Poésie
Texte : Bernard Pokojski

André Frénaud, poursuivre

« Le poète est cet homme contradictoire, ce visiteur inacceptable et inaccepté, dont le sort consiste à appeler sans attendre de réponses, à marcher sans apercevoir de but. Il n'y a pas de paradis : le terme du chemin, c'est le chemin lui-même. » Bernard Pingaud

« La route ira je ne sais où,
Je la conduirai si je puis,
la forêt chante. »   Frénaud.

En route donc pour présenter André Frénaud, qui naquit en 1907 à Montceau-les-Mines, dans un article qui je l'espère nous mènera quelque part… Père pharmacien et mère, fille d'un propriétaire terrien du Charolais, avec en plus une tante qui possédait une maison bourgeoise, le « château », au milieu de vignes. De 1917 à 1924, Frénaud sera interne dans une institution religieuse dijonnaise qui fera de lui un jeune homme pieux — quelle meilleure école — dont les lectures subversives seront Charles Maurras et Léon Daudet… Ensuite, il entrera à la Faculté de philosophie de Dijon où il suivra les cours de Gaston Bachelard. Il fera un passage à l'Action française et se tournera très vite vers les théories de Lénine et surtout celles de Trotsky. En 1925, ses parents l'autoriseront à s'inscrire à la Sorbonne, en Philosophie et en Droit, mais il y découvrira avant tout Rimbaud et les Romantiques allemands, ainsi que les longues promenades dans Paris et le vin.

Frénaud entrera cependant à cette période en conflit idéologique ouvert avec sa famille, et cela, mêlé à un certain mécontentement de lui-même, l'amènera à solliciter un poste de lecteur à Lvov, dans ce qui était encore les confins orientaux de la Pologne. A son retour, ce sera la noble tâche de canonnier dans l'armée française (1931-1932) et la fréquentation assidue de la salle de police pour impertinence envers « ses supérieurs » (quelques caporaux sans doute). Démobilisé, il travaillera dans des cabinets d'avoués et s'occupera de la gestion de portefeuilles, sans oublier d'aller voir du côté de Hegel, de Kierkegaard ou de Heidegger.

En 1935, ayant adhéré aux Amis de l'URSS, il effectue un voyage dans ce pays pour en revenir avec la conviction que ce régime est « la perversion du meilleur »… En 1938, il est admis, lui le marcheur, au concours de fonctionnaire du Ministère des transports, mais c'est dans un bistrot où il avait lu son texte Epitaphe devant des amis que ceux-ci lui révèlent enfin ses dons précieux de poète et qu'il entrera en poésie… Malheureusement, comme chacun le sait, l'époque n'était pas à la plaisanterie, et Frénaud, comme tant d'autres, sera appelé à faire la « drôle de guerre » dans des cantonnements en Alsace avant de se retrouver dans un Stalag du Brandebourg… Il s'en échappera en 1942, grâce à de faux papiers de personnel sanitaire, ayant eu le loisir d'écrire dans cette Allemagne Les rois Mages et l'Agonie du général Krivitski . Ce premier recueil sera publié en 1943 chez Seghers et connaîtra tout de suite un grand retentissement qui conduira Frénaud à être accepté dans les revues poétiques de la Résistance telles que Messages , Fontaine , Confluences et à être sollicité par Paul Eluard à participer à l' Honneur des poètes . Ce recueil des Rois Mages , au titre si prémonitoire, évoque d'emblée l'errance dans cette quête de l'improbable étoile « Avancerons-nous aussi vite que l'étoile ? » « Nous sommes perdus (…) Egarés dans les moires du temps. » Mais le poète de toute façon est déjà arrivé trop tard, « perdu peut-être ou dans son rêve. » « Il n'y avait pas de route, il n'y a pas de lumière / Seul un épi d'or sorti du songe ». Et sa déception est celle du prisonnier d'un Stalag à qui « le Margrave de Brandebourg a fait trier du sable ». Le poète est « revenu du désert » et bientôt « retourne au désert », condamné perpétuellement à « poursuivre ». Le voyageur ne peut « guérir d'un appel insensé » et il avoue : « Je suis pris, je n'ai pas fini la longue marche ».

En 1944, à la Libération de Paris, il sera quelque temps « Directeur de l'édition et de la librairie », fonction officielle qui lui conviendra mal et le verra rejoindre les rangs du ministère des Transports. De même, il démissionnera du « Comité national des écrivains » chargé d'établir la « liste noire », et se mettra plutôt à fréquenter les peintres tels que Raoul Ubac, Fautrier ou Bazaine. En 1945, Frénaud recevra de plein fouet le choc de la révélation des camps nazis et écrira quatre poèmes sous le titre La nourriture du bourreau . Aucun mythe ici pour figurer l'horreur, ni aucune provocation possible. Frénaud met en scène des morts qui remuent, animant ainsi l'horreur pour qu'elle atteigne le plus profond de notre être.

Ses relations avec les surréalistes seront quant à elles très mauvaises et en 1946, Aragon écrira dans la revue Europe : « Il semble bien ces temps-ci que Frénaud n'ait rien à dire. Affreusement rien à dire. » Réponse sans doute à sa démission du « Comité national des écrivains » que Frénaud jugeait être sous la coupe du PCF. Dans L a Saint-Face , Frénaud allait écrire « Dès avant la guerre, fasciné que j'étais par le projet que Rimbaud avait donné, un temps, à la poésie de «changer la vie», je pensais que les surréalistes, s'ils maintenaient et rénovaient d'une manière exaltante l'extrême exigence de la poésie, s'illusionnaient peut-être à promouvoir certaines hautes promesses, et à la suite de Breton, abusaient d'une sorte d'angélisme vaticinateur. Et je reprochais à Aragon et à ses amis communistes de ne pas voir ou de ne pas vouloir voir — ce qui était perceptible — que tout n'allait pas pour le mieux dans les agissements de la nouvelle armée du Bien ».

La Saint-Face parut en 1968, et là encore, Frénaud ne s'était pas montré trop enthousiaste envers la révolte de la jeunesse. Les mauvais esprits joueraient sans doute trop facilement sur cette Saint-Face… Et le 21 août résonne encore du bruit, si familier maintenant, des chars du côté de la Mala Strana…1960, Frénaud signe le « Manifeste des 121 » qui justifie l'insoumission et légitime l'aide au Front de libération nationale algérien, et sera suspendu de ses fonctions au ministère des Transports. Il séjournera six mois à Milan et à Rome.

En 1962, publication d' Il n'y a pas de paradis , recueil dans lequel il dessine les limites de l'entreprise poétique, « murmure misérable », incapable de faire entendre pleinement « la musique de l'être », mais pour nous mieux laisser alors approcher certains paysages privilégiés qui sont autant de « souvenirs vivants » dans « un coin inaperçu du cœur ». Lueurs fugaces et fragiles, et « si l'être y passe quelquefois, c'est sans bruit ». L'enfance ensuite est un temps merveilleux trop souvent, hélas dilapidé, « l'indispensable qui était pourtant à portée ». Les « saisons de l'amour », « les mystères de Paris » et « la peuplade usinière qu'étouffait ce gros ventre usurier », allant à la révolte, les « cimes encore inaperçues de la joie ». Ainsi Frénaud dessine-t-il une sorte de religion laïque exempte cependant de toute nostalgie.

« Où est mon pays ? C'est dans le poème.
Il n'est pas d'autre lieu où je veux reposer
Tombeau vivifié par le flux des sèves,
ma vie morte y chante à voix toujours fraîche.
Prends-le dans ta voix tu entendras crier
l'univers qui violemment y construisit un nid
et s'enfuit le tumulte ».

Bernard Pingaud dira que « le poète (…) n'est pas différent du voyageur que nous sommes tous. Sans doute est-il visité, objet d'une faveur particulière qui le dépasse. Mais cela ne lui confère aucun privilège et ne justifie de sa part aucun orgueil. L'œuvre (…) est le pays, rarement atteint, aussitôt perdu, de ceux qui ne se contentent d'aucun paradis ».

En 1968, Frénaud nous donnera, comme il l'a déjà été dit, La Sainte-Face , recueil assez grinçant qui fait la part belle à un certain grotesque. Les désillusions politiques y affleurent et le poète se retrouve ici dans une double posture à la fois sublime et dérisoire qui atteint les limites de l'insoutenable et rend tout lieu inhabitable. Il reste l'imprécation contre la femme, Dieu, la poésie et en définitive soi-même. Long poème de 140 vers, « Noce noire » en est comme le sommet dans une effervescence qui fusionne les contraires, sorte de messe sombre du langage. L'errance dans les grandes villes, le mystère des fêtes célébrées par les foules constituent les thèmes de ce recueil traversé toujours par les camps, les charniers, la guerre, où cependant une fiancée attendue et désirée représente l'espérance vivante dans le désarroi. En 1973, suivra La sorcière de Rome . Frénaud en dira lui-même ceci, en 1981 dans ses Gloses à la sorcièr e : « Est-ce que, croyant interpeller la Rome historique et glorieuse, l'auteur ne s'adressait pas plutôt à une imagination de Rome qui s'est constituée dans sa tête, nourrie de la réalité comme l'est un rêve, sous le nom de Rome encore, non plus Rome mais son contraire (…) la patrie désirée, Roma amor, depuis toujours perdue et à jamais cherchée (…). »

Le plus haut lyrisme se conjuguera à une « subreptice envie de rigoler », le sublime au grotesque et les rats aux déesses, pour voir aussi s'unir « le marbre géant » et « le géranium embaumant » … Depuis toujours déjà, avait déjà tout dit trois ans plus tôt, où « Finie l'enfance, la mort avec la vie » l'obligeait désormais à vivre cette cohabition puisque la mort s'installait tout doucement et qu'il fallait s'y résoudre. Alors, Frénaud n'avait plus que deux recueils à nous offrir : Haeres (1982) et Nul ne s'égare (1986). Ce qui se cache dans Haeres , dit Frénaud encore, c'est « un magma de multiples forces contraires » une « incohérence », un « manque », mais aussi et surtout c'est « l'affirmation d'un droit qui émerge du ressentiment, de la nuit et qui poursuit, qui va s'inventant pour tout fonder (…) », étant « rage et tendresse, désespoir, défi : amour – haine ». Le malheur et, qui plus est, l'espérance. Assurément cette poésie de la fin n'est pas l'illimitation dans l'unité, elle reste cette « exigence d'une plus haute flamme « mais environnée par la mort, qui ne connaît que la brève joie d'« un instant gagné » après lequel « derechef tout se trouve séparé, tout se bouche » (Propos d'Yves Bonnefoy à la préface de Nul ne s'égare précédé d e Haeres en Poésie/Gallimard)

   J'ai nourri le poème avec la vie qui s'écroulait dès l'origine
(…)
Adieu défunte
Je suis l'héritier de la mort maintenant.

André Frénaud disparaîtra le 21 juin 1993, jeune homme qui très tôt s'était éloigné des surréalistes, mais qui malgré les sarcasmes et l'invective, rendit un hommage aux beautés de ce monde ainsi qu'à l'insondable mystère de la condition humaine.

 



詩詞

安德烈.菲雷諾——繼續前行

〝詩 人是一個充滿矛盾的人,一個難於接受及不被人接受的人,他的命運是呼喚而不望回應,是前行而不見目的。沒有天堂:路的盡頭,還是路。〞 —— 貝爾納.潘戈 (Bernard Pingaud)

〝路漫漫不知通向何方,
如可能我將為它導向,
森林在歌唱?〞 —— 菲雷諾

讓我們也上路,介紹一下安德烈.菲雷諾吧。他於 1907 年誕生於蒙索萊米納 (Montceau-les-Mines) ,但願這篇文章能引領我們探索一下他的足跡…… 菲雷諾的父親是名藥劑師,母親是莎羅萊 (Charolais) 一個地主的女兒,此外,還有一個擁有一座〝古堡〞 —— 座落在葡萄園中的一間華屋的姑姑。 1917 年至 1924 年間,菲雷諾在第戎一所教會學校寄宿求學,這期間他成了一個虔誠的年輕人。多好的一間學校,竟讓他讀了夏爾.莫拉斯 (Charles Maurras) 及萊昂.都德 (Léon Daudet) 的煽動性的著作……接著,他入讀第戎哲學院,師從加斯東.巴舍拉爾 (Gaston Bachelard) 。他對法蘭西行動 (L'Action française) 的思想有過短暫的興趣,但很快便轉而閱讀列寧 ,尤其是托洛茨基的著述。 1925 年,父母同意他入巴黎大學攻讀哲學及法律,但他很快便發現了蘭波及德國浪漫主義作家的作品,並沉迷於巴黎街頭遊蕩及杯中物。

這期間,他和家人思想上發生公開衝突,其中更夾雜著對自己的不滿,這令他遠赴當時仍為波蘭東部邊城的利沃夫謀求一個二品修士的職位。回國後,他即服兵役 (1931-1932) ,當了一名光榮的炮兵。然而,由於對〝長官〞的傲慢無禮 (大概只是些下士長官),使他成了警察局的常客。復員後,他在一家訴訟代理所供職,負責金融證券業務,但仍沒忘記閱讀黑格爾、克爾愷郭爾或海德格爾。

1935 年,他加入了〝蘇聯之友〞,並到蘇聯作了一次旅遊。回來時,卻帶來了這樣一個信念,即這個制度是〝善的反面〞 …… 1938 年,這個喜歡週圍走動的人,卻被交通部招聘為公務員。只是一天,他在一家酒吧為朋友朗讀自己的詩作《墓誌銘》 (Epitaphe) 時,才在朋友們的提醒下,意識到自己的詩才,從此步入詩歌的殿堂……然而不幸的是,大家都知道,這是一個嚴酷的時代。和他同時代的人一樣,他應征入伍,參加了〝可笑的戰爭〞,隨軍駐紮阿爾薩斯,後被俘關進勃蘭登堡戰俘集中營…… 1942 年,他利用偽造的衛生人員證件,逃出生天。在德國滯留的這段日子,他卻也有餘暇寫了《三王》 (Les rois Mages) 及《克里維茨基將軍的末日》 (L'agonie dugénéral Krivitski) 。第一部詩集於 1943 年由塞熱爾出版社 (Seghers) 出版,並立即引起極大的返響。菲雷諾也因此被邀加入 〝抵抗運動〞的政治雜誌如《使命》 (Messages) 、《噴泉》 (Fontaine) 、《合流》 (Confluences) 的工作。保羅.艾呂雅也邀請他加入《詩人的榮耀》 (L'honneur des poètes) 。這部題作《三王》的詩集,書名是如此富先兆性,立即帶我們進入對這顆不可信的星辰的上下求索中。〝我們能像星星一樣快的 前進嗎?〞〝我們迷途了…… 在時間的波光閃爍中迷失了方向。〞不管怎樣,詩人是遲到了,〝迷失了方向或者還在夢裡。〞〝沒有道路,沒有光線/ 只有一束從夢中射出的金光 。〞他的失望是戰俘集中營裡那被〝勃蘭登堡的總督強迫挑選沙粒〞的囚徒的失望。詩人〝從沙漠裡來〞,很快〝又回到沙漠中去〞。命運註定他得無休止的〝繼續前行〞。旅人不能〝在強烈的呼喚下得到痊癒〞,他承認:〝我被攫住了,沒有完成萬里征途。〞

1944 年,巴黎解放,有一段時間,他擔任〝圖書出版部主任〞。但這份公務員工作並不適合他,於是,他轉到交通部任職。同時,辭去了正在製定〝黑命單〞的〝全國作家委員會〞的職務,並開始和一些畫家交往,如拉烏爾.于巴克 (Raoul Ubac) 、福特里耶 (Fautrier) 或巴贊 (Bazaine) 。 1945 年,對納粹集中營的揭發令他十分震驚,於是寫下了以《屠夫的糧食》 (La nourriture du bourreau) 為題的四首詩。這裡沒有虛構的恐怖,亦沒有煽情。菲雷諾將蠕動著的屍體呈現在我們眼前,生動地刻劃了恐怖,讓它觸動我們靈魂的深處。

他和超現實主義者的關係十分糟糕, 1946 年,阿拉貢在《歐羅巴》雜誌上這樣寫道:〝最近一些時期以來,菲雷諾好像沒甚麼可說,簡直是噤若寒蟬。〞這也許是對他辭去〝全國作家委員會〞工作的回應。菲雷諾認為該委員會受制於法國共產黨。稍後在《聖容》 (La Saint-Face) 這部詩集裡菲雷諾這樣寫道:〝從戰前開始,我甚為蘭波在一個時期賦予詩歌 ‘ 改變生活 ' 的使命所吸引,我認為超現實主義者以一種激烈的方式保持並發揚了詩歌的這一艱難使命,也許還幻想實現某些崇高承諾,而在布勒東之後,卻濫用了一種超凡入聖的預言。 我責背阿拉貢及其共產主義同道們沒有看到或者不想看到 — 其實這點是可以覺察到的 — 並非一切事情都朝他們努力的方向發展。〞《聖容》發表於 1968 年,菲雷諾對青年人的反叛沒有表現出太多的熱情。不懷好意者很容易在這部詩集裡進行挑剔…… 8 月 21 日迥響起從 La Mala Strana 那邊傳來的坦克的隆隆聲,如今聽來是這麼熟悉…… 1960 年,菲雷諾在《 121 人宣言》上簽了名。這宣言為不屈的阿爾及利亞人民、為支援阿爾及利亞民族解放陣線的合理性辯護。菲雷諾也因此被徹除在交通部的職務。他到米蘭和羅馬逗留了六個月。

1962 年,《沒有天堂》 (Il n'y a pas de paradis) 發表了。在這本詩集裡,他指出詩歌的局限性,它們只是一些〝可憐的低聲抱怨〞,無法讓人充份聆聽〝生命的音樂〞,但卻讓我們更好地觸及內心的一些特殊情景,〝心靈深處隱蔽一角〞的諸多的〝生動回憶〞。脆弱而瞬息即逝的微光,〝若有人偶爾經過,也是悄然無聲。〞童年,〝這個不可或缺又易於得到的東西〞,一段奇妙的時光,可惜太多時候都被虛擲了。《愛的季節》、《巴黎的神秘》及《在資本主義重壓下窒息的勞苦大眾》,直至反抗,《仍未見到的極樂世界》。就這樣,菲雷諾以詩歌描繪了一幅世俗的宗教圖畫,裡面卻無絲毫的憂傷痕跡。

〝鄉關何處!唯詩中覓。
我不願在他方休憩。
在這湧動著生命液汁的墳墓裡,
我枯槁的生命,以永遠清亮的歌聲詠唱。
你也吟詩放歌吧,你將聽到
這天地間的呼叫,它努力營造一片淨土,
嘈雜喧鬧將銷聲匿跡。〞

貝爾納.潘戈說〝詩人和我們這些旅人一樣沒甚麼分別。或者他不由自主,成了人們寵愛的對象, 作品被人閱讀探討。但這並不意味他擁有任何特權,也沒有理由值得驕傲。對於一個不滿足於任何天堂的人,作品是鮮能達至、轉瞬即逝的國度。〞

正如前文所言, 1968 年,菲雷諾為我們奉獻了他的詩集《聖容》。這是一部充滿譏刺的詩集,其中大半篇幅用於描寫一些荒誕的景象。書中到處流露出對政治的幻滅感,詩人在此以兩種姿態示人,既高貴尊嚴又滑稽到無以複加的地步,令無一處地方可安身立命。這裡有對女性、上帝、詩歌,最後是對自己的詛咒。這是由 140 行詩句組成的長詩,全詩矛盾交融,慷慨激昂達至頂峰,是一場〝黑色的婚禮〞,一種語言的陰郁的彌撒。城中遊蕩、普天同慶的節日的神秘構成詩集的主題,當中穿插著軍營、屍堆、戰火,在這混亂中,一個被等待、渴盼的未婚妻成了希望的象徵。 1973 年,《羅馬的女巫》 (La sorcière de Rome) 接著出版問世。 1981 年,在《女巫註疏》 (Gloses à la sorcière) 一書裡,他這樣評述這本詩集:〝在追憶那歷史的、榮耀的羅馬之時,作者難道不是在描繪他腦海中想象的羅馬嗎,那彷彿夢一般由現實構成、以羅馬之名形成、和真實羅馬相反的羅馬……那長久以來業已消失、被永遠追尋的魂牽夢縈的故國、愛的羅馬……〞。

感人肺腑的抒情與〝含蓄的玩笑〞共冶一爐,崇高與滑稽相見,鼠輩與仙女並行,〝宏偉的大理石〞與〝芳香的天竺葵〞融為一體 …… 三年前,《早已如是》 (Depuis toujours déjà) 早已道明一切,書中〝告別童年,生命和死亡〞從此迫使他過著共居的生活,既然死亡悄悄來臨,便應正視面對。菲雷諾現只剩下兩本詩集貢獻世人,即《 Haeres 》 (1982) 及《無人迷途》 (Nul ne s'égare) (1986) 。菲雷諾說,隱藏在《 Haeres 》這本詩集裡的是〝千萬種相對力量的大雜燴〞,一種〝割裂〞,一種〝缺失〞,但尤其是〝從怨恨、黑夜湧現的一種權利的肯定,這權利繼續著、創造並建立起一切……〞,是〝憤怒和柔情,失落和挑戰:愛與恨〞。不幸,尤其是希望。當然,這最後的詩篇在整體上並非茫無目的,它追求為死亡籠罩的〝熾熱的火焰〞,只享受〝瞬間〞的短暫歡樂,這之後,〝一切分崩離析,堵塞窒息。〞(伊夫.博納富瓦 (Yves Bonnefoy) :《無人迷途,外 Haeres 》序,伽里瑪出版社)

我以一開始便坍塌的生命哺育詩歌
……
再見了死亡,
而今我是死神的傳人。

安德烈.菲雷諾於 1993 年 6 月 21 日棄世,他年輕時很早便疏遠了超現實主義者,他雖然對人世冷嘲熱諷、鞭撻唾罵,但亦讚頌世界的美麗以及人間深不可測的神秘。