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« Je travaille à partir de ce qui est là, comme outils, et comme état, aussi bien sur la toile, qu’en vidéo. Au-delà du réel, transformer un hasard de la tache et du trait en intentionnalité, du simple fait de se laisser aller à cet état proche du rêve, un peu flottant où les formes s’agencent d’elles-mêmes, où la main et l’œil ne font que révéler la rencontre d’un objet et d’une perception qui prennent formes humaines "Mots, corps, regards, visages". La beauté de l’œuvre réside dans la vérité de ces apprêts humains, faits d’ombre et de lumière et dont la dialectique graphique interpelle l’imaginaire du spectateur dans un dialogue pictural. » Gilles Rieu.
Gilles Rieu était depuis longtemps habité du désir de peindre. Né en 1953 à Saint-Céré, dans le sud de la France, un village protégé par un vieux château, situé sur la Bave, affluent de la Dordogne, il est d’abord travailleur social à Toulouse pendant 20 ans parmi les enfants et adultes les plus déshérités. Il décide cependant un jour de 1994 de rendre ce tablier pour se ceindre d’un autre, celui de peintre. Il pratiquait bien sûr déjà la peinture, mais la décision d’abandonner sa profession pour s’y consacrer entièrement fut un véritable engagement qui bouleversa sa vie.
Aujourd’hui, Gilles Rieu dispose d’un atelier à Toulouse et à New York, mais il est le plus souvent sur la route, un « globe-painter » comme le définit un critique. Il voyage constamment, s’établit quelque temps dans un pays ou une ville, y engrange une multitude d’observations de tous genres qui vont former son matériau d’inspiration.
Ces dix dernières années, il a ainsi successivement vécu, travaillé et exposé comme artiste en résidence à Athènes, Québec, Jérusalem, New York, Kyoto, San Francisco, Ho Chi Min et Canton où il a exposé en 2007 au Musée de l'Académie des Beaux-Arts de Guangzhou.
Il travaille depuis quelques années sur une série qu’il appelle « devoir de mémoire » :
« A une époque où la tentative de manipulation de l’histoire, ou pire, la négation d’un passé gênant, se font jour, il me semble urgent de renvoyer les individus à leurs propres souvenirs aux travers de morceaux de vie où ils pourront se retrouver. Un peuple sans passé ne peut se construire un avenir. »
Les œuvres sur toile de Gilles Rieu sont donc des « feuilles de mémoires » à la trame serrée. Si on a la curiosité de s’en approcher et de les examiner de près, on voit alors s’y superposer de nombreuses traces à demi-effacées recouvertes par de plus fraîches, comme de vieux murs qui ont connu le passage du temps et des saisons. Des visages, des silhouettes, de nombreuses écritures s’y devinent, quelques mots y apparaissent lisibles. Des poèmes se laissent lire en partie. C’est une richesse de signes auxquels le spectateur doit redonner sens.
Si l’on s’éloigne des tableaux et les regarde dans leur ensemble, ce sont alors de grandes peintures à demi abstraites animées d’une grande énergie. On hésite pour les décrire entre différentes traditions, le lettrisme, l’expressionnisme abstrait ou même parfois lyrique, le graffiti. Gilles Rieu est un collectionneur de mémoires, il inclut dans ces œuvres les siennes et celles des lieux ou des gens qu’il rencontre. Il veut son tableau comme un lieu de rencontre entre celui qui regarde et celui qui l’a fait : « Le tableau devenu autonome a rempli son rôle de lien et parfois de détonateur en créant et provoquant le dialogue avec le public, souvent loin des problèmes sur le fond et la forme. Une nouvelle aventure humaine peut prendre jour. »
Ses voyages en Asie et surtout en Chine, ont changé sa palette de couleurs qui allait plutôt vers l’ocre et le brun en l’éclaircissant vers le blanc. « Je travaille sur des toiles blanches et je me sers pratiquement que du noir ou de nuances de gris. Ensuite je rehausse d’un peu de rouge ou de couleurs très légères… le même procédé que sur le travail sur papier. La seule différence étant la manière d’occuper l’espace… à ce niveau j’incarne assez bien le désordre occidental ! » |
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〝在描摹真實之界外,我將畫布上偶然造成的一個點一段線,轉化為某一些意念之表現,使原先之不經意,因而成為一種夢境之美,虛幻縹緲,神透形出。我之手繪眼觀,只為將詞藻、形體、眼神、面容種種之印象成於形而溢於表。我之畫作取材於斯,成形於斯,見之畫布,亦見於錄像。人間萬象於我心之感悟,得見於畫布上之光與影。觀畫者憑其神思受邀入畫,畫與人,人與畫,渾然一體,得以溝通交流。畫作之美感頓出也。〞—— 黑玉祺
黑玉祺(Gilles Rieu)長久以來都熱愛繪畫。他一九五三年出生於法國南部一座被城堡包圍的小村莊聖塞雷。在當全職畫家前,他任職社會工作者,足足有二十年的時間在圖盧斯一帶專工照顧貧困兒童及家庭。一九九四年,他毅然決定放棄這工作,專心繪畫。而他在第一份工作的所見所聞,具體地豐富了他的藝術創作。現時,黑玉祺分別在圖盧斯及紐約設有畫室,然而他本人卻常在旅途中,有藝評家形容他為〝地球畫家〞。他不斷遊歷;曾在多個不同城市駐場工作及展出作品,如希臘的雅典、加拿大的魁北克市及滿地可、以色列的耶路撒冷、美國的三藩市與紐約、越南的胡志明市、日本的京都、中國的廣州。在路上的遭遇都被他搬到作品中。
過去幾年,他從事一系列題為《回憶的作業》的創作:〝在這個愈來愈多人嘗試篡改歷史,或更過份的,拒絕承認使人感到尷尬的過往的年代,我認為迫切需要透過一些人們共同擁有的生活片段來喚起每個人自己的記憶。一個沒有過去的民族是不可能建立未來的。〞
因此,黑玉祺的畫作的內容是〝一頁緊接一頁的回憶〞。若我們走近仔細觀察,會發現顏料的表面之下有多層半被擦去的痕跡,就像一些古舊的牆壁經歷了年月和季節的洗禮。畫作上也有很多人物及很多不同表情的面孔、圖像及信息,內容異常豐富。
但若遠距離作整體觀看,又會發現它們是一些充滿動感,風格半抽象主義的大幅畫作。實在不知道應該用甚麼來形容它們才恰當,傳統主義,文字主義,抽象表現主義,抑或是熱情洋溢的塗鴉藝術。黑玉祺是一位回憶收藏家,他在畫作中加入了自己的回憶和地方的回憶,以及他所遇到的人的回憶。他希望他的畫能成為觀賞者和創作者之間交流的地方。
為這次法國五月藝術節的〝東遊記〞展覽,他特別畫了二十張作品,大部份油畫都以〝香港〞命名,但看起來內容與香港沒有多大的關係,都是他在越南、日本及中國之〝東遊記〞的印象。 |
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