Photographie 攝影
Texte : Gérard Henry
Hong Kong sous l’objectif des photographes hongkongais
香港攝影師鏡頭下的香港
• L"étreinte mortelle, So Hing Keung |
Hong Kong est depuis les débuts de la photographie une terre fertile en photographes de talent. Mais ceux-ci, en raison de l’extrême lenteur, du manque de volonté et d’initiative du gouvernement hongkongais en matière culturelle, ne sont pas reconnus par leur cité qui, très en retard sur ses rivales asiatiques, n’a toujours pas de Musée de la photographie, ni même de Mois de la photo, ce qui fait qu’en dehors d’expositions temporaires, on ne peut avoir accès à leurs œuvres. Pourtant, un musée de la photo, quand on a une telle richesse de photographes, en sollicitant les photographes, les collectionneurs privés et rassemblant la collection du Heritage Museum, serait très facile à réaliser dans un ancien bâtiment historique classé par exemple, dont le gouvernement ne sait quoi faire. Il n’est pas besoin d’attendre encore 10 ans pour un quartier culturel de West Kowloon encore très peu défini.
Quelques passionnés cependant tentent de remédier à ce manque en publiant des ouvrages sur la photographie contemporaine. En 2005, Simon Go avait fait un essai avec Hong Kong photographers (Goho) un petit coffret regroupant quatre photographes (voir Paroles No 199 sept/oct. 2005) ), et aujourd’hui un éditeur, asiaone, vient de lancer sous le même nom de Hong Kong Photographers, les deux premiers volumes d’une collection de 12 monographies de photographes, chacune étant accompagnée d’un texte en anglais d’un critique d’art, destinées à un public international. Par ailleurs une petite maison d’édition téméraire et dynamique MCCM publie également quelques ouvrages de photographie commentée par des essais en chinois et anglais.
自有攝影業以來,香港便是一個人才輩出,精英薈萃的地方。但無奈政府在文化方面的行動緩慢、缺乏創意和決心,致使攝影師未被人認同,連一個攝影藝術館、攝影藝術節都沒有,這和亞洲的其他城市相比,可謂十分滯後。因此若欲一睹攝影家的佳作,除短暫的攝影展覽外,別無他途。不過,擁有眾多的攝影師和私人收藏家,大家眾志成城,再加上文化博物館的珍藏,欲打造一間攝影藝術館,並非一件難事。於是,便在一間被評為古蹟、而政府又不知派何用場的舊樓裡建立了一座攝影藝術博物館。不必為至今前途仍未明朗的西九龍文化區的建立而苦苦等候十年。
一些熱心人亦透過出版有關攝影的著作,以期彌補這一缺憾。2005年,Simon Go (Goho出版社)以《香港攝影師》為標題,製作了包括四名攝影師的套盒(見2005年《東西譚》8/9月號,第199期)。而今天,asiaone出版人則剛出版了冠以同樣名稱的《香港攝影師系列》的頭兩冊。這系列共收集了十二名攝影師的作品。每冊均附有一篇英文撰寫的評論文章,面向世界。此外,一間大膽而充滿活力的小出版社MCCM亦出版了一些附有中英文評述的攝影專著。
So Hing Keung by Oscar Ho
《蘇慶強》Oscar Ho 著
publié par asiaone. 199 pages, 100 photos
« The wandering photographer (Le photographe errant) » c’est ainsi que le critique d’art Oscar Ho intitule son essai sur So Hing Kong, né en 1959 à Hong Kong. Oscar Ho rappelle en première partie la composition de la société hongkongaise, faite de vagues d’immigrants successives, gens déracinés, victime d’une rupture culturelle en quête d’une identité propre, et toutes les questions et les attitudes engendrées par la rétrocession à la Chine, une analyse instructive et intéressante. C’est sur ce terrain que travaille So Hing Kong explorant les zones grises entre la Chine et Hong Kong, Dans les années 80 et 90 il part à la recherche de l’autre, La Chine, des images de détails colorés, parfois satiriques et ironiques représentant ce pays en changement, un Mao perché au-dessus d’une terre gelée, une statue de la liberté oubliée aux bras brisés. Sur la Chine du Sud, So a également réalisé dans la campagne de Chaozhou, une série de beaux portraits intimes de gens ordinaires, simples et honnêtes qui, face à l’objectif, posent pour lui sans recherche d’effet, sur leur lieu de vie, montrant une Chine rurale aux valeurs traditionnelles toujours existante. Mais c’est sur Hong Kong que le travail de So Hing Kong est le plus pertinent, il utilise alors le noir et blanc, superpose, gratte ses négatifs pour montrer l’étranglement de la cité dans un espace souvent disloqué, l’empilement, la destruction, la dégradation d’une cité en perpétuelle mue, comme s’il fouillait derrière ses façades rutilantes toutes ses vieilles peaux en décomposition. So Hing Kong est le photographe qui a le mieux exprimé cette structure en mille-feuilles et le sentiment d’étouffement que peut provoquer cette cité.
《香港攝影探險家》是藝評人何慶基為自己評論蘇慶強這位1959 年出生於香港的攝影師的文章取的標題。首先,他指出了香港社會的結構,源源不絕的新移民,一群無根之人,文化割裂的犧牲者對自己身份的探索,所有因回歸而產生的問題和態度,一個富有教益、饒有趣味的分析。蘇慶強就是在這片土地上,探索中港之間的灰色地帶。上世紀八、九十年代,他北上探索,拍攝了一些細節豐富的照片,有時充滿諷刺調侃,表現處於變化中的中國。例如那高高地站在一片凍土之上的毛澤東像,一座躺在被輾碎的雙臂上、遭人遺忘的自由神像。在南中國,在潮州農村,蘇慶強製作了一系列表現普通人的優美親切的人像照。這些淳樸戇厚的老百性面對攝影鏡頭,在他們的生活環境裡,毫不造作地擺着姿勢,展現了傳統價值仍在的中國農村的面貌。
但只是在攝製有關香港的作品時,蘇慶強的攝影技巧才顯得格外精湛。他利用黑白對比、重疊、刮擦底片等方法,表現了城市在割裂的空間的狹窄擠迫、堆積、摧毀以及在不斷變化中的敗隳。他彷彿在豪華光艷的表象後面搜索,欲將腐朽潰爛掏將出來。蘇慶強是表現如千層糕般的城市景觀及生活其中所感到的窒息的最佳攝影藝術家。
Anothermountainman by John Batten
《又一山人》約翰伯德著
publié par asiaone. 205 pages, photos
« The view of Anothermontainman » titre John Batten qui, à travers différents regards ou « vues » sur Hong Kong, donne en introduction une pertinente description des réalités politiques et sociales de la société hongkongaise et de son histoire récente : L’endroit, une vue du Peak, le mont hautement touristique qui domine la cité de Victoria, carte postale idyllique et imaginaire. L’envers, une autre vue du Peak, celle de ses dessous qui s’étendent dans les bas fonds en zones industrielles et pauvres cités résidentielles. C’est dans ce cadre marqué par l’histoire quotidienne de Hong Kong qu’il situe l’œuvre du photographe anothermountainman, non d’artiste du designer Stanley Wong Ping-pui, pseudonyme inspiré par celui du peintre Ba da shan ren. Stanley Wong, né en 1960, a réussi à mener de pair une brillante carrière professionnelle dans le design, et une seconde carrière artistique en photographie, les deux se croisant fréquemment. Il y a dans son œuvre un sens de l’observation et du détail significatif qui caractérise l’habitant de Hong Kong, tel le célèbre tissu plastifié bleu blanc rouge pour sac et emballage qu’il trace dans la ville, ou des personnages devenus emblématiques tel que Tsang Tsou-choi, le « King of Kowloon » qui a couvert bancs et espaces publics de sa folle calligraphie pendant un demi-siècle. Ce livre montre les différents thèmes de sa photographie, qui incluent de nombreux lieux de la cité : l’ancien quartier des artistes de Oil Street, la vieille prison de Victoria, des manifestations sans paroles, des séries de panneaux d’annonces sans annonces… Mais Wong ne se limite pas au territoire de Hong kong. Il a, à travers le monde, photographié une impressionnante collection de bâtiments restés abandonnés en cours de construction, sorte de gigantesques fantômes de béton noirci qui se dressent au milieu des villes. Ce qui ne lui ôte pas un oeil poétique, comme avec ce bateau-jardin dans la photo ci-contre.
• Le ciel sur la terre 2007, anothermountainman |
《又一山人》是約翰伯德 (Jean Batten)文章的標題,他透過不同的觀點和“視覺”觀察香港,在引言中對香港社會的政治和社會現實以及她的近況作了肯綮的描述。山頂這個居高臨下、俯瞰維多利亞港的旅遊勝地,優美虛構的明信片。山頂的另一面,在山腳下伸展開來的工業區和貧民住宅區。又一山人就這樣,將他的作品置於香港這種日常生活的背景下。他原名Stanley, Wong Ping-pui,是名設計藝術家。又一山人這筆名靈感來自八大山人。他出生於1960年,在設計和攝影兩個藝術領域裡都有驕人的成績,他經常奔忙於兩者之間。他的作品觀察細微,常透過一個意味深長的細節表現香港人的特點。如在城中四處可見的藍白紅三色的塑料膠袋,又或者成為象徵性的人物如曾灶財,這位半個世紀來,在香港公眾場所塗鴉的“九龍皇帝”。本書展現了又一山人各個主題的攝影作品,將香港光怪陸離的景象盡收鏡頭下︰如油街,這個昔日藝術家聚集的地方,維多利亞舊監獄,無言的示威遊行,沒有廣告的廣告板等等。但他並不滿足於拍攝香港本土的景象,他還在世界各地,拍攝了被荒棄待重建的殘舊的建築物,它們彷似巨大的水泥幽靈轟立在城市中央,這系列照片令人印象深刻。但這一切並未奪走他的柔情詩意,如本文所載內有《花園船》的照片。
One Square Foot by John Fong
《樓花》馮建中著
305x305mm, 128 pages couleur, publié par MCCM
John Fung est sur ce monde un éternel vagabond, un vagabond en révolte contre l’injustice, la voracité des puissants, la vénalité des hommes. Né à Madagascar en 1950. Il revient avec sa famille en Chine à l’age de 13 ans, est ensuite éduqué à Macao avant de poser sa malle à Hong Kong. On lui prête tous les métiers : mannequin, ouvrier du bâtiment, acteur… Mais en toute occasion, une chose ne quitte jamais John Fung, son appareil photo. Photographe de la rue, des délaissés, des clochards et des enfants, John Fong allie une tendresse du cœur à une très grande sensibilité poétique souvent teintée d’humour.
En 2006 cependant John a du quitter l’île verte de lama où il vivait pour désespérément chercher un logement bon marché dans le cœur de la ville, qui finit par être un sombre résidu sans lumière dans le quartier de Taikoksui. Cette recherche frénétique a inspiré un travail en rupture avec le précédent. Rêve surréaliste, cauchemar ou tour de Babel, délire et folie, il y a de tout cela dans cette œuvre ou la ville devient une entité qui se développe dangereusement, occupant tout l’espace, mangeant même le ciel.
• One Square Foot, John Fong |
One Square Foot, son nouvel ouvrage publié par Mary Chan, fondatrice de la dynamique petite maison d’édition MCCM montre cette œuvre nouvelle, très différente, dans laquelle John Fung travaille avec l’architecture, la densité, l’abstraction géométrique, le déploiement spatial du verre et du béton, jungle d’architecture ou le Hongkongais dans son petit mètre carré se retrouve emprisonné et étranglé. Cet ouvrage comprend également cinq essais de Lo Yin Shan, John Batten, Su Hei, Alvin Yip et Madeleine Marie Slavick, qui commentent le travail de Fung et sa propre vie, car les deux semblent indissociables mais s’élargissent également sur des réflexions intéressantes sur la nature de cette ville, les références qu’elle évoque dans d’autres cultures et le mode de vie que son architecture impose à l’homme. On est effrayé et fasciné à quel point le réel dépasse souvent tout ce que l’imagination aurait pu construire.
Ces trois livres, leurs photographies et leurs essais mis ensemble offrent un point de vue très original sur la société et la cité hongkongaises.
馮建中是一永遠浪遊的人,一個敢於反抗社會不公、貪婪、唯利是圖的流浪漢。他於1950年出生馬達加斯加,十三歲時隨家人回歸祖國,在澳門求學,後定居香港。他做過各種職業︰模特兒、地盤工、演員等。但無論何時何地,他不離不棄的一件東西,就是他的照相機。他是一名街頭攝影家,拍攝被人遺棄的人、流浪漢和小孩。他的作品充滿柔情又富於詩意,常透露一點幽默。
2006年馮建中離開綠草如茵的南丫島來到城中尋覓一處廉價的棲身之地,最後在大角咀一間陰喑無光的陋室住了下來。這個艱難尋覓的經驗為他打開了與前不同的創作天地。超現實的幻想、惡夢或巴別塔,神迷和瘋狂,這一切盡現於他的作品中,城市已變成這樣一個實體,它驚人地伸展開來,佔據整個空間,甚至吞噬了藍天。
《樓花》是他的新作,由極富活力的小出版社MCCM的創辦人Mary Chan出版。書中展現了全新的、極具特色的作品。馮建中利用建築、擠迫感、抽象幾何圖形、玻璃和水泥空間的延伸、石屎森林、囚禁、窒息在狹小空間的香港人等,表現他的作品。這本圖冊亦包括五篇文字,分別由盧燕珊、約翰伯德、素黑、葉長安及思樂維等人撰寫,評述馮建中的藝術創作和生活,兩者密不可分,並擴展至對這城市的性質、它在其他文化中的返、建築強加於人的生活方式等問題作了有趣的思考。我們會驚奇地發現,現實有時竟會超越無遠弗屆的想象至如此地步。
這三本書,集圖片與文字於一身,為我們提供了觀察香港社會和城市的一個獨特的觀點角度。
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