Photographie
Texte : Gérard Henry

« City Sights » : Oan Kim et Frank Lei

La ville de Macao est au cœur des préoccupations de son musée : en 2000-2001, le musée avait invité en résidence sur l'initiative et les conseils de John Batten, alors directeur de sa propre galerie d'art à Hong Kong, le photographe néo-zélandais Laurence Aberhart, qui avait fait un magnifique travail de photographie documentaire sur Macao, donnant lieu à un livre et à une exposition. Certains des bâtiments photographiés ont d'ailleurs disparu depuis. Une autre exposition photo avait eu lieu en 2004 sur le Macao des années 60 et 70, photographié par Lei Chiu Yang, photographe pendant 40 ans au Macao Daily News. Cet été ce sont deux autres photographes qui offrent leur vision de la cité, l'un, Oan Kim, invité en résidence, est français coréen, l'autre, Frank Lei, est macanais. Le commissaire de cette exposition, James Chu, voit une atmosphère d'inspiration française chez ces deux photographes formés, pour le premier, à l'Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris et pour le deuxième à l'Ecole nationale supérieure des arts décoratifs de Paris.

Frank Lei a sans doute photographié les rues de Paris avant celles de Macao ; on retrouve dans ses premières photos l'influence des grands photographes parisiens du XXe siècle. Il a abondamment photographié Paris la nuit et a d'ailleurs obtenu en 1991 le premier prix du concours « Les rues de Paris » organisé par le Musée français de la photographie.  Professeur de photographie à l'Ecole supérieure des arts de l'Institut polytechnique de Macao, il est aussi diplômé en littérature chinoise et porte une grande attention au patrimoine de Macao. Il a photographié les anciens bâtiments de la ville, et particulièrement ses rues, présentant en 98 sous le titre de La cité assoupie, un vieux Macao encore insouciant de la vague immobilière qui allait le défigurer en partie. Frank Lei affectionne les vues panoramiques horizontales ou verticales, elles lui permettent de saisir de larges pans de ville, comme, en verticale, les puits que forment les rues étroites bordées par de vieux immeubles rapprochés, ne laissant passer en hauteur qu'une fente de lumière. Il montre la vieille ville à demi en ruine, ses petites ruelles qui semblent avoir été oubliées par la marche du temps, plongées dans le calme tranquille des après-midi ensoleillées aux ombres très marquées. Le noir et blanc se prêtent parfaitement à cette ville cachée qu'il explore inlassablement, comme s'il en pénétrait une à une toutes les couches et classes sociales, même les plus modestes.

Beaucoup plus jeune, Oan Kim, d'origine coréenne est né en France en 1974 à Saint Denis. Invité en résidence par le musée de Macao, il a parcouru la ville comme Frank Lei, mais n'en étant pas originaire, il n'a pas cherché à en donner un portrait mais s'est attaché à ses seules impressions. Le pavé, la rue, le trottoir semblent les éléments qui reviennent constamment dans son œuvre, comme s'il regardait la ville par le pied, ou la parcourait les yeux baissés. Le noir apparaît comme le constituant essentiel de ses images, un noir profond, velouté qui envahit l'image et dissimule en partie les visages. Quand il lève les yeux, c'est pour lever son objectif sur les jeunes écolières en robe blanche qui croisent son chemin. Ces adolescentes ont toutes remarqué l'objectif tourné vers elle, elles le regardent, parfois surprises, mais gardent leur distance. Il en résulte des images très sensibles mais énigmatiques, comme si le photographe était en face d'un mystère qu'il ne pouvait percer. La ville existe, mais dans de menus détails, morceau de trottoir, pied d'arbre, qu'il fait vivre en les photographiant. 



攝影

都市漫遊:金奧顏及李銳奮攝影展

澳門本身一直是澳門藝術博物館最關心的主題:2000-2001年,澳門藝術博物館在約翰百德(當時他在香港擁有自己開辦的畫廊)的建議和策劃下,邀請了紐西蘭攝影師Laurence Aberhart到澳門作駐場創作,他製作了一個精彩的澳門攝影紀錄專輯,這批作品曾在博物館中展出,展覽期間同時亦出版了一本攝影集。而且,有部份曾被拍攝的建築物自那時之後已不復存在。博物館在2004年亦曾舉辦了另一個攝影展覽,展出了在《澳門日報》工作了四十年的攝影記者Lei Chiu Yang的一批有關澳門六十至七十年代的照片。今年的夏季則是另外兩位攝影師為大家介紹他們眼中的澳門,他們的其中一位是應邀到澳門作駐場藝術家的法籍韓裔攝影師金奧顏,另一位則是澳門人李銳奮。這展覽的策劃人朱焯信認為這兩位攝影師的創作靈感都曾受法國環境的影響,前者畢業於巴黎國立高等美術學院,而後者則畢業於巴黎國立高等裝飾藝術學院。

在拍攝澳門街景之前,李銳奮肯定先曾拍攝了不少巴黎的街頭景色;我們可以從他早期的照片中明顯看到二十世紀的一些著名巴黎攝影家的影響。他曾拍攝了大量的巴黎夜景,而且還贏得了1991年由法國攝影藝術博物館舉辦的〝巴黎街景〞攝影比賽的頭獎。他現任澳門理工學院藝術系的講師,他亦持有中國文學文憑,對保存澳門的文化遺產十分關注。他曾拍攝了不少澳門的古老建築物,特別是橫街窄巷的景色,還於1998年以《昏睡的城市》為題,介紹了舊澳門的景貌,當時,澳門還未懂得憂慮地產對部份澳門所做成的破壞。李氏特別喜愛以垂直或水平角度並利用超廣角鏡取景,超廣角鏡讓他把一大片的都市景色捕捉在照片上。在他的照片中,我們看到半荒廢了的舊城區,在寧靜,陽光燦爛的下午,光陰的腳步似乎停留在那些窄街小巷中。而黑白照片完全適合用來表現這隱藏起來的城市。

年輕很多的韓裔攝影師金奧顏1974年在法國聖丹尼出生。他應澳們藝術博物館的邀請作駐場藝術家,他像李銳奮一樣走遍澳門的大街小巷,但因他並非澳門的土生土長,所以他並沒有嘗試給予澳門一個特定的形象,而是集中表達他自己對澳門的感覺。那些小石路、小巷和行人路似乎經常成為他的作品中的素材,看來就像他是用腳來觀看這座城市,或者是垂著眼睛來走遍這座城市。他拍攝的影像看來是主要以黑色構成,一種深沉的黑色逐漸將影像侵佔,遮蓋了部份的臉容。當他抬高眼睛時,鏡頭卻是指向那些穿著白色校服的年輕學童。這些少年人全都發現鏡頭對著自己,他們回望著他,有點兒驚訝,但卻保持拒離不願走近。他的照片極之感性但充滿著神秘感,好像是這位攝影師所面對的是一個他看不透的奧秘。這座城市是存在的,但他是透過拍攝一些微細部份讓它顯現出來。