Le French May : Gravure
Texte : Henri Loyrette, directeur du Musée du Louvre

La chalcographie du Musée du Louvre

En 1687 les missionnaires jésuites envoyés par Louis XIV à la cour de l'Empereur Kangxi, à Pékin, apportent comme présents des volumes d'estampes du Cabinet du Roi. L'Empereur se déclare séduit par la finesse des traits et la précision des détails obtenue par le procédé de la gravure sur cuivre ; les artistes chinois excellaient d'ailleurs depuis longtemps dans l'art de la gravure sur bois. Ainsi commencèrent, entre la France et la Chine, de fructueux échanges encouragés par Kangxi et Louis XIV, deux souverains qui furent de grands protecteurs des arts, des lettres et des sciences.

Si les collections de notre musée – et notamment les chefs-d'œuvre de nos départements d'antiquités, de peinture et de sculpture jouissent d'une immense notoriété à travers le monde, l'admirable ensemble de cuivres gravés conservés par la Chalcographie du Louvre demeure moins connu du public. Réunie par les rois de France, saisie au moment de la Révolution et confiée par Napoléon Ier au musée du Louvre, cette collection de cuivres n'a jamais cessé depuis lors de s'enrichir. Par sa haute qualité et par son importance historique, elle mérite la même attention que les autres collections du musée. En outre, il nous a semblé indispensable de présenter aussi les aspects techniques du métier de graveur et d'imprimeur en taille-douce tel qu'il est encore pratiqué en France à l'heure actuelle.

La Chalcographie du musée du Louvre réunit aujourd'hui une collection de plus de 13000 plaques de cuivre gravées par les plus grands artistes français et étrangers du XVIe siècle à nos jours. Elle fut fondée le 12 mai 1797, lorsque la Révolution Française affecta au musée du Louvre nouvellement créé (et alors appelé Museum Central), l'ensemble des cuivres gravés sous l'Ancien Régime et appartenant aux collections royales, aux collections de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture, et à divers autres dépôts, royaux, privés ou publics.

Depuis Louis XIV, les souverains français comprirent la puissance de ce moyen d'information et de diffusion de l'image qu'était l'estampe. Ils passèrent commande auprès d'artistes graveurs afin d'immortaliser les grands événements de leur règne et les richesses de leur royaume : architecture, palais, jardins, vues de Paris, fêtes de Versailles…

Exposées à Hong Kong, on retrouve les trésors des collections de peintures et de sculpture dont « La Joconde » gravée par Antoine-François Dezarrois d'après Léonard de Vinci, « Le Sacre de l'empereur Napoléon 1 er » de Emile Jean Sulpis d'après Jacques-Louis David, « La Liberté guidant le peuple » de Louis-Adolphe Salmon d'après Eugène Delacroix ou encore « La Baigneuse Valpinçon » gravée par Louis Abdon Boutelié d'après Jean Auguste Dominique Ingres.

Les deux globes terrestres imprimés reproduisent en réduction les deux célèbres globes de 4 mètres de diamètre offerts au roi Louis XIV par le cardinal d'Estrées, dits « Globes de Marly ». Ils furent réalisés par le cartographe et cosmographe Vincenzo Coronelli (1650-1718) entre 1681 et 1683. Retraçant l'histoire des grandes découvertes, le globe terrestre témoigne de l'exploration progressive des continents. Le globe céleste représente l'état du ciel à la naissance de Louis XIV, le 5 septembre 1638. Coronelli confia la tâche de représenter les constellations au peintre Jean-Baptiste Corneille (1649-1695) qui réalisa une œuvre remarquable dans un camaïeu de bleu. Coronelli, fort de son succès, décida de réaliser des modèles réduits des globes de Marly et de les éditer.

Les deux globes imprimés présentés à Hong Kong sont réalisés à partir de tirages contemporains sur papier vergé. Une fois le montage terminé, les planches sont aquarellées sur une sphère en résine (106 cm de diamètre) d'abord entoilée puis marouflée, selon le modèle conservé à la Bibliothèque Nationale à Paris.

Fidèle à sa vocation d'encourager l'art de l'estampe et d'en continuer l'histoire, la Chalcographie du Louvre a souhaité relancer le système de commandes auprès d'artistes contemporains comme il existait autrefois. Dans cette entreprise engagée en faveur de l'enrichissement permanent de la collection et qui réunit des créateurs de France mais aussi d'Europe et d'ailleurs, se manifestent les ressources actuelles de l'estampe, de son imaginaire et de ses inépuisables techniques.



法國五月:刻畫藝術

羅浮宮館藏銅版畫


• Lousi de Chastillon, Aubépine, plante chinoise

1687年,法王路易十四命耶穌會傳教士攜帶《皇家雕版收藏集成》的部份版畫,往北京獻予康熙皇帝。儘管當時的中國木刻版畫已發展成熟,但康熙皇帝對於這些雕工精巧、線條細膩的銅版畫大表讚賞。這兩位皇帝對藝術、文學與科學均充滿熱誠,在他們的推動下,中法文化交流獲得了豐碩的成果。

羅浮宮博物館雖然是一所蜚聲國際的博物館,但它的銅版收藏是鮮為人知的。這些版畫是自十七世紀,由法國歷代君王蒐集而成。在大革命時期,藏品曾被查封,後來拿破崙一世才委託羅浮宮博物館保管。一直以來,羅浮宮銅版收藏館不斷購藏作品,現已藏逾一萬三千幅銅版畫。無論在質量與歷史價值方面,這些銅版畫皆可與羅浮宮博物館的其他藏品媲美。收藏館除珍藏銅版畫外,於1895年開始委託法國國立博物館聯會,印製及發行銅版畫。

這次在香港展出的兩座球儀,是艾斯特雷樞機主教獻給法王路易十四的馬爾利球儀的縮版,原版的球儀各長四米,地球儀是參照地圖學兼天文學家文森索.柯洛內里(1650-1718)於1681至1683年間所繪製的地圖,在蓋有帆布的球體上繪製而成,展現出人類對五大洲探索的歷史進程。至於天球儀則是根據法王路易十四誕生時的天象所繪製。

Chalcography在希臘文原指在銅版上書寫,除解作銅版畫外,也代表收藏它們的地方。製作銅版畫,必須在銅版表面上,以刻、劃或蝕方式創作,完成後經過一系列的程序,才可印製而成。法國羅浮宮首次在香港展出逾百幅由他們印製的十八世紀銅版畫,以及兩座銅刻柯洛內里世界球儀,這些展品重現昔日法國銅版藝術的光彩。


• Le Globe de Coronelli