Peinture
Texte : Gérard Henry

Au Hoi Lam : cahiers d'exercices

Il y a parmi les jeunes artistes diplômés des écoles d'art beaucoup de vidéastes, photographes, installateurs, performeurs ou praticiens de l'art électronique et numérique. Les peintres par contre sont devenus plutôt rares, à l'exception peut-être de la Chine où une peinture figurative, surexpressive et cynique fait fureur dans les galeries. Les peintres n'ont pas en cette époque vraiment la faveur des curateurs d'exposition ou de biennales car la peinture est un art individuel qui le plus souvent se suffit à lui-même et qu'il est souvent difficile de faire rentrer dans une thématique ou un discours. La peinture reste un art primitif : il suffit d'un support, de couleurs et d'un doigt, pinceau ou bâton. L'artiste est face à sa toile, ce qui le rend modeste, car il lui est difficile de se mentir à lui-même : le résultat est immédiatement visible. Cette confrontation est un véritable défi, et aussi une souffrance. C'est pourquoi, si la peinture n'est point un art communautaire ou social, elle reste un art total, le plus ancien, le plus difficile. De nombreux étudiants et jeunes artistes s'y essaient, la plupart l'abandonnent très vite.

Au Hau Lam qui n'est pas encore dans sa trentaine, fait partie de ces jeunes artistes qui ont choisi d'être peintre. Son œuvre de débutante est fraîche, spontanée et naïve dans le sens où elle est directe et reflète ouvertement ses propres sentiments. Née à Hong Kong, elle fait ses études à l'école publique de Tai Po et au Jockey club T I College, une école qui privilégie le sport et l'art. Elle y prend goût et rentre au Département des Beaux-Arts de l'Université chinoise. « Je voulais faire un travail de création, dit-elle, et après un an, contrairement à mes camarades qui hésitaient encore sur le média à choisir, j'avais choisi la peinture pour la raison que c'est un média que je peux contrôler, et qui demande de travailler la matière. J'aime ce contact de la main entre l'art et l'artiste ».

Depuis son adolescence, Au Hoi Lam a toujours avec elle des vieux cahiers d'écolier aux lignes quadrillées, sur lesquels elle griffonne, fait des petits dessins au crayon noir ou au crayon de couleur et jette quelques idées, morceaux de poèmes ou notes de ses rencontres et sentiments. Ses cahiers qu'elle a publiés dans son « painting journal » forment la base de son travail : « Ils servent à me rappeler les choses importantes et à transformer cela en peinture. »

Les minuscules  dessins de ses carnets qui représentent personnages, objets, intérieurs de maisons ou mêmes paysages sont curieusement toujours encadrés et quadrillés, c'est-à-dire prisonniers de carrés, de rectangles ou de grilles. Quand je lui fais remarquer, elle dit « Je me sentais emprisonnée ! Ce sont les fenêtres, seules ouvertures de mon enfance. A Hong Kong un enfant ne voit le monde que derrière ses fenêtres grillagées. Je n'ai pas souffert de cette exiguïté car c'était mon environnement naturel, je n'en connaissais pas d'autre.» Ses fenêtres dans lesquelles vient s'inscrire la pluie seront par la suite le motif d'une série de peintures.

Après sa licence en arts plastiques, elle reçoit la bourse Yersin du consulat de France et part un an étudier à l'Ecole supérieure des Beaux-Arts du Mans en France. Une année importante car c'est la première fois qu'elle sort de son univers pour vivre seule.

A son retour, elle fait une maîtrise d'Arts Plastiques à l'Université chinoise. Maintenant, à côté de la peinture qu'elle pratique, elle étudie aussi la philosophie et travaille sur Foucault.

Elle dispose d'un atelier dans la zone industrielle de Fotan, près de Shatin, et a eu en 2006 une grande exposition à la Central library organisée par ART Promotion Office (LCSD) ou elle a exposé tous ces travaux.

Elle a un grand succès parmi les très jeunes car elle explore le monde de l'enfance et de l'adolescence. Ses cahiers sont à la fois un album et un journal intime auxquels beaucoup s'identifient. Mais elle ne s'arrête pas là et explore les couleurs et leurs textures dans des œuvres plus abstraites peintes à l'acrylique.

Au Hoi Lam a un grand sens de la couleur, elle joue aussi avec les mots qu'elle met en scène dans ses tableaux faits d'acrylique sur fond de toile ou de mouchoirs, comme son poème visuel Toi et Moi qui figure en couverture de ce numéro de Paroles. Inspirée par un célèbre poème écrit par Guan Daosheng, la femme de Zhao Menfu de la dynastie des Yuans, elle a créé cette série Toi et moi dans laquelle elle décrit par la représentation d'objets très simples de la vie quotidienne peints par paire sa vision de l'amour et de la vie de couple.

La peinture est aussi pour elle un artisanat : le cadre est la « chair »  de sa peinture dans lequel elle en enferme « l'âme ». « Les deux sont entrelacés, inséparables, la chair n'est pas une prison, pas plus que le cadre n'est une chaîne, en embrassant les limites du cadre, l'artiste atteint une liberté incommensurable. »

Une autre de ses séries intitulée Memo rappelle un peu les œuvres de Jean-Pierre Pincemin ou de Claude Viallat (créateurs du mouvement Supports-Surfaces, de par la répétition à l'infini d'un même motif (petites bouteilles, vis…) qui fait le corps et le fond de la peinture et qui agit pour elle comme une prière mille fois répétée, un mantra.

Sans doute beaucoup trouveront une grande naïveté dans ses œuvres, mais ses couleurs franches, son dessin aux lignes simples et essentielles, ainsi que ses formes très expressives font le charme et la force de ses peintures ou « petites histoires » comme elle les appelle. Elle tient à garder cette très forte intimité entre elle et cette œuvre très autobiographique. Une œuvre sereine, légère et joyeuse où transparaît toute sa jeunesse.



繪畫

區凱琳:練習簿


• Never Forgotten, Never Forsaken,2006, Acrylic on canvas, 122cm x 122 cm

在藝術學院畢業的年輕藝術工作者當中有很多都是從事錄像、攝影、裝置、演藝或電子及數碼藝術的創作。而從事繪畫藝術的相對來說卻越來越罕見,中國或許是特別例外,形象派畫作、超表現主義或充滿憤世嫉俗風格的畫作在國內的畫廊中極受歡迎。在現今的年代,畫家並不是展覽或雙年展策展人的寵兒,原因是繪畫是一種個人的藝術,多數能夠自我表達,很多時都不容易將它歸納在一個主題或論說當中。繪畫仍然是一種原始形態的藝術:只需要畫紙、顏色和一隻手指、一支毛筆或一根棒子。畫家面對 着 自己的畫布時會讓他變得謙虛,因為他實在很難自我欺騙:結果是即時可見的。畫家面對自己的畫作是一種真正的挑戰,亦是一種痛苦。這就是為甚麼繪畫雖不是集體的或社會的藝術,但它卻仍是一種完存的,最古老的和最難掌握的藝術。不少學生或年輕藝術家曾經嘗試繪畫,但都很快放棄了。

未足三十歲的區凱琳是那些選擇作畫家的年輕藝術家之一。她出道的作品散發 着 清新、率直和天真的感覺,充份表現出她發自內心的情感。在香港出生,她先後在大埔的公立學校及賽馬會體藝中學畢業。在那兒她愛上了藝術,之後進入中文大學主修藝術。她說:〝我希望從事創作的工作,而一年之後,很多的同學仍然未能決定選擇那一種創作媒介,相反,我已決定選擇繪畫,理由是這是一種我能夠控制的創作媒介,還有就是它需要為題材花心思。我很喜歡藝術家用手接觸藝術的那種感覺。〞

自少年時代開始,區凱琳的身邊經常帶 着 一本格仔練習簿,她在裡面塗鴉、畫畫,記下一些思想、幾行詩句或是一些偶遇和感覺。她出版的《圖畫手記》中刊登了她的練習簿。這些練習簿組成了她的創作基礎:〝它們的作用是提醒我重要的東西,然後將它們轉化成畫作。〞

她的練習簿內那些細小的圖畫有人物、物件、室內景物或是風景,而它們全都奇怪地被框框或方格圍 着 ,換言之是被困在方形、長方形或是小方格內。當我向她指出這一點時,她說:〝我覺得被困 着 !那些全都是窗口,是我幼年時唯一對外的出口。在香港,兒童只能從窗花後看外面的世界。我對這種狹窄的生活並不感到辛苦,因為這就是我自小習慣了的生活環境,我並不認識其他的環境。〞

當她取得造型藝術學士學位後,區凱琳獲法國領事館頒發獎學金到法國勒芒高等美術學院進修一年。這對她來說這是重要的一年,因為這是她首次離開熟悉的世界獨自生活。回港後,她在中文大學攻讀並取得造型藝術的碩士銜。現時,她從事繪畫創作之同時也繼續攻讀哲學課程。

她的工作室設於沙田附近的火炭工業區內, 2006 年,康文署轄下的藝術推廣辦事處為她在中央圖書館舉辦了一個大型的展覽會,當中展出了她的所有作品。她的作品甚受小朋友歡迎,因為她探索的是童年和少年的世界。她的練習部既是畫冊也是親密的私人日記,那是很多人都感到熟悉的。除此之外,她也透過以塑膠彩繪畫較抽象的畫來對色彩及其質感進行探索。

區凱琳對色彩的感覺極之敏銳,她亦喜歡利用文字,並在一些畫在畫布或手巾仔上的畫中加上文字作為整體佈局的一部份。而受到元朝趙孟頫之妻管道升的《我儂詞》觸動下,她透過一系列展現成雙成對的日常生活用品的畫來描寫甜蜜愛情。

對她來說,繪畫亦是一種手工藝:畫框是畫的肉體,而畫的靈魂被她困在當中,〝兩者是互相緊扣的,不能分割,肉體不是牢籠,框框也不是鎖鏈,若包容了框框的界限,藝術家能達至無止境的創作自由。〞

她另外一系列題為《備忘》的作品令人聯想到 Jean-Pierre Pincemin 或是 Claude Viallat (畫布-畫面運動的創始人,畫面上佈滿的都是重複 ? 同一個圖案)的作品。

相信有不少人認為區凱琳的作品非常純樸天真,但她那些純淨的顏色,線條簡約的圖畫,還有甚富表達力的形狀就是其畫作(她自己則稱為〝小故事〞)的魅力和力量。她的作品充滿平靜、輕鬆和愉快的感覺,充份反映出青春的魅力,而她決心要保存自己與她那些甚具自傳意味的作品之間的強烈親密感。