Peinture
Texte : Gérard Henry

Au carrefour de l'Orient et de l'Occident, l'Art de Wucius Wong

« Au carrefour de l'Orient et de l'Occident » le titre choisi pour cette exposition rétrospective qui fête les 70 ans du peintre hongkongais Wucius Wong n'est guère original, il illustre cependant parfaitement toute une période historique de l'art moderne chinois confronté à l'art occidental. Wucius Wong est un illustre représentant de la troisième génération de ces artistes chinois  déchirés entre deux traditions et qui tout au long de leur création artistique tenteront une voie de conciliation entre deux traditions éloignées l'une de l'autre.

La rencontre violente de La Chine et de l'Occident au XIXe et XXe  siècles a mis face à face deux cultures de tradition, de comportements et de modes de pensée différents. De telles rencontres ont souvent un caractère agressif, une culture tentant de s'imposer à l'autre, de mettre en avant ses critères moraux ou esthétiques. Si dans son passé, que ce soit sous la domination mongole ou mandchoue, la Chine avait toujours plus ou moins réussi à absorber ou à siniser ses envahisseurs, il n'y a par contre pas eu de fusion avec la culture occidentale, mais un choc frontal dont les ondes se font encore ressentir aujourd'hui. Les premiers touchés, car les plus sensibilisés à ces phénomènes sont les intellectuels et les artistes, ils se retrouvent en première ligne, ne pouvant ignorer tout un champ d'expérimentation nouveau qui remet en cause leur propre recherche. On observe ainsi dans le domaine de la peinture chinoise, une série de tentatives d'assimilations, de fusions ou de rejets qui donne une image troublée et parfois chaotique de cette époque. Certains artistes ont refusé toute intrusion de l'art occidental alors que d'autres ont carrément abandonné toute tradition chinoise. Et puis il y a ceux dont l'œuvre est une tentative de marier les deux cultures ou qui vont constamment de l'une à l'autre tentant de trouver une autre voie ou de faire une synthèse qui s'avère impossible. Certains, de peur de s'enliser dans une tradition figée, trouvent une troisième voie en révolutionnant leur média d'expression traditionnel. On verra ainsi au début du XXe siècle dans la même école des Beaux-Arts de Hangzhou deux éminents professeurs se côtoyer, Lin Fengmian, revenu de France marqué et profondément influencé par la révolution picturale européenne du début du 20e et Pan Tianshou, lettré hors pair et grand maître de la tradition de la peinture à l'encre qu'il développera vers de nouveaux horizons. Certains de leurs meilleurs élèves, également partagés entre les deux traditions, partiront en Occident. Wu Guanzhong peindra à Paris à la façon de Maurice Utrillo, avant de revenir en Chine et à un travail sur la ligne et le trait qui donne toute l'énergie à ses peintures. Chao Chung-hsiang parti aux Etats-Unis, restera déchiré entre peinture chinoise et expressionnisme abstrait qu'il confrontera sur ses tableaux. Les deux plus célèbres et peut-être les plus chanceux seront Zao Wou-ki et Chu Teh-chun qui pourront trouver après de nombreux tâtonnements un créneau à leur mesure et totalement exprimer leur sinité dans l'abstraction lyrique occidentale.


Wucius Wong né en 1936,  fait partie d'une troisième génération et sera l'héritier de tous ces mouvements, même s'il ne les connaît que plus tard, car autodidacte à ses débuts, il n'aura pas l'occasion de bénéficier de l'enseignement artistique qu'ont eu ses aînés en Ecole des Beaux-Arts inexistante à Hong Kong, et commencera par l'aquarelle avant de devenir l'élève d'un autre grand réformateur de la peinture à l'encre chinoise, Lu Shou-kun. C'est donc muni d'une formation solide en peinture à l'encre chinoise qu'il partira lui aussi pour l'Occident, en l'occurrence les Etats-unis. Avant de revenir plus en détail sur son parcours personnel, il faut noter un autre mérite à cette exposition : à travers Wucius Wong, ce sont tous les débuts de l'histoire moderne et contemporaine hongkongaise de l'Art que l'on peut comprendre et découvrir. Wucius Wong n'est point seulement un artiste, c'est aussi un critique et un éducateur qui fut à la fois un acteur et un témoin du développement de cette histoire. Il en donne d'ailleurs un aperçu dans la postface du catalogue de son exposition, relatant les différentes associations artistiques apparues à Hong Kong et donnant un tableau des artistes qui ont joué un rôle, et des différences tendances et mouvements auxquels ils appartenaient. Certains sont toujours très actifs comme Chu Hing-wah ou Gaylord Chan, mais la plupart sont aujourd'hui disparus comme Huang Boye, Chan Hoi Ying, Zhao Shao'ang, Luis Chan, Lu Shou-kun ou Jackson Yu.

Les débuts de Wucius Wong sont ceux de tous les jeunes artistes qui se cherchent, copiant ou expérimentant de nombreux styles différents, on voit ainsi une grande toile de 1960 à la façon de Zhao Wu-ki (lui-même tributaire de Paul Klee) qui venait de faire une expo à Hong Kong, Son premier maître qui va véritablement lui donner l'orientation future de son œuvre est Lu Shou-kun qui lui enseignera et fera connaître les grands maîtres de la peinture à l'encre chinoise comme Bada Shan Ren (Zhu Da). Il commencera alors à peindre à l'encre les paysages urbains de Hong Kong.

Le début des années 60 sera un autre de temps de découverte et d'apprentissage dans différents collèges d'art et de design aux Etats-unis où il restera jusqu'en 1965, époque de la fin de l'expressionnisme abstrait et du début du Pop Art qui pendant quelques années vont influencer son travail marqué par de forts éléments géométriques et des traits de calligraphie chinoise. L'on ressent aussi une intrusion d'éléments de design dans son œuvre de l'époque. Derrière ce parcours artistique, il ne faut pas oublier que la vie d'artiste n'est point synonyme du romantisme à laquelle on l'attache souvent. Wucius devra dès la sortie de l'école secondaire travailler pour supporter sa famille, son père étant décédé alors qu'il était adolescent. Ce devoir familial le fera revenir à Hong Kong en 1965. En 1974, il devient professeur de design à Hong Kong Polytechnic, où créant les divers syllabus d'enseignement, il œuvrera à jeter les fondations de ce qui est devenu aujourd'hui The School of Design.

C'est à cette époque, dit-il, qu'il va véritablement se trouver. Il revient à la nature, au paysage et surtout à la lumière qu'il admire autant chez des Occidentaux tels que Rembrandt et Turner que chez de grands maîtres chinois tels que Fan Kuan (c. 990-1030) (Travellers amoung Montains and Stream) Gong Ruan, Ju Ran, et Guo Xi. Il réalise plusieurs séries où il semble observer et presque disséquer le paysage chinois, car dans toute son œuvre Wucius Wong montre un esprit d'ordre et de géométrie, ses paysages semblent regardés avec un œil scientifique. Il s'attache à montrer les effets de lumières sur les montagnes enneigées jouant avec des ombres ou des lumières sombres qui baignent le paysage. Il tend à systématiquement réordonner la nature autour de lignes géométriques qui structurent et quadrillent ses paysages, comme s'il refusait délibérément toute inspiration ou connaissance plus intuitive. Cette grille va d'ailleurs caractériser son œuvre.

Wang après des années de travail intense en tant qu'éducateur, professeur et commissaire d'exposition sent le besoin d'une halte et repart aux Etats-unis en 1984. C'est pour lui une période de réclusion et de méditation. Il peint beaucoup et semble retrouver le souffle des rivières et des montagnes, s'embarquant dans sa peinture pour de grands voyages à la façon des anciens, peignant le Grand Canyon et les chutes du Niagara. Il revient aussi à l'huile et acrylique sur toile mais sans changer son thème ni son style : le paysage qu'il regarde de près, dans lequel il met en évidence les grandes lignes d'organisation. Il est exposé aux derniers mouvements de l'art contemporain de New York, mais reste à l'écart, il a déjà choisi son propre chemin.

Après 12 ans à l'étranger il revient en 1996 chez lui, dit-il, Hong Kong où il a ses racines, ses repères, ses amis écrivains ou peintres, ses élèves et surtout son paysage fait de grandes avenues et de ruelles, de moderne et d'ancien qui a évolué au même rythme que sa vie, et qu'il prend maintenant comme objet de da peinture et de son travail tout en continuant à pénétrer au plus près de son pinceau  dans ses rochers et montagnes.

Ses derniers travaux, d'un côté des images de la ville dans une trame dense et serrée mais aussi très colorée, notamment de petites taches ocres et rousses ou couleur de rouille (voir tableau en couverture), de l'autre côté des paysages de montagnes libérées de la grille qui les ordonnait, montrent une maturité et une plus grande liberté du trait et du pinceau, comme si Wucius Wong ne se souciait plus de l'Orient et de l'Occident qui toute sa vie l'ont déchiré mais s'adonnait tout simplement au plaisir de peindre dans l'instant.  



繪畫

東西問道——王無邪的藝術


• Meditation Nº 10, 1987, Ink and colour on paper,
140 x 69 cm

選擇以《東西問道》作為慶祝香港畫家王無邪七十大壽的回顧展之名稱其實沒有甚麼新意,然而,它卻完美地表達了中國現代藝術受西方藝術衝擊的整段歷史。身處這段歷史的中國藝術家深受兩種文化傳統的衝擊,他們一生都希望透過創作嘗試將這兩種相差有天地之分的傳統協調起來,這到了王無邪已是第三代的藝術家,而他更是當中的表表者。十九、二十世紀,中國與西方國家開始了緊張的外交關係,而兩種傳統、行為和思模式完全不同的文化亦因此得以接觸。但這些接觸多數是帶侵略性的,是一種文化嘗試將自己的一套道德或美學標準強迫另一方接受。儘管在過往歷史中,中國無論是在蒙古人或滿州人的統治下都或多或少成功將侵略的外族吸納或使之中國化,可是,與西方文化卻完全沒有辦法融合,反而是迎頭的碰撞,當時所做成的震撼時至今天仍感到其餘波。而最先受影響的當然是學者和藝術家們,因為這些人對此等狀況向來都是比較敏感的。他們身處前線,不可能對眼前的全新探索領域置諸不理,這同時引發他們對自己的探索作出反思。就是這樣,我們可以從那時中國的畫作方面看到一連串吸收、融合或否決的嘗試,而產生出來的作品為這段時期帶來一種使人不安和混亂的印象。有部份藝術家拒絕任何西方藝術的介入,而另一些則完全放棄所有中國的傳統。也有部份藝術家的作品是嘗試將兩種文化結合,或是不停地遊走於兩種文化之間,希望從中找到新的路向或是將兩者合成的方法,但一切都證明是徒然的。亦有些藝術家因害怕陷入一種僵化的傳統中,並透過革新傳統的表達媒介終於找到了第三種表達的途徑。因此,在二十世紀初,在杭州美術學院同一間學院內出現了兩位傑出的教授:剛從法國回來,深受二十世紀初在歐洲掀起的繪畫革命所影響的林風眠,和學冠無雙,水墨畫自成一家的國畫大師潘天壽。他們的得意門生同樣分享了兩種傳統,而當中最出色的幾位也離開中國到西方國家去。吳冠中在巴黎隨Maurice Utrillo學畫,回國後他的畫作主要是以線條和筆觸來表達澎湃的感情。趙春翔跑到美國,他一直徘徊於國畫和抽象畫之間,兩者經常在他的畫作中同時出現。而最出名的兩位,亦可能是最幸運的就是趙無極和朱德群,他們經過了無數反複探索,最後終於找到一個為他們貼身打造的新天地,讓他們得以在西方的抒情抽象畫中盡情表達中國文化的特色。

王無邪出生於1936年,是屬於這類藝術家的第三代,亦是這一切運動的繼承者,雖然他是在後來才認識這些運動,原因是他早年是自學作畫,不像他的前輩們有機會到美術學院接受教育,因為當時香港並沒有美術學院。他由水彩畫開始,後來師事呂壽琨,呂氏是另一位革新中國水墨畫的大師。王無邪後來也前往西方國家,當時的選擇是美國,那時他已練就鞏固的中國水墨畫根基。在詳細講述王氏的個人經歷之前,必須先指出是次展覽的另一處優點:透過王無邪的作品讓我們看到最早出現在香港的現代及當代藝術的各種創作手法。王無邪不單是藝術家,他亦是一位藝評家和教育學者,他親身演繹和見證了這一段歷史的發展。展覽圖錄的前言中有為我們簡單地介紹了一些曾經出現在香港之不同流派和運動的藝術社群或協會,以及相關的藝術家。這些藝術家當中有部份至今仍然活躍於藝壇,如朱興華或陳餘生,但其餘的大部份,如黃般若、陳海膺、趙少昂、陳福善、呂壽琨或尤紹曾等卻已不在人世。

王無邪早期的藝術生涯與其他不停地在摸索中的年輕藝術家一般無異,都是模仿或嘗試各種不同的風格,我們因而看到一幅他創作於1960年的大型畫作是模仿趙無極的風格,這幅畫剛在不久前在香港展出。他的啟蒙老師呂壽琨才是真正讓他找到未來創作路向的人,呂氏不只教他繪畫的技巧,還讓他有機會認識一些中國水墨畫大師,如八大山人(朱德)的作品。他從此開始以水墨繪畫香港的都市景色。

六十年代初對王無邪來說是另一段發掘新事物和學習的時間,他在美國不同的藝術學院及設計學院上課一直至1965年,當時剛好是抽象表現主義沒落,波普藝術冒起之際,而往後的幾年間,他的創作清楚是受波普藝術的影響,在作品中明顯看到幾何圖形和文字的元素。我們也可以從他那時候的作品中感覺到一些設計元素的介入。大家不要忘記,在藝術生涯的背後,藝術家的生活其實並非如我們想象般的浪漫。少年時已經喪父的王無邪自中學畢業後便需要工作養家了。而這家庭責任讓他決定1965返回香港。1974年,他開始在香港理工學院設計系任教,他還創製了多套教學大綱,致力為今日已成為設計學院的設計系奠了基石。

他說這段時期讓他真正的找到自我。他重新回歸大自然,繪畫實景,在畫上捕捉風景中的光與影。西方的倫勃朗和泰納,中國的范寬(公元990-1030年)、董源、巨然和郭熙等都是他極為傾慕的繪畫大師。那段時間內他繪畫了幾個系列的畫作,在這些系列當中他似乎是先將中國山水風景仔細觀察然後加以剖析,因為王無邪的所有作品都顯示出一種井然有序和幾何學的精神,他的風景畫似乎是用帶科學的目光觀賞的。他嘗試有系統地用幾何線條和格仔來將大自然的景貌重新佈局,他似乎是刻意拒絕接受任何靈感和較直覺的認知。這些格仔更從此成為他的作品之特色。

經過多年繁重的教學和策展工作後,王氏實在需要暫停一下,並於1984年再次離開香港到美國去。留美的一段日子對他來說是隱居和思考的時間。他畫了很多畫,似乎再次呼吸到山河間的清新空氣,他像古人般踏上繪畫的旅程,繪畫大峽谷和尼亞加拉大瀑布的風景。他亦再次採用油彩和水彩在畫布上作畫,但卻沒有改變他的主題和風格:他以近距離觀看風景,並在景色中加上明顯的結構線。在紐約時他接觸到最新的美國當代藝術,但這對他已沒有多大的吸引力,因為他早已選擇了自己的路向。在外國生活十二年後他於1996年再次回到家鄉——香港,他說這兒才是他的根,有他熟悉的事物,有他寫作和繪畫的朋友、他的學生,有與他一同成長的環境、大街小巷、新舊建築物。

他近期的作品,一方面是繪畫都市擠逼的景觀,而且是閃耀着五光十色的色彩,另一方面是一些沒有格線規範的大自然山光景色,這些作品顯示出一種成熟穩重,線條與筆觸揮灑自如的感覺,看來現時王無邪已不再為困擾一生的東方、西方而煩惱,衹是簡單地醉心於繪畫的即時樂趣。