Poésie
Texte : Bernard Pokojski
Saint-Pol Roux, le magnifique
« J'aimais cet homme simple et sublime. Je l'admire par-delà la mort, lui le dernier représentant de la grande littérature qui semble ne plus exister. Je dis grande littérature comme on dit grande musique. » Max Jacob
« S'il profère des secrets tus jusqu'ici, le vrai poète dévoile en même temps un monde qu'on n'avait pas su voir ; si pour tant d'autres le mot est un caillou de mort, il en fait un grain de vie, son art ne moule pas dans le fini mais cueille dans l'infini. Quel magnifique drame que la création poétique. » Saint-Pol Roux
« Un vieux film, une fois, nous le montra, barbe et capeline triangulaires, avançant d'un bon pas sur la lande, devancé par son gros chien gris qu'on voyait aboyer mais qu'on n'entendait pas. La caméra les suivait, imprécise, cahotante, à la fois impuissante et entêtée. Nous avons ces souvenirs-là », pour reprendre quelques propos de Jean-Luc Coatalem et essayer de retrouver quelques traces du poète qui se perdait déjà dans ces vieilles images cahotantes…
Paul Pierre Roux naquit le 15 février 1861 près de Marseille à Saint-Henry et dans ses jeunes années, il fut surtout marqué par la figure de son grand-père paternel qui « s'exprimait par images comme les prophètes des Saintes Ecritures et les héros chenus des épopées » et dont « le moindre geste avait une envergure divine. »
Il n'est pas difficile de voir ici qu'au terme de sa longue vie, Saint-Pol Roux se sera métamorphosé en ce grand-père… « solitaire à barbe blanche », illustrant son idée que le passé est toujours à rejoindre le futur et le temps se nourrit « d'éternisme » aux sources des origines.
En 1871, Paul Roux se retrouvera à Lyon pour y faire ses études secondaires chez quelques doctes religieux « au front d'eau (qui) m'avaient séquestré dans un clos sournois (où) d'un ignoble fouillis d'essences stériles, de chardons hargneux, d'orties hostiles, d'équivoques oronges, d'herbes folles, émergeait, dans un tournoiement de frelons, un tronc nain et tors, coiffé de quatre branches épineuses — L'Arbre de la Science ! affirmaient ces hydrocéphales. » Il ne demandera pas son reste, et bachelier, il s'engagera un an dans un régiment d'infanterie à Marseille pour ensuite entreprendre des études de droit, vite abandonnées, et prétexte à se rendre à Paris en 1882.
Il passera alors douze années dans la capitale qui formeront sa période publique et fera son entrée dans le monde des Lettres en publiant dès 1883 et c'est à l'occasion de la sortie de « Golgotha » en 1884, qu'il prendra le nom de Saint-Pol Roux.
Il rencontrera Mallarmé plusieurs fois et lors d'un banquet : « il me fit asseoir de force à sa dextre en me soufflant : «Mon fils». C'est tout en vérité et c'est peu. Mais ce qui est beaucoup, c'est l'influence magnétique de ses quelques vers et le parfum profond de ses poèmes lui... Mallarmé fut un Dieu, éveilleur pour moi comme pour tant d'autres. »
Saint-Pol Roux se liera avec tous les autres poètes de l'époque et participera à la création de la revue Pléiade annonciatrice du Mercure de France fondé en 1890, auquel il collaborera activement. Mais Saint-Pol Roux durant ces années, était en train de devenir « Saint-Pol Roux, le magnifique » et commençait à exercer une réelle séduction sur tous ceux qui l'approchaient. André Fontainas écrira : « Sa physionomie sympathique sur le champ m'intéressa, me fascina presque. D'esprit ardent, ferme en ses propos d'allure volontiers paradoxale, il les développait d'un ton courtois, en des phrases imagées ou pittoresques, qui lui étaient propres et naturelles (...) la grâce mêlée à l'énergie souple du moindre de ses mouvements, du simple geste de ses mains ou de ses doigts et tous les traits de sa figure nous émerveillaient par leur finesse exquise. » A cette époque, Saint-Pol Roux entamera une critique du symbolisme qui régnait depuis 1885 pour énoncer son « idéoréalisme », selon lequel la poésie doit manifester la présence du mystère et dévoiler les vérités cachées : « Le poète capte le secret et le dévoile sous des lignes provenant du système universel, il relativise l'absolu, disons qu'il l'approche, l'immédiatise ».
Cet idéoréalisme est aussi pour lui recherche d'une unité entre idée et réel qu'il faudra réconcilier par la vocation synthétique de la poésie. « Or, étant l'homme qui sait par excellence, le poète devient un prompt patriarche. » L'idéoréalisme devient alors révélation, connaissance nouvelle, explication et prise de connaissance de l'explication.
Le poète en quête d'unité et d'émancipation par la grâce de la révélation, « nous tend son fruit idéorel » pour citer Jacques Goorma...
Saint-Pol Roux s'isolera de ses contemporains et de leurs mondanités allant jusqu'à dire que « la fiente sert de monnaie courante à ces gens dissolus » et que « tout est fumier dans cette ville de fumier... » En 1895, il s'exilera volontairement pour trois ans en Belgique, d'abord Bruxelles puis « soudain attiré par la forêt des Ardennes du Luxembourg belge, je me fixe à son cœur avec ma femme et nos deux garçons (Coecilian et Lorédan), dans la solitaire maison des Forges... » Il accomplira ce geste, dira-t-il, hanté depuis 1889 par la Dame à la faulx et de 1895 à 1897, il vivra littéralement avec la mort.
« Ici je parachève ma Dame à la Faulx entre les coups d'archets du vent et les futaies enveloppantes et les croassements des corbeaux analogues, parmi les rares rectangles d'avoines fauchées, à de sveltes veuves. »
Cette Dame à la faulx sera tout à la fois un drame poétique et une poétique dramatique dont les ambitions et les ressorts tracent la voie aux recherches surréalistes, et qu'il ne faut plus voir comme une pièce désormais injouable mais comme un long poème dont « se dégage le robuste conseil de vivre — de vivre son écot d'énergie commune et d'universelle harmonie ».
Cette tragédie sera évidemment froidement reçue lors d'une lecture à la Comédie française qui lui prit cinq heures et demie « Les trous-du-cul, ce sont maints critiques modernes. Ils ont deux fesses, disons faces, l'une de miel pour les faiseurs d'ignominie, l'autre de fiel pour les beaux gestes du génie... »
Suivra donc son deuxième exil ; en 1898, Saint-Pol Roux et sa femme rencontrèrent à Montmartre « un nègre au torse nu » et deux musulmanes très belles dont l'une lui dit : « Allez à Camaret ! Camaret mon pays d'origine : un petit port perdu au bout du monde ». Elle lui donna l'heure du train pour Brest et l'heure du bateau pour Camaret... C'était la nuit du 13 au 14 juillet 1898 et le lendemain, ils étaient en partance pour la Bretagne... Et à l'âge de 37 ans, Saint-Pol Roux entrait dans sa propre légende et allait publier l'essentiel de son œuvre poétique. Ils s'installèrent dans la « Chaumière de Divine », du nom de sa fille née en Bretagne, et un jeune homme nommé Victor Segalen vint souvent leur rendre visite, s'étant pris d'admiration pour la Dame à la Faulx. Saint-Pol Roux au contact des paysans et des marins dépouillera son langage et consignera dans ses poèmes les événements de son quotidien. En 1905, toute la famille s'installera dans le manoir de Boultous, sorte de promontoire de fin du monde, face à l'océan, garni de ses huit tourelles et qui deviendra en 1915, le manoir de Coecilian quand son fils disparaîtra à Verdun.
« Un visage d'un autre monde (...), il paraissait sorti d'une antique légende nordique (...) avec des yeux toujours étonnés, sans doute d'exister dans un monde aussi étrange. »
En 1925 les surréalistes le tireront à eux et un hommage collectif paraît dans les Nouvelles littéraires, suivi d'une invitation à une série de conférences et d'un banquet dont il s'en ira effrayé.
« En vérité, le solitaire est un personnage très nombreux, tandis que l'homme des cités, malgré la foule qui l'entoure, est un homme formidablement seul » Saint-Pol Roux était habité par une « peur farouche de la gloire » qui ne le prévint pourtant pas d'avoir le sentiment d'être un précurseur et d'écrire « Quand s'apercevra-ton que toutes les théories actuelles (unanimisme, futurisme, simultanéisme, rythmisme, etc.) sortent du solitaire de Camaret, comme on m'appelle. Malgré mon silence, la vérité se fera bien un jour, entière... »
Ce silence était propice au travail, et Saint-Pol Roux accumulait un nombre considérable de manuscrits... « J'ai soixante-dix ans aujourd'hui, je débute. »
« Créer dans l'ombre, quelle joie ! Néanmoins, il faudra bien sortir quelque jour. Je n'ai d'ailleurs que 75 ans et si rien ne m'arrête, j'espère bien atteindre mon siècle. »
En 1938, il effectuera un séjour à Paris où l'on fêtait le cinquantenaire du Symbolisme et on le verra sur la tombe de Mallarmé. Il ira aussi à Saint-Brieuc assister au centenaire de Villiers de l'Isle-Adam et à Quimper il retrouvera pour la dernière fois Max Jacob avec lequel il pressent l'imminence de la catastrophe qui guette le monde... En effet, le 18 juin 1940, il enterre dans son jardin le long poème Le monstre de Berchtesgaden , et le lendemain, les troupes d'occupation entrent à Camaret... Dans la nuit du 22 au 23 juin, un soldat allemand exige de fouiller le manoir de Saint-Pol Roux prétextant la présence de parachutistes cachés... L'Allemand tuera la servante, blessera Divine et assommera Saint-Pol Roux... Le malheur ne s'arrêtera pas là car dans la nuit du 4 octobre, son manoir sera fouillé, saccagé de fond en comble et ses manuscrits inédits de quarante ans sont piétinés et brûlés... Saint-Pol Roux ne survivra pas à ce désastre et mourra le 18 octobre... Son manoir sera incendié dans un bombardement en août 1944...
« Qu'importe tout cela. Je me flattais de vivre vingt ans encore et d'avoir le temps de parfaire mon œuvre. Je sens bien qu'il est trop tard. Mes manuscrits et le manoir lui-même sont appelés à disparaître. Je les vois détruits par le feu. »
Oyez plutôt mon âme :
« Impatiente de connaître la vie soleil derrière la montagne, je quittai la chaumière des vieilles ailes et partis, appuyée sur un lis de l'enfantine closerie, la besace pesante d'illusions légères.
Longtemps encore, les pleureuses prunelles du seuil abandonné caressèrent la nuque de l'en allée qu'atténuyaient de plus en plus les mousselines de poussière là-bas.
Malgré tels efforts de maîtrise, mes épaules trahissaient les tressauts captifs de mon chevreau de sanglots.
Pour couper la pénible guirlande reliant les jeunes et vieilles ailes, je me masque d'un essaim de corneilles jaillies d'un champ de lin, puis me déguise d'un troupeau de bœufs menés à l'abattoir ; et comme aussitôt s'offre un ravin, entredoigt de pied de la montagne, très vite je m'y dissimule nonobstant la besace dont le poids de liège cherche à me retenir à la surface natale...
Cependant on eut pu suivre la fugitive à son sillage de larmes.
(Les Féeries intérieures, p40-41) |
詩詞
聖-波爾.魯——卓越的詩人
〝我喜歡這個純樸、高尚的人。雖然他已棄世,但越過死亡,我欣賞他。他是那似乎不復存在的偉大文學的最後代表。我說偉大的文學,正如人們說偉大的音樂一樣。〞— 馬克斯.雅各布
〝如果他大聲道出了至今沉默無言的秘密,真正的詩人同時亦揭示了曩昔人們不善觀察的世界。如果對許多人而言,字詞是一顆死氣沉沉的石子,而他卻將之變成一顆生氣勃勃的砂粒。他的藝術不以完美為模子,而是在無垠中汲取。詩歌創作是多麼宏偉壯麗的一幕。〞 — 聖-波爾.魯
〝一部老影片向我們展現了聖-波爾.魯,他滿面于思、戴著一頂三角軟帽,漫步在荒野上。前面跑著他的灰色毛皮、胖胖的愛犬,狗兒吠叫著,卻聽不到吠聲。攝影機緊隨著他們,搖搖晃晃,既顯得無能為力,又十分執著。這便是我們對他的記憶。〞讓-呂克.科阿塔朗(Jean-Luc Coatalem)這樣寫道。現在也讓我們試著去尋找這位隨著搖晃的影像逝去的詩人的一點足跡吧。
保羅.彼埃爾.魯於一八六一年二月十五日出生於近馬賽的聖-亨利(Saint-Henry)。在他年輕時代,深受祖父形象的影響。老人家〝像聖經裡的先知或史詩裡的皓首英雄般表達自己的思想〞而〝極微小的動作都有神聖的含義〞。這裡不難看到,在聖-波爾.魯漫長一生的終了,他變成了自己的這個祖父⋯⋯〝鬚眉斑白的孤獨者〞,闡明了他的思想,即過去總需與未來相接,時間在其源頭從〝永恆〞中汲取營養。
一八七一年,保羅.魯在里昂修讀中學,老師是一些教會中的學者。〝這些腦袋積水的學者把我禁錮在一個險惡的環境裡。但見一片不結果實的亂樹叢,渾身佈滿刺的薊、不懷好意的蕁麻、可疑的紅鵝膏,雜草叢生,在嗡嗡的蜂群中,從中卻冒出一顆矮小、扭曲的樹幹,從上分出四個帶刺的分枝
他在首都巴黎渡過了十二個年頭,這是他社交生活時期。自一八八三年發表作品之後,便踏足文學界。一八八四年發表作品《各各他》(Golgotha)時,開始用聖-波爾.魯的筆名。
他有幾次與馬拉美相遇,在一次宴會上,〝他低聲對我說:‘我的孩子',硬要我坐在他的右首。事實上就只這些,別無其他。但影響我最大的,是馬拉美的一些詩歌,一些我曾讀過的他的一些回味無窮的詩…… 馬拉美是上帝,是其他一些人亦是我的啟蒙老師。〞
他與當時許多詩人都有交往,並參加了《七星雜誌》(Pléiade)的創辦,這是一八九零年創立的、他積極參與的《法蘭西信使》的前身。但在這些年間,他正逐漸變成〝傑出者聖-波爾.魯〞,並開始吸引了和他接觸的許多人。安德烈.封泰納(André Fontainas)這樣寫道:〝他和藹可親的相貌一下子就吸引了我,幾乎把我給迷住了。他思想熱烈,語言有力,愛作不合常理的驚人之語,卻以彬彬有禮的語氣、形象優美的語言加以發揮,既合其性情又十分自然…… 他身體的些微動作、一舉手一投足,柔和有力混合著一種高雅,他面部的線條精緻優雅,這一切令人讚嘆。〞這一時期,他開始對自一八八五年以來便統治著詩壇的象徵主義作了批評,並陳述了他的〝觀念現實主義〞(idéoréalisme)。根據這一主義,詩歌應表現神秘的存在並揭示隱藏的真理:〝詩人捕捉秘密並以來自普遍規律的詩句揭示它。他將絕對相對化,接近它,直接觸及它。〞
這個〝觀念現實主義〞對他而言是尋求思想與現實的統一,而這必須通過詩歌整體的使命來調和。〝作為一個悟性卓絕的人,詩人變成了思想敏捷的長者。〞於是,觀念現實主義變成了揭示、新知、闡述以及對闡述的認識。
透過揭示尋求統一與解放的詩人,〝奉獻我們以他思想的碩果〞,雅可.古爾馬(Jacques Goorma)這樣說道。
聖-波爾.魯逃避他的同時代人以及他們的社交應酬,離群索居,他甚至這樣說道:〝這些墮落放蕩的人狗屎不如〞,〝在這個混賬的城市裡一切都是混賬……〞。一八九五年他來到了比利時,在那兒滯留了三年。首先在布魯塞爾,接著〝突然為比利時盧森堡地區阿登的森林所吸引,我和太太及兩個孩子(Coecilian 及 Lorédan) 便在森林深處安置了下來,住在福爾熱(Forges)家一間孤獨的房子裡……〞他說自一八八九年起,寫作《鐮刀女》 (La dame à la faulx) 的念頭一直在纏繞著他,他得以在這裡完成。自一八九五至一八九七年間,他完全和死神生活在一起。
《鐮刀女》這本書既是富詩意的戲劇亦是戲劇化的詩,其宏旨初衷為描繪出超現實主義的探索之途,我們不能再把它看作無法上演的一齣戲,而應把它視為一首長詩,〝從中發出勸人生活、體驗共同力量和普遍和諧的強有力的忠告〞。這個悲劇在法蘭西喜劇院用了五個半小時才朗讀完,顯然遭到了冷落。〝這許多現代評論家們都是一群笨蛋,他們有兩個屁股,就是說兩張臉。對那些幹出卑劣勾當的人笑臉相迎,對天才的創舉則是惡臉相向……〞
他開始了第二次流浪。一八九八年,聖-波爾.魯和妻子在蒙馬特爾遇見了〝一個赤裸上身的黑人〞及兩位美麗的穆斯林女郎。其中一位對他說:〝到卡瑪萊(Camaret)去吧!卡瑪萊,我的故鄉,一個消失在天邊的小海港。〞她把到布雷斯特(Brest)的火車時刻及到卡瑪萊的開船時間都給了他…… 這是一八九八年七月十三日至十四日之間的夜裡。第二天,他們便首途奔赴布列塔尼…… 自三十七歲起,聖-波爾.魯開始了他真正的傳奇,從此發表了他一生主要的詩作。他們安頓在〝蒂薇妮茅屋〞裡,這是一間以他們在布列塔尼出生的女兒的名字命名的一間房屋 。這期間,一個名叫維克多.謝閣蘭的年輕人常來造訪,對他的《鐮刀女》一書十分欣賞。聖-波爾.魯與農民、漁夫接觸,簡化了自己的語言,並在詩歌裡描繪了日常生活發生的事情。一九零五年,全家居住在布爾都斯邸宅(le manoir de Boultous),這邸宅彷彿世界盡頭的一個崥角,面向大海,四週點綴著八個小塔樓。一九一五年,為紀念在凡爾登失蹤的兒子,改稱 Coecilian 邸宅。
〝一個另一世界的人…… 他彷彿從古代北歐神話裡走出來的人物…… 兩只眼睛總是那麼驚奇,大概驚奇自己竟身居如此神奇的世界。〞一九二五年,超現實主義者們將他引為自己,並於《新文學》裡集體向他致意,恭請他參加講座、會議,還請他赴了一次宴,然而他嚇壞了,匆匆離去。
〝確實,孤獨者並不孤獨,他好像和許多人在一起;而生活在大城市裡的人,雖然週圍都是人群,卻是絕對地孤獨。〞聖-波爾.魯心中懷有〝對榮譽的極大恐懼〞,但這並不妨礙他意識到自己是一個先行者,他寫道:〝甚麼時候大家才會發現目前所有的理論,一致主義、未來主義、同時主義、節奏主義等等原來均出自人們稱之為卡瑪萊的孤獨者的人。儘管我無聲無息,但總有一天,一切事實將大白於天下……〞
這寂靜極適宜創作,而聖-波爾.魯的手稿堆積如山…… 〝今天,我已是古稀之年,但卻剛剛開始。〞
〝在暗地裡創作,何等的樂趣!然而,總有一天有出頭之日,我才七十五歲,如果沒意外,我將活至期頤。〞
一九三八年他來到巴黎,人們正慶祝象徵主義五十週年,有人見到他到馬拉美墓前憑弔。他亦到聖布里厄(Saint-Brieuc)參加維利埃.德.利斯爾-亞當(Villiers de l ' Isle-Adam)的百年誕辰紀念。在坎佩爾(Quimper)他最後一次和馬克斯. 雅各布相會。他倆預感到那覬覦著世界的迫在眉睫的災難…… 果然,一九四零年六月十八日,他將自己的長詩《Berchtergaden 的魔鬼》((Le monstre de berchtergaden)埋葬在花園裡。第二天,侵略者的軍隊便開進了卡瑪萊…… 六月二十二日至二十三日晚上,一個德國士兵借口有跳傘兵隱匿,要求搜查聖-波爾.魯府邸…… 德國人殺了女傭,傷害了蒂薇妮,擊昏了聖-波爾.魯…… 災難接踵而來,十月四日夜晚,他的府邸再次被搜查、被徹底地搶掠,他四十年來積累的未發表的手稿被踐踏蹂躪、付之一炬……聖-波爾.魯沒能頂住這場災難,於十月十八日含恨而逝…… 他的府邸於一九四四年八月的一場轟炸中化為灰燼……〝這一切不算甚麼。我曾自覺還能再活二十年,並有時間完成我的事業。現在我清楚地意識到一切為時已晚。我的手稿和邸宅已化為烏有,我看著它們被熊熊烈火所吞噬。 〞
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