Musée
Texte et interview : Gérard Henry

MOCA SHANGHAI : un musée international d’art contemporain en Chine

 

Le Musée d’Art Contemporain de Shanghai ouvrira ses portes le 24 septembre 2005. Musée entièrement privé créé par la Fondation Samuel Kung, mécène honkongais originaire de Shanghai, il est situé idéalement au milieu du Parc du Peuple et aura à sa tête un Hongkongais, Oscar Ho, l’ancien directeur des expositions du Hong Kong Art Centre. Le Shanghai MOCA est à vocation internationale et sera inauguré par une rétrospective de Pierre et Gilles, le couple explosif de l’art contemporain français.

La tradition chinoise veut que les hommes d’affaires qui ont réussi et doivent leur enrichissement à la communauté à laquelle ils appartiennent, donnent en retour quelque chose à cette communauté. La pratique la plus courante est de faire des dons à des universités, des hôpitaux ou des centres de recherche. Mais Samuel Kung, homme d’affaires qui a fait fortune dans le jade de haute qualité, né à Shanghai et élevé à Hong Kong, a choisi un chemin plus original : créer de toutes pièces un musée d’art contemporain à Shanghai, sa ville natale. Pour ce faire il a fait appel à Oscar Ho, l’ancien directeur des expositions du Hong Kong Art Centre et l’un des rares commissaires d’exposition indépendants de Hong Kong.

Cette création d’un musée à la programmation internationale à Shanghai va certainement retenir l’attention de tous car elle va montrer jusqu’à quel point va la politique d’ouverture culturelle de la Chine. Paroles a rencontré à la mi-août Oscar Ho qui n’a eu que huit mois pour les travaux d’aménagement intérieurs du musée, le recrutement du personnel et la mise en place d’un calendrier des expositions sur les deux premières années.

Le MOCA Shanghai est-il entièrement privé ou en partie financé par la municipalité de Shanghai ?
C’est un musée privé classé comme « investissement étranger », mais un musée à but non lucratif, ce qui est inhabituel. Vous devez bien sûr avoir le soutien et la reconnaissance du gouvernement, sinon vous ne pouvez pas ouvrir de musée du tout. Mais récemment la politique du gouvernement est d’encourager différentes sortes de musées, spécialement les musées privés considérés comme investissement étranger. Le gouvernement nous loue l’emplacement qui est fantastique. Le bâtiment n’est pas nouveau, il a été construit en 2000 en commémoration de l’établissement du Parti communiste chinois. Il a une signifiance historique et nous ne pouvons donc toucher l’extérieur, mais seulement convertir l’intérieur. Sa situation est extraordinaire, au milieu du Parc du Peuple entouré par les autres musées et l’Opéra. Un parc qui compte beaucoup pour les Shanghaiens, car c’est le plus ancien, les enfants y viennent jouer, les ados s’y donnent rendez-vous et les adultes y font leur Taiji, c’est un vrai centre d’échanges.

Comment se présente l’aménagement du musée et quel en sera le personnel ?
Il est réalisé par un architecte de Hong Kong, Liu Yuyang. Il comporte deux galeries d’exposition, une salle multifonction, un centre d’activités éducatives et une galerie communautaire pour l’accueil et les rencontres. L’administration est dans un bâtiment adjacent. La prochaine étape sera l’étude de locaux de stockage réalisée par un expert australien, en vue de l’établissement de la collection du musée. Nous ouvrons aussi sur le toit un restaurant italien très agréable, partie du musée mais opéré indépendamment, dont l’excellent chef présidait aux cuisines du restaurant Cove de Causeway Bay à Hong Kong. Nous avons besoin de générer des revenus. Quant au personnel, M. Samuel Kung en est le président, j’en suis le directeur et nous avons un personnel local que nous devons en partie former. De tels musées sont rares en Chine, le seul MOCA connu est à Chengdu, et l’on trouve difficilement du personnel qualifié. On recrute de nouveaux diplômés mais ce n’est pas suffisant. Pour les débuts du Musée, nous serons aidés de quelques professionnels expérimentés de Hong Kong et de stagiaires qui ont suivi une formation de commissaire d’exposition que j’ai enseignée l’année dernière à Hong Kong, Mais c’est transitoire, dans le long terme, nous voulons former une génération de praticiens du musée.

Pour en venir à l’essentiel, quel est le but de ce musée d’art contemporain ? Est-il destiné aux artistes chinois ou se donne-t-il une vocation internationale ?
Le musée sera consacré à l’art et aussi au design contemporain. Le but est d’apporter les meilleures œuvres de l’art contemporain en Chine où il n’existe pas encore de plate-forme permanente pour cela, et de créer une plate-forme pour les jeunes artistes chinois. Les artistes chinois déjà internationalement reconnus ne sont pas notre but principal. La première année sera surtout consacrée à des expositions internationales, d’abord parce qu’il faut du temps pour construire une équipe de commissaires, ensuite parce que nous voulons montrer des choses différentes à la communauté, des programmes d’éducation pour familiariser les gens avec le vocabulaire de l’art contemporain. Il ne faut pas oublier qu’il faut deux à trois ans pour monter une grande exposition de qualité. Nous commençons donc dans un premier temps par de grandes expositions déjà existantes, différentes, colorées, afin d’attirer le public et introduire dans le même temps différents langages artistiques. Je pense présenter ainsi environ six expositions par an. Mon programme est prêt jusqu’en 2007, mais avant de le confirmer, il reste la tâche la plus difficile, trouver le financement de ces expos. Un financement qui devrait être assuré par un mécénat d’entreprise et l’aide des gouvernements étrangers quand l’exposition vient de leur pays. Mais en Chine, tout est à mettre en place, notamment le mécénat d’entreprise qui est chose nouvelle.

Ne craignez-vous pas un contrôle du gouvernement sur le contenu des expositions ?
En Chine, il y a beaucoup de procédures : vous devez avoir l’accord du Département de la Culture, du Département des Douanes, les objets d’exposition étant considérés comme des importations… Pour le Département de la Culture, la qualité et le contenu des œuvres sont aussi un sujet d’attention, mais la Chine s’ouvre, réalise qu’elle doit accueillir graduellement de plus en plus de ces expositions. Il est vrai cependant que c’est beaucoup plus compliqué qu’à Hong Kong en termes de permis, il y a tout un tas de procédures à suivre.

A quand la grande ouverture ?
Ce sera le 24 septembre avec une exposition rétrospective de l’œuvre des artistes français Pierre et Gilles qui devrait marquer les esprits. L’exposition est inscrite dans le programme de l’Année de la France en Chine et a le soutien de l’Association française d’Action artistique. Nous aurons peut-être aussi dans le parc une installation et les musiciens du Ballet de l’Opéra de Paris présent à ce moment à Shanghai.

藝術新館新知

上海當代藝術館

 

上海當代藝術館將於二零零五年九月二十四日開幕。這所完全私營的藝術館由龔明光基金會創辦,原籍上海的龔明光先生是一位熱衷於贊助藝術的香港人。上海當代藝術館座落於人民公園中央的理想位置,由香港人何慶基管理。何慶基是前任香港藝術中心展覽總監。上海當代藝術館是以國際化為目標,並將以法國當代藝壇上兩位知名藝術家皮爾和吉爾的回顧展作開幕。

中國人的傳統上,事業有成的商人為了回餽社會,會向所屬社群作出捐獻,而最常見的做法是捐錢給大學、醫院或研究中心等。但在上海出生香港長大,以經營翡翠玉器致富的商人龔明光卻選擇以較獨特的方法回餽他的家鄉上海:完全從零開始在上海創辦一所當代藝術館。為此他求助於前任香港藝術中心展覽總監兼香港少數獨立策展人之一的何慶基。

《東西譚》在八月中旬訪問了剛回到香港的何慶基,他為籌劃工作而不停地來回於香港上海兩地之間,因為他在今年一月接獲委任,必須在八個月的時間內統籌藝術館的內部佈置和整理,還要招聘員工和預先編排頭兩年的展覽程序。

上海當代藝術館是完全私營的或是有部份是由上海市政府資助?
這是一所被列為“外資”的私營藝術館,但卻是一所非盈利性質的藝術館,這是相當罕見的。當然,你還是需要政府的支持和認可,否則你根本不能開辦藝術館。但最近,政府的政策是鼓勵各類型藝術館的創辦,特別是以外資形式開辦的私營藝術館。政府租給我們的場地實在太好了。建築物並不是新的,它是二零零零為了紀念中國共產黨成立而興建。因為它有歷史價值,所以我們只能改動內部,外牆絕不能動。它的位置非常好,在人民公園的中央,四週有其他的藝術館和歌劇院。人民公園對上海人很重要,因為它的歷史最悠久,小孩到那裡嬉戲,少年人到那裡約會,成年人在那兒耍太極,是一個真真正正的交流中心。

藝術館是怎樣佈置的,以及有甚麼工作人員?
它的內部是由香港建築師劉宇揚設計,它共有兩個展覽廳,一間多用途室,一個教學活動中心和一間供團體使用的接待和交流廳。行政部門設於旁邊的一座建築物內。為了安置藝術館的收藏品,下一步要做的是研究儲存的地方,這方面由一位來自澳洲的專家負責。我們的頂樓是一家環境舒適的意大利餐廳,它屬於藝術館的一部份但卻是獨立經營,主理餐廳的大廚曾在香港銅鑼環的Cove餐廳擔任主廚。我們是必須要有收入的來源。至於工作人員方面,龔先生是藝術館的主席,我是館長,我們有一班本地員工,有部份我們須要自己培訓。這樣的一間藝術館在中國實屬少見,唯一有名的當代藝術館是在成都,所以,要找到合資格的員工非常困難。我們聘請剛畢業的大學生,但這仍不足夠。藝術館開幕的初期,我們得到幾位來自香港有經驗的專業人士和實習生的幫助,那些實習生是我去年在香港教授展覽策劃課程的學生。但這一切都是暫時性質的,長遠來說,我們希望培訓新一代的藝術館專業工作者。

講到最重要的一點,這當代藝術館的目標是甚麼?它究竟是為中國藝術家而設還是致力於走向國際化?
藝術館主要是為當代藝術和當代設計而設。目標是將最佳的當代藝術帶進中國,因為中國至今還未有為這類藝術而設的永久性平臺,此外,亦是為中國新一代冒起的年輕藝術家製造一個展出的平臺。那些在國際間已有知名度的華裔藝術家並不是我們的主要目標。第一年主要都是辦一些國際性展覽,因為建立一隊策展工作人員是需要時間的,此外,我們也希望向當地人介紹一些不同的東西,一些教育性的活動,從而讓他們先熟習當代藝術的詞彙。千萬不要忘記,籌辦一個有水準的大型展覽需要兩至三年的時間。故此我們在第一時間以一個現成的、不同的和色彩豐富的大型展覽作開始,希望藉此吸引公眾之同時亦能介紹不同的藝術語言。我希望每年大約舉辦六個展覽。到二零零七年的節目表我都已準備好了,但在確定一切之前,還有最艱難的工作,就是為這些展覽尋找經費。經費通常是來自企業的贊助或由外國政府支助,如展覽是來自他們的國家。但在中國,一切都仍未就緒,尤其是企業贊助這概念對他們來說還新得很。

你們害不害怕政府會監管展覽的內容?
在中國,手續十分多:你必須要得到文化部、海關部門的同意,因為展覽物品被視為入口的東西…… 對文化部來說,他們對作品的素質和內容也非常重視,但中國正在開放中,他們明白必須逐步接納更多這類型的展覽。然而,以申請許可証來說無可否認是較香港複雜得多了,有一大堆的手續要跟進。

甚麼時候隆重開幕呢?
將會在九月二十四日以皮爾和吉爾這兩位法國藝術家的回顧展作開幕。這展覽同時屬於中國法國文化年的節目之一,並獲法國藝術藝術協進會的支助。我們或會在人民公園內設一個裝置,巴黎歌劇院芭蕾舞團的樂手們剛好也在那個時候在上海。