Poésie
Texte : Bernard Pokojski

Jehan-Rictus soliloque

Et qu'on m'tue ou qu'j'aille en prison,
J'm'en fous, j'n'connais pus
J'suis l'Homme Modern', qui pousse sa plainte
Et vous savez bien qu' j'ai raison !
( Les Soliloques du pauvre )

Jehan-Rictus le bien-nommé ; un nom et des strophes  rencontrés il y a déjà quelques décennies, et cet été dans une librairie lilloise, enfin ces Soliloques du pauvre et Le cœur populaire pour mieux découvrir une œuvre, plus qu'oubliée et l'Homme modern' qui autrefois poussait sa plainte.

« Qu'est-ce que ça peut faire qu'un vocable ou une expression ne soit pas parlementaire, classique, noble ou de bonne compagnie, si cela exprime une souffrance tellement vraie, tellement sincère, qu'elle vous en tord les boyaux ? Or c'est là que je cherche. Exprimer. Emouvoir. » (lettre à Léon Bloy, oct. 1900)

Jehan-Rictus naquit à Boulogne-sur-Mer en 1867 sous le nom de Gabriel Randon, d'un père alcoolique et violent et d'une mère sadique et irresponsable, poétesse d'ailleurs contrariée qui prendra plaisir à faire payer à son rejeton ses échecs successifs. Belle généalogie me direz-vous… Il passera aussi ses premières années entre la France et l'Angleterre d'où son père était originaire et à l'âge de huit ans quand ses parents se séparèrent et que disparaîtra le père, il échouera misérablement à Paris avec sa mère. Elève studieux, il décrochera le certificat d'études, mais sera obligé de quitter l'école pour assurer son existence en exerçant divers petits métiers : garçon de course, manœuvre, balayeur, précepteur…En 1885, le voilà marchand de coton et de soie, mal payé et mal nourri évidemment, déjà rimailleur vite congédié qui fréquente quelques cercles littéraires ainsi que des anarchistes responsables de revues éphémères.

En 1887, publie ses premières poésies encore sous son nom de Randon, connaissant surtout l'errance et au cours de l'hiver 1888, on le retrouve inanimé dans la rue. Recueilli, il restera à l'hôpital Lariboisière jusqu'au printemps de l'année suivante. En 1890-91, Maupassant se serait même occupé de sa misère… Mais toutes ces tribulations ne l'empêchaient pas de collaborer à diverses revues et de rencontrer des poètes tels que Samain, Saint-Pol Roux ou encore de se produire dans le cabaret La Roulotte où son essai restera cependant infructueux. Il sera aussi prié de quitter son obscur emploi à l'Hôtel de Ville, suite à des plaintes nées de son manque d'assiduité et de ferveur au travail…

De juin 1892 à janvier 1894, il travaille à son roman L'Imposteur , récit évoquant le retour de Jésus et sa venue en France, œuvre à clefs et de propagande d'esprit anarchiste qui sera un bel échec.

En 1895, il opte pour le pseudonyme de Jehan Rictus, sorti d'un vers de Villon « Je ris en pleurs », n'ajoutant le trait d'union qu'en 1930, mais cette année 1895 verra la publication des Soliloques du pauvre , œuvre qui assurera sa postérité et qui commence ainsi
« Merd' ! V'là l'Hiver et ses dur'tès,
V'là l'moment de n'pus s'mett' à poils :
V'là qu' ceuss' qui tienn'nt la queue d' la poêle
Dans l' Midi vont s' carapater ! »

Stéphane Mallarmé lui écrira : « Oh ! quel étrange, poignant et lourd instrument vous vous êtes fait ! Je trouve géniale votre déformation de la langue. Tout ce que je ne connaissais pas des Soliloques du Pauvre m'a ému d'art, autant que j'en admire la source humaine. Cela part d'une telle profondeur pour jaillir si haut ! »

Dans la seconde édition de 1897, Jehan-Rictus mettra en exergue ces déclarations : « Faire enfin dire quelque chose à Quelqu'un qui serait le Pauvre, ce bon pauvre dont tout le monde parle et qui se tait toujours, voilà ce que j'ai tenté ». Cependant dans son Journal , il notera en 1903, « Les Soliloques du pauvre : c'est moi. Les critiques s'y sont trompés. C'est Moâ — généralisé. Comme j'étais en proie à la plus épouvantable misère depuis toujours, comme j'étais clochard, j'ai parlé comme les clochards. Mais le Pauvre — dans une Démocratie — c'est le Poète : c'est l'Artiste. Voilà. » Jehan-Rictus restera alors victime de sa propre mythification /mystification et incapable de changer plus tard de registre et de style, ayant d'autant plus publié cette fameuse année 85 une admirable « Elégie de la Dynamite »…

Il aura donc avoué avoir peint non le monde ouvrier ou populaire mais le Vagabond, le « déclassé » auquel il s'identifia et selon ses propres termes il n'était ni Jacques Bonhomme ni Populo et Prolo… Le Pauvre, c'est « l' déclassé… l' gas distingué » et toute sa vie Jehan-Rictus sera sensible aux distinctions, aux prix, recevant même la célèbre Légion dite d'Honneur… Mais il nous reste des strophes telles que celles-ci
« Nous… on est les pauv's'tits Fan—fans
Les p'tits flaupés… les p'tits fourbus,
Les p'tits fous-fous… les p'tits fantômes
Qui s'ont soupé du méquier d'môme… »

« Ah ! c'est qu'on n'est pas muff' en France,
On n' s'occup' que des malheureux ;
Et dzimm et boum ! la Bienfaisance
Bat l' tambour su' les ventres creux !
L'en faut, des Pauv's, c'est nécessaire,
Afin qu' tout un chacun s'exerce,
Car si y gn'avait pas d'misère,
Ça pourrait ben ruiner l'commerce. »

Légende et œuvre qu'il faut absolument aller découvrir car elle place son auteur-héros à côté de livres tels que La faim du Norvégien Knut Hamsun ou d'autres vagabonds célestes. Les illustrations de Steinlen donneront à Jehan-Rictus sa gueule définitive de Jésus rastaquouère
« — Et Jésus-Christ s'en est allé
Sans un mot qui pût m' consoler
Avec eun' gueul' si retournée
Et des mirettes si désolées
Que j' m'en souviendrai tout' ma vie »

Bloy entretiendra cette gueule christique, et en fera le « dernier poète catholique » alors que Huysmans, « le Belge très pieux » lui déclarera « Votre Rictus est un blasphémateur et un sacrilège qui a la prétention de ressembler trait pour trait à Notre Seigneur Jésus-Christ ». Plus proche sans doute d'un Dante du bitume qui se meut au milieu de spectres grimaçants de tout leur désespoir et face au spectateur qu'il fouille d'un œil inquisiteur…

« Mon vice est donc très caractérisé. Je suis une sorte de malade qui est atteint de Vanité Littéraire et qui par Horreur du Banal, du déjà fait, s'est imposé à lui-même des pensées, une façon de voir et d'écrire qu'il n'a pas. Je voudrais bien lâcher tout cela mais quand j'ai tenté autre chose, j'ai eu si peu de veine. »

Rictus entreprendra la rédaction d'un roman, mélangé de poèmes, Fil de fer qui obtiendra même quelques voix au Goncourt en 1906… Il se produit dans des cabarets, écrit quelques plaquettes et donne des textes à diverses revues… On le verra même jusqu'en 1928 au Lapin agile ou encore en province, participant à des tours de récitation dans les cafés, cinémas, œuvres de charité, manifestations politiques ou syndicales.

En 1914, il publie son second recueil d'importance… Le Cœur populaire et subit cette fois les attaques de Léon Bloy qui qualifiait sa langue d'épouvantable. Il se défendra en avançant que les mots qu'il avait employés, étaient en fait plus près de leur racine grecque ou latine et que les autres poètes utilisaient des vocables périmés à ses yeux : « comment remplacer certains mots qu'on a pressurés jusqu'au jus, jusqu'au zest, sinon en retournant à puiser à la source, au fumier (soit) même de la langue, qui est l'Argot ! » Rictus prendra fait et cause pour sa langue nouvelle et dira que « c'était écœurant, à la fin, de voir toujours rimer «étoile» avec «voile ou toile» «alcyon» et «rayon» ».  « Le Niagara perpétuel » des Romantiques et des Parnassiens lui donnait autant la nausée que « le pipi naturaliste », et il opérait à ses yeux un retour à la langue du XVIe où le français était le plus beau qu'on n'ait jamais parlé…
car, ainsi font, font, font
les petites baïonnettes
quand y a grève ou Insurrection,
car ainsi font, font, font
deux p'tits trous… et pis s'en vont…

Après cela, la fortune littéraire de Jehan-Rictus connaîtra surtout des bas. Fil de fer ne sera pas réédité comme il le souhaitait, coup dur pour celui qui rêvait d'occuper à la faveur du roman la place laissée vacante par Victor Hugo… Mais dans Fil de fer il tombait souvent dans le pamphlet et la diatribe telle que celle-ci contre l'enseignement primaire : « ce n'est pas tant l'Instruction mais l'huile de foie de morue et les bains quotidiens qui devraient être gratuits, laïques et obligatoires ». La voix de l'enfant fil de fer était de plus sans cesse couverte par la voix de l'adulte… Ailleurs, les cabarets lui devinrent de plus en plus fermés car le public avait commencé à se lasser de ses thèmes misérabilistes et Gallimard refusera en 1933 un recueil de « poèmes fantaisistes » intitulé Arlequins et salades . Cette même année, dans l'Action française, Léon Daudet commettra l'article « Un grand poète : Jehan Rictus » dont ce dernier se montrera très fier, mais dans le Mercure de France et le Figaro illustré Paul Léautaud publiera des articles hostiles qui l'affecteront profondément et que ne pourra guérir la Légion d'Honneur… Jehan Rictus mourra le 6 novembre 1933… Ayant vécu trente-trois années au XIXe et trente-trois autres au XXe, double Christ du bitume crucifié par sa poésie…

Comme je l'ai déjà dit, l'œuvre de Jehan-Rictus n'est plus très présente à notre mémoire littéraire et qu'il ait pu écrire
Ouvrier mon frère, Ouvrier,
Crois que ma parole est profonde.
Avant de dominer le monde.
Commenc' par te laver les pieds
Et pas seul'ment qu' les trottignoles
mais encore ton gniass' tout entier :
les crocs le cul les roubignolles
que t'as tendance à oublier
car, sous prétexte de labeur
tu thésaurises ta sueur
et la crasse de ton métier
brouille les pistes d'autant plus qu'il n'était pas insensible aux honneurs qui pouvaient s'offrir à lui et aux amitiés à présent suspectes… Mais il nous reste une langue nouvelle où l'argot et le parler populaire retrouvaient sa place… alors rien que pour cela, allez voir dans la baraque poétique de Jehan-Rictus.

J'suis l'Empereur du Pavé
L'Princ' du Bitum', l'duc du Ribouis,
L'Marquis Dolent de Cherche-Pieu,
L'comt' Flageolant-des-Abattis,
L'Baron d'l'Asphalte et autres lieux.

J'suis' l'balladeur… le bouff'-purée,
Le rôd'-la nuit… le long'-ruisseaux
Le marque-mal à gueul' tirée
Le mâche-angoiss' … le cause-tout haut.

Si jamais vous êt's dans l'ennui
Et forcé comm' moi je le suis
A c'que ça s'passe à la balade,
J'vas vous ess'pliquer mon manège ;
Mettons qu'y lansquine on qu'y neige,
Eh ben ! allez rue d'Rivoli
Malgré qu'y ait des vents-coulis
On est pas mal sous ses arcades.



詩詞

自言自語的讓-里克蒂斯

殺了我或把我投入監獄 ,
我都不在乎,我不能克制自己:
我是一個〝現代人〞,我抱怨,
而你知道我有道理!
《窮人的自言自語》 (Les Soliloques du pauvre)

讓 - 里克蒂斯,好一個名字,早在幾十年前我就認識的一個名字和一些詩句。今年夏
天,在里爾的一家書店裡,我發現了《窮人的自言自語》和《民眾之心》 (Le Cœur populaire) ,這樣,便可借此進一步探討他的著作,這個被人忘卻、昔日抱怨的〝現代人〞。
〝如果這些字詞和言語能表達如此真實誠摯、令你肝腸寸斷的痛苦,那它又怎能不是溫文爾雅、經典、高貴、有教養的呢?這便是我的追求。表達。感動。〞 ( 致萊昂.布洛瓦的信, 1900 年 10 月)

讓 - 里克蒂斯於 1807 年誕生於海濱布洛涅 (Boulogne-sur-Mer) ,取名加布里埃爾.朗東 (Gabriel Randon) 。父親是一名暴戾、酗酒的人,母親則有虐待狂及不負責人,一名受挫的女詩人,把連串的失敗歸咎於自己的兒子。你會帶嘲諷地說多顯赫的族譜啊…… 他的童年是在英法兩國之間度過的。父親原籍英國,八歲時父母離異,父親失蹤,他和母親一起狼狽地來到巴黎。他是一名勤奮的學生,取得畢業證書後卻為了生計被迫離開學校。他做過各種小活計:如跑腿、小工、清道夫、家庭教師等。 1885 年,他成了棉花絲綢商,收入菲薄,粗茶淡飯。這時他已開始寫些蹩腳的詩,出入一些文學圈子,和一些轉瞬即逝的雜誌的無政府主義編輯們交往。他很快便被解僱。

1887 年,他仍以朗東的名字發表了處女詩作,生活無著,四處流浪。 1888 年冬天的某日,人們發現他躺倒街頭,氣息奄奄。他被人收容,在拉里布瓦西埃醫院一直住到來年春天。 1890 年至 1891 年間,莫泊桑也非常關心他的處境。但所有這些苦難都沒能阻止他和各類雜誌合作並結識薩曼 (Samain )、聖 - 波勒.魯 (Saint-Pol Roux) 等一些詩人,又或者在 La Roulette 酒吧表演,但這些嘗試都沒有結果。由於他的懶散和對工作缺乏熱情,連在市政府的一份卑微工作都被辭掉。

自1892 年6月至1894 年1月,他埋頭寫作小說《偽君子》 (L'imposteur) ,小說敘述耶穌的歸來及來到法國,一部真人真事、宣揚無政府主義精神的小說,卻以失敗告終。 1895 年,他改用筆名讓 - 里克蒂斯 (Jehan Rictus) ,取自維庸的一句詩〝Je ris en pleurs 〞,直到1930年才在名字中間加上連字符號。1895年,《窮人的自言自語》詩集出版問世,這部傳世之作是這樣開始的:
〝見鬼去吧!冷酷無情的冬天,
這不能赤身裸體的季節:
看那班達官貴人們
紛紛逃向南方!〞

斯特凡納.馬拉美在給他的信中這樣寫道:〝啊!你把自己變成了一件多奇妙、多鋒利、千斤重的武器!我覺得你對語言的扭曲實在妙極了。《窮人的自言自語》裡的一切我不明白的東西都以其藝術魅力感動著我,同樣我亦欣賞詩集中的人道精神,這人道之泉深不見底,水柱才能射得如此之高!〞

1897 年這本詩集再版時,讓 - 里克蒂斯在書前寫了這樣的題銘:〝總之,讓那個窮人開口說話,這個大家議論著的、緘默無言的老好人,這便是我試圖做的。〞然而在 1903 年《日記》 (Journal) 一書裡,他卻這樣寫道:〝《窮人的自言自語》,這便是我。批評家們都搞錯了。這是普遍的 Maô 。由於我長時以來窮苦潦倒,由於我是一個流浪漢,說話像流浪漢般粗俗。然而窮人,在民主國度裡,是詩人,是藝術家。〞讓 - 里克蒂斯為自己的故弄玄虛所累,以致改變不了自己的筆調和文風,早在坎坷的 1885 年便發表了令人驚嘆的 《炸藥悲歌》 (Elégie de la dynamite) 。

他承認自己描寫的並非工人或普羅大眾的世界 , 而是流浪漢的世界 , 是他自認所屬的〝失掉社會地位的人〞的世界。用他自己的話說 , 他既不是老好人雅克 (Jacques bonhomme) , 亦非平民 (Populo) 及無產者 (Prolo) …… 窮人 , 這便是〝失去社會地位的人〞。終其一生,讓 - 里克蒂斯對榮譽和獎賞都十分敏感在意,也贏得榮譽勳位。他的生平著作的確值得去發掘,他的名字可與挪威作家、《飢餓》一書的作者克奴特.漢姆生 (Knut Hamsun) 或其他卓越的流浪漢相並列。斯坦倫 (Steinleu) 的插圖更賦予他來路不明的外國闊佬般的耶穌的容貌。
〝耶穌基督走了
沒留下一句足以安慰我的話
祂神色慌亂
眼帶哀傷
這印象我畢生難忘〞

布盧瓦維護讓 - 里克蒂斯的基督形象,把他形容為〝最後的天主教詩人〞。而胡斯曼 (Huysmans) 這位〝最虔誠的比利時人〞則反駁他道:〝你的里克蒂斯是一個褻瀆神明的人,一個自以為和我主耶穌相像得分毫不差的瀆聖者。〞其實,他更像那在大道漫步的但丁,在一群失望得扭曲了面孔的幽靈中活動,面對一個以審視的目光探索的觀眾。〝我的罪過是極具特點的。我是一個患了〝文學虛榮病〞的人,對平庸及現有的東西深惡痛絕。我雄心勃勃,強加於自己一種並不擁有的觀察和寫作方法。我真想放棄這一切,但當我試著做其他事情時,卻總是不夠運氣。〞

里克蒂斯著手創作一部摻雜著詩歌的小說《鐵絲》 (Fil de fer) ,在 1906 年的龔固爾文學獎評選中甚至還獲得了幾票……他在酒吧裡演出,寫些小冊子,給雜誌撰稿。直至 1928 年,人們還看到他在 Lapin agile 或外省,在咖啡廳、電影院、慈善機構、一些政治或工會的示威活動中朗讀詩歌。

1914 年,他發表了第二本重要詩集《民眾之心》。這次卻遭到了布盧瓦的抨擊,說他的語言恐怖驚人。他卻為自己辯護,說他使用的詞語更接近希臘和拉丁語的源頭,而其他詩人使用的都是些過時的語言。〝如何代替那被榨取得只剩殘渣的一些字詞,只有回到源頭,回到行話這個語言的廄肥裡去汲取。〞里克蒂斯為自己的語言辯護,他說:〝總之,老是將 ‘étoile' 和 ‘voile' 或 ‘toile' , ‘alcyon' 和 ‘rayon' 來押韻,真叫人作嘔〞。浪漫主義者們〝永恆的尼亞加拉瀑布〞、帕納斯派及〝淡而無味的自然主義〞一樣令他惡心。他將目光投向十六世紀,那時代法蘭西語言是從未有人講過的最美麗的語言。

然而讓 - 里克蒂斯的文運始終低落。《鐵絲》一書並沒有像他希望的那樣再版。他一心以為靠這部小說便可一躍取代維克多.雨果留下的地位,這對他是一次沉重的打擊……不過在《鐵絲》一書裡,他常作些抨擊和謾罵。如對小學教育的否定:〝教育並非甚麼,而魚肝油、日常沐浴則應免費、世俗化和必須。〞鐵絲的童言不斷被成人的惡語所掩蓋……越來越多的酒吧也向他關上了門,因為聽眾厭倦了悲觀主義的題材,伽里瑪出版社 1933 年也拒絕出版他的題作《小丑與生菜》 (Arlequins et salades) 的〝怪誕詩〞集。同年,在〝法蘭西行動〞 (L'Action française) 一期上,萊昂.都德 (Léon Daudet) 信手寫了一篇題為《一位偉大詩人:讓 - 里克蒂斯》的文章,他非常引以為榮。但《法蘭西信使》和《費加羅報》卻登了保羅.萊奧托 (Paul Léautaud) 寫的一些充滿敵意的文章,這深深傷害了他,雖榮膺榮譽勳章亦不能令他釋懷。 1933 年 11 月 6 日,讓 - 里克蒂斯與世長辭,在十九世紀和二十世紀,各活了三十三個年頭,是一個被自己的詩歌釘上十字架的耶穌的替身。

我已經說過,讓 - 里克蒂斯的作品在我們的文學裡鮮有人提及,然而,他為我們留下了一個嶄新的語言,這裡行話和民間語言重新找到了它們的地位…… 那怕只為這點,便值得探訪一下他的詩歌天地。