Céramique
Texte : Gérard Henry

Caroline Cheng : « China Blues »

Caroline Cheng est peut-on dire l'une des forces du renouveau de la céramique contemporaine en Chine. Animée d'une énergie infatigable, avec comme point de départ, la Pottery Workshop de Hong Kong, foyer de création dont sont issus de nombreux artistes contemporains, elle a créé en Chine trois autres centres d'exposition, d'enseignement et de création : à Shanghai, Pékin et Jingdezhen.

Depuis 1985, date de la création de l'atelier et d'un rassemblement modeste d'une quinzaine d'étudiants à Hong Kong dans un sous-sol de ce qui est maintenant le Fringe Club, La Pottery Workshop a grandi à la fois en taille et en réputation. Elle est maintenant reconnue internationalement comme centre de création et de formation. Elle dispose de quatre galeries d'exposition et accueille dans ses classes plus de 160 étudiants encadrés par 14 artistes en résidence. Elle accueille également dans ses galeries ou ateliers des artistes étrangers de renom et dispose à Jingdezhen, d'un atelier de design, dont le but est de revivifier la création industrielle contemporaine. Rien ne semble pouvoir arrêter Caroline Cheng quand elle a un projet en tête, elle a une âme d'aventurière et sait susciter l'enthousiasme chez ses collaborateurs. Elle se consacre maintenant plus aux développements en Chine.

Parallèlement à ses activités de développement, Caroline continue aussi sa création et ses recherches personnelles. Caroline pense qu'en tant qu'artiste céramiste entourée de vastes ressources, elle doit regarder aussi à la production de masse et aux techniques spécialisées en ce domaine : « Traditionnellement, durant les dix derniers siècles, le processus de fabrication d'une poterie était réparti entre de nombreux artisans habiles afin que le produit final soit aussi beau et bien fait que possible. Le dessin original venait des cours impériales et de l'élite, afin que l'imagination et la créativité ne jouent aucune part dans le travail de ces artisans… » L'une des séries emblématiques de son œuvre est celle des « robes-papillons », vêtements aux manches amples qui rappellent d'anciennes tuniques chinoises et qui sont cousues de milliers de papillons de porcelaines minuscules fabriqués ainsi en masse et à la main dans les ateliers de Jingdezhen.

Quelle femme ne rêve pas de cette ultime insouciance et légèreté que représente l'aile virevoltante du papillon ? Ces premières robes furent créées pour un étonnant défilé de mannequins vêtus de céramiques qui marqua l'ouverture de l'atelier de Jingdezhen.

L'exposition « China Blues » à la Hong Kong Pottery Workshop en janvier 2008, marque un autre aspect de son œuvre, une recherche sur la tradition chinoise revue, relue ou redessinée par un œil contemporain. Un travail qui se situe à Jingdezhen. Caroline ramasse, chine, achète, collectionne des vieux débris et éclats de porcelaine Ming antique bleue et blanche à

Jingdezhen sur les nombreux marchés aux puces d'Antiquités. De la vaisselle populaire d'usage quotidien peinte au cobalt. Les dessins et ornementations en sont inspirés de peintures à l'encre chinoise. Elle les a classés par thème : longévité, abondance, bonheur, animaux (dragons, crabes) fleurs…Ces motifs traditionnels tracés au pinceau et à l'encre constituent l'essence de l'art chinois. Parallèlement à ces trois ans de collection, elle a créé plus de 1000 nouvelles pièces sur lesquelles elle a réinterprété librement ces anciens motifs et les expose aujourd'hui en parallèle.

Ses dessins sont rapides, vivants et parfois humoristiques, notamment ses oiseaux hirsutes aux grands yeux écarquillés. Un dessin représentant deux oiseaux s'observant chacun sur leur montagne porte cette légende : « Une montagne ne cache pas deux oiseaux », extension du célèbre dicton chinois “Une montagne ne cache pas deux tigres” signifiant que deux pouvoirs ne peuvent se côtoyer, clin d'œil aussi aux célèbres oiseaux du grand peintre Ba Da Shan Ren. Pour Caroline Cheng, cette ré-interprétation d'un passé chinois ancien est aussi une ré-appropriation de ce passé et une volonté d'offrir une autre alternative à toute l'inspiration post maoïste qui constitue une grande part de la production artistique contemporaine chinoise.

 



陶藝

青花 — 鄭禕

鄭褘可以說是復興中國當代陶瓷藝術的其中一股力量。她渾身充滿源源不絕的活力,以香港的樂天陶社作為起點,並分別在中國的上海、北京和景德鎮開設了三間用作展覽、教學和創作的陶藝中心。

樂天陶社在 1985 年創辦於現已成為藝穗會的建築物之地庫中,當時只得十五個學生,時至今天已頗具規模,聲譽亦與日俱增,現時已是國際知名的陶藝創作及培訓中心。樂天陶社設有四個展廊,並開辦多個課程,由 14 位駐場陶藝家負責教授 160 多位學員。它的展廊和工作坊亦開放供海外知名的陶藝家使用,而在景德鎮的樂天陶社更設有一間設計室,目的是要復興現代中國陶瓷工業的創作。當鄭褘的腦海中盤算著一個計劃時,是沒有甚麼能阻止她的。她充滿冒險精神,並且懂得如何刺激起合作伙伴的熱忱。她現時專注於在中國的發展。

在專注於發展事業之同時,鄭褘仍然繼續她的個人創作和研究。〝她認為作為一個運用多元創作來源的陶藝家,她做的一個並列化的研究是把產業陶瓷的獨特技藝作為現代陶瓷創作的一個解決方法: ‵1000 年以來的製瓷傳統是,一件作品經由眾多技藝高超的藝人之手分別完成,才得到最終盡可能完美的作品。這種設計是來源於宮廷或是當時的精英人物,因此創造性和想象力在作品中沒有起到決定性作用註…… ′ 〞鄭褘的其中一系列具代表性的作品是〝蝶衣〞,一系列闊袍大袖的衣衫 使人聯想起中國古代的衣袍,這些衣衫上縫上了數以萬計的陶瓷小蝴蝶,它們全都是鄭褘在景德鎮的工作坊中用手工捏雕的。當樂天陶社的工作坊在景德鎮開幕時,這些令人驚嘆的〝蝶衣〞首次由一些模特兒穿著展現人前。

2008 年 1 月在鄭褘香港樂天陶社展出的一系列〝青花〞作品標誌著她的作品之另一個探索方向,那是她對中國的傳統以現代的眼光作重新審視、解讀和設計。這次創作是在景德鎮進行。鄭褘在景德鎮無數專門售賣古玩的攤檔中撿拾、收購、回收和收集景德鎮出產的青花或白瓷古玩的碎片或已破裂的製成品。它們都是一些傳統的青花日用碗碟。那些用鈷作為顏料繪畫的圖案及裝飾多數取材自國畫。鄭褘將它們分門別類:長壽、豐盛、幸福、動物(龍、蟹)、花草等。這些以毛筆和水墨描畫的傳統題材代表了中國藝術的精髓。在進行收藏的三年間,她同時亦創作了千多件新作品,她將古代的圖案以自由的手法重新演繹。

她繪畫的圖案筆法簡練活潑,又富幽默感,尤其是那些毛聳聳又雙目圓睜的雀鳥。其中一幅具代表性的圖畫是兩隻鳥兒各踞一方的互相對望著,它的標題:〝一山不能藏兩鳥〞是引伸自〝一山不能藏二虎〞,象徵兩種權力不能並存。對鄭褘而言,這種對中國古代歷史的重新演繹同時亦代表了重新適應這歷史,以及願意對所有受後毛主義時期影響的當代中國工藝製品提供另一個選擇。