French Cinepanorama 2006
Texte : Jean-Michel Sourd
Dans l'univers du cinéma fantastique
Cette année, le French Cinepanorama offre une intéressante manifestation parallèle, une mini-rétrospective consacrée au cinéma fantastique français. De tous les genres cinématographiques, le fantastique est l'un des plus difficiles à cerner. D'abord, à cause de la démarcation souvent vague qui le sépare des genres voisins, comme la science-fiction, l'horreur ou l'épouvante, voire le film noir. Ensuite, parce qu'il existe autant un ton qu'un genre fantastique. Le premier surgit volontiers et souvent au sein d'œuvre dépendant d'autres genres, par la personnalité d'un cinéaste ou l'habileté d'un scénariste. C'est le cas d'un des films de cette rétrospective : Les belles de nuit (1952) où le personnage campé par Martine Carol, fait partie de la série de ses films pseudo-historiques, pimentés d'érotisme aimable, qui feront la gloire de cette actrice. D'ailleurs, ne trouve-t-elle pas comme partenaire masculin, cet éternel jeune premier du cinéma français, Gérard Philippe ? C'est donc un fantastique à la sauce romantique que nous convie un René Clair en fin de carrière. On est bien loin de ses premiers films avant-gardistes comme Paris qui dort. Toutefois, Les belles de nuit possède encore cet air d'élégance typiquement clairien.
Ce fantastique romantique n'est pas nouveau dans le cinéma français, on le rencontre particulièrement pendant l'occupation, avec notamment L'éternel retour (1943) de Jean Delannoy, le tardif chef d'œuvre de Cocteau La belle et la bête (1946) et justement un film de cette rétrospective : Les visiteurs du soir (1942) de Marcel Carné. Ce dernier avait été accusé d'avoir contribué à la défaite de 1940, avec Le quai des brumes (1938), jugé « pessimiste » et « démoralisant ». La légende veut qu'il ait alors prudemment choisi, avec son scénariste, le poète Jacques Prévert, le sujet le plus détaché des convulsions de son temps : un Moyen Age d'enluminure, une histoire d'amour enchâssée dans un vitrail, y mêlant toutefois une lutte entre le Bien et le Mal, qu'il serait tentant d'imaginer comme une transposition des tourments de l'occupation. Le tandem Carné-Prévert contribuèrent à la révélation d'une grande comédienne de l'histoire du cinéma français : Arletty, en lui confiant un des personnages les plus accomplis qu'ils aient imaginés. Si jamais l'expression « beauté du Diable » a pu s'appliquer à une actrice, c'est bien à elle, dans son personnage de complice du démoniaque Jules Berry, figure séduisante et ambiguë qui sème le trouble dans le cœur des hommes et déclenche un drame tout en cherchant à prévenir les irrésistibles effets de son pouvoir maléfique.
Cette rétrospective du fantastique français fait alors un bond dans le temps, éliminant les films des années 60 aux années 80, qui nous auraient donné la possibilité de revoir La jetée (1962) de Chris Marker, Les soleils de l'Île de Pâques (1972) de Pierre Kast, Les chiens (1979) d'Alain Jessua, La mort en direct (1980) de Bertrand Tavernier, Le dernier combat (1983) de Luc Besson, les premiers films de Caro et Jeunet,maîtres incontestés du fantastique des années 90 avec Delicatessen (1991) et La cité des enfants perdus (1995), sans oublier leur œuvre de jeunesse Le bunker de la dernière rafale (1981), accessibles, heureusement en DVD.
C'est avec le magnifique Peut-être (1999) de Cédric Klapish que littéralement un saut dans le temps s'opère. L'argument est un démarquage de Retour vers le futur (la célèbre trilogie de SF réalisée par l'Américain Robert Zemeckis)» Dans cette fable post-moderne, on a même le droit au coup de la disparition. Marty, le héros de Zemeckis, voyait sa famille disparaître sur une photo. Là, Belmondo, qui serait alors grand-père en 2070, somme son père (Romain Duris), qui a fait un saut dans le futur à l'aube de l'an 2000, de procréer au plus vite, sans quoi ses membres, qui disparaissent graduellement, grâce à un effet spécial efficace, n'auront plus aucune existence et amèneront à l'extinction pure et simple de sa descendance. Tout l'intérêt de cette comédie futuriste repose sur le désir d'avoir un enfant et des conséquences qui s'en suivent. Il faut saluer surtout les décors fabuleux d'un Paris complètement ensablé, d'où émergent quelques monuments célèbres. On est heureux d'y retrouver Belmondo, l'acteur de toutes les expériences cinématographiques de Godard à Lelouch en passant par Lautner, Truffaut, et Malle. Il campe un fils du futur un peu railleur, bonne occasion pour lui de faire son petit numéro de cabotinage qu'on lui connaît.
Les revenants nous plonge dans une atmosphère aux antipodes de Peut-être. Ce premier long-métrage réalisé en 2003, par Robin Campillo revendique l'héritage des films américains des années 50-60, tels que Le village des damnés de Wolf Rilla, qui ramenaient un événement planétaire à une situation locale. Le retour des morts parmi les vivants est analysé comme une étude sur le deuil, vu sous l'angle d'une expérience collective, décrite comme une crise mondiale, mais à l'échelle municipale. Cette dimension a permis ainsi au réalisateur de traiter à la fois de la question du pouvoir et de la gestion institutionnelle à travers des scènes presque naïves de réunion à la mairie et d'interrogations plus intimes. L'usage de la post-synchronisation pour les voix des revenants donne un effet d'irréel. De même le léger ralenti utilisé dans les plans où il n'y a que des morts enrichit l'atmosphère envoûtante de ce film.
Retour ensuite à la pure comédie avec Jean-Philippe (2006) de Laurent Tuel, qui se plait à créer un univers parallèle où la grande star du rock français Johnny Hallyday n'aurait jamais existé. Hallyday au départ avait refusé d'y jouer, mais en voyant qu'il ne devait pas incarner un chanteur, mais Jean-Philippe Smet (son vrai nom dans la vie), un personnage qui dans le film, n'était pas devenu ce qu'il est aujourd'hui, il a fini par accepter. Mais la vraie star du film, c'est bien Fabrice Luchini, qui dans son personnage de fan de Johnny, mériterait tout simplement un César. Sa contribution porte véritablement ce film audacieux où l'humour est roi.
Ce bref voyage dans le cinéma fantastique français sur nos écrans hongkongais contribuera, on l'espère, à montrer l'originalité des réalisateurs de l'hexagone, qui peuvent créer, sans dépassement de budget des œuvres majeures d'un genre réputé coûteux à Hollywood.
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2006年法國電影節
電影狂想的世界
今年 , 法國電影節在電影回顧這環節中特別選映一系列以荒誕狂想作主題的法國電影。而在所有的電影類別當中,荒誕古怪的影片亦是最難界定的其中一種。首先是因為它與其他類似的片種,如科幻片、恐怖或驚慄片,甚至乎黑色電影等之間的分界十分模糊。再者,因為除了有格調荒誕的電影外亦有屬於荒誕的片種。前者是十分自然的流露,而且多是出現在其他類別的影片當中。這而次放映的《夜夜春霄》 (1952年) 就是一個好例子,它屬於虛構歷史的電影系列之一,並帶點兒可愛的情慾意味,美艷的馬天娜.嘉露讓片中的女主角活現於銀幕上。本片是名導演雷里.克萊爾晚年的作品,怪誕中帶點浪漫。這部電影的風格與他早期的前衛主義作品,如《沉睡中的巴黎》有很大的分別。雖然如此,《夜夜春宵》仍然具有克萊爾特有優雅風格。
荒誕浪漫的情節在法國電影中並不是很新奇,特別是在德軍佔領時期,而導演馬徹爾.卡尼的《魔鬼的使者》猶其出色。卡尼的電影《霧之港》(1938年)曾被批評為〝悲觀〞及〝令人意志消沉〞,這位導演更為此被指控有份促成了1940年的戰敗。因此,卡尼與他的劇作家,即詩人普雷韋很小心謹慎地為《魔鬼的使者》這部電影選擇所需的傳說,主題亦與當年的動盪局勢完全沒有關係。這部電影好比一本中世紀彩色插圖的抄本,在一塊塊彩繪玻璃上加插了一段愛情故事,然而當中又混合了善惡的鬥爭,有可能是導演想透過劇情轉折地表達德軍佔領時期的動亂不安。卡尼/普雷韋這對影壇孖寶在這部電影中發掘了法國電影史上最偉大的一位女演員:雅萊蒂。若有需要以〝魔鬼的美貌〞來形容一位女演員,那就非她莫屬了。
而薛德烈.格比殊的《或者》卻直接帶我們跳回目前的世界。有爭議說這部電影是抄襲美國的三部曲電影《回到未來》。片中的男主角亞瑟(羅曼.杜希斯飾)在千禧年的前夕突然跳進未來世界中,去到2070年,那時候他的兒子(貝蒙多飾)已是一名兒孫成群的祖父,而後者和他兒孫們正逐漸消失,因此他催促亞瑟要趕快回到現在並盡快讓女朋友懷孕,要不然,他們都不會存在,亞瑟將會絕後。本片的佈景絕對是值得讚美的,它展現完全被沙掩埋了的巴黎,只露出一些著名的紀念建築物。而更高興的是有機回能再次欣賞貝蒙多的精湛演技。
《黃泉回歸》帶我們進入一個氣氛與《或者》完全相反的環境中。這部2003年製作的電影是羅賓.金比路執導的第一部長片。他以死人集體還陽的事件來探討人們對痛失親人的心態,哀傷過後,如何去接受他們的回歸。導演將一件全球性的災難濃縮描寫成發生在一個城市的地方性事件,一方面透過市政廳的會議來探討權力及制度管理的問題,另一方面也希望藉此引發人們作更深入的反省。
羅朗.杜艾爾導演的《超級歌迷》 (2006年)則是純粹的喜劇,他在片中所描寫的是一個類似我們身處的世界但又不完全一樣的平衡世界,當中,法國著名流行歌手尊尼.雅萊迪從未出現過。最初的時候,雅萊迪拒絕參與本片的演出,但看過劇本後,發現並不是要他扮演一名歌手,而是演繹尚菲力.斯梅(他現實生活中的真姓名),而片中的他並沒有成為今日的他,因此他終於接受參與演出。但本片真正的明星其實是法比斯.盧西尼,他在片中飾演雅萊迪的歌迷,其精湛的演出足以為他贏得一個凱撒獎。
我們希望藉這次法國電影狂想曲回顧展讓香港觀眾看到法國導演的創意,以及他們不必像荷里活電影,需要大量資金也能製作這類型的電影。
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