Poésie
Texte : Bernard Pokojski

Ribemont-Dessaignes, le coq fou

« Qu'est-ce que la poésie ? Chacun apporte sa réponse et bien entendu cela fait une belle salade. Une salade qu'il faut manger crue et bien assaisonnée. Avis aux estomacs, c'est-à-dire, dans la circonstance, aux cervelles, car rien ne monte à la tête comme la poésie. Mais dès qu'on se trouve en face de la chose, faute d'être d'accord sur la définition, on s'entend. » Ribemont-Dessaignes Ribemont-Dessaignes

« Qu'est-ce que c'est beau ? Qu'est-ce que c'est laid ? Qu'est-ce que c'est grand, fort, faible ? Qu'est-ce que c'est Carpentier, Renan, Foch ? Connais pas. Qu'est-ce que c'est moi ? Connais pas.
Connais pas, connais pas, connais pas. »

Commençons pas cette déclaration de Georges Ribemont-Dessaignes lui-même, dans son refus de se révéler, pour tenter de dresser le portrait de celui, que Nino Frank appellera « le fils unique de Dada » et qui avait écrit : « De ma vie, je préfère tout ce qui échappe au contrôle et à l'état civil. »

Georges Ribemont-Dessaignes (qui signait tout simplement G.R. D.) naquit à Montpellier le 19 juin 1884. Il vécut une enfance solitaire et choyée entre un père médecin connu et une mère qui préféra toujours son frère cadet et à la naissance duquel, le père sera nommé à la Faculté de médecine de Paris. Le petit Georges ne fréquentera pas l'école, mais recevra des leçons d'un prêtre et d'un instituteur. Il se découvrira une passion pour les sciences naturelles et passera son temps à herboriser sans oublier cependant d'acheter un traité de composition et d'harmonie pour créer (en cachette) une symphonie et un drame…

En 1900, il abandonnera toute idée de devenir bachelier pour se consacrer à la peinture et rencontrera en 1909 Raymond Duchamp-Villon, puis Marcel Duchamp qui marquera profondément sa vie et son œuvre. GRD exposera alors régulièrement au Salon des indépendants et au Salon d'automne mais en 1913-1914, il connaîtra une crise morale qui le verra complètement inactif intellectuellement. Il sera mobilisé en 1915 et affecté aux « Services des renseignements aux familles des disparus ». C'est là qu'il écrira ses premiers poèmes dont Musique

   Un kilo de sucre est aussi lourd qu'un kilo de piment. / Chacun connaît la cause de sa salive. / L'Histoire aussi a    un goût sur la langue. / Que la cire soit versée dans les oreilles et brûlante ; elle aura plus / d'effet. Cela au moins    sera de la musique (extrait)

En 1931, dans le Journal des poètes, il confiera à Charles Plisnier ces mots très durs : « La poétique française comporte les règles les plus sottes et les plus artificielles qui soient. D'ailleurs, les besoins de l'esprit français ne sont pas de faire connaître les émotions de l'homme en proie à l'univers, mais de les éviter, de les masquer pour en déguiser l'horreur, grâce aux moyens esthétiques. »

En 1915, Ribemont-Dessaignes écrit aussi sa première pièce de théâtre, L'Empereur de Chine, dans laquelle il déchaîne une violence extrême, proche de Jarry, mais baignée dans un climat plus lyrique et poétique qui dénonce le pouvoir absolu et l'atmosphère absurde de son temps. La pièce ne sera montée sur scène que le 5 décembre 1925, et une partie de la critique y verra encore un « miracle Dada », alors qu'à la rédaction de la pièce, Dada n'existait officiellement pas.

En 1916, il recommence à peindre et réalise des œuvres proches de celles de Duchamp comme « Calcul et danse », lui qui avait abandonné les pinceaux une première fois en 1913 : « Il n'y a aucune raison de peindre de telle ou telle manière plutôt que de telle autre. » Il réalise des toiles mécanistes dadaïstes et sera invité avec Picabia au Salon d'automne où leurs œuvres seront accrochées sous un escalier… Tout cela ne fut évidemment pas de leur goût, et GRD écrira un article incendiaire pour fustiger le dit Salon… Il déploiera une très grande activité à partir de cette période, et en 1917, il débutera sa collaboration à la revue de Picabia, 391, dont il sera le gérant. En 1919, Le Coq fou et Trombone à coulisse, paraissent dans le n° 4-5 de la revue Dada.

En 1920, on le verra participer à toutes les actions et provocations Dada. Sa pièce Le serin muet sera représentée au théâtre de la Maison de l'œuvre et les rôles masculins seront tenus par André Breton et Philippe Soupault. Dans ce même théâtre, le 27 mars, on donnera, parmi de petites scènes de théâtre, des lectures de poèmes et de manifestes, des sortes de musique dont la partition avait été établie à la roulette, selon le hasard absolu… Sa pièce, Le Bourreau du Pérou, montée plus tard en 1928, mettra en morceaux le théâtre conventionnel, et ce seront de courtes scènes frénétiques, où se déplaceront des objets à la manière d'un Ionesco ou de Méliès.

Puis viendra 1921, qui marquera une cassure dans l'histoire de Dada : un grand Salon Dada, organisé du 6 au 30 juin, se fera sans Picabia, Breton et Marcel Duchamp. GRD connaîtra alors une période de difficultés financières, et restera confiné dans sa banlieue parisienne où il s'occupera d'élevage. L'année suivante, Breton publiera une lettre jugée injurieuse à l'encontre de Tzara, pour sortir ensuite le premier numéro de Littérature. Tzara, Eluard et GRD répliqueront par le seul numéro du Cœur à Barbe où l'on pourra lire cette phrase vengeresse : » Les visages des faillis attirent le crédit comme la merde attire le pied. »

GRD forme le projet à cette époque de rassembler ses poèmes parus dans les différentes revues dadaïstes sous le titre de L'œil et son œil, mais le recueil ne paraîtra que cinquante ans plus tard… Cependant, GRD était déjà ailleurs, et le 14 janvier 1924, jour de la fondation officielle du groupe surréaliste, paraît son premier roman L'Autruche aux yeux clos

« Trois voyageurs cheminaient au sud du Texas et parvenaient à la frontière mexicaine. Ils contournèrent le volcan Volcan et se trouvèrent dans le désert de la petite Joie. Boy Hermès voyageait avec ses amis un Nègre et un Chinois, chargés de le guider bien qu'ils ne connussent pas le pays qu'ils traversaient. Ainsi étaient-ils sûrs de ne pas s'égarer. »

Dans ce livre, GRD plonge le lecteur dans un faux exotisme et ses personnages aux noms insolites connaissent des courses extravagantes autour du monde et des poursuites amoureuses à la conclusion sans cesse repoussée. Tout cela baigne dans la plus pure dérision et l'humour noir, mettant à bas les conventions romanesques et le psychologisme. Ribemont-Dessaignes parlera d'un « réalisme inaccepté », allant au-delà de l'opposition réalisme / surréalisme pour atteindre une « réalité inconnue ». GRD avait pour ambition de refuser « ces chapitres gris pleins de belles et indispensables chevilles, pour lesquelles Flaubert regrette d'avoir gaspillé tant d'efforts ». Son roman s'inscrivait dans le désir général de contestation des conventions débilitantes dont l'expression définitive sera formulée quelques mois plus tard dans le Manifeste du surréalisme.

Mais GRD prendra certaines distances avec les surréalistes et la maladie de sa femme le forcera à adopter une vie plus retirée et à accepter des tâches alimentaires comme sa collaboration aux Pieds nickelés… Il défendra dans le même temps le Grand jeu face à Breton.

En 1929, la création de la revue Bifur lui apportera une bouffée d'air.

« Qui a pu nous cacher si longtemps Bifur, ce tohu-bohu de la vie, cette liberté des choses dans toute leur plénitude ? Bifur accepta le maximum possible d'événements du monde, et, à travers eux, célébra l'homme qu'elle aima plus que le soleil… » (Jacqueline Leiner, dans la réédition en 1976, chez Jean-Michel Place)

GRD écrira Adolescence en 1930, et obtiendra en 1934 le prix des Deux Magots pour son roman Monsieur Jean ou l'Amour absolu « Le rêve du sommeil et la réalité de la veille se liaient sans qu'il sût qu'il passait de l'un à l'autre… »

Joë Bousquet écrira que « peu d'hommes sont aussi qualifiés que Ribemont-Dessaignes pour nous dominer. Son œuvre est bien à lui, non lui à son œuvre. Aussi chacun de ses livres fait-il entendre un accent nouveau (…) Cet écrivain domine son époque parce qu'il est toute son époque et qu'il la dépasse de toute la hauteur que doit prendre sa pensée pour en former l'expression morale ».

Cette année-là, il quittera Paris pour se réfugier dans un village du Dauphiné, le Villar-d'Arène où il tiendra une pension de famille mais lorsque l'Italie entrera en guerre, GRD se repliera en Ardèche où sa femme mourra peu de temps après.

GRD publiera des poèmes dans, entre autres, les revues Fontaine, les Cahiers du Sud, les Cahiers de l'Ecole de Rochefort et publiera en 1944 chez Gallimard le recueil Ecce Homo. Il habitera à nouveau dans les Alpes où il rencontrera Suzanne qu'il épousera.

En 1946, pour des raisons de santé, ils s'établiront sur la Côte et il se mettra à cultiver des œillets près d'Antibes. Il collaborera à des émissions de radio, écrira des préfaces pour le Club français du livre, traduira les poésies de Nietzsche et rassemblera des textes des troubadours.

Pour ses quatre-vingts ans, la galerie Alphonse Chave à Vence lui organisera un hommage, façon de briser quelque peu la solitude qui l'entourait. GRD vivait maintenant dans le secret de sa maison, dessinant toujours d'étranges paysages…

Au printemps de l'année 1974, la télévision française viendra le filmer sous le figuier de son jardin et programmera l'émission le 8 juillet en soirée. A la fin du film, GRD rejette sur son épaule une écharpe de laine lançant à la caméra pour conclure « E finita la commedia », perdant conscience à cet instant précis dans le lit où il était cloué depuis une semaine…il s'éteindra doucement cinq heures plus tard… révérence toute dadaïste…

« Il faudra toujours en revenir à la poésie, seule possibilité d'évasion de l'individu comme de la masse. » G.R.D.

Le trombone à coulisse
J'ai sur la tête une petite ailette qui tourne au vent
Et me monte l'eau à la bouche
Et dans les yeux
Pour les appétits et les extases
J'ai dans les oreilles un petit cornet plein d'odeur d'absinthe
Et sur le nez un perroquet vert qui bat des ailes
Et crie : Aux Armes !
Quand il tombe du ciel des graines de soleil
L'absence d'acier au cœur
Au fond des vieilles réalités débossées et croupissantes
Est partiale aux marées lunatiques
Je suis capitaine et alsacienne au cinéma
J'ai dans le ventre une petite machine agricole
Qui fauche et lie des fils électriques
Les noix de coco que jette le singe mélancolie
Tombent comme crachats dans l'eau
Ou fleurissent en pétunias
J'ai dans l'estomac un ocarina et j'ai le foie virginal
Je nourris mon poète avec les pieds d'une pianiste
Dont les dents sont paires et impaires
Et le soir des tristes dimanches
Aux tourterelles qui rient comme l'enfer
Je jette des rêves morganatiques



詩詞

里伯蒙-德塞涅 — 瘋狂的公雞

〝何謂詩歌?各有各說,於是便成了一盤雜拌色拉。一種需要調以作料、生吃的色拉。小心你的肚囊,而這時,小心你的腦袋。因為沒有甚麼比詩歌更易令人頭暈腦脹的了。不過一旦面對它,既然各持己見,不能一致,便只有妥協。〞 — 里伯蒙-德塞涅

〝何謂美?何謂醜?何謂偉大、強壯、羸弱?卡邦蒂耶(Carpentier)、勒南(Renan)、福煦(Foch)究為何方神聖?不認識。我是何人?不認識。
不認識,不認識,不認識。〞

喬治.里伯蒙-德塞涅拒絕揭示自己。讓我們以他上述的聲明作開篇,描畫一下這個尼諾.弗蘭克(Nino Frank) 稱作〝達達的獨生子〞的人的肖像。他自己這樣寫道:〝我一生中,對避開監視、沒有身份的東西尤感興趣。〞

喬治.里伯蒙-德塞涅(他只簡單地簽作GRD)於一八八四年六月十九日誕生於蒙彼利埃(Montpellier)。他渡過了一個寂寞的童年,受父母溺愛。父親是位知名醫生,母親卻更偏愛弟弟。在小弟出生後,父親即赴巴黎醫科大學執教。小喬治沒有到學校上學,而是由一名神甫和小學教師在家指導。他熱衷於自然科學,常收集植物標本,但也沒有忘記購買作文及和聲指導,偷偷地寫了一首交響曲和一齣戲……

一九零零年,他完全拋棄了完成業士課程的念頭,全情投入繪畫,並於一九○九年結識了雷蒙.杜尚-維庸(Raymond Duchamp-Villon),稍後認識了馬塞爾.杜尚(Marchel Duchamp)。 杜尚對他的一生和作品都有深刻的影響。GRD定期在獨立沙龍及秋季沙龍展出他的作品。但是一九一三年至一九一四年期間,他經歷了一場心理危機,完全停止了精神活動。一九一五年他應征入伍,並派在〝失蹤人口家庭情報處〞工作。就在這裡,他寫下了最初的一些詩作,其中一首題作《音樂》。

一九三一年,在《詩人報》上,他向夏爾.普列尼耶(Charles Plisnier)吐露了以下一番嚴厲的話:〝法國的詩學包含著極愚蠢、極不自然的規則。此外,法國精神不在於揭示在天地間受折磨的人類的喜怒哀樂,而是避開它,以美學的手段掩飾其恐怖。〞

一九一五年,里伯蒙-德塞涅創作了他的第一部劇作《中國皇帝》,劇本裡激烈的言辭與雅里(Jarry)相若,然而卻更抒情及富有詩意,揭露了極權及時代的荒謬。劇本遲至一九二五年十二月五日方在舞台上演,一些批評家還在箇中看到了〝達達的奇蹟〞,但是在他寫該劇本時,達達尚未正式問世。

他於一九一三年第一次拋下畫筆,而一九一五年,他又重新畫起畫來,創作了接近杜尚的一些畫,如《計算與舞蹈》(Calcul et danse)。他說:〝沒有任何理由認為以這種方式繪畫會比另一種方式好。〞他製作了達達式的機械圖畫,並和庇卡比亞(Picabia)一起被邀請參加秋季沙龍。在展廳裡他們的畫被掛在樓梯口下⋯⋯這一切令他們極感不滿。GRD寫下了一篇激烈的文章鞭撻該沙龍……從這一時期起,他非常活躍。一九一七年,他開始和庇卡比亞主辦的雜誌《391》合作,並擔任經理一職。一九一九年,他在《達達》雜誌第四、五期發表了詩作《瘋狂的公雞》及《長號》。

一九二○年,他參加了達達派的各種行動和挑釁。他的劇作《啞吧的金絲雀》
(Le Serin muet)在慈善堂劇院(théâtre de la Maison de l'œuvre)上演,男角由安德烈.布勒東及菲利普.蘇波擔任。在同一劇院裡,三月二十七日,除了上演一些短劇外,尚有詩歌及宣言朗誦,以及一種特殊音樂表演,樂譜由旋轉輪盤顯示的數字湊成,完全出於偶然…… 他的劇本《祕魯的屠夫》(Le Bourreau de Pérou) 於一九二八年上演,將傳統話劇打個粉碎,這是一些短小激烈的戲,舞台上各種東西以尤內斯庫或梅里愛(Méliès)的方式來回走動。

一九二一年來到了,這一年標誌著達達派歷史上的破裂:六月六日至三十日舉行的規模盛大的達達沙龍活動,庇卡比亞、布勒東及馬塞爾.杜尚竟沒來參加。GRD這時正經歷一個經濟困難時期,只好待在巴黎郊區搞點飼養業。翌年,布勒東發表了一封針對查拉的語帶辱罵的公開信,接著出版了《文學》雜誌第一期。查拉、艾呂雅和GRD在《老成的心》(Cœur à barbe) 唯一的一期裡進行反駁,其中有這樣的句子:〝失敗者的嘴臉引來了資助正如糞便吸引腳來踩。〞
GRD這個時期計劃將他發表在達達派雜誌上的詩作收集起來出版一本題為《眼睛和他的眼睛》(L'œul et son œil) 的詩集,但這本集子卻遲至五十年後才出版問世⋯⋯此時,GRD已不在人世。一九二四年一月十四日,超現實主義正式成立,這天,他的第一部小說《閉著眼睛的鴕鳥》(L'Autruche aux yeux clos) 出版了。〝三個旅人在德克薩斯州漫遊,來到了墨西哥邊境。他們繞過沃爾坎火山,來到小歡樂沙漠。博伊.赫米斯伙同他的兩個朋友一起旅行,一個是黑人,另一個是中國人。雖然這兩位仁兄對他們穿過的地方一無所知,卻負責為他引路。這樣,他們便可以肯定不會迷失方向。〞

在這本書裡,GRD令讀者沉醉在一個虛假的異國情調裡,而他的名字怪異的人物環遊世界,歷盡奇境,追逐永遠得不到結果的艷遇。這一切沉浸在絕妙的諷刺和黑色幽默裡,推翻小說的清規戒律和心理主義。里伯蒙-德塞涅主張一種〝不被接受的現實主義〞。越過現實主義與超現實主義的對立,以達到一個〝陌生的現實〞。GRD決意拒絕那〝滿紙充斥著湊音步韻腳的美麗詞語的悶人寫法,福樓拜後悔為此浪費了許多精力。〞他的小說的宏旨是否定虛弱的習俗傳統,幾個月之後,在《超現實主義宣言》裡得到了明確的表述。

但GRD和超現實主義者保持一定距離,而他妻子的病亦迫使他過一種隱退的生活,並接受一些維持生計的工作,如和Pieds Nickelés 的合作⋯⋯同時,面對布勒東,他維護《大賭注》(Le Grand jeu)。

一九二九年《Bifur》雜誌的創立使他舒了一口氣。

〝誰可以長時間地向我們隱瞞Bifur的存在。這個喧鬧沸揚的生活,這個萬物無拘無束的自由?Bifur對這個世界發生的一切兼收並蓄,並在這紛擾中歌頌人類,對其愛更甚於對太陽的愛……〞(雅克利娜.萊內(Jacqueline Leiner),Jean-Michel Place 1976年再版本)

GRD於一九三○年創作了《青春》(Adolescence)並於一九三四年憑其小說《尚先生或絕對的愛情》(Monsieur Jean ou l'amour absolu)榮膺〝雙叟獎〞(le prix des Deux Magots)。

〝今夜之夢與昨日之現實交織一起,以致他不知道從一境界走向另一境界……〞若埃.布斯凱(Joë Bousquet)

這樣寫道:〝甚少人能像里伯蒙-德塞涅那樣有資格控制著我們。他的作品屬於他,他不為作品所控。因此,他的每部作品都充滿新意…… 這個作家操縱著他的時代,因為他即是整個時代的化身,他以自己博大精深的思想超越時代並將之化作道德的論述。〞

這年,他離開巴黎隱居多菲內(Dauphiné) 的一個小村鎮維拉-達萊納(Villar-d'Arène),並在那兒開了一間家庭式膳宿公寓。意大利戰爭爆發時,他退居阿爾代什(Ardèche),不久之後妻子便病逝。

GRD在一些雜誌如《噴泉》(Fontaine)、《南方手冊》(Cahiers du Sud)及《羅什福爾派手冊》(Cahier de l'école de Rochefort)發表詩作,一九四四年伽里瑪出版社出版了他的詩集《Ecce Homo》 。他又回到了阿爾卑斯居住,遇上蘇珊(Suzanne)並娶她為妻。

一九四六年,由於健康關係,他們在藍岸(la Côte)安置下來,在昂蒂布(Antibes)附近種植石竹。他參加電台廣播,為法國書會出版的書寫序,翻譯尼采的詩並收集中世紀行吟詩人的詩。
他八秩大壽時,旺斯(Vence)的阿爾封斯.沙夫畫廊(La galerie Alphonse Chave)為他祝壽,這可說是為他排解孤獨寂寞的一種方式。GRD現蟄居家中,不停地畫著一些奇異的風景畫……

一九七四年春天,法國電視台來到他家中,在他花園裡一棵無花果樹下為他拍攝訪談紀錄片,並計劃於七月八日晚播出。在拍攝快結束時,GRD將羊毛圍巾往肩頭一甩,朝攝影機說了句〝喜劇落幕啦〞,剛一說完,便在床上暈了過去,在這張床上他已躺了一個星期

⋯⋯五個小時之後,他安詳地離開人世⋯⋯恭恭敬敬,十足達達派作風……

〝總是得回到詩歌上來,這是個人也是大眾消愁破悶的唯一方法。〞— GRD