Photographie
Texte : Gérard Henry

Paris des photographes

Si Paris a séduit et attire encore beaucoup de promeneurs aujourd’hui, c’est en partie grâce aux grands photographes qui l’ont immortalisé dès le 19e siècle et qui continuent aujourd’hui de trouver sur ses boulevards, ses places, ses quais et dans ses ruelles une source d’inspiration, car cette vieille cité semble imposer ses humeurs à qui veut la photographier.

« Pour le poète Baudelaire, la ville moderne ne cesse de mourir et de renaître. Pourtant l’architecture du Paris de son époque, celle du baron Haussmann, n’a guère été altérée. Les monuments, les rues, semblent inchangés mais la ville qu’il parcourait n’est plus la nôtre, la douceur dorée de l’éclairage au gaz a fait place aux lueurs brutales du néon et le claquement des sabots sur les pavés de bois a été remplacé par le chuintement du caoutchouc sur l’asphalte. La ville a changé insidieusement, mais l’image qu’en ont fixé les photographes, s’impose toujours à nous, elle est omniprésente et conditionne notre regard. Paris nocturne enveloppé de brume, des voyous et des filles de joie, des concierges et des gavroches sentimentaux, des enfants en tablier jouant dans les feuilles mortes ou la neige, est toujours présente dans les photographies de Brassaï du Paris de nuit (1932), comme dans celles de Doisneau ou de Boubat. »

« Le creuset de la ville a amalgamé des artistes de talents et d’origines divers : les hongrois Brassaï et Kertesz, l’américain Man Ray, le roumain Eli Lotar, le lithuanien Izis ont trouvé leur place à côté de vrais parisiens comme Robert Doisneau ou Edouard Boubat. Tous ont trouvé à Paris, à travers la photographie un moyen de vivre –ou parfois de survivre– et une grande liberté qui leur a permis de construire leur œuvre. Ils expriment, à travers la diversité de leurs pratiques, professionnelles et artistiques, l’importance qu’a eu pour eux l’atmosphère de cette ville, lieu privilégié d’une création qui a parcouru tout le siècle et dont l’écho se prolonge, toujours vivant, jusqu’à nos jours. » Alain Sayag (Commissaire de l’exposition)

Cette exposition de la collection de photographies du Centre de Pompidou montée par Alain Sayag, le conservateur de la photographie du centre offre un parcours chronologique de l’entre-deux guerres aux années 80 dont Paris est le fil conducteur. On y voit le travail de 31 artistes au travers de 167 œuvres cinématographiques. Beaucoup de ces photographes sont parmi les pionniers de la photographie et les plus grands du début du 20e siècle. Chacun d’eux a ouvert de nouvelles voies à cet art né à la fin du 19e siècle et qui a pris son essor au vingtième. Ils se sont d’ailleurs impliqués dans tous les mouvements de l’art moderne, soit en y étant partie prenante, soit en les documentant.

L’exposition qui a voyagé en Chine avant de venir au Musée d’histoire de Hong Kong comprend trois parties : l’Entre-deux guerres, l’après-guerre, et les années 80. Une grande place est faite dans la première section à Robert Doisneau le « braconnier de l’éphémère », qui chassait sur un territoire bien particulier, la banlieue et les faubourgs populaires de Paris et dont on peut voir de nombreuses scènes de café et aussi de beaux portraits comme celui de Mademoiselle Anita. Cartier Bresson est présent avec Rue Mouffetard, l’instantané d’un poulbot insolent et Brassaï, le photographe de la nuit parisienne, est représenté également par quelques portraits très typés comme ses Deux mauvais garçons ou la Fille au billard russe. Le Paris des années 30 apparaît sous l’œil du Leica de Gisèle Freund dont on connaît mieux les portraits d’écrivains, avec des vues des ouvriers goudronneurs de la rue, de Paris sous ses fumées et de Notre Dame vu de la rue Saint Julien le pauvre.

On retrouve aussi les photographes avant-garde ou proches des surréalistes comme le hongrois André Kertesz et l’Américain Man Ray dont les angles de vue sont surprenants et inattendus. Le Paris de l’Après-guerre est représenté surtout par trois photographes le Français Edourd Boubat, le lithuanien Izis dont le premier livre en 1951 s’appelait Paris des Rêves et le Norvégien Tore Yngve Johnson. Cette exposition ne tombe pas dans le passéisme puisqu’une grande place est donnée aux photographes contemporains moins connus du grand public dont les travaux apparaissent moins documentaires mais font preuve d’une recherche stylistique parfois plus formaliste : les architectures et les glacis de Nancy Wilson – Pajic, les couleurs extrêmes de Alain Fleischer, le purisme de Bernard Plossu ou Paris, la ville invisible de Konopka.

Artistes exposés:
Edouard Boubat / Pierre Boucher / Marcel Bovis / Brassaï / Henri Cartier-Bresson / Robert Doisneau / Patrick Faigenbaum / Pierre de Fenoyl / Alain Fleischer / Gisèle Freund / Raoul Hausmann / Florence Henri /Izis / Pierre Jahan /Tore Yngve Johnson / André Kertesz / William Klein / Bogdan Konopka / Germaine Krull / Ergy Landau / Eli Lotar / Man Ray / Daniel Masclet / Bernard Plossu / René-Jacques / Marc Riboud / Willy Ronis / Georges Rousse / Albert Seeberger / Keichi Tahara / Nancy Wilson-Pajic

攝影

花都舊影


‧Bernard Plossu (1971)

時至今天,巴黎對無數的遊人仍然充滿無窮的吸引力,部份原因應歸功於那些偉大的攝影家,是他們自十九世紀起令這座城市永垂不朽,而現在,攝影師們仍繼續從它的大道、廣場、堤岸及橫街小巷中取得創作靈感,因為任何想拍攝這座古都的人似乎都會受它特有的氣質所影響。

〝法國詩人波德萊爾曾經感慨地認為,每個現代城市都免不了經歷衰落和再生的交替。在波德萊爾身處的霍斯曼男爵(1809-1891)的時代,巴黎的城市面貌景物依然,街頭巷尾,建築紛陳,巍然聳立,別無兩樣,但漫步其中的感覺卻是既熟悉又陌生。煤氣街燈的昏黃燈光,早已被五光十色的霓虹燈管奪去風采;昔日木屐踏在木板行人路而發出的清脆節奏聲亦已不復再,現已變調為瀝青路上的絲絲呢喃。巴黎的臉譜原來已在不知不覺間不斷改變,當中如夢般多樣的神韻,慶幸已被攝影師一一捕捉,鎖在光影一剎間,如今我們逐一細味,仍能感受巴黎那份永恆的魅力。入夜後的巴黎街道瀰漫著一抹矇矓美態,沿途所見,有放任不羈的流氓、花姿招展的流鶯、神情落寞的流浪漢和洞悉世情的看門人;鏡頭一轉,天真瀾漫的小孩三五成群,於枯葉間雪堆中自得其樂,與成人世界相映成趣,這些巴黎街頭一幕幕的眾生相,盡錄於攝影家布拉塞的攝影集《夜巴黎》 (1932年)和杜瓦諾或布巴的作品中,以影像娓娓道出巴黎的過去和現在。〞

〝這都市大熔爐混合了一些來自不同領域及國籍的藝術家:原籍匈牙利的布拉塞和Kertesz、美國人曼.雷、羅馬利亞人Eli Lotar,還有來自立陶宛的Izis ,他們在杜瓦諾或布巴這些土生土長的巴黎人身旁找到屬於自己的位置。他們全都藉著攝影在巴黎找到生存的方法——或甚至是求生的方法——以及極大的創作自由,這足以讓他們建立自己的風格 。他們透過各式各樣、專業的或藝術的活動來表達這城市的氣氛對他們的重要性。一整個世紀以來,這地方一直備受攝影藝術所重視,至今亦然。〞Alain Sayag(展覽策展人)

是次法國龐比度中心珍藏照片展由龐比度中心攝影館的館長Alain Sayag策劃,展覽按年代順序介紹兩次大戰之間到八十年代的景象,並以巴黎作為導向線。從中我們可以欣賞到三十一位攝影家的一百六十七件攝影作品。展品中有不少是攝影界的先驅和二十世紀初最著名的攝影家的作品。這些照片,每張都為這門藝術開啟新的路向,攝影藝術誕生於十九世紀,到了二十世紀蓬勃發展。此外,現代藝術的每種活動都直接或間接地有攝影的參與。這展覽移師香港歷史博物館之前曾在中國展出,展覽分三個展區進行:兩次大戰之間,戰後及八十年代。

第一展區大部份是Robert Doisneau的作品,他特別喜歡在巴黎郊區及近郊的地方獵影,因而看到不少咖啡室的景象,以及一些美麗的人像照如《安烈達小姐》。Cartier Bresson的《Rue Mouffetard》逮住了一名無禮流浪漢的一瞬間;專門拍攝巴黎夜景的布拉塞,他的作品包括幾幅典型的人像照,如《兩個壞男孩》及《俄國桌球台旁的女孩》。我們有機會透過Leica de Gisèle Freund的眼睛看三十年代的巴黎:在路上塗柏油的工人,煙霧籠罩下的巴黎以及自rue Saint Julien le pauvre遙望巴黎聖母院。

展覽中也可以欣賞到一些前衛或是接近超現實主義風格的攝影家如André Kertesz(牙利)和美國人曼.雷等的作品,他們以令人意想不到的驚人角度拍攝照片。“戰後的巴黎”,這部份主要介紹三位攝影家:法國攝影家布巴、原籍立陶宛的Lzis(他一九五一年出版的第一本書名為《Paris des rêves》)以及挪威攝影家Tore Yngve Johnson。這展覽亦因為有大部份展出的作品是來自一些較少人認識的當代攝影家而避免了懷舊色彩過於濃厚。他們的作品看來較少是紀實攝影,但卻顯示出對風格的追求,有時甚至過於形式主義。