Critique d'Art
Texte : Dong Qiang
Entre identité et universalité
En juin 2008, L'Ecole des langues et cultures modernes de l'Université de Hong Kong a organisé un séminaire international coordonné par M. Denis Meyer sur le thème des échanges France-Chine dans le domaine de l'éducation et de la culture. A cette occasion l'Alliance Française de Hong Kong avait invité M. Dong Qiang (董強), professeur au Département de français de l'Université de Pékin, chercheur en études comparées France-Chine, mais également passionné d'art contemporain qui se définit comme « un passeur » entre les deux cultures. En s'appuyant sur quelques exemples concrets Dong Qiang réfléchit dans ce texte (extrait de sa conférence) sur les façons dont sont perçues les différentes cultures d'un pays à l'autre (ndlr).
• Fabienne Verdier, calligraphies
Je commencerai par une expérience personnelle. Il y a moins d'un mois, j'étais invité, dans le cadre de l'année de la Grèce en Chine, à une exposition très importante de l'art contemporain grec intitulé « Transexpériences ». Les journalistes chinois présents étaient tous assez perplexes devant ce terme, car traduit en chinois, cela devenait très compliqué, rongchaojingyan (融超經驗). La commissaire grecque ne parlant pas chinois mais français, je servis d'interprète aux journalistes. « Ce terme dit-elle, vient d'un artiste chinois contemporain, Chen Zhen (陳箴), qui vécut en France mais décéda malheureusement très jeune, en l'an 2000. »
Par ce terme de transexpérience, Chen Zhen insistait sur l'état particulier et l'identité d'un artiste dont l'art est universel et qui, dans notre époque contemporaine, se retrouve parfois sans patrie, mais ressent ses racines, celles-ci ressortant dans les moments les plus inattendus. Il avait donc fallu donc cette commissaire grecque pour apprendre aux Chinois qu'il existait hors de Chine, des artistes comme celui-ci, ayant inventé des termes ou concepts, qui aujourd'hui retournent à leur pays d'origine. Cela nous amène très loin sur le plan des échanges culturels, entre la vision d'un pays sur l'extérieur, la vision sur son propre art et sur l'art des autres. Nous sommes là en plein cœur des réflexions sur les relations franco-chinoises ou plus généralement sur les relations entre la Chine et le monde extérieur, et les images qu'ils se font l'un de l'autre.
Je commencerai par une des œuvres de Chen Zhen, Incantations journalières ( 《日咒》 ), une pièce constituée d'une dizaine de sceaux hygiéniques en bois utilisés autrefois en Chine lorsque les maisons ne disposaient pas de toilettes. Chen Zhen réalisa cette oeuvre pour une occasion très importante, une exposition d'instruments de musique anciens lors d'un festival de musique au Parc de la Villette en France. La Chine a des instruments très anciens comme le fameux carillon en bronze, découvert dans la tombe du marquis Yi, mais Chen Zhen réalisa cette œuvre frappante, expliquant que c'était pour lui la musique originelle qu'il entendit dans son enfance, lorsque chaque matin dans les rues de Shanghai les femmes nettoyaient leurs sceaux hygiéniques. L'œuvre elle-même engendra une autre réaction encore plus intéressante : quelqu'un, peut-être l'ambassadeur de Chine, demanda à ce qu'elle soit retirée, sous le prétexte qu'elle était « indécente » au milieu des instruments traditionnels. Ce conflit entre un fonctionnaire d'état et un artiste qui, à mes yeux, s'exprime de la façon la plus instinctive qui soit, plongeant au fond de lui-même pour en extraire cette image frappante m'a fait beaucoup réfléchir et est à l'origine de mon intérêt pour l'art chinois.
Chen Zhen, très riche en idées originales était atteint d'une grave maladie, et dans une oeuvre de la fin de sa vie, Inner body landscape (《身體內部風景》) il représenta ses organes souffrants, selon une vision à la fois chinoise et occidentale dans une sorte de reconstitution intérieure de son propre corps, une oeuvre très forte qui me rappelle les travaux du poète Henri Michaux : des introspections sur son propre corps souffrant qui deviennent la source culturelle de l'artiste. Cet artiste international qui se croit sans abri, sans soi et fait preuve d'une recherche personnelle très aboutie, représente à mes yeux une catégorie d'artistes chinois qui ont su réellement s'installer à l'étranger, s'inspirer ce qu'il y a de plus intéressant dans le monde artistique étranger et composer un vrai univers personnel résistant dans lequel on peut trouver beaucoup de choses à la fois universelles et identitaires de la Chine. Chose rare car chez beaucoup d'artistes le coté universel cède aujourd'hui la place à un aspect beaucoup plus identitaire, beaucoup plus « national ».
Autres exemples très différents d'échanges interculturels : deux artistes qui bien que faisant appel à un contenu culturel très concret, ont cependant besoin d'une grille de lecture existante pour être compris.
Fabienne Verdier, est une célèbre artiste dont le travail s'inspire de la calligraphie chinoise. Considérée comme l'artiste en France, qui a su le mieux saisir l'esprit chinois, elle a été l'élève en Chine d'un vrai maître. Ses travaux, un art très personnel qu'en tant que calligraphe j'apprécie, reflètent un imaginaire très fort construit sur la Chine. Une Chine que des philosophes, des écrivains ont essayé de forger dans l'imaginaire français. Je pense notamment aux dialogues entre cette même artiste, Fabienne Verdier, et les écrivains François Cheng ( 程抱一 ) ou Charles Juillet, dans lesquels apparaissent des mots tels que « silence », « vide » correspondant à un imaginaire de l'esthétique chinoise qui s'est fixé en France à partir des années 60, 70. C'est cette grille de lecture qui a permis en France de mieux accepter et comprendre le travail de cette artiste française qui a vécu en Chine.
Le deuxième exemple est un autre artiste chinois qui a acquis la nationalité française, peintre pour lequel je viens d'écrire une préface à une monographie, sortie en France et en Chine. M . Wang Yancheng(王衍成) est aujourd'hui considéré comme le « descendant» le plus digne de Zao Wou-ki (趙無極) et de Chu Teh-Chun (朱德群), complétant une lignée intéressante de trois personnes. On voit effectivement un lointain souvenir de Zao Wou-ki dans l'œuvre de cet artiste abstrait, maintenant dans la quarantaine, tout en reconnaissant en même temps son propre univers : des touches beaucoup plus directes et une matérialité plus importante que chez Zao. Son travail est apprécié en France, grâce à cette grille de lecture qui passe par cette lignée de peintres maintenant renommés et maintes fois interprétés ou réinterprétés par la critique d'art.
Par contre du côté chinois, il existe des artistes qui choqueront l'imaginaire français s'il s'en tient toujours au « vide » ou au « silence ». Car l'art contemporain chinois est aujourd'hui tout sauf le vide et le silence. Il est dans le plein, dans le réel, dans la cruauté, dans le grotesque, dans quelque chose de très bruyant.
Le peintre Liu Xiaodong (劉曉東) en est un bon exemple. Chef de file de toute une jeune génération d'artistes chinois, Liu est un vrai réaliste, qui croque des corps humains avec une rapidité étonnante d'exécution et est doué d'une capacité à saisir sur le vif la société contemporaine, nouveaux riches ou prostituées… Pour Liu Xiaodong, très direct, la poésie, si poésie il y a, est celle de la vie quotidienne, et elle n'est pas sans une certaine cruauté. Liu est allé peindre sur le barrage des Trois Gorges, des immigrants, des gens qui viennent de perdre leur maison, montrant à côté de cela, des personnes de la Chine d'aujourd'hui dans les habits parfois les plus kitch, les plus tape à l'œil : un nouveau riche entouré de belles femmes, ou des scènes dans les bains publics. Son talent à peindre le corps fait penser à Lucien Freud, à David Hockney, c'est quelqu'un qui mérite la reconnaissance qu'il a en ce moment. Il illustre aussi un autre penchant de la Chine d'aujourd'hui qui refuse l'imaginaire occidental sur la Chine, la vue occidentale sur l'art et l'histoire chinois, reconnaissant en avoir emprunté les techniques comme la peinture à l'huile, mais tenant à exprimer sa réalité à sa façon.
Et c'est là qu'un autre artiste est intéressant à cet égard, Chen Danqing ( 陳丹青 ). L'un des artistes également les plus connus de Chine, il joue justement dans le mimétisme, en essayant de défaire les facettes des choses, disant finalement que l'Occident, c'est une question de technique. Il essaie de démontrer qu'en dernier lieu, tout n'est qu'une question de technique, et qu'il peut contrôler les deux côtés : il peut à la fois faire du Rembrandt, du Picasso, du Cézanne, du Manet, ou des œuvres érotiques japonaises et chinoises. Pour lui tout est technique, reproductible et défaisable. Ce peintre, à ses débuts, était considéré comme l'un des premiers grands artistes réalistes de la Chine. L'intéressant est qu'aujourd'hui, il a presque abandonné la peinture pour l'écriture, critiquant très sévèrement l'état actuel de la culture chinoise.
Ma conclusion sera une conclusion ouverte. Je vais revenir au travail de Liu Xiaodong sur les Trois Gorges avec le film Still life (《三峽好人》) de Jia Zhangke, lion d'or à Venise, l'un des meilleurs films chinois de ces dernières années. Ces deux jeunes artistes, l'un en cinéma, l'autre en peinture, constituent le duo le plus intéressant de la Chine d'aujourd'hui. Jia Zhangke a justement filmé un documentaire sur Liu Xiaodong plongé dans son œuvre et l'a intitulé Dong (《東》), ce qui signifie « L'Orient ».
Je voudrais m'arrêter sur cette image de l'Orient et tirer quelques conclusions. J'ai l'impression que la France et la Chine, en ce qui concerne les artistes et les intellectuels, ressentent de plus en plus le besoin de se construire des grilles de lecture sur l'imaginaire de l'autre. Ces grilles de lecture conditionnent finalement parfois la réception d'une œuvre et on s'aperçoit qu'entre les deux cotés, se creusent des écarts relativement importants. La Chine refuse de laisser cette possibilité d'interprétation à l'Occident et pour reprendre très brièvement le titre de ce forum sur l'Orientalisme, j'ai l'impression que sincèrement les Chinois aujourd'hui, qu'il s'agisse des artistes ou des intellectuels, essaient de créer leur propre orientalisme en disputant le droit de discours aux Occidentaux. Ce sera une guerre, j'emploie ce mot, car l'actualité montre que l'Occident et la Chine n'ont même pas commencé à se comprendre, que déjà, se créent des conflits. L'une des causes est le droit de parole et le droit d'interprétation qui est lié à l'émergence d'une nouvelle génération chinoise d'artistes et d'intellectuels que personne ne peut négliger. Malgré toutes les recherches qui pourront être faites sur son histoire, malgré tous les échanges culturels effectués depuis l‘époque des Jésuites en Chine, la Chine n'a pas fini d'étonner l'Occident et l'Occident a peut-être besoin de se constituer une nouvelle sinologie.
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藝術評論
身份與普遍性之間
• Dong Qiang, chercheur et calligraphe.
2008 年 6 月,香港大學現代語言文化學院舉辦了由 Denis Meyer 先生協調的以教育文化領域裡法中交流為主題的國際學術研討會。值此之際,香港法國文化協會特邀請北京大學法語系教授董強先生蒞臨盛會,董教授亦是法中文化比較的研究者,同時亦是當代藝術熱情的愛好者,他自稱是中西文化的〝擺渡人〞。在以下這篇文章裡(這是他的演講節選),他以幾個具體的實例為依據,對如何解讀不同國家文化的方法作了思考。
我且從個人的經驗談起。不到一個月前,我應邀參加中國希臘年的一場極其重要的稱作〝 Transexpriences 〞的希臘當代藝術展覽。這名稱譯作中文為〝融超經驗〞,頗費解,在場的中國記者都感到茫然。展覽會的希臘策展人不會說中文,但會說法文,我為記者們當翻譯。她說:〝這一詞,來自當代一位中國藝術家陳箴,他在法國生活,但不幸於 2000 年英年早逝。〞
陳箴以〝融超經驗〞一詞來強調這樣一種藝術家的特殊處境和身份,即他的藝術是世界性的,有時沒有祖國,但卻又深感到自己的文化之根,而這根在最不期然的時刻便顯露出來。這位希臘策展人告訴中國人,在中國以外,尚存在如陳箴一樣的藝術家,他們創造了一些詞語和概念,而今又都重返故國。這又令我們在考察文化交流、一個國家對外界的看法、對自己藝術以及對他人藝術的看法時,思考得更深遠。我們全心全意地對法中關係,或廣義地說對中國和外間世界的關係以及彼此間對對方的看法作認真的思考。
• Liu Xiaodong, l'Elite en IT 《電腦精英》
讓我先來談談陳箴的其中一件作品《日咒》,這是一個由十個木製馬桶構成的作品。過去在中國沒有抽水馬桶,人們便用馬桶來方便。陳箴是在一個重要場合 ,即在法國 Parc de la Villette 的音樂節期間舉辦的中國樂器展創作這個作品的。中國擁有非常古老的樂器,如由曾侯乙墓出土的著名的銅編鐘。陳箴製作了這個驚人的作品,他說這是他孩提時代聽到的最初的音樂。每天早晨,在上海的大街小巷,婦女們便洗刷這些馬桶。這個作品卻引來了另一種更有趣的反應。有人,也許是中國駐法大使要求撤消這個展品,認為它置於傳統的樂器中實在〝不雅〞。而在我看來,藝術家創造這件作品非常自然,他深入探討,創作出這件驚人的作品。這個國家官員和藝術家的衝突,令我想了許多,也是我對中國藝術感興趣的源頭。
• Chen Zhen, Inner Body Landscape《身體內部風景》
陳箴極富創意精神,充滿奇思妙想,卻得了嚴重疾病。他生命晚期創作了一幅題為《身體內部風景》的畫裡,他以中西兩種視覺對自己身體內部重新組構,表現了身體器官的痛苦 。這是一幅強有力的作品 ,令我想起了亨利.米修,他對自己痛苦身軀的內省成了藝術創作的源泉。 陳箴這位國際藝術家自以為無家可歸,沒有自我,對自己作了成功的探視 。我認為他屬於這樣一類中國藝術家,他們真正知道如何立足異邦,並從異國藝術領域裡有價值的東西汲取靈感,創作出極富個人風格的作品,從中我們可以看到既有普世價值又富中國特色的許多東西,這是難能可貴的,因為今天在大多數中國藝術家的作品裡,普遍性已讓位於更具個人身份、更具〝民族〞性的東西。
文化交流中有一些非同尋常的例子:有兩位藝術家,雖然他們作品的文化內涵非常具體,卻需借助現有的閱讀框架才能理解。法比恩.韋迪耶 (Fabienne Verdier) 是位著名的藝術家,她的作品從中國書法中獲得靈感。在法國,她被視為極善於抓住中國精神的藝術家。在旅居中國期間,她曾師從一名真正的藝術大師。她的作品,作為書法,我很欣賞,是極具個人風格的藝術作品,表達了對中國的高度想像。這是哲學家、作家在法國式的想像中試圖構築的中國。我尤其想起她和程抱一 或夏爾.朱利埃特 (Charles Juillet) 的對話。談話中常出現〝靜謐〞、〝虛空〞這樣一些字眼。這和自六、七十年代起便扎根法國的中國美學的想像遙相呼應。正是這個閱讀框架令法國人能更好地接受並理解這位曾在中國生活的藝術家的作品。
另一個例子是一位已入籍法國的中國藝術家,我剛為這位畫家在法、中兩國出版的專集作序。王衍成今天被視為最有資格繼承趙無極和朱德群的接班人,構成了有趣的一脈相承的三人組。在這位現時已年屆不惑的抽象藝術家的作品裡,確實可以見到趙無極的影子,同時亦可見到他自己的風格:和趙氏作品相比,其筆觸更直接、更具現實感。借助這樣一個一脈相承三人組的閱讀框架,以及藝評家們的頻頻解讀, 他的作品已為法國人所欣賞。
從另一方面說,在中國尚存在這樣一些藝術家,他們的作品令仍固守〝虛空〞、〝靜謐〞這些概念的法國式想像大受衝擊。因為當代中國藝術,除〝虛空〞、〝靜謐〞外,包羅萬有,它充實、現實、殘忍、荒誕,有點亂烘烘。例如畫家劉曉東,他是中國年輕一代畫家的帶頭人,一位真正的現實派畫家 。他以驚人的速度創作人體,有一種捕捉並表現當代社會人生百態的特殊本領,如暴發戶、妓女等。對劉曉東而言,如果有甚麼詩意的話,那便是日常生活的詩意,且難免帶有殘酷的色彩。他到三峽工地寫生,畫被迫遷徙的民眾、剛剛失去家園的人,此外,也畫當今中國一些衣著時髦、有時卻低俗不堪、華而不實的人物,一個被美女簇擁著的新貴,又或者公共澡堂的場景。他描繪人體的才華令人想起 Lucien Freud 和 David Hockney 。今天他為人所認同,可謂實至名歸。他還闡明了當今中國的另一傾向, 即拒絕西方對中國的想像,對中國藝術和歷史的觀點。雖然承認借鑒了西方的技術如油畫,但卻堅持以自己的方式表達現實。
在這個意義上,另一名藝術家陳丹青特別引人注意,他亦是中國有名的模仿表演者之一。他試圖分解事物的各個小層面,最後他說,西方藝術只是一個技術問題,並試圖證明歸根結蒂,只是一個技術問題。他可以駕馭兩者,可以像倫勃朗、畢加索、塞尚、馬奈一樣畫畫,亦可創作日本和中國的春畫。對他而言,一切都是技術,可以再造和拆散。在他事業的早期階段,他被視為中國偉大的現實主義畫家之一。 有趣的是今天,他幾乎完全拋開繪畫,轉而進行寫作,嚴厲地批評中國文化的現狀。
我的結論是公開的。現讓我回來談談劉曉東在三峽工地的創作以及賈章柯榮獲威尼斯金獅獎的電影《三峽好人》,這是近年來最好的一部中國電影之一。這兩位年輕的藝術家,一個從事電影,一個從事繪畫,組成了當代中國最有趣的雙人組。賈章柯還拍了一部劉曉東埋頭創作的紀錄片,並取名一個《東》字,意即〝東方〞。
關於東方我暫且就此煞住並從中得出幾個結論。我覺得中國和法國的藝術家和知識份子愈來愈感到需要建立一個瞭解對方想像的閱讀框架。這閱讀框架最終有時可助接受一件藝術作品,但我們發覺在兩造間鴻溝似乎愈來愈大。中國拒絕西方的解讀,簡單地重述東方學研討會上的題目,我覺得今天中國人,無論是藝術家抑或知識份子,均真誠嘗試創造一個他們自己的東方學,從西方奪回發言權。這是一場戰爭,我之所以使用這個詞,皆因事實說明西方和中國尚未開始相互瞭解便已製造衝突 。其中一個原因是發言權和解釋權,它是和正在崛起的中國新一代的藝術家和知識份子密不可分的,任何人都不應忽視。不管對中國歷史的研究資料如何汗牛充棟,也不管自耶穌會來華時代起就業已進行的文化交流如何頻繁,中國震驚西方這事遠遠沒有結束,也許西方需要重新建構一個嶄新的漢學。
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