Troisième triennale de Canton
Texte : Gérard Henry

Adieu au post-colonialisme !

La troisième triennale de Canton a ouvert ses portes le 6 septembre au Musée d'Art du Guangdong et au Times Museum à Canton, sous le titre d'« Adieu au Post-colonialisme ». Mise en place sous la houlette de trois commissaires, Gao Shiming, Sarat Maharaj et Chang Tsong-zung, elle est lieu de recherche et d'expérimentation et regroupe plus de 180 artistes venus du monde entier, dont une majorité du monde chinois, du Moyen-Orient et de l'Amérique du sud et Centrale.

Les biennales et triennales d'arts contemporains sont presque toujours organisées autour d'un thème à partir duquel les commissaires choisissent les artistes. Ces thèmes sont pour eux l'occasion de développer tout un appareil critique et travail de rhétorique qui n'est d'ailleurs pas toujours en accord avec les travaux des artistes présentés.

Pour ce qui est de la triennale de Guangzhou, il était difficile en effet aux artistes chinois de se confronter au post-colonialisme, car les Chinois, s'ils avaient sur leurs territoires des concessions étrangères, n'ont jamais été colonisés et n'ont donc aucune expérience de ce genre. Par cet adieu au post-colonialisme, les commissaires voulaient sans doute abandonner une fois pour toutes les théories post-coloniales qui ont fait pendant des années référence dans le monde des historiens et des critiques d'art. Ces derniers pourront trouver matière à débat dans les nombreux essais sur le post-colonialisme qui figurent dans le catalogue volumineux de la triennale. Le texte plus original à propos de la Chine est celui de Chang Tsong-zung qui pose le problème en terme de révolution et de modernité, et qui attribue tous les chocs violents qu'a subis la Chine au 19e et 20e siècle à ce chemin de modernisation qui bouleverse autant sur le plan philosophique et culturel que social la société et la culture chinoise. Il développe une analyse assez pertinente sur l'Histoire récente de la Chine et la place de Hong Kong par rapport à la Chine, à ses yeux, assez similaire aux relations de l'ancien système de l'empire chinois et de sa périphérie. Système féodal qui laisse un degré varié d'autonomie à la province ou aux pays tributaires tout le temps qu'il y a complète allégeance politique.


• Amy Cheung (HK), Sound Installation, To seek an invisible object of Hugeness

Il est impossible de rapporter en quelques mots la variété des œuvres présentées à la triennale. Si l'on n'y parle en fait peu de post-colonialisme, thème peu porteur pour ces jeunes artistes et si les préoccupations de recherche identitaire courantes dans les années précédentes s'estompent également, on parle par contre beaucoup de migrations, de dépaysements, de déplacements, un sujet qui reflète les migrations forcées économiques, politiques ou de fait de guerre de nombreux individus et populations à travers les continents mais aussi à l'intérieur d'une même région ou pays.

Migrations qui plongent les gens dans une grande confusion, car ils perdent leurs codes culturels, leurs moyens de reconnaissance, leur assurance. L'un des artistes du projet Longue Marche, Lu Jie exprime très bien ce sentiment de perdition dans une installation dénommée « no foreigners beyond this point », une porte tournante qui indique le passage dans un espace vide où l'on n'existe plus, un espace où son arrivée en tant que local, national, individu avec sa culture, sa nationalité, n'a plus aucun sens, car elles ne sont plus connues et identifiables. La Triennale contient ainsi de nombreux projets collectifs sur les migrants africains, philippins, mexicains, chinois de Chine ou de diasporas. Le chinois Xiao Xiong présente ainsi un mur de fer rouillé mais toujours hermétique qui porte un seul mot lui aussi rouillé « The internationale ? » ce chant qui était supposé unifier tous les peuples entre eux n'a pas pu abattre les murs ou en a créé de nouveaux. Les artistes n'échappent pas à leur environnement et l'on sent ceux du Moyen-Orient déchirés par les conflits politiques, religieux et sociaux interminables qui sont leur quotidien. Ce sont des travaux très forts, ancrés dans des problèmes de survie, loin des travaux plus formalistes des artistes de la société occidentale ou même chinoise qui vivent dans des environnements protégés.

Les œuvres montrées sont de nature différente et pour beaucoup ignorent le thème proposé, ce qui permet des surprises, des moments de réflexion et de plaisirs. Dans cet ensemble de plus de 200 œuvres, il faut beaucoup de temps pour s'aventurer, découvrir, comprendre ou apprécier. Vidéos, peintures, sculptures, installations visuelles et sonores, tous les médias s'y retrouvent. Il y a des peintres comme les chinois Liu Xiaodong et l'allemand Neo Rauch, le performeur camerounais français Barthelemy Toguo, l'écrivain Jean-Philippe Toussaint qui en compagnie de son poète-éditeur chinois de Canton, Chen Tong réalise une installation vidéo sur la Mélancolie de Zidane, l'artiste chinois parisien Huang Yong Ping propose un commentaire sur la préface au poème des fleurs de pêcher de Tao Yuanming, la hongkongaise Amy Cheung se réfugie ou cherche l'absence de forme dans une grosse boule noire bruyante de conversations. La plus inattendue, une vidéo documentaire qui montre l'artiste Pablo Wendel, déguisé et maquillé en soldat de Qin Huangdi, s'immiscer dans les rangs de l'armée de terre cuite de Xi'an et s'y tenir figé dans le rang sans que les gardiens le remarquent. Un exploit non sans humour !

L'ouverture de cette triennale fut quelque peu chaotique, les installations n'étant point toutes finies, les cartons étant en chinois seulement, ce qui est dommage pour une triennale qui se veut internationale, mais hormis ces défauts, elle vaut un voyage à Canton.



廣州第三屆三年展

與後殖民說再見!


• Maria Magdelana Compos - Pars & Neil Leonard (Cuba/US)
My mother hold me I am Chinese, Porcelaine, Video

以〝與後殖民說再見〞為主題的第三屆廣州三年展於 9 月 6 日在廣東美術館及廣東時代美術館展開序幕。這一屆三年展在高士明、薩拉 . 馬哈拉吉 (Sarat Maharaj) 、張頌仁這三位策展人的統籌下,為藝術家們提供一個研究和探索的平台,共展出超過 180 位來自世界各地的藝術家的作品,他們當中有大部份是來自中國、中東以及南美洲和中美洲的藝術家。

這些當代藝術雙年展和三年展差不多都是圍繞著一個主題而進行,並由策展人根據主題來挑選參展的藝術家。對策展人而言,這些主題不過是讓他們有機會藉此發展一整套評論的觀點並藉此長篇大論地評論一番,很多時反而與展出的藝術家的作品並不相關。

就以這一屆廣州三年展來說,事實上,中國的藝術家對後殖民主義這題目是很難發揮的,原因是對中國大陸的人來說,雖然中國的地方曾被外國分割佔領,但卻從未成為殖民地,因而大陸人民根本沒有這一類的體驗。這幾位策展人無疑是希望透過這個與後殖民說再見的主題來一次過擺脫所有在歷史學家及藝評家之間流傳的後殖民主義的理論。那些藝評家可以在本屆三年展出版的圖錄中的無數有關後殖民主義的文章中找到討論的材料。而當中最獨特的是張頌仁寫有關中國的文章,他提出了有關革命和現代性的問題,他將中國十九世紀及二十世紀所承受的所有重大打擊歸咎於那通往現代化的路向,這現代化不單傾覆了中國的傳統哲理和文化,也震撼了社會的文化。他還頗中肯地分析了中國的近代歷史以及與中國相比,香港應如何自處,在他看來,香港與中國的關係很像古代中國皇朝與週邊小國的制度。一種封建制度,只要外省或屬國永遠順服便賦予不同程度的自治權。

三言兩語根本不足以報導本屆三年展所介紹種類繁多的作品。唯一可以報導的就是甚少人談及後殖民主義這個年輕藝術家不太關心的主題,以及前幾年極受藝術家關注,對身份的探索這主題也同樣被淡忘了,相反,很多人談及移民,改變生活環境,離鄉別井等題目, 這些題目反映了很多個別人士或群族因為經濟、政治,或是國家與人戰爭或發生內戰而被迫遷徙。

遷徙令人感到極之慌亂,因為他們失去了本身的文化準則,失去了他們對事物的認知方法和他們的安全感。〝長征計劃〞的其中一個藝術家盧杰在他一個題為〝外國人禁止入內〞的裝置作品中將這種失落的感覺很清楚地表達出來。作品是一座旋轉的大門,在一處空洞的空間內它指向一條通道,在這空間內我們不再存在,無論是本地人,國民或個別人士到這空間後,他們的文化或國籍都不再有任何意義,因為他們不再為人所認識或能夠被辨認。這次三年展也包括了多個有關非洲、菲律賓、墨西哥、中國大陸等地的移民或僑民的集體計劃。中國藝術家肖雄的作品是一塊銹積斑斑的鐵牆,牆上只有一個字〝 The Internationale? 〞,這首國際歌的用意本應是想將所有世人團結起來,然而它也不能打破那些分隔人們的牆壁,亦不能打造一些新的牆。藝術家們不能逃避本身的環境,從那些中東的藝術家的作品中我們可感覺到他們為日常生活備受無止境的政治、宗教及社會衝突所困擾而心碎。這些藝術家與那些生活在受保護環境中的西方或甚至乎中國藝術家的作品有很大的差別,他們的作品因為牽繫著存亡的問題,所以感染力十分強。

展出的作品的種類十分不同,而大部份都完全不理會指定的主題,因此會看到意外之作,亦有引發思考或使人感到驚喜的。總共 200 多件參展作品包括錄像、繪畫、雕塑、造型裝置和聲音裝置等各式各樣的媒體,實在需要很多時間慢慢探索、發掘和欣賞。參展的藝術家包括中國畫家劉小東及德國畫家尼奧 . 羅斯 (Neo Rauch) ;喀麥隆 / 法國演藝藝術家巴特勒米 . 托古奧 (Barthelemy Toguo) ;法國作家菲利普 . 圖森和他的合作伙伴,中國詩人兼出版人陳侗,他們合力製作一件名為〝齊達內的懮郁〞的錄像裝置;旅居巴黎的中國藝術家黃永砯為古代詩人陶淵明的《桃花源記》之評論寫序;香港藝術家 Amy Cheung 借一個名為形象之海的聲音裝置來撰寫一篇後殖民身份的告別詞。而最令人意想不到的作品是德國藝術家帕布羅 . 文德爾 (Pablo Wendel) 的錄像紀錄片,當中看到藝術家自己化裝成秦始王的士兵,將自己置身於西安出土的兵馬俑行列之間靜止不動,還甚至騙過了看管兵馬俑的守衛。這行為亦頗為搞笑!

三年展的開幕禮有點兒混亂,有些裝置作品甚至還未完全裝好,而一箱箱的組件只寫上中文,對一個自稱為國際盛會的三年展來說實在是十分可惜,但剔除所有不是之處,這三年展還是值我們為此走一趟廣州的。