Poésie
Texte : Bernard Pokojski
Alfred Jarry, gestes et opinions
« Ventrebleu, de par ma chandelle verte, j'aime mieux être gueux comme un maigre et brave rat que riche comme un méchant et gros chat. » (Père Ubu)
« Le visage plâtré en fantôme de cloon, les yeux caves, les cheveux divisés par moitiés en ailes de corbeau, en frac, culottes, bas et chaussures cyclistes, le toujours jeune Alfred descend dans les sépulcres les plus sinistres, sa chandelle verte à la main. Et il rit, comme l'homme aux joues tranchées qui ne peut cesser de rire et toujours à contretemps. »
Bref portrait que nous donne Philippe Audouin de celui qui éternellement exhibera sa chandelle verte sous les traits du Père Ubu, mais dont l'œuvre demeure cent ans après sa mort, toujours aussi secrète et qui avait écrit qu'« il est très vraisemblable que beaucoup ne s'apercevront point que ce qui va suivre soit très beau… »
Jarry naîtra en 1873 à Laval où il passera ses six premières années pour aller ensuite à Saint-Brieuc chez le grand-père maternel puis à Rennes, ville natale de sa mère. Au lycée de cette ville, Jarry obtiendra le bac mais aura surtout pour professeur de physique M. Hébert, le futur Ubu, qui apparaîtra d'abord dans la pièce Les Polonais , écrite par Jarry et les frères Morin.
En 1891, Jarry s'installe à Paris avec sa mère et cette année-là, il tentera le concours d'entrée à l'Ecole normale supérieure auquel il échouera. Il sera élève de rhétorique au lycée Henri IV et pour la deuxième fois en 1892, se verra refuser les portes de l'E.N.S… Mais qu'à cela ne tienne, puisqu'il fera la rencontre de Léon-Paul Fargue qui à la fin de sa vie se souviendra encore de lui : « petit et trapu, figure pâle, très longs cheveux, de très beaux yeux. Nerveux, affectueux. » Jarry qui n'avait rien publié, avait cependant déjà écrit des poèmes et des pièces de théâtre et sa grande curiosité l'avait doté d'une culture aussi vaste que variée allant de livres pour enfants aux ouvrages de vulgarisation en passant par des contes, des chansons ou des vaudevilles. Jarry mène à cette époque une vie assez libre sans connaître encore les milieux littéraires, dans un Paris qui vit avec les attentats anarchistes et voit le procès de Ravachol. Mais son évolution sera très rapide, et à vingt ans, il est déjà en pleine possession de son génie si particulier. En 1894, il publiera aux éditions du Mercure de France Les minutes de sable mémorial.
- ACHRAS : O mais c'est qué, excusez : je ne m'attendais point à recevoir la visite d'un aussi gros personnage… Sans ça, soyez sûr qu'on aurait fait élargir la porte. Mais vous excuserez l'embarras d'un vieux collectionneur, qui est en même temps, j'ose le dire, un grand savant.
- M. UBU : Ceci vous plaît à dire, Monsieur, mais vous parlez à un grand pataphysicien.
- ACHRAS : Pardon, Monsieur, vous dites ? …
- M. UBU : Pataphysicien. La pataphysique est une science que nous avons inventée et dont le besoin se faisait généralement sentir.
Voilà donc ce mot de pataphysique, au si bel avenir, lâché par M. Ubu dans un recueil où Jarry voulait « faire dans la route des phrases un carrefour de tous les mots. » Mais ce premier recueil résiste à la lecture et Remy de Gourmont suggérait que le caractère obscur d'une œuvre écrite n'était souvent que l'ombre de notre ignorance et que les œuvres nouvelles se reconnaissaient à l'abondance de métaphores nouvelles. «Toute métaphore nouvelle est obscure. » Jarry formulera lui-même dans ce recueil sa théorie du texte poétique : « Simplicité condensée, diamant du charbon, œuvre unique faite de toutes les œuvres possibles offertes à tous les yeux encerclant (…) la périphérie de notre crâne sphérique ».
Au même Mercure de France, Jarry publie l'année suivante César Antéchrist , en quelque sorte la suite du premier recueil. En effet, ces deux premières œuvres se distinguent par une grande disparité de ton et de forme, nous offrant des poèmes classiques ou libres, des proses, des fragments de pièces mêlant une langue difficile aux discours du Père Ubu. Y règnent les ténèbres médiévales et les accessoires de l'horreur, ainsi que les hérésies des premiers siècles de l'ère chrétienne. Jarry a aussi recours à l'ésotérisme héraldique et tout un acte de César Antéchrist a pour seuls personnages des pièces du blason. Ces deux ouvrages ne représentaient cependant pas l'aboutissement d'un vrai projet littéraire mais sont comme un collage de textes dispersés publiés précédemment par Jarry qui ira jusqu'à dire : « Tous les sens qu'y trouvera le lecteur sont prévus, et jamais il ne les trouvera tous ; et l'auteur lui en peut indiquer, colin-maillard cérébral, d'inattendus, postérieurs et contradictoires. » LE SCARABÉE : « Je suis la Pince et les Tenailles qui déclouèrent le corps divin ; éclaboussé par son sang qui rachète (son sang et non mes pleurs joncha ce sol de ses pétales), je lui pardonne à lui qui a fait pénitence et le fera bien plus encore. »
En 1896, Jarry crée une éphémère revue d'estampes qui ne connaîtra que deux numéros, et Paul Fort fait paraître en préoriginale dans la revue Le livre d'art , Ubu roi publié par le Mercure de France quelques mois plus tard. La pièce sera un succès au parfum évident de scandale et Jarry adoptera alors le langage et le masque du Père Ubu dont il endossait d'ailleurs le costume depuis quelque cinq ans, deux à trois fois par semaine pour révéler en même temps que son talent de mystificateur, ses dons de comédien. Autre événement littéraire des plus importants, l'achat à Laval, le 30 novembre, d'une bicyclette de grand luxe. 1897 sera pour lui une mauvaise année car, dit-on, il sera ruiné, devant alors quitter le boulevard Saint-Germain pour retourner au Calvaire du Trucidé, joli nom donné à l'atelier qu'il louait depuis 1892, et dont il devra même déménager pour être hébergé par le Douanier Rousseau. Fait intéressant, il s'achètera malgré tout une périssoire pour fendre les eaux des rivières d'Ile de France et s'adonner à la pêche… Mais cette année-là, Jarry s'était mis à écrire son étrange Gestes et opinions du docteur Faustroll , détenteur de vingt-sept ouvrages pour qui seul l'énigmatique vingt-huitième dont on ne saura rien, comptait…Faustroll et ses compagnons se livrent donc à un long périple « qui conduit le savant docteur, expulsé de son domicile, non point vers des pays «imaginaires» mais dans les univers bien réels nés de l'imagination des poètes et des peintres du symbolisme », pour reprendre Noël Arnaud. Cette quête n'est pas non plus sans nous rappeler les Quart et Cinquième Livres de Rabelais où l'on part, d'île en île, à la recherche de la connaissance… Mais Faustroll est comme un « Socrate à l'envers » qui ne cesse d'apprendre et nous apprendre qu'il sait déjà tout, puisqu'à sa naissance, il avait soixante-trois ans et s'inscrivait déjà en dehors de toutes les normes connues.
« L'île Fragrante est toute sensitive, et fortifiée de madrépores qui se rétractèrent à notre abord, dans leurs casemates corallines. L'amarre de l'as fut enroulée autour d'un grand arbre, balancé au vent comme un perroquet bascule dans le soleil.
« Le roi de l'île était nu dans une barque, les hanches ceintes de son diadème blanc et bleu. Il était drapé en outre de ciel et de verdure comme la course en char d'un César, et roux comme un piédestal. »
Quelques lignes pour vous donner le ton de l'ouvrage qui, en fait ne sera publié qu'en 1911, à partir des différents fragments laissés par Jarry.
En 1900, aux éditions de La revue blanche, publication d' Ubu roi et Ubu enchaîné ainsi que de juillet à septembre de Messaline , roman de l'ancienne Rome. Rachilde dira que cet ouvrage « marque une évolution nouvelle, peut-être une définitive révolution, dans les primitives obscurités de son style », et Maurice Saillet « le passage de la littérature ésotérique et nocturne, à cette littérature publique et proprement diurnale ». Jarry était peut-être aussi lassé de s'adresser aux « quelques intelligents » dont il avait l'estime mais dont le nombre insuffisant ne lui permettait pas de vendre ses livres à compte d'auteur…Toujours est-il qu'ici, sous le couvert d'une Antiquité que Jarry ne pouvait que réinventer, il distille à nouveau ses plus purs phantasmes, dans une écriture éblouissante toute en jeux de miroir qui laisse sa place entière à l'imagination du lecteur. Jarry publiera en 1902 Le surmâle , roman moderne, et livre des records, puisque le dit-surmâle cycliste bat à la course une quintuplette montée par cinq champions ainsi qu'une locomotive lancée à 400 km/h à travers la Sibérie, sans parler du mur des 70 coïts en vingt-quatre heures qu'il franchit allègrement…
Mais, allez-y voir…
Jarry rencontrera en 1903 Mac Orlan, Picasso, Apollinaire qui sortira même dans sa revue Le festin d'Esope une partie de L'objet aimé . Il travaillera à la traduction de la Papesse Jeanne du Grec Emmanuel Rhoïdès mais en 1906, il commencera à donner des signes de maladie, et ira rejoindre sa sœur à Laval pour quelque temps. Le 28 mai, croyant sa mort proche, il recevra les derniers sacrements et rédigera le faire-part de son décès. Sera cependant de retour à Paris en juillet. L'année suivante, il retourne à Laval, mais sa santé se dégrade rapidement, et il ne pourra rentrer à Paris que grâce à quelques amis, dont Octave Mirbeau qui lui avait envoyé une forte somme d'argent… la fin approchait et sans nouvelles depuis plusieurs semaines, ses amis le découvrent chez lui dans un état lamentable. Transporté à l'hôpital de la Charité, il y mourra d'une méningite tuberculeuse le 1er novembre 1907, ayant encore le temps de demander un cure-dents avant de fermer les yeux. Il avait 34 ans.
Jarry est devenu une légende, et sa vie une suite d'excentricités dominée par la figure écrasante du Père Ubu… Il nous a laissé une œuvre polymorphe et mal connue, mais avec son ami Léon-Paul Fargue, il avait connaissance de Lautréamont, et ses premières œuvres s'inscrivent dans la région de l'œuvre du Montévidéen… Peut-être est-ce là qu'il faudrait chercher les écrits de Jarry et le lire.
Œuvres de Jarry
En Poésie/Gallimard
- Gestes et opinion du docteur Faustroll, pataphysicien
- Les minutes de sable mémorial . César Antéchrist
Chez Eric Losfeld
Messaline et Le surmâle (1977)
Fata Morgana a publié Ubu roi en 1996, illustré par Pierre Alechinsky
Editions Folle Avoine : Ubu intime (1985)
Œuvres de Jarry en Bouquins (1367 pages, 2004)
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詩詞
阿爾弗雷德.雅里—— 業績與卓識
〝他媽的,以綠蠟燭起誓,我寧可窮得像一隻瘦削、善良的老鼠,而不願像一隻邪惡的肥貓一樣富有。〞 —— (于布老頭)
〝一副塗着厚厚的白粉、幽靈般的小丑的臉,一雙深陷的眼睛,散亂的頭髮從中對半分開,活像烏鴉的翅膀,身穿短褲,腳着自行車手的鞋襪,手擎一支綠蠟燭,永遠年輕的阿爾弗雷德向陰森可怖的墳墓走去。他笑着,彷彿 兩頰神經被切割不能自制的人, 不住地、老是不合時宜地咯咯笑着。〞
這便是菲利普.奧杜安 (Philippe Andouin) 對這位永遠以于布老爹的形象出現、展示其綠蠟燭的人所作的簡單描述。然而在他死後的一百年,其作品仍如此神秘,他自己也曾這樣寫道:〝顯然,許多人還一點沒發覺接下來的作品該是多麼美麗……〞
雅里於1873年誕生於拉瓦勒(Laval),並在該市渡過了童蒙的六年,接着到外祖父居住的聖布里厄 (Saint-Brieuc) ,隨後來到他母親的故鄉雷恩(Rennes) 。他在該市的中學通過了中學畢業會考,尤其是遇到了物理老師埃貝爾(M. Hébert),這個未來的于布老頭。這人物最早出現在雅里和莫蘭兄弟(les frères Morin)合作的《波蘭人》(Les Polonais)這個劇本裡。
1891年,雅里和母親在巴黎安置了下來。這年,他參加了高等師範學校的入學考試,但未獲成功。他成了亨利四世中學修辭班的學生。 1892年他再次報考高師,第二次被拒諸門外。但這沒關係,他認識了列翁-保羅.法爾格 (Léon-Paul Fargue) 。後者在晚年仍憶起雅里:〝小個子、矮墩墩、臉色蒼白,長長的頭髮、美麗的眼睛。神經質,深情。〞雖然此時雅里尚未發表任何作品,但已寫了一些詩作和劇本。他好學不倦,知識淵博,從兒童書籍到普及讀物,以及一些故事、歌曲、滑稽劇,無所不曉。這一時期,雅里在一個無政府主義者頻頻謀殺、為拉瓦尚爾 (Ravachol) 事件困擾的巴黎自由自在地生活,尚未涉足文學界。但他成長神速,二十歲上,便展現出特殊才華,揮灑自如。1894年,法蘭西信使出版了他的詩集《Les minutes de sable mémorial》。
- 阿卡拉斯:噢,甚麼?請原諒:我萬沒想到會接待一位如此肥胖的人物…… 不然,我會叫人把門框整大些的。不過,您還是應該原諒一位年紀老邁的收藏家 的處境,我抖膽說,他同時還是一個大學者呢。
- 于布先生:隨您怎樣說,先生。但您現在是跟一位偉大的荒誕玄學家交談。
- 阿卡拉斯:對不起,先生,您說甚麼來着?……
- 于布先生:荒誕玄學家。荒誕玄學是我們創造的一門科學,它需求殷切,這點可普遍感到。
這便是在這本詩集裡由于布先生口中說出的、爾後大行其道的〝荒誕玄學〞一詞。雅里在本詩集裡欲〝於語言的大道上製造一個詞語的十字路口。〞但這第一本詩集卻晦澀難懂,雷米.德.古爾蒙(Rémy de Gourmont)認為一本著作之所以晦澀難懂往往是我們無知的投影;而具創意的作品則見於豐富的新穎多采的隱喻。雅里卻認為〝任何創新的隱喻皆是晦澀的〞。他在這本詩集裡提出作詩的見解:〝精煉濃縮、如煤炭中提煉出的鑽石,是眾目顒望的一切佳作凝聚而成的極品…… 是球形腦體的表層。〞翌年,同樣在法蘭西信使上,雅里發表了《反基督的凱撒》(César Antéchrist),在某種程度上,可被視為前一詩集的續集。確實,這兩本詩集在風格和形式上都大異其趣,迥然不同。裡面既有古典格律詩亦有自由體詩,有散文亦有劇本的片斷,艱澀難懂的語句羼雜在于布老頭的言語中。書裡瀰漫 着 中世紀的黑暗以及種種恐怖情景,更有紀元初的異端邪說。雅里還求助於紋章的玄奧,《反基督的凱撒》一書裡唯一的人物便是那些紋章。這兩本集子並非實現他的文學抱負,而只是他過去發表過的一些文字的結集。雅里甚至這樣說:〝讀者在書中所能發現的 東西早在預料之中,但卻永遠沒法全部道出;而作者可為他指點迷津,這是一場腦力的捉迷藏遊戲,充滿後來的、矛盾的、出乎意料的事物。〞金龜子說:〝我是一副鉗子,把釘在十字架的耶穌解下;我身上濺滿贖罪者的斑斑血跡(是他的鮮血而非我的眼淚將土地染紅),我原諒他,這個以苦刑贖罪的人,他還會作更大的犧牲。 〞
1896年雅里創辦了一份曇花一現的版畫雜誌,只出版了兩期。保羅.福爾(Paul Fort)先拔頭籌,在《藝術書》 (Le livre d'art)雜誌發表了《于布王》(Ubu roi)這齣戲劇,幾個月之後再由法蘭西信使發表。劇本上演非常轟動,卻引來公憤。雅里模仿于布老頭的言談舉止,音容笑貌,在差不多五年的時間裡,每星期兩至三次,他穿著于布老頭的服飾,展現其故弄玄虛的才華和演戲的天份。另一件應載入文學史冊的大事是,他於12月30日在拉瓦勒買了一部昂貴的自行車。1897年對他來說可謂流年不利,他破產了,必須離開聖 - 日耳曼大道搬回〝受難所〞 (Calvaire du Trucidé)居住,這是他為自1892年便租下的工作間所取的漂亮名字。最後,他甚至還需離開此處,為〝稅務員〞盧梭(Douanier Rousseau)所收容。有趣的是,他雖身處逆境,卻還有興緻買了一艘賽艇,在法蘭西島上的河流裡破浪前進,以捕魚為樂……就在這一年,雅里開始着手寫《荒誕玄學家福斯特羅爾博士的業績和見解》(Gestes et opinions du docteur Faustroll)這部奇特的書。這位博士業已寫了二十七本書,但對他而言,那迷一樣的、尚未為人知曉的第二十八本才最重要…… 福斯特羅爾及其伙伴作了一次長途歷險,〝將這位被趕出家門的博學之士帶到象徵主義詩人和畫家們想象中的真實世界,而非'虛構'的國度。〞諾埃爾.阿諾 (Noël Arnaud)這樣評述道。這個追尋令我們想起拉伯雷的《第四及第五書》(Quart et Cinquième livres),書中人物由一個小島駛向另一個小島,尋求知識…… 然而福斯特羅爾卻彷彿是〝蘇格拉底的反面〞,他不停地學習並告訴我們他已超凡入聖。因為他一出世便已六十三歲,在各方面已超出常態。
〝芬芳島是十分有知覺的,它由珊瑚礁構成,非常堅固。這些石珊瑚生性羞怯,你一走近,它便縮了進去。賽艇的纜繩繞在一棵大樹上,在風中飄曳,活像一隻鸚鵡在陽光下搖擺。
島大王全身赤裸站在船上,藍白兩色的王冠繫在腰間,他以藍天綠樹為衣,儼如駕着戰車征戰的凱撒,而他棕紅的頭髮像個柱座。〞
以上謹引書中幾行,俾讀者對該書的風格略知一二。該書以雅里遺留的斷簡殘篇為基礎結集成書,遲至1911年才出版問世。
1900年,《白色雜誌》出版了《于布王》及《被囚的于布》(Ubu enchaîné),從七月到九月,還登載了敘述古羅馬歷史的小說《梅薩林》(Messaline) 。拉希爾德 (Rachilde) 稱這部小說〝對他早期的晦澀風格而言,標誌着一個新的發展,或可說是決定性的變革。〞而莫里斯.薩耶 (Maurice Saillet) 則認為這是〝從玄奧、暗夜文學向公開、白晝文學的過渡。〞雅里大概也厭倦了只面對他重視的〝幾個精英〞,靠這有限的幾個人,不足於讓他自費出版自己的作品…… 雖然他利用不可再創造的古典素材進行創作,卻重新賦予它最純美的幻象。絕妙的文筆令人眼花繚亂,將鏡子折射返照的功能發揮殆盡,一任讀者馳騁自己的想象。1902年,他發表了《超雄性》(Le surmâle),這是一部現代小說,紀錄大全,因為書中的超雄性自行車手速度竟超過由五個冠軍一齊踩的五輛連體自行車,以及以每小時四百公里速度穿越西伯利亞的火車,更不用說他輕而易舉地打破二十四小時內造愛七十次的紀錄……
您還是自己去讀這本書吧……
1903年,雅里結識了馬克.奧蘭 (Mac Orlan) 、畢加索、阿波利奈爾等人。阿波利奈爾甚至在他主辦的雜誌《伊索的盛宴》(Le festin d'Esope)發表了他的《所愛的人》(L'objet aimé) 的片段。他著手翻譯格雷克.艾馬紐埃爾.羅伊戴斯(Grec Emmanuel Rhoïdès)的《女教皇姌娜》(La Papesse Jeanne) 。然而1906年,他身上開始出現一些病徵,於是他便到拉瓦勒姐姐處小住一段時日。5月28日這天,他覺得死亡已臨近,便接受了臨終聖事並寫下了訃告。7月他回到了巴黎。翌年,再重返拉瓦勒。但他的健康急遽惡化,在朋友的幫助下,他才能回到巴黎。奧克塔夫.米爾博(Octave Mirbeau)慷慨地給他寄了一筆錢……
大限即將來臨,幾個星期來都沒有他的消息,朋友們來到他家中,見到他境況凄涼。他被送往慈善醫院,1907年11月1日因結核性腦膜炎溘然謝世,雙眼閉攏前,還問人要了一支牙簽。 終年34歲。
雅里已成了傳奇人物, 他的一生是在于布老頭的形象下一系列的荒誕行徑…… 他給我們留下了豐富多形、為人不解的著作,由於他的朋友列翁 - 保羅.法爾格,他認識了洛特雷亞蒙,他早期的作品屬蒙得維的亞詩人一派…… 也許正因為如此,應將他的書找來讀一讀。
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