Sculpture
Texte : Gérard Henry

Antonio Mak, sculpteur
雕塑家麥顯揚


Horse and Bicycle Shadow, 1985, crayon

« A la recherche D'Antonio Mak », est une exposition importante à deux titres : elle permet de voir l'œuvre de ce sculpteur hongkongais très talentueux disparu en pleine jeunesse, et d'autre part, montée par le commissaire indépendant, Valérie Doran, elle bouleverse quelque peu par son concept la vie somnolente du Musée d'art de Hong Kong, souvent trop timide en ce qui concerne l'art contemporain.

La première question que l'on est en droit de se poser, est « Qui est Antonio Mak ? » Pour les jeunes Hongkongais, c'est sans doute un inconnu, car depuis la rétrospective qui lui a été consacrée en 1995 à la suite de son décès en 1994, ses oeuvres dispersées entre de nombreux collectionneurs ont disparu de la scène hongkongaise.

Né en 1951, disparu à 43 ans en 1994, il fait partie de cette génération d'artistes hongkongais partis étudier à l'étranger dans les années 70 et rentrée autour des années 80 à Hong Kong, génération qui allait bouleverser en profondeur la scène hongkongaise et parmi lesquels on compte entre autres Oscar Ho, Yank Wong Yan-kwai, Cho i yan-chi etc.

Antonio Mak Hin-yeung (1951-1994) a étudié la peinture au Goldsmith College de 1971 à 1975, et la sculpture à The Slade School of Art de 75 à 77, tous les deux instituts d'art de l'Université de Londres. Il travaillait quand il était étudiant sous supervision à la fonderie du Royal College of Art et a reçu une solide formation en dessin, peinture et sculpture. Rentré à Hong Kong, il est devenu un des acteurs du renouveau de l'art contemporain hongkongais, parmi un groupe d'artistes qui travaillait dans une mouvance internationale, sans rapport évident à la tradition picturale chinoise.


Yellow Wind, 1989, 25 cm, bronze

Son oeuvre, en majorité des petites statues de bronze, se réfère dans la forme à la sculpture moderne du 20 e siècle (Rodin, Claudel, Giacometti…) mais s'ancre aussi dans la culture chinoise, car comme beaucoup de Hongkongais de sa génération, Antonio Mak a été exposé à plusieurs influences culturelles. Il disparut, jeune, victime d'un cancer de l'estomac, ce qui fait qu'il existe très peu de textes sur son oeuvre en dehors de ceux de David Clarke et Oscar Ho dans le catalogue de la rétrospective de1995. Tous les deux font une sorte d' abécéd aire de ses œuvres, car certains sujets ou thèmes y sont proéminents : le corps humain, les ailes, les arbres, les livres, les miroirs, les échelles et escaliers, le cheval et le tigre…

Mak a principalement travaillé sur le corps humain, sculptant des corps tourmentés, gardant volontairement la forme brute avec les traces de la main lors du modelage. Ses hommes se transforment partiellement dans leurs membres en livres ouverts, en arbres, en pied, en cheval. Les corps se dédoublent, s'inversent ou se complètent dans les miroirs comme si de multiples individus tentaient de prendre leur liberté. Les torses sont beaux, conquérants, fiers mais se déchirent, s'ouvrent, semblent avoir toujours une profonde blessure. Antonio Mak est habité par ce désir con s tant de se libérer du co r ps mais s'y retrouve enchaîné, car l'esprit n'est pas non plus séparable de la matière. Il en a besoin pour y naître et s'y développer.

Il y a aussi de l'absurde, du surréalisme et de l'humour dans cette œuvre, dans ses corps qui se transforment en échelle, se séparent et se soutiennent, ces escaliers qui se perdent dans des miroirs, où nul passage ne se dessine. Et de nombreux clins d'œil politiques, philosophiques ou religieux avec notamment le tigre quelquefois faussement bienveillant dansant le tango avec un homme, image dans laquelle beaucoup ont vu, avant la rétrocession, le Hongkongais dansant dangereusement avec son voisin communiste, ou le tigre dompté et paisible portant un bodhisattva féminin sur le dos, symbole peut-être de l'être réconcilié avec lui-même. C'est une œuvre assez classique, on ne peut savoir dans quelle direction elle se serait développée, le sculpteur étant disparu jeune, en pleine époque de création. Il dévoua toute sa vie à son art et à son travail artistique, malgré le peu de moyens financiers dont il disposait.

Le commissaire de cette exposition, Valérie Doran, a réussi un tour de force pour rassembler plus de 120 œuvres autrefois invisibles en tapant à la porte des musées, en retraçant à Hong Kong, aux Etats-Unis et en Europe leur parcours et en priant les collectionneurs de les prêter. Elles forment le corps de cette exposition. Leur petite taille fait que beaucoup ont dû être montrées sous vitrine sans doute pour des raisons de sécurité. Pour les mettre plus en valeur, et ôter ce sentiment de salon feutré qu' à le musée, elle a arraché toutes les carpettes et laisser le sol du musée nu.

Afin de situer Antonio Mak dans un contexte contemporain, Valérie Doran à invité huit artistes, leur demandant de répondre à son œuvre : Fung Ming Ship, Jaffa Lam, Lee Man Sang, Lo Yin Shan, Kung Chi Shing, Simon Birch, Kwan Sheung Chi et Wu Shanzhuan et leur a offert un espace d'exposition assez vaste.

C'est une tentative intéressante mais difficile et périlleuse, car s'il est commun pour un artiste de s'inspirer et de réinterpréter l'œuvre d'un autre artiste, souvent du passé, (comme on a pu le voir dans l'extraordinaire exposition à Paris, « Picasso et ses maîtres »), il le fait quand cela s'inscrit dans son propre travail, non sur commande. Le danger, pour ces artistes est de faire un travail peut-être plaisant, mais sans grand impact artistique, et d'une valeur inférieure à l'artiste qu'ils veulent célébrer.

Ce fut le cas ici, Jaffa Lam, Lo Yin Shan, et Lee Man Sang ont choisi de mettre en valeur une œuvre en l'intégrant dans une installation, proposant plus une scénographie qu'une réelle œuvre. Simon Birtch y présente en parallèle ses propres peintures et évoque le tigre, thème cher à Mak par une série de vidéos filmant un tigre marchant dans sa cage. Une belle salle, impressionnante en elle-même, mais dont l'allusion très directe à l'œuvre de Antonio, n'a pas la subtilité de l'œuvre originale. Kwan Sheung Chi s'est inspiré du côté humoristique, surréaliste et satirique de Antonio Mak en s'inspirant d'une sculpture d'Antonio, Horse with ladder, par une installation de barrières de circulation utilisée par la police, jouant sur l'expression chinoise tie ma, littéralement « Cheval de fer ». Quant à Wu Shanzhan, il a préféré ne rien faire, et le commissaire a choisi d'exposer une de ses œuvres conceptuelles « Comment ne rien faire ». Peut-être a-t-il eu raison de s'abstenir, l'art conceptuel s'adresse essentiellement à l'intelligence, au raisonnement, demande souvent un arrière plan historique ou social, et de ce fait reste donc fragmentaire, ne pouvant saisir de façon globale, par l'ensemble des sens, une réalité totale. La seule exception, car elle est complémentaire de l'œuvre, est la composition musicale de Kong Chi Shing, 430 heures d'enregistrement diffusé dans l'exposition de façon discrète, chaque haut-parleur étant indépendant des autres, Une courte histoire du monde, qui prend ses sources dans l'époque où a vécu Mak (1951-1994) entrelaçant musique et paroles d'artistes ou de penseurs de l'époque.

On en revient donc en fin de parcours à l'œuvre de Mak, très expressive et qu'il faut voir avant qu'elle ne disparaisse à nouveau de la vue du public. L'exposition comporte un livret qui retrace brièvement le parcours de Mak par Valérie Doran et Oscar Ho et contient un témoignage touchant sur ses derniers moments de vie, écrit par son ami peintre Wong Yan-kwai, qui était présent à ses côtés et donne un portrait vivant d'Antonio, de ses contradictions, de son talent et de son art.

Les artistes exposés n'apportent cependant aucune nouvelle lecture, ni ne soulèvent aucune question quant à la portée de l'œuvre de Antonio Mak. Le Musée de son côté aurait pu profiter de cette occasion pour publier un ouvrage critique plus développé sur l'œuvre de Mak.


Horse Lover goes West , 1992, 25.6 cm, bronze

大型展覽〝尋找麥顯揚〞有兩個作用︰一方面讓我們有機會欣賞到香港雕塑家麥顯揚的作品,這位才華橫溢的雕塑家離開人世時正值壯年;另一方面就是,獨立策展人任卓華(Valérie Doran)策劃這展覽的概念某程度上震撼了向來死氣沉沉,對處理當代藝術的手法過於謹慎的香港藝術館。

首先要問的是,〝麥顯揚是誰?〞這名字對年輕一輩的香港人來說肯定很陌生,原因是自他1994年逝世後,除了1995年曾為他舉辦了一個回顧展外,他那些四散東西,分別被不同的收藏家珍藏的作品完全在香港的藝壇中消聲匿跡。

1951年出生的麥顯揚於1994年辭世時年僅43歲,他屬於那一代在七十年代到外國深造,再於八十年代回港的香港藝術家,那一輩的藝術家對香港的藝壇作出了深遠的影響,他們當中包括何慶基、黃仁逵、蔡仞姿等等。

麥顯揚(1951-1994)於1971至1975年間在倫敦大學的高史密學院藝術系專修繪畫,後於1975至1977年在同一所大學的史里特藝術學院專修雕塑,並於英國皇家藝術學院學習青銅鑄造,他無論在素描、繪畫及雕塑方面均有深厚的根基。回到香港後他與一群國際化,明顯與中國繪畫毫無關係的藝術家一起工作,成為了革新香港藝壇的其中一位活躍份子。

他的作品主要是一些小型的銅像,它們的外形雖然受二十世紀現代雕塑(羅丹、克洛黛爾、賈克梅蒂……)的影響,但同時亦有深厚的中國文化色彩,因為麥顯揚與很多同輩的香港人一樣,在成長期間是受到多種文化的薰陶。因為胃癌很早便將他帶走了,所以有關他的作品之文字記載很少,除了祈大衛與何慶基在1995年為他舉辦回顧展時所出版的作品集中所寫的文章外。而他們兩人在某程度上都是將他的作品列舉出來,原因是他的作品中有部份的主題或題材是十分突出的︰人體、翼、樹木、書本、鏡子、梯子、樓梯、馬匹和老虎……
麥氏主要以人體為創作主題,在雕塑一些扭曲的軀體時刻意保留未加修飾的形狀,如塑造時手留下的痕跡仍清楚可見。他那些人物雕像的手腳部份有時會轉化成打開的書本,樹木,腳或馬兒。
那些被分成兩份,或倒轉,或透過鏡子的倒影才得以完整的身體似乎是各種各樣正在爭取自由的人。那些優美的半身像充滿征服者的姿態,神氣十足但又空洞破裂,看來像是受到永不磨滅的傷害。麥顯揚的作品無時無刻均顯示出他意欲擺脫軀體的束縛,但卻又總是擺脫不了,因為靈性和肉身同樣是不能分開的。他需要在肉體中誕生,並藉此成長。
他的作品也予人荒誕、超現實和幽默的感覺,如那些變成梯子,分開或互相支撐的人體。間中也會看到一些富政治色彩或哲學或宗教意味的,例如那假意慈眉善目的老虎與一個人在跳探戈舞,這是香港回歸前常見的景象:香港人小心謹慎地與毗鄰的共產黨危險地在互舞着,又或是那頭溫馴的老虎背上騎着一個女菩薩,這或許是象徵人類的自我接受。這些都是頗為典型的作品,因為藝術家正值創作黃金期便英年早逝,故此我們沒有機會知道它們會有如何的發展。雖然經濟資源有限,但麥氏仍將一生奉獻給藝術及他的藝術創作。

是次展覽會的策展人任卓華完成了一件壯舉,她分別在香港,美國及歐洲等地追蹤這些作品的蹤跡,四出叩門,懇請博物館及私人收藏家借出珍藏,成功齊集了120件之前從未公開展出的作品。這些作品是這次展覽的主要部份。而因為它們的體積細小,相信是為了保安的理由,有不少要放在玻璃櫃內展出。為了更能突顯這些作品的價值,以及除去藝術館那沙龍般靜悄悄的感覺,她將館內的所有小地毯掀走,只留下光禿禿的地板。

為了將麥顯揚定位在一個現代的環境中,任卓華特別委托八位藝術家(馮明秋、林嵐、李文生、盧燕珊、龔志成、Simon Birch、關尚智及

這是一個很有趣的嘗試,但不容易成功而且很棘手,原因是,雖然一位藝術家從另一位 (多數是已故的)藝術家的作品中獲得創作靈感或是重新詮釋別人的作品是非常普遍的現象,但若他這樣做通常是因為此舉與他自己的創作有關,而不是受委托而作。危險之處就是,對這些藝術家來說他們的作品可能好看,但藝術上的震撼力卻不大,而價值也遠低於那位他們想要表揚的藝術家的作品。
而這展覽的情況確實是這樣,林嵐、盧燕珊和李文生選擇將麥顯揚的一件作品加入他們的裝置中來彰顯那件作品的價值,而他們提供的其實只是一個場景而不是一件真正的裝置作品。Simon Birch除了展出他的畫作外,他同時亦透過一系列拍攝一隻老虎在籠中步行的錄像來喚起老虎︰這個麥氏很喜歡的題材。關尚智的創作靈感源自麥氏的作品中那諷刺幽默和超現實的風格,他以麥顯揚的一件題為《馬.梯》的雕塑為靈感,創作了一些警察用於控制交通的圍欄的裝置作品,並利用中文的語言遊戲〝鐵馬〞為題。至於吳山專,他選擇了甚麼也不做,而策展人定展出他題為《怎樣做無事可做》的觀念性作品的其中一幅。吳山專的缺席可能是有道理的,因為觀念性的藝術主要是針對思考能力和理解力,要領會箇中意義,通常都需要有歷史或社會的背景,因此,每件作品均屬片段,不可能透過所有感覺全面地捕捉整個真象。

唯一例外的是龔志成的音樂創作,因為它與麥氏的作品有互相呼應的作用,龔志成輯錄了430小時的音樂在展覽會場中播放,而每一個擴音器是獨立播放,這《430小時︰世界歷史》是源自1951至1994年間麥顯揚在世的年代,音樂中加插了一些當代藝術家或思想家的語錄或對話。
最後回到麥顯揚的作品,它們的表達力極強,在它們還未再次在公眾眼前消失之前實在不容錯過。香港藝術館為是次展覽出版了一本小冊子,當中有策展人任卓華和何慶基簡短地描寫了麥顯揚的藝術生涯,還有身為麥顯揚老友的黃仁逵所寫的一篇感人的見證,當中述說了他伴着麥氏渡過生命中最後的時刻,從文中我們可以看到一個活生生的麥顯揚,他的性格,他的矛盾,他的才華和藝術清楚地在我們的眼前出現。

展覽並沒有為其他有份展出的藝術家提供任何可供閱讀的介紹,除了讓人留意麥顯揚的作品外,他們也沒有引起任何話題。其實,香港藝術博物館實應該藉此良機出版一本對麥顯揚的作品作更深入研究的論著。

吳山專)以不同的媒體創作來回應麥顯揚的作品,並在展館中預留大幅空間讓他們展出作品。