Musique
Texte : Gérard Henry
Salif Keita, une voix venue des rives du Niger
L'Afrique sur la scène hongkongaise, c'est si rare qu'il faut le mentionner.Salif Keita, une des grandes voix du continent noir, s'arrêtera à Hong Kong durant le Art Festival avec ses musiciens et dans sa besace, une brassée de nouveaux sons peu entendus en Asie.
Salif Keita, c'est en Afrique, une légende, un homme qui a surmonté toutes les épreuves d'un parcours parsemé d'embûches, faisant preuve d'une volonté et d'une témérité exemplaires. Il est né, disent ses biographes, « à la fois maudit et béni ». Maudit une première fois car il est né albinos, enfant blanc de parents noirs, fatalité qui fait que son père le renie. Maudit une deuxième fois, car, descendant de Soudiata Keita, qui fonda l'empire mandingue au 13 e siècle, il est de caste noble et n'aurait pas dû choisir la profession de musicien, réservée aux griots, poètes et musiciens vagabonds, gens de caste inférieure et qui lui est totalement interdite. Descendant d'un roi, il est obligé de vivre comme un gueux. Mais en gardant les champs de maïs de son père, rejeté par tous, Salif va façonner sa voix en un instrument de musique au timbre unique, immédiatement identifiable quand on l'écoute car elle ne ressemble à rien de connu.
Ces reniements successifs vont faire de lui un exilé et un solitaire et le pousser à quitter son village natal de Djoliba où il est né un 25 août 1949, pour courir vers d'autres cieux à la recherche d'un climat musical plus accueillant.
En 1968, il quitte donc les rives du Niger, les champs et la maison familiale pour Bamako, la capitale du Mali, où sa voix va lentement séduire les musiciens qui l'accueilleront parmi eux, notamment The Rail Band of Bamako qui joue au Buffet de la Gare et dont il deviendra la star. Il joint ensuite en 1973 Les Ambassadeurs, de Kanté Manfila, qui donnent dans la pop anglo-saxonne et française et les rythmes afro-cubains. Puis il émigre à Abidjan en Côte d'Ivoire où la scène musicale est plus développée et où il enregistre en 1978 Mandjou, un grand succès, dans son style qui mélange orgue, claviers, saxophones avec des percussions et cordes traditionnelles africaines, des touches de jazz, de rock, de funk et de rythmes afro.
En décembre 80 Salif et Kanté traversent l'Atlantique pour New York où ils restent trois mois, jouant et enregistrant. Mais son rêve, c'est Paris où la musique afro est en plein boom. Au printemps 84, Salif triomphe au Festival d'Angoulême et le public français l'adopte. Il décide alors se s'établir à Paris, plus particulièrement dans sa banlieue à Montreuil, la « deuxième ville malienne du monde » dit-on, et la cité française qui abrite peut-être la plus grande population d'artistes.
En 1987, il enregistre Soro et participe à Londres au grand concert du 70 e anniversaire de Nelson Mandela. Il est devenu une star internationale et à partir de 97, gardant un pied-à-terre à Montreuil où vivent ses nombreux enfants, il revient de plus en plus souvent au Mali, où il s'engage dans les mouvements pour la paix et contre le racisme.
Avec l'album Moffou en 2002, et récemment M'bemba, c'est une seconde carrière qu'il entame, une renaissance de la musique classique mandingue, avec des instruments traditionnels, flûte, balafon, luth, kora, calebasse…les chœurs de ses sœurs de lait et les musiciens de ses débuts. Depuis, 35 ans après son départ, il est devenu la fierté de sa famille et de son village et a enfin pu enregistrer chez lui à Bamako dans le studio d'enregistrement qu'il s'est fait construire près du Niger.
A Hong Kong, il donnera son premier concert, accompagné de ses musiciens. En tournée mondiale, il a fait un triomphe au Zénith à Paris devant 7 000 personnes. Keita se dit maintenant un homme heureux qui veut rendre le monde heureux. Espérons que le personnel de HK City Hall sera tolérant, car avec Salif Keita et ses rythmes afro, difficile de se tenir assis.
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音樂
薩利夫.凱爾特:來自尼日爾的金桑子
香港的文娛節目表上出現來自非洲的表演節目實屬罕見,絕對值得一提。薩利夫.凱爾特,一把來自非洲大陸的金嗓子,將在香港藝術節期間與他的樂隊來港表演,為香港的公眾獻上令一耳目一新的嗓音。
在非洲,薩利夫.凱爾特是一個傳奇,一個戰勝了人生路上重重困難,顯示出驚人意志和毅力的人。那些為他寫傳記的作者說,他的出生〝既是咒詛也是恩賜〞。第一個咒詛是因為他是先天白化病患者,黑人父母生下的白色小孩,這不幸的命運讓他的父親否認他的存在。第二個咒詛,因為他是那位在十三世紀建立了馬利帝國的傳奇戰士Sundiata Keita的後裔,是一個有著皇族血統的人,實不應選擇歌手這職業。傳統上,只有巫師、行吟詩人和樂師等較低下階層的人才會以歌唱為職業,對他來說這是絕對禁止的。身為皇帝的後人,但他卻被迫過著一貧如洗的生活。但當他被所有的人棄之不顧,當他看守?父親的玉米田的時候,薩利夫將自己的嗓子磨練成音色獨特的樂器,他那獨一無二的歌聲使人一聽便難以忘懷。
一次又一次的被人遺棄讓他成為一個流離失所、孤單的人,最後更迫使他離開自一九四九年八月廿五日出生後一直生活的家鄉,跑到別處尋找更廣闊友善的音樂空間。 一九六八年,他離開尼日爾沿岸一帶,離開田野,離開老家到馬利的首都巴馬科去。他的嗓子逐漸引起當地一些樂手的注意,很快便被巴馬科的The Rail Band羅致,更成為 了樂隊的主角。之後於一九七三年,他加入了Les Ambassadeurs,主要演奏富美式搖滾及拉丁節奏的音樂。跟著,他移居象牙海岸的阿比讓,因那兒的樂壇發展較完善。一九七八年他在阿比讓灌錄的《Mandjou》大受歡迎,其音樂風格混合了管風琴、鍵盤樂器、色士風、敲擊樂器以及傳統非洲弦樂器,帶有爵士樂、搖滾音樂和節奏強勁的非洲音樂。
一九八零年十二月,薩利夫與Kante橫渡大西洋到紐約去,並在那裡逗留了三個月演出和灌錄唱碟。但他最終的夢想是非洲音樂大行其道的巴黎。一九八四年春季,薩利夫在安古林藝術節大出風頭,法國的公眾視他如自己人。他決定定居巴黎,住在巴黎近郊的蒙德勒伊這個有〝小馬利〞之稱的社區中,那兒可能是住著最多藝人的一個法國城市。
一九八七年,他灌錄了《Soro》,並有份參與一個在倫敦舉辦,為慶祝前南非總統曼德拉的七十大壽而舉辦的大型音樂會。當時他已是一顆國際知名的巨星,並自一九九七年起在蒙德勒伊保留一個歇腳的地方,他的子女都居住在那裡,而他本人則愈來愈常回到非洲馬利的家鄉,參與當地的和平運動和反種族岐視的活動。
他二零零二年灌錄的《Moffou》,還有近期的《M'bemba》可說是他的歌唱生涯的第二春,唱片中重拾經典的曼丁哥音樂風格,採用長笛、巴拉風木琴、詩琴、加拉巴士敲擊樂器等傳統樂器奏樂,深刻流露著回歸非洲大陸的情懷。自三十五年前他離開後,他現時已成為了家族和村人的驕傲,終於可以在家鄉巴馬科,在一所自己設立的錄音室內灌錄唱片。
這次,他與其音樂班底首次來港演出。他的國際巡迴表演十分成功,在巴黎的演出有超過七千名觀眾入場欣賞。這次他來港在香港大會堂表演,希望場地的員工抱較寬容的態度,因為在薩利夫的嗓子和強勁的非洲節奏帶動下,觀眾很難坐著不動的。
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