會和任何異物混為一體。香港,一片建築新穎的景貌,象徵一個複雜和有結構性組織的世界,從外表看來很難想象其管治制度的複雜和內部的不穩定。— Anouk (攝影家米雪.慕嫻的兒子)

這是Anouk與母親來港時曾經說過的一番話,這話概括地形容了他們對座城市的第一個印象。米雪.慕嫻此行並不是要為香港製作特輯,但這座城市中那些強烈和有時暴力的影像深深吸引了她,讓她情不自禁地拿起攝影機來。結果就是一月至三月中在巴黎Dupit攝影畫廊中展出三十幅銀鹽沖晒的照片。對一座城市的第一個印象通常都是引人入勝的,因為它會將一些陌生的、崎型的、古怪的事物突顯出來,有時甚至把那些將事物掩蓋了的恐懼或神秘感揭露了。住在香港的人都知道這是一座無情的城市,它既使人迷惑但又令人沮喪,人在這座城市中生存就必須學會自己靠自己,在這座商業城市中,人的作用只不過如備用的輪軑,重要性不大,這城市每個月都有一批又一批自殺的人消失,但也不會勾起人們有太多的情緒。但香港亦是一座海邊城市,位於大陸的邊陲,是一座節奏急劇和邁向未來的城市,在晚上,它燦爛耀目的萬家燈火對無數旅客產生無窮的吸引力,他們就像飛蛾般無法避免的要撲向火光之中。米雪.慕嫻第一次置身這座城市時曾經感到不知所措,而她今日讓我們看到的是一些使人極之不安的影像:透過窗戶或房間中僅拉開一點點的窗帘中隱約看見的香港外貌,就像她的目光根本不敢正視遠方那些如利刀般直插雲霄的摩天大樓,那看來危險的城市。但在照片的前景,在窗台上卻出現一具懶慵的女性軀體,這柔軟溫柔的裸體讓照片變得敏感脆弱。而奇怪地,就在這強烈的對比中道盡了這城市的一切。因為只有肉體,軀體本身才能真正領會這城市的價值。米雪.慕嫻談及:〝一個人面對這未來城市時會感到孤單和脆弱。而我們想觸摸和保護的就是那軀體,因為那就是生命。〞這座城市中最吸引她的地方就是那種孤獨感:〝我們會不自覺地被這石屎森林所吸引,我暫時放下準備研究植物與人之間的關係,集中處理這額外的計劃。建築物體現了大膽的人類科技,面對面的卻又是傳統的竹棚,香港是一個整體,一切都互相連在一起,然而奇怪地,人本身卻是孤單的,人為了要確保社會的運轉暢順和倒下時也不會引起任何漣漪的權利而被強迫走指定的路。〞

米雪.慕嫻在非洲的象牙海岸出生,畢業於生物學系,她同時熱愛植物的世界和攝影,自一九九二年起出版了多本圖文並茂的著作,其中包括精美的《散沫花》,她以細膩親密的手法帶讀者暢遊摩洛哥的散沫花田。二○○四年,她獲邀請出席第四屆阿爾勒裸體攝影節。她曾這樣說道:〝對我來說,攝影既是感情上的探險之旅,也是在黑房中進行親密的對話。〞

每張照片都是獨一無異的表達。是採用銀鹽黑白沖晒,再經過調棕方法(需要金、硒、二氧化鈾⋯⋯化學品)處理。這方法是透過將化學品滲入銀鹽乳液中將一些細微的色調和光暗突顯出來。