Biennale
Texte : Gérard Henry

Vous avez dit Biennale ? J'ai dit Biennalisation !

Un nouveau mot fait fureur dans les milieux de l'art : « la biennalisation ». Un sujet brûlant qui passionne ou déchire maintenant chercheurs, critiques d'art, artistes et amateurs. Au début, il y eut Venise inaugurée en 1895 par le roi Umberto I et la reine Marguerite de Savoie, une ancêtre peu prolifique puisqu'en 80 ans elle ne donna naissance qu'à une vingtaine de biennales. Mais tout changea dans les années 90 avec un véritable baby boom :  plus de 60 rejetons dispersés sur toute la planète, une sorte de fièvre baptisée « biennalisation » qui saisit les villes en mal de renommée, transforment soudainement leurs vieux entrepôts ou autres ruines en centre d'art contemporain et attirent tout un peuple hétéroclite en mal d'aventures artistiques. Les Archives de l'Art asiatique*, soucieuse d'analyser ce phénomène, viennent même de lancer un site très documenté et fort instructif sur les biennales, sur lequel vous trouverez tout ce que vous voulez savoir. Par exemple : la définition d'une biennale : C'est « une exposition périodique à grande échelle qui constitue une part importante du système de production et de distribution des produits artistiques, un instrument de stratégie économique de l'industrie culturelle mondiale et un véhicule pour le développement des cités ». Voilà qui est sérieux et bien dit. Le chercheur et universifaire australien John Clark est, quant à l'origine des biennales asiatiques, plus direct : « une tentative de faire venir l'Euroamérique en Asie ! » dit-il.

Ces biennales ont aussi donné naissance aux nouvelles stars de l'art contemporain qui se font craindre et désirer : les « commissaires voyageurs » qui chaque année parcourent la planète à la recherche de leur pitance : les artistes, qui, à la rumeur de leur arrivée en ville, attendent fébrilement le miraculeux coup de téléphone qui les propulsera sur la planète Biennale. Suivent ensuite les journalistes et critiques des grands titres de l'art contemporain, très convoités par les organisateurs et les politiques des cités en question qui leur offrent des packages avion-hôtel-dîner pour s'assurer qu'ils seront bien présents. Et ce petit milieu, auquel s'ajoute un cercle plus large d'inconditionnels très branchés de l'art contemporain, gravite tout au long de l'année en orbite autour de la planète de biennale en biennale. Ce pourrait être ennuyeux, mais il y a toujours de nouvelles surprises comme en 2005 Istanbul, ou en 2006 Singapour. Les agences de voyages sont, elles aussi, de la partie avec par exemple en septembre dernier une offre spéciale : 3 biennales en une semaine : Singapour-Shanghai-Guangju ! Pour les néophytes, cela vaut son pesant d'or : la possibilité de rencontrer plusieurs centaines d'artistes en une dizaine de jours ! Mais tout le monde en fin de compte semble content, car sans les biennales, l'art contemporain n'aurait guère de scène où s'exprimer. Les cités en font le fer de lance de leur promotion touristique. Le prix à payer en est cependant une dépendance de plus en plus grande de l'art aux pouvoirs politiques et économiques.

En 2006, vous pouvez encore voir
7/10/06 – 17/12/06  27e Biennale de Sao Paulo (Brésil)
26/10/06 – 15/01/07    Biennale internationale d'art contemporain de Séville (Espagne)
1/11/06 – 28/12/07    Triennale de Luanda (Angola)
4/11/06 – 25/02/07    Biennale de Taipei  (Taiwan)
27/11/06 – 10/02/07    1e biennale d'art et d'architecture  des îles Canaries (Espagne)
2/12/06 – 27/05/07    Triennale Asie Pacifique de Brisbane (Australie)
12/12/06 –15/02/07    10 e Biennale du Caire (Egypte)

Et en 2007, ne manquez pas :
Moscou (Russie), Aukland (Australie), Usuhaia (Argentine), Sharjah (Emirats Arabes Unis), Cuerca (Equateur), Montreal (Canada) Venise (Italie), Kassel (Allemagne), Montpellier (France), Goteborg (Suède), Porto Alegre (Brésil), Athènes (Grèce), Istanbul (Turquie), Lyon (France), Florence (Italie) .
Souces : www.universes-in-universe.de, www.aaa.org.hk


雙年展

你說的是雙年展 ?
我卻是說雙年展風潮 !

在藝術界出現了一種新的風潮:〝雙年展風潮〞。它是現今不少學者、藝評家、藝術家及藝術愛好者熱愛或攻擊的一個熱門主題。最初的時候,威尼斯雙年展於1895年由意大利國王恩伯多一世和他的王后揭幕,而這雙年展始祖並不多產,在之後的八十年間只增多了約二十個雙年展。但到了二十世紀的九十年代,一切都改變過來,出現了雙年展的生產高峰期:在世界各地新誕生了六十多個雙年展,一些不見經傳的城市像是患了某種被命名為〝雙年展風潮〞的狂熱病,相繼地將一些舊貨倉或其他廢置的地方改建成當代藝術館,因而吸引了一大群古靈精怪,只顧追逐藝術活動的人。亞洲藝術文獻庫仔細分析這現象,甚至為此設立了一個資料詳盡和甚有教育意義,並提供一切有關雙年展資訊的網站。例如:雙年展的定義是:〝定期每兩年舉辦一次及大型的展覽,是藝術生產及發佈系統中的主要部份。雙年展也是國際文化工業中的一種經濟策略,一種發展城市的工具。〞這是很好和嚴肅的說法。而來自澳洲的學者John Clark對亞洲出現雙年展之起因卻有更直接的解釋,他說:〝是將歐美引入亞洲的一種企圖!〞

這些雙年展同時造就了當代藝壇中一些新星的誕生,他們就是那些既令人害怕又令人羨慕的〝旅行策展人〞,他們每年要走遍全球訪尋那些他們賴以生存的〝口糧〞——藝術家。藝術家們若風聞有這類策展人來到他們的城市,便會既興奮又焦躁地等待一通能帶他們飛往雙年展星球的神奇電話。另一些就是在各大藝術刊物工作的記者或藝術評論員,他們備受主辦機構和有關地方的政府所重視,並為了確保得到他們好的評價而給他們提供飛機票、住宿和膳食的優待。而在這一個小圈子之內還有一大群通曉當代藝壇的一切動向,並無條件支持的人,他們全年圍繞著一個接一個的雙年展在轉。久而久之,這一切都可能會變得無聊,再沒有趣味,但幸好時不時又會出現一些新的驚喜,如2005年在伊斯坦堡或2006年在星加坡先後創辦了雙年展。而旅行社方面,他們也來分一杯羹,舉例,在九月份他們提供了一星期參觀三個雙年展:新加坡-上海-光州的特價團。對於那些新加入者,這簡直是一個黃金的機會:能有機會在十多日內接觸到幾百個藝術家!但歸根究底,所有人看來都很滿意,因為若沒有了雙年展,當代藝術便沒有任何表達的舞台。而各個城市更是將推廣旅遊業的矛頭指向雙年展。所付出的代價就是藝術從此愈來愈依靠政治和經濟的力量。