Cinéma 電影
Texte : Jean-Michel Sourd

HKIFF, sélection française : éclectisme interculturel
香港國際電影節的法國電影精選:廣範的文化交流

法國電影業受益於法國文化的與別不同和法國電影製作經費制度的大方,讓法國的電影工作者有機會製作大量短片或與其他國家,尤其是非洲的國家、歐洲國家(比利時、義大利、葡萄牙、羅馬尼阿、塔吉斯坦及土爾其)或甚至乎亞洲國家(台灣導演黎明亮獲法國資助拍攝的第三部電影《黑眼圈》)的電影人共同製作一些電影的計劃,通常的情況是這些電影人在自己的國家找不到經費。今年的第三十一屆香港國際電影節共放映十三部法國製作的電影,十一部與外國導演合作的製作和四部紀錄片,這正好反映出法國電影如萬花筒般的多元文化交流。

Partie prenante de l'exception culturelle française, le système de financement pour la création cinématographique en France permet notamment de produire et coproduire un grand nombre de court-métrages et surtout projets de cinéastes non seulement français mais aussi de pays africains ( Bamako du Malien Abderrahmane Sissako, Daratt du Chadien Mahamat-Saleh Haroun), européens au sens large (Belgique, Italie, Portugal, Roumanie, Tajikistan et Turquie) et même asiatiques (le cinéaste taiwanais, Tsai Ming Liang signe ainsi son 3e film avec l'aide de la France : I don't want to sleep alone  ) qui ont du mal à trouver des financements dans leur pays. Cette année, la sélection française du 31e Festival international du film de Hong Kong reflète donc bien ce kaléido-scope interculturel français par 13 films français, 11 coproductions avec un réalisateur étranger et 4 documentaires.

Si on y regarde de plus près, sur un total de 28 films, 18 films mettent en jeu un pays étranger, soit par son réalisateur (Otar Iosseliani, cinéaste géorgien vivant en France depuis la fin des années 80, invité en 2003 au HKIFF, l'Argentin Santiago Amigorena dirigeant un film italo-français) soit par une coréalisation (un documentaire sur Zidane franco-américain) soit par leur lieu de tournage (Algérie, Iran, Maroc, Italie, Inde, USA, Australie, etc.).

Il faut ajouter que le film d'animation est doublement présent dans cette sélection, avec bien sûr, la grosse machine commerciale de Luc Besson, Arthur et les Minimoys , mais aussi avec le retour de l'univers poétique et naïf du cinéaste Michel Ocelot (le réalisateur en 1998 de Kirikou et la sorcière et de sa suite en 2005). Connaissant l'ego de Besson, doit-on prononcer « mini-moi » pour ce qu'il avait déclaré être le 10e et dernier film de sa carrière ? Avec ses 3 millions d'entrées en France, le dernier Besson n'est quand même pas aussi raffiné que cette fable sur la tolérance, qu'est Azur et Asmar d'Ocelot, véritablement ovationné en mai dernier à la Quinzaine des réalisateurs du 59e Festival de Cannes.

Pour ceux pour qui les prix obtenus dans les festivals sont un critère important, il faut souligner le chef d'œuvre de Rachid Bouchareb, Indigènes  César 2007 du Meilleur scénario, où tous les acteurs avaient reçu méritoirement le Prix d'interprétation à Cannes en jouant quatre soldats oubliés de l'armée française recrutée en Afrique, qui en 1943, avec des motivations divergentes, livrèrent un même combat pour libérer la France. Notons que Bouchareb, a produit tous les films de Bruno Dumont dont le dernier opus Flandres , Grand prix du Jury à Cannes, tente de mettre en scène la régénération des horreurs de la guerre.

Partie à la recherche de son père, en Inde, dans L'Intouchable , film remarquable de Benoît Jacquot, Isild Le Besco, doit être saluée la plus jeune actrice à avoir obtenu le Prix d'interprétation au festival de Venise.

Malik Zidi, lauréat du César du Meilleur espoir masculin, catégorie dans laquelle il fût nominé quatre fois est l'un des deux personnages des Amitiés Maléfiques d'Emmanuel Bourdieu, (fils du célèbre sociologue disparu en 2002). Le film qui traite des amitiés un peu troubles qui se nouent au moment de la transition entre l'adolescence et l'âge adulte nous parle aussi de cette période de la vie où l'on évolue en groupes pour se rassurer face à l'immensité des choix qui se présentent. Il a aussi obtenu à Cannes le Grand prix de la Semaine de la critique, le Prix SACD ainsi que le Rail d'or.

Après un retour aux sources Les bronzés, 3 amis pour la vie , Patrice Leconte revient sur son thème de prédilection, l'amitié avec un Daniel Auteuil à l'opposé de son personnage dans Mon meilleur ami . Leconte a souhaité apporter plus de profondeur au film et traiter le sujet avec moins de légèreté.

Se lançant pour la première fois dans la mise en scène, l'acteur d'origine modeste, Jean-Pierre Darrousin s'est attaqué à l'adaptation du roman homonyme d'Emanuel Bove Le pressentiment . Daroussin avait gardé le souvenir d'un récit assez mystérieux, hanté d'éléments troublants comme, par exemple, la façon dont les personnages évoluent, et notamment le héros qui parvient à s'abstraire du réel dans le sens où il ne vit pas la situation qui existe autour de lui. Pour Daroussin, la problématique traitée par Emmanuel Bove est la manière dont on ne parvient pas à comprendre, à maîtriser son existence.

La philosophie du 2e film audacieux, bourré de références picturales et humoristiques, de Benoît Delépine et Gustave Kervern, Avida se rapproche de celle de Bove et tient en deux phrases, signées Robert Dehoux, agitateur public belge et fidèle ami de l'entarteur Noel Godin : « Le train-train quotidien va bientôt dérailler. Qui veut rester dedans n'a qu'à bien s'accrocher » .

Dans Paris de Christophe Honoré trouve sa filiation dans la Nouvelle vague par la rapidité du tournage et dans un bel hommage rendu à François Truffaut en invitant Guy Marchand et surtout Marie-France Pisier à donner répliques à un Romain Duris introverti, qui devient suivant les mots du réalisateur une sorte de « pierre posée au milieu du film » qui nous conte les aventures sentimentales de deux frères.

La tourneuse de pages de Denis Delcourt se rapproche de l'univers de Robert Bresson où les silences et la dimension musicale du scénario alterne des phases de tension et de détente dans cette histoire insolite de la vengeance d'une jeune musicienne recalée au concours d'entrée au conservatoire.

Après avoir été scénariste d'une trentaine de films, l'Argentin Santiago Amigorena s'est lancé dans la réalisation en français. En écrivant et en réalisant ce premier film d'espionnage Quelques jours en Septembre , il a voulu rendre hommage à un genre qui l'a inspiré et marqué dans sa jeunesse. Comme il le souligne, il voulait « écrire une tragédie d'espionnag e  », ne pas oublier « (qu'il avait) embrassé une fille, c'était à Montevideo, en 1972, dans une salle de cinéma », devant la première aventure de 007 et « inventer un personnage qui soit le petit-fils adoptif du Troisième homme  » de Carol Reed avec Orson Welles.

Vétéran géorgien du cinéma, Otar Iosseliani qui réside en France depuis la fin des années 80 nous livre, dans cette période électorale, une réflexion sur la passation des pouvoirs dont il a eu l'inspiration au moment où Jacques Lang, ministre de la culture, cédait sa place à François Léotard. Notons que cette comédie burlesque offre un rôle assez loufoque et inhabituel à Michel Picoli, en vieille mère de ministre indulgente.

Dans les coproductions, il faut mentionner  Destricted , nouveau film controversé, coréalisé aux USA par l'auteur d'Irréversible Gaspar Noé, qui met l'accent sur l'art et l'érotisme, et les films d'auteur incontournables des maîtres du cinéma européen : Le Caïman , bilan des années Berlusconi, de Nanni Moretti, Il regista di Matrimoni , réflexion sur le mariage et le cinéma de Marco Bellochio et ce bel hommage à Bunuel du cinéaste portugais Manuel de Olivera Belle toujours.

On ne pourrait clore ce tour d'horizon de la sélection française de 31e opus du Festival international du film de Hong Kong sans mentionner ce portrait spectaculaire de Zidane, saisi sur le vif par Douglas Gordon et Philippe Pareno, qui réjouira les nombreux fans de Hong Kong et ce documentaire sur Christopher Doyle, qui nous dévoile les secrets de l'esthétique des films de Wong Kar-wai.