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Texte : Patrick Ferla

Chroniques hongkongaises de Gérard Henry

Dans le bruit et la frénésie, de jour comme de nuit, Hong Kong est ouverte à l'aventure, toujours en mouvement et en quête d'identité. En 1984, ses sept millions d'habitants apprennent que leur ville, sous protectorat britannique, sera bientôt rétrocédée à la Chine. Cette annonce fut vécue dans une relative sérénité qui se mua vite en inquiétude. À la suite des événements de la place Tienanmen, en 1989, ils furent des centaines de milliers à envahir les rues. Quel avenir pour Hong Kong, quelle mémoire collective dans les bras de cette Chine-là ? D'un jour à l'autre, les Hongkongais se virent orphelins, sentiment que le plasticien Raphael Chan sut décrire en ces termes : « Hong Kong semble un bébé orphelin vivant depuis cent ans, incapable de se rappeler le visage de ses parents. Il peut parler beaucoup de langues étrangères, mais il a totalement oublié la langue maternelle […] Maintenant, il va rentrer à la maison, mais il a peur de ne plus avoir de liberté car il y a beaucoup de règles dans la grande famille, une restriction au droit de parole, aucune objection envers les aînés. »

La langue maternelle : c'est elle qui inspire les chroniques que signe, tel un calligraphe, Gérard Henry. Quelques traits, des odeurs, des sons, et voici la vie quotidienne transformée en récit, un art porté ici par une grande sûreté du geste. Des chroniques qui, durant dix années, ont raconté l'air du monde qui changeait à Hong Kong. Nombre d'entre elles ont nourri deux émissions de la Radio Suisse Romande, « Le Petit-Déjeuner » et « Presque rien sur presque tout ». Ces papiers-calligraphes se distinguent des textes radiophoniques par un souffle charnel véritablement made in Hong Kong. Au cœur de ces textes, une prise de risque documentaire et un souci de dévoiler la face cachée de l'identité hongkongaise, très loin des cours de la Bourse, de l'hippodrome chic de Happy Valley et des vitrines rutilantes de Central.

Langue maternelle et vie devant soi : sous la forme de petites nouvelles, les chroniques de Gérard Henry modifient, au fil des ans, des événements et des tragédies, la perception que l'on a généralement de Hong Kong. Musiques de cabaret évanouies dans le fracas des tramways, nappe de mélancolie flottant sur la baie, couleurs trop vives, enfants en larmes dans des appartements minuscules : les récits de Gérard Henry témoignent, semaine après semaine, de cette si parfaite irréalité qu'est Hong Kong. Une ville qui se situe entre le petit Shanghai montré par le cinéaste Wong Kar-wai dans son retentissant In the Mood for Love et l'image d'une cité inversée représentant une maison de thé, telle que l'a dévoilée l'exposition Investigation of a Journey to the West by Micro + Polo, en 2005.

Il y a de tout dans les chroniques de Gérard Henry, visite d'ateliers de peintres, commentaires culinaires, découverte de la littérature et du cinéma hongkongais, manifestations et luttes politiques, grippe aviaire et épidémie de SRAS. Les chroniques saisissent sur le vif la réalité de la Perle de l'Orient : images et saveurs, souvent aigres-douces. Une photographe qui court après les nuages, des histoires d'amour de chaque côté de la frontière, des parfums de gingembre dans les marchés nocturnes et des fantômes affamés errants dans les rues. Et l'histoire vraie de l'empereur de Kowloon, roi du graffiti exposé à la Biennale de Venise, cauchemar pour la police hongkongaise, Oncle Tsang pour ses voisins, mort pauvre durant l'été de 2007.
Une si parfaite irréalité.

L'auteur, Gérard henry, critique d'art et rédacteur en chef de la revue Paroles , est aussi correspondent à la Radio Suisse romande et contributeur au Monde Diplomatique et à la revue Perspectives chinoises .

在吵鬧和狂熱的氣氛中 , 香港不分晝夜也可找到節目 , 這座永遠停不下來的城市不斷地尋找自我的身份。 1984 年,七百萬香港居民獲悉他們這座受英國保護的城市快要回歸中國。市民對這消息的反應開始時也頗為平靜,但這平靜很快便變成恐慌。 1989 年天安門事件後,上百萬的香港人上街遊行。在這樣的一個中國的懷抱中,香港究竟有何前途?一夜之間,香港成為了孤兒,而造型藝術家陳永翼曾這樣形容他的感覺:〝香港似個孤兒,流浪了一百年,父母的樣子已很模糊,滿口異地方言,鄉音已忘得七七八八,(……)終於要回家相認,倒害怕歸家後重門深鎖,失去昔一孑然一身,來去自如的風景。怕大家庭家規嚴明、長幼有序、言行得體、 不可忤逆、尊長愛幼、決不得背棄祖宗……〞

敖樹克就是以香港獨有的語文和地方色彩作為創作靈感,如書法家般描寫他的香港誌。他只需幾個特徵、氣味、聲音,就能以明快流暢的手法將日常的生活變成一篇篇口述的記敘文。整整十年長的時間,這些口述的記敘紀錄了香港社會大氣候的轉變。這些記敘大部份曾在瑞士 Radio Suisse Romande 廣播電台中的兩個節目( Le Petit-Djeuner 及 Presque rien sur presque tout) 中播出。由於這些精簡但活生生的描述予人真正香港製造的感覺而有別於其他的電台廣播。這些有可能被視為紀錄性質的短文主要是揭露香港身份中一些不為人知的層面,它們遠離了股票市場、快活谷馬場及中環光彩耀目的百貨窗櫥。

以地方特色和生活作前題:敖樹克的香港誌以小故事形式,隨著年月,發生的大小事故和悲劇來調整人們對香港的普遍看法。夜總會的音樂消失於電車路軌的轟隆聲中;富懷舊色彩的桌布飄浮於港灣中;太過鮮艷的顏色;在微型公寓內哭泣的小孩,敖樹克的這些每星期一次的記敘見證著香港那絕對超乎現實的一面。他眼中的這座城市介乎於導演王家衛的影片《花樣年華》中的小上海和陳育強與又一山人於 2005 年展出的裝置展覽《西遊記》中的〝倒懸空城〞中所展示的港式茶館的形象。

敖樹克的香港誌的內容包羅萬有,如參觀畫家的工作室,講述烹飪,探討香港的文學作品及電影製作,有關政治的遊行和示威,禽流感及沙士傳染病等。這些敘記即時捕捉了東方之珠的實況:這些繪形繪聲的影像很多時都是苦中帶甜。一位追風逐雲的攝影家,一些發生在兩地之間的愛情故事,薑花在夜市中飄香,還有那些在街頭飄蕩的飢餓遊魂,更有九龍皇帝的真實故事,這位塗鴉皇帝的塗鴉曾在威尼斯雙年展中展出,他是香港警察的夢魘、是鄰居的曾叔叔,而他去年夏季是在貧困中逝世。
絕對是超乎現實。

作者敖樹克是一位藝術評論家 , 他是文化雜誌《東西譚》的總編輯 , 也是瑞士電台 Radio Suisse Romande 的通訊員 , 並為雜誌《 Monde Diplomatique 》及《神州展望》撰寫文章。

Chroniques hongkongaises , 280 pages, sans illustration, Editions Zoe, Genève, mai 2008 (disponible à la librairie Parenthèses ou librairies en ligne)