Littérature
Texte : Eric Sacher
Jean-Paul Sartre : le philosophe engagé ou la conscience d'un monde
Vivant, on peut se permettre de refuser les honneurs. Sartre refusa en 1964 le Prix Nobel que Stockholm lui offrait. Mort, on n'a plus le choix. « Etre mort, c'est être en proie aux vivants ». Jean-Paul Sartre, éternel révolté, soulevé contre la société bourgeoise et le pouvoir établi, est devenu une icône officielle de la République Française. A l'occasion du centenaire de sa naissance, Jean-Paul Sartre figure cette année en tête des « célébrations nationales » organisées officiellement par l'Etat. C'est un paradoxe. Et c'est tant mieux.
« Je ne voulais pas être intellectuel, je ne savais pas ce que c'était. (…) Je voulais être écrivain ». Jean-Paul Sartre fut écrivain, mais son écriture fut résolument philosophique et politique. Ses romans, ses pièces de théâtre, ses articles ont su résumer une époque, une pensée : l'engagement de son écriture fit de lui un intellectuel. En définissant la responsabilité de l'intellectuel lors d'une conférence inaugurale de l'Unesco à la fin de la guerre, il se crée pour lui-même un véritable programme d'action : « Il s'agit de faire une théorie positive de la liberté et de la libération. Il s'agit de se placer en tout cas pour condamner la violence du point de vue des hommes des classes opprimées. (…) Il s'agit, au fond, de réfléchir sans trêve, toujours, sans cesse, au problème de la fin et des moyens, ou encore au problème du rapport de l'éthique et du politique. C'est notre problème, c'est le problème de l'époque et c'est le nôtre, à nous écrivains. Telle est sa responsabilité non pas éternelle, mais actuelle. » Fort de cette responsabilité, il est devenu la conscience d'un siècle.
Né le 21 juin 1905, ce fils de la bourgeoisie provinciale n'a jamais connu son père, mort jeune. Sartre n'hésite pas à voir dans cette absence la raison de son positionnement critique vis-à-vis de l'autorité et du pouvoir : « Commander, obéir c'est tout un. Le plus autoritaire commande au nom d'un autre, d'un parasite sacré – son père -, transmet les abstraites violences qu'il subit. De ma vie, je n'ai donné d'ordre sans rire ; c'est que je ne suis pas rongé par le chancre du pouvoir : on ne m'a pas appris l'obéissance. ». En 1920, Jean-Paul Sartre est au Lycée Henri IV, il y rencontre Paul Nizan, avec qui il intègre la Rue d'Ulm. Ensemble, ils y rencontreront Raymond Aron. Trois amis sincères que seuls la mort et les soubresauts politiques sauront finalement éloigner. « Mais y a-t-il eu avant la guerre beaucoup de jeunes gens plus solides que nous n'étions ? Plus solides que Nizan, que Guille, qu'Aron, que le Castor ? Nous ne cherchions ni à détruire, ni à nous procurer des extases nerveuses et insensées. Nous voulions patiemment et sagement comprendre le monde, le découvrir et nous y faire notre place. ».
Le Castor, c'est Simone de Beauvoir. Ils ont préparé l'agrégation ensemble, Ensemble ils ont fait un pacte, ce fameux « bail de deux ans », renouvelable et souvent renouvelé, dont parle Simone de Beauvoir dans la Force de l'Age : ensemble, ils vivront séparés et séparés ils vivront ensemble. Le couple devient pour toute une génération un symbole de liberté, faite de passions intellectuelles et d'infidélités charnelles : « La fraternité qui souda nos vies rendait superflues et dérisoires toutes les attaches que nous aurions pu nous forger. A quoi bon, par exemple, habiter sous un même toit quand le monde était notre propriété commune ? et pourquoi craindre de mettre entre nous des distances qui ne pouvaient jamais nous séparer ? Un seul projet nous animait : tout embrasser, et témoigner de tout. »
Le Havre, où il est nommé professeur en 1931, lui sert de modèle pour La Nausée, son premier grand succès littéraire. « Tout est gras et blanc à Bouville, à cause de toute cette eau qui tombe du ciel » Derrière le romancier se profile le philosophe. Derrière le récit de l'anti-héros sartrien Antoine Roquentin, emprisonné un jour par le sentiment de sa propre existence, s'ébauchent déjà les thèses de L'Etre et Le Néant autour du corps et de la conscience : « La conscience ne cesse pas d'avoir un corps (…) Cette saisie perpétuelle par mon pour-soi d'un goût fade et sans distance qui m'accompagne jusque dans mes efforts pour m'en délivrer et qui est mon goût, c'est ce que nous avons décrit ailleurs, sous le nom de Nausée. Une nausée discrète et insurmontable révèle perpétuellement mon corps à ma conscience. »
Ses premiers écrits philosophiques sont publiés à la fin des années 30 : La transcendance de l'Ego, l'Imagination et L'imaginaire où il tente une « phénoménologie » de l'image. Mobilisé en 1939, il vécut la drôle de guerre comme « une guerre fantôme, une guerre à la Kafka » profitant de sa situation au service météorologique pour lire et écrire, beaucoup. Il est fait prisonnier avant de se faire libérer en mars 1941. Celui qui aimait à dire qu'on n'a jamais été aussi libre que sous l'occupation, a choisi une résistance d'écrivain. Il participe avec quelques collègues (Desanti, Merleau-Ponty) à un éphémère groupe de résistance « Socialisme et Liberté » avant d'écrire son acte de résistance en 1943 : Les Mouches, pièce de théâtre inspiré du mythe grec d'Oreste. Cet hymne à la liberté des hommes ressemblait fort à un appel à la résistance qui échappa au contrôle de la censure allemande : « La justice est une affaire d'hommes et je n'ai pas besoin d'un Dieu pour me l'enseigner. Il est juste de t'écraser, immonde coquin, et de ruiner ton empire sur les gens d'Argos, il est juste de leur rendre le sentiment de leur dignité. »
Ce thème de la liberté et de la contingence restera une constante des écrits de Jean-Paul Sartre. « Il n'y a pas de déterminisme, l'homme est libre, l'homme est liberté » explique-t-il dans sa conférence L'Existentialisme est un humanisme, répondant aux critiques des catholiques et des marxistes qui voient dans sa philosophie une négation de l'espoir humain. « L'existentialisme athée que je représente (…) déclare que si Dieu n'existe pas, il y a au moins un être chez qui l'existence précède l'essence, un être qui existe avant de pouvoir être défini par aucun concept et que cet être c'est l'homme ou, comme dit Heidegger, la réalité humaine ». Cette foi en la liberté humaine se décline dans l'ensemble de ses œuvres par l'obsession d'une liberté autre : celle d'Autrui, celle qui nous construit.
« Ah ! quelle plaisanterie. Pas besoin de gril : l'enfer, c'est les Autres. » Dans Huis Clos, où trois personnes décédées se retrouvent seules dans un intérieur bourgeois, Sartre traduit au théâtre cette notion fondamentale pour lui : on est ce que le regard de l'autre nous renvoie. « Pour obtenir une vérité quelconque sur moi, il faut que je passe par l'autre. L'autre est indispensable à mon existence, aussi bien d'ailleurs à la connaissance que j'ai de moi. »
Dans Les Mots, où il décrit son enfance parmi les livres avec tendresse et émotion, Sartre raconte sa découverte progressive des autres (sa mère, son grand-père, les enfants du parc, ses collègues…) y compris de l'Autre qui n'est pas encore né : la postérité : « cette inquiétude soudaine, ce doute, ce mouvement des yeux et du cou, comment les interpréterait-on, en 2013, quand on aurait les deux clés qui devaient m'ouvrir, l'œuvre et le trépas ? »
De fait, cent ans après sa naissance, Jean-Paul Sartre vit encore. Son oeuvre suscite toujours autant d'interrogations et de discussions. Sa revue, Les Temps Modernes, qu'il fonda en 1945 avec Raymond Aron, Maurice Merleau-Ponty et Jean Paulhan, vit toujours. Son journal, qu'il contribua à lancer, Libération, reste l'un des quotidiens les plus lus. Ses écrits font toujours l'objet de discussions et même mort on l'admire et on le hait. C'est qu'il a su être la conscience d'un siècle qui attend toujours son procès (Les Séquestrés d'Altona).
Après la Libération, Jean-Paul Sartre continue sa résistance d ‘écrivain. S'il a été un agitateur de la pensée politique, il n'a jamais été un homme politique. Le « Rassemblement Démocratique Révolutionnaire » qu'il créa fut surtout une ébauche de parti. Sa relation avec le Parti communiste fut complexe, s'il s'en rapprocha en 1952, les évènements de 1956 en Hongrie le forcèrent à s'en détacher et l'une de ses dernières activités politiques fut, aux côtés d'A. Glucksmann et de R. Aron, un soutien aux boat-people contre le régime communiste vietnamien. Le mécanisme politique lui-même était pour lui vicié à la base : « Elections, piège à cons » slogan qu'il reprit dans Les Temps Modernes. La politique avait plus sa place dans la rue, avec le peuple, que seul dans l'isoloir. Et il ne manquait pas de combats : l'Algérie (il signa « le manifeste des 121 » contre la guerre), la décolonisation, la lutte contre le racisme et les discriminations sociales et raciales (La P…Respectueuse). Se servant de sa plume comme d'une épée, il était invincible. De Gaulle lui-même aurait dit « On n'embastille pas Voltaire ». Invincible, mais impuissant malgré tout. Il le reconnut lui-même. Il porta de nombreuses causes et espérances sans succès. Il se brouilla avec plusieurs amis chers (Merleau-Ponty, Camus, Aron…) à l'occasion d'articles publiés dans sa revue. On lui reproche finalement de s'être trompé sur tout. Il y a vingt-cinq ans, son enterrement avait attiré une foule si nombreuse que l'on dit : « C'est la dernière manif de 68 ». De fait, c'était le Sartre de toute une génération, celle de 68, que l'on enterrait. La postérité, ces autres du futur qu'il espérait et redoutait, construisent un Sartre qui n'est déjà plus le Sartre du siècle passé. Ces commémorations du centenaire donneront lieu à plusieurs discours sur son « héritage » dans un monde libéralisé et mondialisé. Mais c'est la preuve qu'il nous parle encore. Et si l'Etat le récupère pour une commémoration officielle, finalement, pourquoi pas ? Cela nous rappelle au moins qu'en bas dans sa tombe, la conscience du monde nous regarde encore.
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文學
尚-保爾.薩特:立場鮮明的哲學家或世界的良心
活著,人可自行決定拒絕榮譽。薩特便於一九六四年拒絕瑞典皇家學會頒發的諾貝爾獎。死去,便無從選擇。〝一旦死去,便遭活人折磨。〞尚-保爾.薩特,永遠的反叛者,奮起抗擊資產階級社會和現有政權,已成為法蘭西共和國的偶像。在他一百週年冥壽之際,尚-保爾.薩特在今年國家隆重舉行的〝全國性紀念活動〞中獨佔鰲頭。這有點反常,卻是件好事。
〝我不想成為一個知識份子,我不知道何謂知識份子……
〞
尚-保爾.薩特是一名作家,但他的作品卻完全哲學化和政治化。他的小說、戲劇、文章,概括了一個時代,一個思想。他的作品對政治、社會問題的介入使他成為一個知識份子。在戰後聯合國教育科學及文化組織的一次開幕會議上,為確立知識份子的責任,他為自己擬定了一個切實的行動綱領:〝必須建立一個自由、解放的正面理論。必須在任何情況下從受壓迫階級民眾的觀點出發譴責暴力⋯⋯必須實際上毫不間歇地、長久地、不停地思考目的和手段的問題,又或者倫理與政治關係的問題。這是我們的問題,時代的問題,我們作家的問題。這便是他的責任,非永久的卻是現實的。〞由於這強烈的責任感,他成了世界的良心。
尚-保爾.薩特誕生於一九零五年六月二十一日,這個資產階級家庭的孩子從來都不認識英年早逝的父親。他毫不猶豫地看到這個缺憾成了他與權勢針鋒相對的源頭。他說:〝指揮、服從實為一回事。最專制的人以另一個人的名義,以神聖不可侵犯的寄生蟲父親的名義發號施令,將自己遭受的無形暴力向別人發洩。而我這輩子,卻總是帶著笑命令人,那是因為我沒有受權力的腐蝕荼毒。沒有人教我甚麼是服從。〞
一九二零年,尚-保爾.薩特在享利四世中學求學,結識了保爾.尼贊(Paul Nizan),並和他一起進入巴黎高等師範學校。他們還一起認識了雷蒙.阿隆(Raymond Aron)。 三個忠實的朋友,只有死亡和政治風浪才能將他們分開。〝戰前有多少年輕人能比我們更清醒?比尼贊、吉耶(Guille)、阿隆、海狸更清醒?我們不尋求摧毀,也不喪失理智地自我陶醉。我們耐心理智地想瞭解這個世界,發現它並為自己尋找一個立足之地。〞海狸是誰?這便是西蒙娜.德.波伏瓦(Simone de Beauvoir)。他們在一起準備哲學教師資格會考。他們互相訂立契約,這著名的可展期的〝兩年契約〞經常被展期。西蒙娜.德.波伏瓦在其《年富力強》(La force de l'âge) 一書裡這樣寫道。他們在一起的時候是分開生活,分開的時候又生活在一起。這對男女成了一代人的自由象徵,這自由是精神的激情和肉體的不忠。〝將兩個生命熔鑄在一起的友情令人世間我們可能有的其他關係都顯得多餘、可笑。既然世界是我們的共有財產,又何必同住一屋簷下?既然距離永遠不會把我們分開,彼此相隔遙遙又何足懼?唯一的一個計劃在鼓舞著我們:擁抱一切,證明一切。〞
一九三一年,他在勒阿弗爾(La Havre)執教,寫出了他的第一部成績斐然的小說《噁心》
(La nausée)。 〝在布維爾(Bouville),由於陰雨綿綿,一切都變得粘稠、蒼白。〞在小說家背後,顯現出一個哲學家。在一天被自己的存在禁錮住的薩特式的反英雄人物安托萬.羅康坦(Antoine Roquentin) 的故事後面,一部探討身體和意識的哲學著作《存在與虛無》(L'Etre et le Néaut)正在成形。〝意識不斷地‘擁有'一個身體……
我的自為有一種無地自容的無味的體味,這種體味甚至在我努力從中解脫時也一直伴隨著我,並且就是我的體味,對我的這種自為的不斷把握,就是我在別的地方在《噁心》名下所描繪的東西。一種隱蔽的、不可克服的噁心永遠向我的意識揭示我的身體。〞(註)
他的早期哲學著作《超越自我》(La transcendance de l'Ego)、《想象》(L'Imagination)及《想象者》(L'imaginaire)於三十年代未出版問世。在書中他探索一種形象的〝現象學〞。一九三九年他應召入伍,經歷了一場〝幽靈般的、卡夫卡式〞的可笑戰爭。他利用任氣象工作的機會大量閱讀和寫作。他被敵人俘虜,於一九四一年三月獲釋。這位常愛說沒有比敵佔時期更悠閑的人選擇了作家的抵抗。他和一些同事如德桑蒂(Desanti)、梅洛-龐蒂(Merleau-Ponty) 一起參加了只維持一個短暫時間的〝社會主義與自由〞(Socialisme et liberté)抗戰小組。一九四三年他寫了〝自己〞的抵抗行動:《蒼蠅》(Les mouches)。這是根據古希臘神話《俄瑞斯忒斯》(Oreste)寫成的劇本。這個對人類自由的讚歌彷彿高聲呼喚人們起來抵抗,躲過了德寇的檢查。〝正義是人類的事業,我無需上帝來教導我。你理應粉身碎骨,你這邪惡的無賴,將你的王國在阿爾戈斯人身上摧毀了吧。必須將尊嚴還給他們。〞
自由與偶然成了尚-保爾.薩特著述的永恆主題。〝沒有決定論,人是自由的,人即自由。〞在回答天主教及馬克思主義者批評他的哲學否定人類希望時,他在題為〝存在主義與人道主義〞的講座中這樣解釋道。〝我代表的無神論的存在主義……
宣稱如果世上沒有上帝,至少還有一個存在,一個先於本質的存在,一個在它可被任何觀念定義之前便已存在的存在,這個存在便是人,又或者像海德格爾(Heidegger)所說的人的實在性。〞這個對人類自由的信念在他的整個著述中演變成受另一個自由的困擾:〝他人〞的自由,構成我們自身的自由。
〝啊!絕妙的玩笑。無需烤架:‘他人'即是地獄。〞在《禁閉》(Huis Clos)這齣哲理劇裡,三個死去的人處身一個資產階級家庭的內室。薩特在劇本裡傳達了這個根本觀念:人是透過別人的目光而存在的。〝為證實自身的存在,必須通過他人。他人對我的存在不可或缺,對認識自我亦不可或缺。〞
在《詞語》(Les mots) 一書裡,薩特既溫情又激動地描述他在書堆中渡過的童年,對其他人的逐步發現,母親、祖父、公園裡的孩子、同事們⋯⋯包括那還未出世的〝他人〞:後代。〝這突如其來的憂慮,這懷疑,這眼神,這頸脖的活動,當二零一三年,人們有兩把鑰匙:作品和死亡來解讀我的時候,又將作怎樣的解釋呢?〞
事實上,尚-保爾.薩特雖死猶生,他的著作總是引人去探討、研究。他於一九四五年偕同雷蒙.阿隆、莫利斯.梅洛-龐蒂及尚.波朗(Jean Paulhan)創辦的《現代》雜誌(Les Temps modernes)仍如期出版。他積極創辦的《解放報》(Libération)至今仍是讀者最的的報刊之一。他雖已作古,卻仍為人欣賞,為人憎恨。這是因為他懂得如何成為一直在等待著批判的一個世紀的良心(《阿爾托納被非法監禁的人》(Les séquestrés d'Altona))。
解放後,尚-保爾.薩特繼續作家的抵抗。若言他是政治思想的鼓動者,卻永遠不是一個政治家。他創建的〝民主與革命集團〞(Rassemblement démocratique révolutionnaire) 只是一個政黨的雛型。他和共產黨的關係非常複雜。一九五二年他靠攏共產黨,一九五六年的匈牙利事件迫使他背離共產黨。他晚期的政治活動之一是和A.格魯克斯曼(A.Glucksmann)及雷蒙.阿隆一起支持越南船民反對越共。他認為政治機器從底部起就已經壞了:〝選舉是誘笨蛋上當的陷阱〞,他在《現代》雜誌重複了這個口號。政治在街頭和民眾一起比在選舉人秘密寫票室裡更有地位。他參加了許多戰鬥:在《121人宣言》上簽名反對阿爾及利亞戰爭、非殖民化、反種族主義、反社會及種族岐視的鬥爭(如劇本《恭順的妓女》(La P... respectueuse)。他以筆當劍,所向無敵。戴高樂本人也說:〝伏爾泰是禁錮不了的。〞所向無敵,但卻無濟於事。他自己也承認這點。他支持過許多行動和事件,懷著許多希望,但卻沒有成功。由於在他主辦的雜誌發表的文章,他和幾個要好的朋友如梅洛-龐蒂、卡繆、阿隆等都鬧翻了。最後人們責怪他一切都搞錯了。二十五年前,他出殯時,人山人海,人們說:〝這是六八年的最後示威〞。的確,埋葬的是整整一代、六八年代人的薩特。新的一代,他既寄望又懼怕的這些未來的他人,塑造了另一個薩特,不再是已逝去的上一世紀的薩特。在紀念哲人百年冥誕之際,在這個自由化、全球化的世界,人們對他的〝遺產〞將有一些新的論說。這證明他還在和我們傾談。國家隆重紀念他,這至少告訴我們,從他的墓穴裡,世界的良心還在住視著我們。
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