Nouveaux médias
Texte : Gérard Henry
Photos : Galerie Osage & Kinsley Ng
Kinsley Ng et ses merveilleuses machines musicales
Kinsley Ng, l'un des jeunes artistes les plus prometteurs de Hong Kong, a des talents d'enchanteur. Ses machines musicales intriguent, attirent et séduisent un public normalement peu familier de l'art contemporain. Sa récente exposition à la Fondation artistique Osage de Hong Kong montrait sa dernière construction intitulée « Roue musicale ».
Une œuvre qui de loin semble le mariage architectural d'un kiosque à musique de jardin et d'un antique carrousel. Ses lignes austères, ses formes dépouillées, son apparente simplicité en font cependant un objet contemporain un peu étrange, comme une navette spatiale. D'un diamètre de six mètres et d'une hauteur de trois, cette machine faite de métal noir est plus complexe qu'il n'y paraît. Le spectateur y accède par trois marches éclairées d'une lueur jaune et s'y assoit sur neufs tapis noirs, regardant le toit, un ciel noir d'encre où apparaissent furtivement des lignes lumineuses, il entend une musique synthétique et, apparaissant et s'évanouissant, les notes éparses de cordes de violoncelle pincées dont les vibrations lui traversent le corps. Son dossier est en effet bordé de cordes tendues qui à mesure que la roue tourne vibre selon le principe d'une boite à musique. L'artiste a combiné dans cette installation musique synthétique, vidéo numérique, sculpture, ingénierie mécanique, composition musicale.
• Jean-Luc Godard visitant le métier à tisser musical de Kinsley ng |
Cette œuvre n'est point fortuite mais est au contraire le fruit d'une longue réflexion.. L'exposition intitulée « Art ambiant » indique une réflexion sur l'environnement dans lequel a lieu l'exposition, ici le quartier populaire et industriel de Kwun Tong, composé d'usines et de logements publics dans lequel vit une population ouvrière peu fortunée.
Cette roue musicale incarne donc ce que l'habitant de Kwun Tung expérimente en mouvements et sons : le ballet incessant des camions, camionnettes, chariots poussés par les gens de la rue, le frottement des roues sur les trottoirs, le grondement des ventilateurs industriels, les ronflements et clicquetements de ces énormes machineries concentrées dans ces usines verticales se serrant dans un espace réduit. Une musique composée par Kinsley Ng. Un quartier encore en activité mais où de nombreuses usines sont vides, émigrées vers la Chine et où s'installent quelques studios d'artistes et galeries gigantesques comme celle de Osage où a lieu l'exposition.
Cet art en corrélation avec la réalité qui l'entoure qu'elle soit locale, régionale ou mondiale est le souci principal de Kinsley Ng qui recherche toujours à connaître la spécificité de l'endroit où il travaille. Né à Hong Kong, Kinsley étudie de 1999 à 2003 les arts des nouveaux médias à Ryerson University au Canada, puis est sélectionné pour poursuivre au célèbre et prestigieux Studio national des arts contemporains Le fresnoy, à Tourcoing dans le Nord de la France, une école qui accueille les jeunes artistes de tous pays pour deux ans.
Dès la première année Kinsley enquête, regarde, écoute, s'informe sur la région, ses habitants, leur passé, leurs difficultés, les problèmes qu'ils rencontrent. Il pense que le Fresnoy, institut d'élite, est coupé de la région qui le nourrit et que l'art est trop loin de ses habitants. Il réalise un premier projet qui a un grand retentissement chez les habitants et dans la presse locale. Il va dessiner avec 50 enfants dans un centre social, ensuite invite un sérigraphe pour éditer avec les enfants leurs dessins sur des feuilles qui seront distribuées dans les boulangeries du quartier pour emballer le pain des clients. Il filme les enfants durant tout le processus jusqu'à l'achat du pain, montrant avec quelle précaution ils achètent le pain de peur de déchirer leur dessin. Une façon simple et intelligente de sensibiliser les enfants à l'art et de leur donner la fierté de leur travail.
Son projet principal au Fresnoy portera cependant sur ce qui fut le moyen de vivre de toute la région pendant des générations, le textile. Industrie maintenant moribonde qui cause un chômage massif dans la région mais reste près du cœur de beaucoup de gens. Kinsley a transformé un vieux métier à tisser de 250 ans en un instrument qui produit des sons et des images. Ses mouvements mécaniques, ses bruits, le chaînage évoquent non seulement un passé industriel mais également toute une mémoire collective, allant du poétique à l'angoisse selon l'individu, car il est pour certains nostalgie du travail artisanal, pour d'autres regrets amers d'un travail perdu... D'une certaine manière, on peut le rapprocher des Haïkus japonais, où en peu de mots et de syllabes sont générées des images très poétiques et très évocatrices. Un Haïku musical en quelque sorte. Le métier à tisser, très ancien, n'est d'ailleurs pas si éloigné de l'art des nouveaux médias et de l'informatique, Ada Augusta, le premier informaticien, disait que « le moteur analytique tisse les modèles algébriques, de la même manière le métier à tisser Jacquard tisse des fleurs et des feuilles... ». Kinsley Ng, quant à lui, tisse de la musique.
Les procédés techniques employés sont très sophistiqués et nous ne les décrirons pas ici, mais l'œuvre au final est chargée de sens et de poésie. Elle a été exposée dans le Nord de la France et a passionné les amateurs d'arts, les musiciens contemporains autant que les anciens ouvriers du textile, touchés de voir leur vieil instrument de travail ainsi remis en valeur.. Elle a été également exposée à l'Ircam au Centre Pompidou et a attiré l'intérêt de nombreux artistes tels que Jean Luc Godart.
Rentré à Hong Kong, Kinsley Ng avait d'ailleurs réalisé une version miniature de ce métier à tisser pour le festival Microwave 2007. Il n'a pas encore réussi à exposer son grand métier à tisser à Hong Kong, mais espère le faire voyager dans sa prochaine exposition à Singapour.
Pour Kinsley Ng, c'est une façon d'inclure l'histoire et l'énergie d'un endroit ou d'une région, ainsi que son présent ou son passé dans son art, un art conceptuel qui doit cependant faire appel pour lui à tous les sens, l'ouie, le toucher, la vue.
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新媒體藝術
伍韶勁和他的神奇音樂機
• Concert sur le métier à tisser musical
伍韶勁是香港一位極具潛質的年輕藝術家。他創作的音樂機如有魔法般使人著迷,就算是一些原本對當代藝術沒有興趣的公眾也深受它們的吸引。他最近在奧沙藝術基金會舉辦的展覽會中展出了他的最新互動裝置作品《輪》。
這作品遠看像一座形狀結合了設置於花園中的音樂亭或古色古香的旋轉木馬般的建築物。它的線條簡樸,然而,其簡單的外形卻令它像一件有點兒怪異,如一艘太空穿梭機的現代之物。這直徑六米,高三米的機器是用黑色的金屬製成,它的構造複雜並不如外表看來那麼簡單。參與者需要經過三級亮著黃光的梯級進入其中,然後躺坐在九塊黑色的木響板上,望向漆黑的天花板,一些發光的線條會間歇性地出現在天花板上。當那些響板慢慢地轉動時,弦線便會從轉輪的四周奏出音樂。在座位的後面,各種各樣的大提琴線排成一列隨著車輪旋轉,而參與者因背部貼著背板,弦線震動的感覺會穿透全身。這位藝術家在這裝置作品中結合了合成音樂、數碼錄像、雕塑、機械工程和音樂創作。
這作品的出現絕對不是出於偶然,反而是經過長時間的深思後所得出來的果實……這次展覽以〝氣氛.藝術〞命名,顯示出藝術家是要對展覽場地的環境作出思考,在觀塘這個工業區內,工廠和公共屋 ? 處處可見,居民大部份都是環境不太富裕的工人。
這轉輪就是將觀塘居民日常體驗到的動態和聲音具體化的表達出來,由大大小小的貨車、街上行人推著手推車、輪子與行人路磨擦的聲響、各工業冷氣機發出的隆隆聲,還有集中在工廠大廈中無數大型機器的轟隆聲交織出來的樂曲。一首由伍韶勁譜成的音樂。觀塘區的活動仍然十分頻繁,但有不少廠房因工廠遷往大陸經已空置,現已改變用途,變成一些藝術工作室或巨型的藝廊,如這次的展覽場地奧沙觀塘。
這種把藝術與它周圍的實況,不管是本土性的、地區性的或世界性的聯係連結起來的創作手法就是伍韶勁最關心的,因為他一直都想盡辦法去認識他從事創作的地方之特質。出生香港,伍韶勁由 1999 至 2003 年在加拿大的 Ryserson 大學攻讀新媒體藝術學士課程,後來獲選到位於法國北部圖爾寬的著名學府 Le Fresnoy 國家當代藝術工作室繼續進修,這學校從世界各地取錄年輕藝術家進修一個為期兩年的課程。
由第一年開始,伍韶勁便對該地區進行調查,透過細心觀察和聆聽,打聽有關該區的一切,居民和他們的歷史,所面對的困難和問題等。他認為 Le Fresnoy 這優秀的學府與育養它的地區分隔開,還有,藝術與地區的居民的距離太遠。他在那兒進行的第一個計劃引起了當地居民和媒體極大的反應。他與五十名小童一起在社區中心中畫圖畫,然後請人將作品製成絲網,並與兒童們一起在紙上大量複印。之後再將它們分發給區內的麵包店用來作包裝紙。他用錄影機將小童們畫畫到買麵包的整個過程拍攝下來,從中可以看到孩子們因害怕撕破他們自己畫的圖畫,所以在買麵包時都小心翼翼。這是一個非常簡單又聰明的方法來引起孩子對藝術的興趣,並讓他們對自己的創作感到自豪。
然而,他在 Le Fresnoy 最重要的創作計劃卻是與整個地區的居民世世代代賴以維生的工業:紡織業有關。雖然這工業現今已衰落,並引致區內出現數字龐大的失業人口,但對很多人來說仍是心中不能割捨的記憶。伍韶勁將一台已有 250 年歷史的古老紡織機變成一具會製造聲音和影像的工具。它的機動性、聲音和拉條裝置不只令人想起昔日的工業,也喚起了群眾的集體回憶,回憶因人而異,有的是詩情畫意的記憶也有的是苦惱不堪的。
原因是對某些人而言,那是對一種工藝製作的懷緬,對另一些人來說卻是失去工作的苦澀失望。某程度上,我們可以將這作品與日本短詩〝俳句〞作對照。〝俳句〞只需很少的字和音節便能產生極富意境的想象。某程度上這音樂紡織機可說是音樂的〝俳句〞。歷史非常久遠的紡織工藝與新媒體藝術及電腦科技之間的距離其實並不是很大的。第一位電腦程式設計師 Ada Augusta 曾這樣說道:〝分析機編排代數模式就如 Jacquard 的織布機編織花和葉一樣……〞而伍韶勁,他則是編織音樂。
製作這台音樂紡織機的技術非常考究複雜,我們不便在此細說,但最後出來的作品卻滿有意思和極富詩意。它曾在法國北部展出,引起了藝術愛好者、現代音樂人的極大興趣,而一些前紡織的工人也深受感動,很高興看到他們從前工作的工具再次變得有價值。它也曾在龐比度中心 - 聲樂/音樂研究所展出,吸引了不少藝術家前來參觀。
回到香港後,伍韶勁製作了一台小型版的音樂紡織機並於 2007 年在微波國際藝術節中展出。他還未能成功在香港展出他那台大型的音樂紡織機,但希望下次在新加坡舉辦展覽時能將它運往該地展出。
對伍韶勁而言,這是一種將一個地方或地區的歷史和能量,還有它的現在和未來加入藝術創作的方法,這是一種概念藝術,因此,他必須借助所有感官:聽覺、觸覺和視覺的輔助。
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