Slam
Texte : Gérard Henry

MC Yan, du Hip Hop au Slam

MC Yan, un nom que tous les musiciens chinois connaissent ainsi que le jeune public hongkongais, car c'est celui de leur premier rappeur qui a su chanter et mettre dans ses mots leur mal de vivre et leurs espoirs. C'est aussi  leur  premier slammer qui voit dans le Slam, une poésie parlée, scandée ou chantée  sans musique, le moyen idéal d'expression libre pour les plus démunis.

Chan Kwong Yan, alias  MC Yan, a lui-même fait son chemin. Parti de Hong Kong parce qu'il voulait étudier et voir d'autres horizons que les quartiers industriels de Kwai Chung, Chan arriva en France en 1990. Décidé à apprendre d'abord le français, il prit le train pour  Royan, une petite station balnéaire sur la côte Atlantique dans le sud-ouest de la France, mais il se trompa de train et se retrouva dans la ville de Poitiers où, rencontrant d'autres Hongkongais étudiant là-bas, il décida de rester. Poitiers est pour les Hongkongais un nom familier car nombre d'entre eux, des années 60-70 aux années 80-90,  y sont allés étudier le français. La raison ? Les cours à l'université y étaient bon marché, la vie également, et la nouvelle se transmettait de bouche à oreille jusqu'à Hong Kong. Chan voulait être créatif et fut accepté à l'Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Tours où suivant le cursus complet, il passa cinq ans. Il était, dit-il, considéré par ses camarades d'études, comme « l'artiste conceptuel » de la promotion. Il aimait réfléchir et penser et s'intéressait aux philosophies orientales.

C'est là aussi qu'il découvrit la musique et commença avec des amis musiciens français à chanter, dans un groupe hard rock, tendance métal avant de s'adonner au rap. Resté en contact avec ses amis de Hong Kong, il y revient en 1997, l'année de la Rétrocession à la Chine, après un séjour de 7 ans en France et y introduit le rap, encore inconnu dans cette région.

Dès son arrivée il rejoint un groupe plutôt rock constitué de ses amis, baptisé NT (Nouveaux Territoires) qui donne dans le hardcore-rapcore et crée plus tard avec d'autres groupes LCM (Lazy Mutha Fucka) qui va devenir célèbre à Hong Kong et en Chine et va signer avec la maison de disques Warner. Classé comme rebelle et provocateur le groupe va jouir d'un vrai succès, MC Yan y  est parolier, chanteur, rappeur, il introduit le hip hop. Ils jouent partout, dans les universités, stades, salles de concert grandes et petites, à Hong Kong et en Chine. « C'était du rap conscience, dit-il, qui pose des questions sur la société, sur la ville, sur le développement. A Hong Kong il y a peu de musiciens qui parlent de politique, qui s'écartent des chansons d'amour, nous étions presque les seuls de l'industrie. » LCM ne renouvela pas son contrat et se dissout en 2002. MC Yan tenait à son indépendance et ne voulait pas se faire avaler par une maison de disques, il devint rapper indépendant et travailla comme parolier avec des chanteurs ou musiciens connus comme Edison Chen ou Karen Mok.

MC Yan a une ambition, introduire le slam à Hong Kong et en Chine
MC Yan voit dans le rap un moyen d'expression idéal pour les jeunes Chinois et essaie de l'introduire aussi bien à Hong Kong qu'en Chine. Son succès fait qu'il est invité à donner des conférences dans les universités, dans les instituts culturels et à créer de nombreux ateliers de rap. Désireux d'approfondir son art, il entreprend également des recherches sur la scène musicale indépendante et sur la culture populaire. Il travaille ses textes et remporte le prix du meilleur texte décerné par la Société des auteurs et compositeurs de Hong Kong (Cash).

La langue devient sa passion, il se penche sur le dialecte cantonais, très riche en rythmes, en phonologies et en jeux de mots. Le chinois écrit basé sur le mandarin n'a pas la richesse du cantonais, langue plus ancienne. « Ma tâche, dit-il, est de transcrire la structure littéraire du chinois ancien en rap. J'étudie l'opéra chinois traditionnel, plus proche du rap par ses sonorités et tente de le faire couler dans un moule contemporain. L'art, la philosophie et la musique courent pour moi ensemble et ne rentrent jamais en conflit. Tout vient de l'intérieur et mon but est de refléter la culture chinoise. En Chine, le rap progresse très vite, à Hong Kong moins. Les jeunes commencent cependant à goûter la liberté par le rap, c'est une ouverture. »

La dernière croisade de MC Yan est pour le slam, une façon de prendre la langue plus au sérieux que dans le rap et d'aller plus en profondeur : « la culture chinoise, dit-il, est une culture du langage, je fais du slam avec une grande attention aux mots, mais on a une plus grande liberté que dans la poésie traditionnelle qui comporte des écoles, des styles. La poésie,  c'est un arbre qui demande la connaissance, c'est inaccessible pour ces jeunes gens sans véritable culture traditionnelle, alors que le rap ou le slam, c'est la vie quotidienne moderne, la ville, c'est une porte ouverte sur l'expression directe. »

MC Yan a plus d'une corde à son arc, il a par ailleurs créé son propre label de musique indépendant,  Fu(c)king Music et a été invité par le fabricant de chaussure Nike a créer un modèle de basket baptisé « CLOT Kiss of Death », une chaussure de sport demi-transparente qui laisse voir le pied et qui est conçue selon les points d'acupressure et les théories de médecine chinoise de circulation de l'énergie.

Il  n'a pas non plus oublié ses années aux Beaux Arts de Tours et continue parallèlement son œuvre de plasticien, notamment d'artiste graffiti. Il marie à ses graffitis l'art chinois et la calligraphie traditionnelle, une façon de peut-être de raccrocher la jeunesse à une vieille tradition. Il fit son premier graffiti en France dans une manifestation anti nucléaire. Il continue en Asie avec la même passion. L'un d'eux exécuté sur la Grande Muraille provoqua un débat passionné chez les internautes chinois. Aux Beaux Arts de Tours il y a plus de dix ans il avait également créé un art postal en distribuant des cartes postales que les gens lui renvoyaient et qu'il exposait. A Hong Kong depuis septembre 2007, il dessine des cartes postales imprimées dans le supplément culturel dominical du grand quotidien Mingpao, cartes que les gens découpent, illustrent ou écrivent et lui renvoient par la poste. Elles feront alors l'objet de son exposition en fin d'année 2008 dans sa galerie.

MC Yan, élevé dans les cités populeuses  des Nouveaux Territoires leur est resté fidèle. Il habite dans une petite maison d'un village lointain où il a installé son atelier, son studio d'enregistrement et sa mini galerie. Indépendant farouche il tient à rester en dehors des circuits commerciaux et a créé pour survivre sa propre marque de design baptisée Ning Si Bu Qu (Plutôt mourir que de se soumettre). Il dessine lui-même des objets comme des lunettes de soleil ou des vêtements, les produit et les vend sur Internet. Chaque acheteur jouit en plus de sa musique gratuite, car chaque vêtement contient dans la doublure ou caché ailleurs une carte mémoire musicale de ses compositions. « Je vends le design, je donne la musique. C'est bien. Je ne suis pas gourmand en argent. C'est du commerce équitable. »

Dans son village, MC Yan se plonge depuis deux ou trois ans dans la culture ancienne chinoise, le bouddhisme, le taoïsme qu'íl pratique, les musiques rituelles, la peinture bouddhiste et tibétaine. « A chaque pleine lune, je vais dans un petit temple taoïste voir un vieux maître et j'apprends beaucoup.  J'essaie maintenant d'utiliser une façon plus moderne pour partager cet esprit avec les gens. »

Au début mai, MC Yan animera à l'Alliance Française une série d'ateliers de slam en langue française et participera à un concert de slam avec trois slammers français qui se tiendra dans le cadre du French may au Gecko.




MC仁與Hip Hop和Slam的關係

MC 仁,這是一個所有華人歌手以及年青一代的香港人皆認識的名字,原因是他是本地首位歌手將他們對生活的不滿和希望用中文饒舌歌唱出來。他亦是本地首位 slammer ( 即興誦詩比試者),他認為 Slam(隨口說出、誦讀或沒有音樂伴奏詠唱出新派詩)是讓貧苦大眾自由表達的理想方法。

陳廣仁,別名 MC 仁為自己開創新的道路。他為了繼續升學並擴闊視野, 1990 年離開香港到法國去。他決定先學法文,於是乘搭火車到魯瓦揚 (Royan) ,一處位於法國西南部大西洋海岸的海濱渡假勝地,可惜他搭錯火車,到了一處叫普瓦堤埃 (Poitiers) 的地方,並碰到一些在那兒讀書的香港人,因而決定留下來。香港人對普瓦堤埃並不陌生,因為在六、七十年代至八、九十年代,很多香港人到那兒學法文。理由?該處大學所辦的法語課程的學費和生活費廉宜,因而口耳相傳地傳到了香港。

陳氏想從事創作,並考取圖爾國立高等美術學院攻讀整個為期五年的課程。他說當時的同學認為他是班中的〝概念藝術家〞。他喜歡深思和冥想,也喜歡東方哲學。

他是在美術學院中發現自己的音樂才華,開始的時候與一些玩音樂的法國朋友一起在一隊重金屬風格的 hard rock 樂隊中唱歌,後來才醉心於饒舌歌。他與香港的朋友一直保持聯絡,在法國逗留了7年後,於 1997 年香港回歸中國的那一年重返香港,並將當時在亞洲區內仍鮮為人認識的饒舌歌引入香港。

一回到香港他便以別名 MC 仁加入一隊由他的友人組成,名為 NT (新界)的搖滾樂隊,他們的音樂傾向於 hardcore-rapcore ,之後他更與其他樂隊組成了LCM(Lazy Mutha Fucka) ,後者在香港和中國的知名度愈來愈高,後來樂隊更簽約於華納唱片公司。這被歸類為叛逆和破壞份子的樂隊極受歡迎。MC 仁是樂隊中的填詞、歌手和饒舌手,他還引入了 hip hop 的風格。他們到各處演出,包括香港和中國的多間大學、運動場、大大小小的的演奏廳。他表示:〝我們的饒舌歌是有責任感的,是對社會,對這城市和發展提出質問。在香港,很少音樂人的作品會脫離談情說愛的主題,我們差不多是行內唯一會在歌中談政治的。〞 2002 年, LCM 不再與華納續約並解散樂隊。 MC 仁堅決保留獨立自主權,不想被一間唱片公司牽著鼻子走,他成為獨立饒舌歌手,同時亦為香港一些著名歌手如陳冠希或莫文蔚等填詞。

MC 仁的心願,將slam引入香港和中國
MC 仁認為對華裔年青來說饒舌歌是一種很理想的表達方法,他嘗試將這種風格引入香港也引入中國,並取得一定的成功,還得到多間大學及一些文化機構的邀請主持講座和舉辦多個饒舌工作坊。為了對自己的藝術作更深入的研究,他同時對獨立音樂創作的領域和傳統文化進行研究。他鑽研作詞,曾贏得由香港作曲家及填詞人協會頒發的最佳填詞獎。

語言成為了他的熱愛,他對廣東話尤感興趣,這種中國方言無論在節奏、音位和諧音都非常豐富。書寫的中文是以普通話/國語為基礎,可是它卻沒有廣東話這更古老的方言來得博大精深。他說:〝我要做的就是將古代中國的文學結構改編成饒舌歌。我學習傳統京劇,它的音域較接近饒舌,並嘗試將它放在一個現代化的模式中。藝術、哲學和音樂對我而言是走在一起的,互相從來沒有衝突。一切都是發自內心,而我的目的是反映中國的文化。饒舌在中國發展得很快,香港則比較慢。然而,年青人已開始體會到饒舌歌所帶來的自由,這是一個開端。〞 MC 仁最新要推廣的運動是 slam 。 Slam 與饒舌歌比較起來是以更嚴肅和更深入的態度處理語言。他還說:〝中國文化是一種語言的文化,我創作 slam 時會很小心處理文字,但與包含不同學派和不同風格的傳統詩歌相比之下它的自由度更廣闊。詩詞歌賦,那是一棵需要淵博知識的大樹,對那些沒有甚麼傳統文化根底的年青人來說那是他們無法理解的東西,然而饒舌歌或 slam 是有關現代的日常生活、都市,它是一扇暢通無阻,直接表達的大門。〞

MC 仁成功的地方不只一處,他還創立了自己的獨立品牌,〝福建音樂〞 (Fu(c)king Music) 受運動鞋製造商 Nike 的委托創作一款名為〝 Clot Kiss of Death 〞的籃球鞋。這款半透明的運動鞋是根據穴位壓療法和中醫的血氣循環理念而製造的。

他同時亦沒有忘記在圖爾美術學院的日子,仍然以造型藝術家的身份從事創作,特別是塗鴉藝術家的身份。他的塗鴉藝術結合了中國藝術和傳統書法,這可能是將青少年與古老傳統連接起來的一種方法吧。他在法國一次反核示威時創作了他的第一幅塗鴉作品。
回到亞洲他仍以同樣的熱情創作。他其中一幅在長城所作的塗鴉作品更引起了中國的網友在網上激烈辯論。十多年前在圖爾美術學院攻讀時他還創了一種郵寄藝術,他四處派發明信片,並叫人將明信片寄回給他,之後他將收到的明信片集合展出。而在香港,自 2007 年 9 月起,他設計了一些明信片,並刊登在明報星期天出版的文化特刊中,讀者剪下明信片後可在上面畫圖或書寫,然後寄回給他。它們將會在 2008 年底在他的個人展覽室中展出。

• Graffiti Live earth

在新界區人口稠密的市鎮中長大的 MC 仁對這些市鎮仍然有很深厚的感情。他居住在遍遠鄉村的一間小屋,當中還包括一間工作室和小型展覽室。極之獨立的他堅決要遠離商業網絡的控制,為了生活他還創立了一個自己的品牌,名為〝寧死不屈〞,還親自設計一些如太陽眼鏡或服裝飾物之類的產品在網上發售。每個購物的人還可免費欣賞他的音樂,原因是每件衣服的襯裡中或在其它地方均藏著一張記載了他所作的歌曲的記憶卡。〝我賣設計,送音樂。這非常好。我並不需要很多錢。這是公平的交易。〞

在最近的兩、三年間,他隱居於村內專心研究中國傳統文化、佛教和他所信奉的道教、祭祀儀式的音樂,以及佛教畫和西藏的繪畫。〝每次月滿的時候,我便到一間小道教廟中見一位老師父,我學了很多東西。我現在嘗試以更現代化的方法與人分享這種精神。〞在今年的五月初, MC 仁將會在香港法國文化協會主持一系列 slam 工作坊,並與三位來自法國的 slammer 一同參與法國五月藝術節期間舉辦的誦詩比試之夜。