Littérature
Texte : Gérard Henry
Photos : Editions Gallimard

Jean-Marie Gustave Le Clézio, prix Nobel 2008


• J. M. G. Le Clézio, Photo C. Hilie, Courtoisie Gallimard

« Écrire, c’est comme l’amour, c’est fait de souffrance, de complaisance, d’insatisfaction, de désir. » dit Jean-Marie Le Clézio qui à l’annonce de l’attribution du Prix Nobel de Littérature rappelle le rôle essentiel de la littérature : « Mon message est qu’il faut continuer de lire des romans car c’est un bon moyen de comprendre le monde actuel. Le romancier n’est pas un philosophe, ni un technicien du langage, mais celui qui écrit et qui pose des questions. »

L’Académie Nobel a surpris le monde littéraire en élisant pour son prix Nobel de littérature un écrivain qui marche hors des sentiers battus, « un écrivain de la rupture, de l’aventure poétique et de l’extase sensuelle, l’explorateur d’une humanité au-delà et en dessous de la civilisation régnante » selon les propres mots de l’Académie.

Cette singularité de Jean-Marie Gustave Le Clézio se reflète dans les titres de la presse française et internationale qui tentent de cerner l’originalité du personnage : « Un écrivain nomade », « un romancier de la solitude et de l’errance », « l’étoile errante de la littérature », « un exilé de lui-même », « un indien dans la ville », « un écrivain monde »… Le Clézio est visiblement pour ces critiques une sorte d’extraterrestre qui vagabonde sur les frontières de notre monde. Il est vrai qu’aux villes et aux salons littéraires, Le Clézio préfère les déserts et les espaces nus, les exilés et les peuples en péril de disparition. Son œuvre va vers le monde, dénonce les nationalismes, les colonisations de toute nature, le consumérisme, la spoliation de la planète, et se fait la chantre d’une vie qui respecte l’homme et le nature.

Au moment où la « planète finances » s’écroule, révélant aux grand jour les entrailles hideuses de notre société, à l’heure de la rentrée littéraire française qui s’étouffe dans un narcissisme exacerbé, reflété complaisamment par tous les médias, le choix de l’Académie Nobel est un souffle du grand large, qui vient balayer l’air vicié de la capitale et rappelle qu’il existe une autre littérature aux horizons plus larges qui adresse les problèmes cruciaux que vit la planète et ses habitants ou qui touche à l’universel. Le Clézio est depuis ses débuts en littérature resté loin des cercles littéraires parisiens, mais a néanmoins un public de lecteurs fidèles et est sans doute l’un des écrivains français vivants les plus appréciés. En 1994, les lecteurs du magazine littéraire Lire l’avaient déjà élu « le plus grand écrivain français vivant », ce à quoi il avait répondu qu’à ses yeux, le plus grand écrivain était Julien Gracq, décédé en début d’année. Il prône une « littérature-monde » qui invite à la reconnaissance d’une littérature francophone plus large, incluant au même titre les écrivains hors de France, qui partagent en héritage cette langue, et la nourrissent et l’enrichissent d’autres expériences. Traduit depuis longtemps dans de nombreuses langues, il est aussi populaire dans certains pays comme la Corée, qui l’apprécie pour son élégance intellectuelle, son ouverture d’esprit et surtout, sa grande faculté d’écoute de l’autre.

Le Clézio, un écrivain nomade
Jean-Marie Gustave Le Clézio est né à Nice le 13 avril 1940 d’une famille bretonne émigrée depuis le XVIIIe siècle à l’île Maurice. L’errance dont on qualifie Le Clézio a donc commencé bien avant sa naissance. A huit ans, il effectue avec sa mère un premier voyage par bateau vers l’Afrique pour rejoindre son père, médecin de brousse britannique pendant 22 ans au Cameroun et au Nigeria. C’est à cette occasion qu’il écrit, encore enfant, un premier carnet de voyage. Il fait ses études secondaires à Nice, puis se rend en Angleterre, où il sera professeur de Lettres à Bath, et s’inscrira à l’Université de Bristol. Il vivra une période de tâtonnements entre l’art et la littérature, puis soutiendra en 1964 à l’Université d‘Aix-en-Provence, un mémoire sur La solitude dans l’œuvre de Henri Michaux, l’un des plus grands poètes français du 20e siècle, grand nomade aussi, mais des mondes intérieurs.

Son aventure littéraire commence à 23 ans en 1963 avec un premier roman, Le Procès verbal qui remporte le prix Renaudot. C’est le roman d’un jeune rebelle, d’un étranger à la cité, qui n’est pas sans faire penser à l’Etranger d’Albert Camus, même si le personnage, Adam Pollo, en est fort différent. Sorte d’Adam, de premier homme, qui pénètre la ville et va en explorer sensuellement tous les aspects, s’identifiant à toutes les matières, que ce soit un rat mort ou un simple caillou, et transgressant toutes les règles de la société qu’il ignore.

On y rencontre déjà cette « extase matérielle », titre d’une œuvre qui paraîtra en 1967, dans laquelle, dit Le Clézio « la beauté de la vie, l’énergie de la vie, ne sont pas de l’esprit, mais de la matière. »

Le Clézio continuera sa vie d’errant de continent en continent, qui le mènera en Thaïlande au Mexique et de 1970 à 1974 au Panama où il vivra parmi les Indiens Emberas, une expérience qui va changer sa vie et son regard sur les choses : « Cette expérience dit-il, a changé toute ma vie, mes idées sur le monde et sur l’art, ma façon d’être avec les autres, de marcher, de manger, d’aimer, de dormir et jusqu’à mes rêves. » Il passera une dizaine d’années dans cette région amérindienne, en étudiera les anciennes civilisations, leurs textes et leurs mythes anciens et deviendra par les traductions qu’il en fait une sorte de passeur. Sa traduction des Prophéties du Chilam Balam, texte Maya, en fera pour une catégorie de lecteurs une sorte d’initié qui lui vaudra un peu un statut d’écrivain culte. Intéressé et passionné par le Mexique, mais aussi par toutes les formes artistiques et les expériences et destins humains, il écrira également un texte intitulé Diego et Frida, portrait du couple sulfureux que forment ces deux grands artistes mexicains. Il soutiendra par ailleurs une thèse d’histoire sur le Mexique à l’Institut d’Etudes mexicaines de Perpignan et enseignera à l’université d’Albuquerque au nouveau Mexique.

Son univers s’élargira encore quand en 1975, il épousera en secondes noces, Jemia, une femme du sud marocain qui lui ouvrira un autre monde, celui du désert nord africain. Désert sera le titre d’un roman que beaucoup considèrent comme son chef d’œuvre. Il lui vaudra le prestigieux prix Paul Morand qui consacre une œuvre littéraire.
Désert, écrit dans un style cristallin et lumineux, conte au début du siècle la lutte des nomades du désert contre les colonisateurs belges, français et italiens et un siècle plus tard l’histoire de Lala, descendante des Hommes bleus, les Touaregs du désert, immigrée dans les quartiers sordides de Marseille, mais dont rien ne peut faire ployer la nature farouche de ses ancêtres ni effacer dans les yeux la lumière du désert .

Cette expérience africaine, l’histoire de sa famille et de ses migrations, ses propres errances et voyages dessinent une géographie personnelle qui va du pays niçois à la Bretagne pour la France, de l’Amérique centrale à L’Afrique du nord, avec des passages en Asie et en Océanie. Son œuvre publiée pour l’essentiel chez Gallimard, à qui il a rendu hommage à l’annonce de son prix Nobel, est très conséquente. Il a écrit plus de 50 ouvrages, parmi lesquels les romans, les nouvelles et les contes prédominent, mais il est aussi l’auteur de portraits, de journaux de voyages, d’essais et de livres pour la jeunesse. En exemple de son éclectisme, il a, avec son épouse Jamia, également publié, Sirandanes, un recueil de devinettes proverbiales de l’île Maurice suivies d’un Petit lexique de la langue créole et des oiseaux (Paris Seghers, 1988).

Le Clézio a coutume de répondre qu’« il n’a pas de pays natal », « les romans, dit-il, permettent de danser avec l’histoire, de ne pas être juste un chroniqueur, mais un intervenant, de la mettre en action. » L’écriture ne naît cependant pas du néant et tout écrivain a ses racines, plus ou moins apparentes, fixes ou flottantes. Toutes ces pérégrinations se reflètent dans son œuvre. De nombreux romans de Le Clézio se rapportent de plus ou moins loin à sa famille, Le Chercheur d’or à son grand-père, L’Africain à son père et son tout dernier roman, La ritournelle de la faim à sa mère. Ce roman publié en 2008 décrit l’inexorable ruine d’une famille de colons mauriciens dans le Paris des années 30 et sous l’occupation allemande.

Le Clézio est un marcheur qui reste toujours sur les Marches du monde et à distance, l’observe : « En fait, les cultures sont toutes métissées, mélangées, y compris l’occidentale, faite de nombreux éléments venant d’Afrique, d’Asie. On ne peut pas faire barrage au métissage. La modernité est aussi bien japonaise, coréenne, chinoise qu’européenne ou américaine », dit-il dans une récente interview à François Defay pour L’Express. Il va de ville en désert, voyageant autant dans l’espace que dans le temps, fréquentant les vieilles civilisations qui ont pour lui de nombreux enseignements à nous donner, sympathisant avec les peuples retirés, isolés, les gens dans l’exil. Ce n’est point un mystique mais un écrivain solaire, qui aime la lumière, le sable, l’eau, l’air et le désert, termes qui apparaissent sans cesse dans son œuvre : « J’ai toujours cru que la littérature c’était comme la mer, ou plutôt comme le vol d’un oiseau au-dessus de la mer, glissant très près des vagues, passant devant le soleil » (J.M.G. Le Clézio, 1985).

Comme tout nomade il franchit allégrement les frontières politiques et culturelles, d’où cette appellation d’ « écrivain-monde ». mais il dénonce également l’asservissement des peuples, hait toute colonisation, et rappelle les valeurs de peuples qui ont vécu ou vivent plus près de la nature. Il a surtout gardé envers le monde matériel, envers l’homme aussi, un émerveillement constant, qui lui permet de transcender les duretés de la condition humaine, et apporte à son œuvre une grande valeur humaniste. Pour le critique Raymond Mbassi Atéba, la question centrale que pose l’œuvre de Le Clézio et qui lui a valu le prix Nobel est « Comment penser la diversité et la mondialité sans rompre l’unité ? » 

Toute société doit prêter l’oreille au vagabond, à l’inconnu qui passe sur le chemin et regarde de loin ses fenêtres éclairées, il est son véritable miroir qui révèle ses vices cachés ou déjoue les mensonges dans lesquels elle se complaît. Cet arpenteur du désert, amateur de ciels bretons et des terrains vagues en bordure du Rio Grande est avant tout un grand défenseur et chantre de la liberté :
« Il n’y avait pas de fin à la liberté, elle était vaste comme l’étendue de la terre, belle et cruelle comme la lumière, douce comme les yeux de l’eau. Chaque jour, à la première aube, les hommes libres retournaient vers leur demeure, vers le sud, là où personne d’autre ne savait vivre. » (Désert, 1980)

文學

天008年諾貝爾文學獎得主︰讓–瑪利.古斯塔夫.勒.克萊齊奧

〝寫作好比愛情,箇中有痛苦、歡愉、不滿足和慾望。〞勒.克萊齊奧這樣說道。在宣佈他榮膺諾貝爾文學獎之際,他談及文學的基本使命︰〝我能告訴大家的是,應該繼續閱讀小說,因為這是暸解當今世界的絕好途徑。小說家不是哲學家,亦非語言工匠,他是寫作和提出問題的人。〞

瑞典皇家學院將本年度諾貝爾文學獎頒給一名不蹈襲前人,獨闢蹊徑的作家,令文學界為之震驚。皇家學院的頒獎詞是這樣說他的︰〝這是一位敢於創新、作詩意冒險、有溫馨情懷的作家,是在主流文明之外和之下的人性探索者。〞
勒.克萊齊奧的這個特點在法國和全世界報刊的標題上都得到反映,新聞媒體均着重強調作家的獨特之處。如〝一個漂泊的作家〞、〝孤寂浪遊的小說家〞、〝文學的流浪之星〞、〝一個自我放逐者〞、〝城中的印第安人〞、〝世界作家〞等等。在這些批評者眼中,他的確是一名在我們這個地球翻山越嶺、四處漂泊的〝外星人〞。顯然,在喧囂的城市和文學沙龍面前,勒.克萊齊奧更喜歡那無垠的沙漠,平川廣野,那四處流徙、瀕臨滅亡的弱小人群。他的作品是面向世界的,他揭發鞭撻民族主義、各種性質的殖民主義、消費主義以及對地球生態環境的破壞,他尊敬人類,愛護自然,是這種生活態度的頌揚者。

當金融海嘯襲來,將人類社會的醜惡揭示出來之時,當法國文學在孤芳自賞、自我陶醉,在媒體的一致讚頌下快將窒息之際,諾貝爾文學獎的選擇不啻為大海吹來的一陣風,一掃巴黎上空的有毒空氣,告訴人們在廣闊的天底下尚有另一類文學,他指出我們這個星球和它的居民們所面臨的至關重要的問題,它面向全世界。勒.克萊齊奧在他的文學生涯之初,即疏離巴黎的文學圈,但卻有一群忠實的讀者,他也許是在世的法國作家中最受歡迎的一個。1994年,文學雜誌《閱讀》的讀者選他為〝當今最偉大的法國作家〞。對這,他這樣說道︰在他看來,最偉大的作家應推年初謝世的朱利安.格拉克(Julien Gracq)。他鼓吹〝世界文學〞(Littérature-monde),呼喚人們認同一個更廣闊的法語文學,包括法國以外用法語寫作的作家,他們和我們一起分享繼承法蘭西語言,以自己的創作經驗哺養她、豐富她。勒.克萊齊奧的作品很早就被譯成多國文字。在一些國家極享盛名,如在韓國,人們欣賞他文字的優雅,思想的開闊,以及他善於傾聽他人的胸襟。

勒.克萊齊奧,一個漂泊的作家
讓 – 瑪利.古斯塔夫.勒.克萊齊奧於1940年4月13日出生於尼斯一個布列塔尼家庭,家族自十八世紀起便移民至毛里求斯。他的浪遊生涯早在他出世前便業已開始。八歲那年,他隨母親作了首次旅行,乘船至非洲與父親相會。父親是一名英國醫生,二十二年來,從喀麥隆到尼日利亞,在非洲的荊棘叢林、窮鄉僻壤行醫。就在這童年時期,他寫下了第一本旅遊日記。他在尼斯上中學,後來赴英倫於巴斯(Bath)任文學教師,並報讀了布里斯托爾大學(l'Université de Bristol)。他曾在藝術和文學之間猶豫徘徊了一段時期。終於1964年在普羅旺斯.艾克斯大學(l'Université d'Aix-en-Provence)提出一篇論文作答辯,題目是《亨利.米修作品中的孤獨》(La solitude dans l'œuvre de Henri Michaux)。米修是二十世紀的法國大詩人,亦是一名浪遊者,不同的是,他是在心靈世界漫遊。
勒.克萊齊奧的文學事業開始於1963年,這年他二十三歲。他的第一部小說《訴訟筆錄》(Le Procès verbal)榮獲勒諾多獎(Le prix Renaudot)。這是一部描述一個反叛的異鄉青年在城中的歷險故事。雖然主人公亞當.勃羅(Adam Pollo)與阿爾貝.卡繆(Albert Camus)《異鄉人》裡的人物有很大不同,但卻令我們想起這部名著。這個仿似初人亞當的年輕人潛入喧囂的城市,對城市裡裡外外,上上下下,盡情地探究個夠,與各種事物融為一體,甚至一隻死老鼠或一塊石頭,違犯了陌生社會的常規戒律。
這裡,我們已經看到他的另一部小說《extase materielle》的端倪,這部小說發表於1967年,書中勒.克萊齊奧這樣說道︰〝生命的美麗,生命的力量,不在於精神,而在於物質。〞

勒.克萊齊奧繼續過着穿洲越界的流浪生活,來到了泰國和墨西哥。1970年至1974年,則在巴拿馬生活在Emberas印第安人中間。這個經歷改變了他的生活及對事物的看法。他說︰〝這經歷改變了我的整個人生,我對世界、對藝術的看法,和別人的相處之道,我的走路、飲食、戀愛、睡覺甚至做夢的方式。〞他在這個美洲印第安地區渡過了十幾個年頭,研究其古老文明、文學和古老傳說,並將之移譯出來,成了文化的擺渡人。他翻譯了馬雅文的《Chilam Balam預言》(Les Prophéties du Chilam Balam)一書,令一部份讀者以為他熟諳奧義,把他視為偶像崇拜的作家。他對墨西哥、對各種藝術形式、人生經驗和人類命運均表示極大的關懷和熱情。他寫了一部題作《Diego et Frida》的小說,描述了一對反世俗的情侶,兩位偉大的墨西哥藝術家的故事。他還在佩皮尼昂(Perpignan)的墨西哥研究院作了有關墨西哥歷史的論文答辯,並於新墨西哥的Albuquerque大學執教。

1975年,他娶了第二任妻子Jemia,她是摩洛哥南部人,這為他打開了另一個世界,即北非的沙漠世界,使他的創作天地更開闊。他的小說《沙漠》被公認為他的代表作,並為他贏得了珍貴的〝保羅.莫朗文學獎〞(Prix Paul Morand)。《沙漠》一書文筆晶瑩剔透、熠熠生輝,敘述了上世紀初沙漠游牧民族反抗比利時、法國、意大利殖民主義者的鬥爭,以及一個世紀後,一個藍色人、圖阿雷格人的後裔拉拉(Lala)姑娘的故事。她隻身移民到馬賽,生活在龍蛇混雜的貧民區。她從祖先繼承了桀驁不馴的性格,沒有甚麼能令她屈服,也沒有甚麼能從她眼中奪走沙漠的光輝。

非洲的經歷、家族的遷徙、他自己的浮萍浪梗的生活,畫出了一幅他個人的地圖。從法國尼斯到布列塔尼,從中美洲到北非,中經亞洲和大洋洲。他的作品大部份由伽里瑪(Gallimard)出版社出版,數量龐大。在宣佈他榮獲諾貝爾文學獎時,他向該出版社致以敬意。他一共寫了五十餘本著作,其中以長篇小說、中篇小說及短篇小說為主,他也寫了傳記、遊記、隨筆及兒童讀物。他和夫人Jemia合作出版了《Sirandanes》一書,書中收集了毛里求斯膾炙人口的諺語謎語並附有克里奧爾語及鳥類的詞彙(Paris Seghers出版社,1988年)。他的廣泛興趣,多才多藝由此可見一斑。

勒.克萊齊奧慣於說〝他沒有故鄉〞。他說︰〝小說可令人與歷史共舞,它不是編年史而是參與者,將歷史付諸行動。〞文字不是來自虛空,每個作家都有自己的根,或漂浮,或固定。他櫛風沐雨、餐風宿露的浪遊生活盡反映在其著作中。勒.克萊齊奧的許多小說或多或少都與家族有關。《尋寶者》(Le Chercheur d'or)獻給祖父,《非洲人》(L'Africain)則贈予父親,《飢餓前奏曲》(La ritournelle de la faim)則是獻給母親的禮物。這部小說發表於2008年,描述在三十年代德國佔領下的巴黎,一個毛里求斯移民家庭命定的毀滅。

勒.克萊齊奧是一個不斷漂流的世界游民,他在遠處觀察着這個世界。〝文化都是混合的,西方文化亦不例外,其中有來自非洲和亞洲的眾多因素。我們無法抵擋文化交雜。現代性是日本的、韓國的、中國的,同時亦是歐洲和美洲的。〞他在最近L'Express雜誌記者François Defray對他的採訪中這樣說道。從城市到沙漠,他在時空中漂泊遊蕩,探索古老文明,從中汲取無數教誨,再奉獻給我們。他對與世隔絕、孤獨、流浪的人們抱有好感,心心相印。他並不神秘,他是一個光明磊落的作家,他熱愛陽光、沙粒、流水、空氣和沙漠,這些詞語不停地出現在他的著作中。他說︰〝我一直認為文學就是大海,又或者像海上飛翔的鳥兒,掠過浪濤,在陽光中翱翔。〞

他是一個漂游者,輕快地穿越政治和文化的疆界,由此贏得〝世界作家〞的美譽。他揭發痛斥對人類的奴役,憎恨殖民主義,歌頌曾經或現在仍生活在大自然中的人們的高尚品德。他對物質世界,對人類總抱着一種驚奇,因此便能超越人類生存的艱難,並賦予自己的著作人道主義的光芒。文學批評家Raymond Mbassi Atéba認為勒.克萊齊奧作品裡提出並令他榮膺諾貝爾文學獎的中心問題是︰〝如不打破單調統一,何來多樣化和全球化。〞

任何社會都應傾聽這個流浪者,這個在大路上跋涉的陌生人,從明亮的窗口向遠處眺望,他是這個社會的明鏡,照出其隱藏的罪惡,戳破其津津樂道的謊言。這個沙漠的旅人,布列塔尼藍天、里奧格蘭德邊陲的平川廣野的欣賞者,首先是一名自由的偉大捍衛者和謳歌者︰〝自由是無止境的,她和廣袤的土地一樣遼闊,像陽光一樣美麗燦爛,像泉水一樣柔和。每天,在晨光熹微時,自由的人們向自己的住所走去,朝南方走去,那兒,唯有他們,才懂得如何生活。〞(《沙漠》1980年)